Texte intégral
Mes chers équipiers,
Mes chères équipières,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Présidents, représentants des autres piliers de l'équipe de France
Chers amis,
Je vous remercie de votre invitation. Je me réjouis d'avoir pu arriver en avance et constater que le nouvel élan que vous avez lancé depuis les Etats Généraux, auxquels j'avais eu le plaisir de participer l'année dernière, est réellement en marche.
Je voudrais souligner l'exemplarité de cette forme de partenariat public-privé. Et vous rappeler que j'ai confiance en vous. J'ai confiance en vous parce que je commence à vous connaitre, et, malgré l'obscurité dans cette salle, je reconnais de nombreux visages que j'ai pu rencontrer dans près de 50 pays en 15 mois. Je voudrais vous dire que vous n'avez pas de complexe à avoir quant à votre influence. Elle est très importante auprès des Chefs de Missions économiques, auprès des Ambassadeurs, auprès du Gouvernement. Vous aviez par exemple mené il y a quelques temps une analyse sur l'image économique de la France et la compétitivité des entreprises françaises, en formulant un certain nombre de propositions fiscales, par exemple la suppression de la taxe professionnelle. Je ne vais pas vous dire que c'est seulement grâce aux Conseillers du Commerce extérieur que cette réforme est engagée, mais c'est bien le signe que vous accompagnez le mouvement des idées qui bougent. Ne sous-estimez donc pas votre influence.
Vous parlez beaucoup de communication, et j'ai envie de vous dire avec un clin d'oeil : pour pouvoir communiquer sur les Conseillers du commerce extérieur de la France, il serait intéressant, qu'en France, il y ait un intérêt pour la communication sur le Commerce extérieur tout court. C'est une chose qui me frappe énormément par rapport à ce qui se passe dans d'autres pays. Pourtant, nous avons bien 20 % de nos emplois qui dépendent de l'exportation. Donc travaillons ensemble effectivement pour promouvoir l'intérêt de l'internationalisation de la France après de l'opinion publique.
Je voudrais vous proposer quelques coups de projecteurs sur cinq thèmes qui me paraissent intéressants, importants, dans le contexte de crise que nous traversons, et qui pourraient peut-être alimenter la prospective à laquelle certains d'entre vous ont à juste titre souhaité s'intéresser ; cinq thèmes qui me paraissent vraiment importants dans l'actualité et pour demain. Nous sommes dans un nouvel élan, nous ne sommes pas en train de faire le commerce international du siècle précédent, nous sommes sur celui de la crise et de l'après-crise.
Le premier sujet est la question du protectionnisme.
J'ai mis en place sous l'impulsion du G20, au niveau des Douanes et de la Direction Générale du Trésor et de la Politique Economique, un réseau de vigilance sur le protectionnisme. S'il vous plait, nourrissez les missions économiques en informations que vous pourriez avoir sur tout dispositif réglementaire ou obstacle non tarifaire qui, tout d'un coup, viendrait à apparaître ou à être réactivé, alors qu'il n'existait plus depuis quelques années.
Dans le même ordre d'idée, je serais très intéressée par savoir comment évolue le commerce. Par exemple, est-ce qu'à l'intérieur de l'ASEAN, on constate une évolution des flux ? En Amérique latine, qu'est-il en train de se passer dans le Mercosur ? Est-ce que les relations commerciales entre le Venezuela et la Colombie sont vraiment si préoccupantes que, personnellement, j'en ai l'intuition ?
Bien sûr, sur ce premier point, il y a la question de la juste voie entre l'ultra-libre-échangisme et le protectionnisme. Il y a les questions de réciprocité commerciale. Il y a les questions de prise en compte des facteurs sociaux ou environnementaux, sur lesquelles le Président de la République s'est exprimé cette semaine à l'OIT. Ce sont des sujets d'intérêt général sur lesquels, bien entendu, je suis personnellement engagée.
Le deuxième sujet que je souhaite aborder est la question de l'innovation.
Nous savons tous que l'un des principaux outils pour améliorer la compétitivité de nos entreprises, c'est le crédit d'impôt recherche, ainsi que les pôles de compétitivité. Et je salue le ciblage de votre action sur les entreprises innovantes. J'ai bien été informée du colloque que vous aviez organisé il y a un an à Limoges sur le thème de l'internationalisation des pôles de compétitivité. Je sais que vous avez passé des conventions de partenariats avec les pôles pour favoriser le développement à l'international des entreprises qui en sont membres.
Continuons. Et je voudrais attirer votre attention sur un point. Les hommes et les femmes d'expérience que vous êtes peuvent avoir un rôle intéressant en matière d'intelligence économique. Qui dit innovation, dit protection de l'innovation. Qui dit protection de l'innovation, dit nécessité d'être extrêmement attentif en matière de contrefaçon. Et là je pense que vous avez un rôle de conseil à jouer, d'alerte éventuellement, aussi bien auprès des entreprises qu'auprès, pourquoi pas, des pouvoirs publics.
Le troisième coup de projecteur que je voudrais donner concerne le développement durable.
Parmi les secteurs qui, je pense, peuvent porter la croissance de demain, et je l'espère la croissance française de demain, il y a les technologies et les services verts. On voit leur importance dans les différents plans de relance. On voit leur importance dans les engagements d'investissements, que ce soit en Chine, en Inde, ou évidemment aux Etats-Unis. En France, nous pouvons nous appuyer sur deux choses. Nous pouvons nous appuyer sur l'engagement politique en la matière - paquet énergie-climat pendant notre Présidence de l'Union européenne, Grenelle de l'environnement - et nous pouvons nous appuyer sur les nombreux champions que nous avons en la matière.
Dans ce secteur, le succès reposera évidemment sur une bonne articulation entre nos grandes entreprises, dont certaines sont leaders mondiaux, et les PME innovantes présentes sur telle ou telle niche, souvent très pointue.
A ma demande, Ubifrance a mis en place un programme personnalisé d'accompagnement à l'international pour les éco-entreprises : le Green Pass.
Le quatrième thème sur lequel je voudrais attirer votre attention, c'est celui des investissements directs étrangers.
Et je les prendrais des deux côtés. D'abord, un certain nombre d'entre vous avez à juste titre évoqué le rôle très important des flux d'investissements sortants, c'est-à-dire des entreprises implantées à l'étranger que le Président de l'UCCIFE, lui aussi, connait particulièrement bien. Ces entreprises sont importantes, y compris comme importateurs de produits français. Et je suis très intéressée à ce sujet d'avoir, là aussi, vos intuitions et vos réflexions d'hommes de terrain. Je pense que c'est très intéressant, et je me permets d'insister sur l'aspect politique de la chose. Parce que bien sûr, le thème des délocalisations est très dangereux pour les valeurs que nous défendons ensemble d'une France ouverte, d'un monde ouvert dans lequel l'argent, les hommes, les marchandises, les idées, circulent librement. C'est important d'avoir des témoignages sur les success stories et sur l'intérêt de ces investissements au plan humain, mais aussi économique pour les pays d'implantation comme pour le territoire d'origine.
Les investissements directs étrangers, ce sont aussi les investissements directs entrants. Et nous savons qu'il y a, en ces temps de crise, une compétition encore plus dure qu'avant sur l'attractivité, l'attraction des capitaux étrangers sur chacun des territoires. La France se trouve être le deuxième pays d'accueil des investissements internationaux et je voudrais saluer à cet égard le travail de l'Agence Française pour les Investissements Internationaux. Il n'en reste pas moins que la compétition, je le disais, va être encore plus dure. En 2008, nous avons réussi à créer ou maintenir, grâce à des investissements entrants, environ 32 000 emplois, c'est-à-dire autant que l'année précédente. Je voudrais vous demander si, en plus des très nombreux travaux que vous avez déjà prévus dans votre programme d'action, vous pourriez travailler à la promotion de l'attractivité de notre territoire en lien avec l'AFII, au moins dans certains pays prioritaires (Pays du Golfe, Chine, Inde, Brésil). Après tout, il s'agit aussi d'internationalisation de la France. Vous connaissez les partenaires locaux qui peuvent être intéressés par investir en France, et vous connaissez évidemment les arguments à leur donner pour parler de la France.
Le cinquième sujet sur lequel j'aimerais apporter un éclairage est la question du financement du commerce.
Chacun a bien vu qu'il y a deux problèmes dans la crise, qui risquent d'accroitre la chute prévisible du commerce international : le problème du protectionnisme, dont j'ai déjà parlé, et le problème du financement.
Nous avons eu, avec Christine LAGARDE, à la demande du Président de la République, le souci d'être très actives sur cette question du financement du commerce. Nous avons défini une politique de couverture de la Coface très volontariste pour 2009. Nous avons passé une convention avec les banques, dans le cadre du plan d'accompagnement de la reconstitution de leurs fonds propres, afin qu'elles financent des crédits à l'exportation. La DGTPE a été instaurée par Christine LAGARDE en tant que médiateur spécialisé, et les choses ne se passent pas trop mal. Nous avons multiplié par deux, dans le budget 2009, les crédits de la Réserve Pays Emergents pour accompagner un certain nombre de grands projets. Nous avons renforcé les liens entre le commerce extérieur et le développement, par l'intermédiaire de relations entre l'Agence Française de Développement et Ubifrance, et mis en valeur le travail fait par Proparco pour développer les petites entreprises, notamment en Afrique.
En début de semaine, j'ai annoncé une réforme de l'assurance prospection avec deux objectifs principaux. Premièrement, que les entreprises de taille intermédiaire puissent en bénéficier. Deuxièmement, que cela coûte moins cher et aille plus vite.
Enfin, nous avons proposé au Premier Ministre, qui l'a accepté, que le dispositif CAP+, qui a amélioré l'assurance crédit pour le crédit inter-entreprises sur le territoire national, puisse s'appliquer à l'exportation.
Voilà donc cinq coups de projecteur. J'aurais pu en trouver d'autres. Ils me semblent donner le cadre des grandes problématiques sur lesquelles nous devons, aujourd'hui et pour l'après-crise, nous positionner.
Je voudrais vous parler à présent d'équipe de France. Dans ce contexte de crise, tout le monde est conscient que, plus que jamais, il est indispensable de jouer collectif et solidaires. En plus, quand nous parlons de commerce, nous parlons de concurrence. Tout le monde à l'air de convenir que nos principaux concurrents jouent ensemble, tant nos concurrents européens, allemands ou italiens, que nos concurrents internationaux, comme le futur premier exportateur mondial qu'est la Chine. A cet égard, je constate que grâce au travail mené depuis un an, cet ensemble de réformes porté par l'esprit de coopération, a porté ses fruits.
Votre réseau est particulièrement important, comparativement aux autres piliers de l'équipe de France. 4 000 hommes et femmes bénévoles, ce n'est pas rien. Je me félicite donc de pouvoir parrainer dans quelques instants votre convention.
A cette équipe de France, et à vous en particuliers Mesdames et Messieurs les Conseillers du Commerce extérieur, je voudrais confirmer deux priorités.
Premièrement, la priorité PME. De ce point de vue, votre activité de parrainage trouve parfaitement sa place, à côté du travail de terrain que réalisent les Chambres de commerce en France pour identifier des candidats à l'exportation, et à côté de l'accompagnement des PME à l'étranger, réalisé par Ubifrance puis en relais par les Chambres de Commerce françaises à l'étranger.
Vous avez fixé un objectif de 1 000 parrainages en 2012. 1 000 parrainages pour 4 000 personnes, c'est un objectif qui me paraît raisonnable. A vrai dire, si vous le dépassiez, je n'en serais pas contrariée. C'est d'ailleurs dans cet esprit que j'ai tenu à vous associer au lancement en mars dernier de Pacte PME International, dont j'ai confié l'animation globale à Henri LACHMANN.
Mon deuxième axe de priorités, c'est la jeunesse, dans une double perspective : à court terme, trouver le maximum d'emplois pour nos jeunes, et en particulier pour nos jeunes diplômés ; à plus long terme, inoculer plus profondément dans la société française ce virus de l'international, que vous portez tous et qui est si important pour notre avenir.
J'ai proposé un plan pour l'emploi des jeunes à l'international, qui concerne d'abord les VIE. Le nombre de VIE a beaucoup augmenté ces dernières années, avec un double mouvement : de plus en plus de PME recourent aux VIE ; et malheureusement à l'inverse, depuis quelques mois, les très grandes entreprises en difficulté, notamment les banques et le secteur automobile, ont réduit leur recours aux VIE. Je compte d'ailleurs au passage sur les Conseillers du commerce extérieur pour faire la promotion des VIE, mais aussi pour en embaucher dans leurs entreprises.
Pour permettre aux PME de recourir plus facilement aux VIE, nous allons mettre en place des « VIE multicartes » qui travailleront pour le compte de plusieurs PME ou d'une filière sous le pilotage de la Mission économique. Ils seront payés par le dispositif public, et non par les entreprises, pendant la période de crise. Certains d'entre vous m'ont demandé s'il était possible pour une entreprise implantée de recourir à un VIE. C'est possible dès lors qu'il y a un lien entre l'entreprise implantée et une entreprise français, soit sous forme de filiale, soit sous forme d'accord commercial, soit encore sous forme de franchise. C'est dans le même esprit que nous avons mis en en place l'assurance prospection pour les français implantés à l'étranger, proposition des Conseillers du commerce extérieur de la France. Je me souviens parfaitement avoir remis la première de ces assurances prospection en Chine il y a quelques mois.
De manière plus structurelle encore, mon plan pour les jeunes à l'international, tel que je l'ai proposé, comporte la proposition que les VIE entrent dans le décompte des formations en alternance pour le calcul de la taxe d'apprentissage. Ceci devrait être inscrit dès cet été dans la loi de financement de la formation professionnelle. J'y vois un intérêt très fort : bien sûr, faciliter le financement des VIE ; mais au-delà de cela, faire en sorte que les VIE ne soient pas simplement un dispositif spécifique, particulier, en quelque sorte marginal, mais qu'ils entrent bien dans la profondeur des dispositifs français, actés par les partenaires sociaux et par la loi, qui assurent les objectifs de la formation professionnelle de notre jeunesse.
Je pense que les Conseillers du commerce extérieur implantés en France peuvent avoir un rôle particulier à jouer auprès de Pôle Emploi. Un rôle d'accompagnement des demandeurs d'emploi sur les professions internationales.
J'ai parlé de la jeunesse en ne réduisant pas mon propos aux seuls VIE. Je pense que votre rôle en matière de formation est l'un des plus importants que vous ayez à jouer. Comme on dit beaucoup que l'international est une question culturelle en France, nous sommes bien là en train de parler de réponses culturelles.
Je voudrais terminer en saluant la manière avec laquelle vous avez abordé les questions de gouvernance. Saluer d'abord le renouvellement des différents niveaux d'instance de votre organisation, et la féminisation croissante des promotions, et reprendre à mon compte un mot clé que vous avez indiqué sur ces questions de gouvernance : l'engagement. C'est ce mot que je mettrai en dénominateur commun à l'ensemble des évolutions que nous allons continuer à mener ensemble.
Le premier sujet concerne les questions d'âge. Je ne suis pas sûre que la limite actuelle de 60 ans pour pouvoir être nommé à un premier mandat de Conseiller du commerce extérieur soit très judicieuse, notamment lorsque l'on veut des Conseillers disponibles pour faire de la formation.
D'autre part, je suis très impressionnée par ce que représentent en expérience et en engagement les Conseillers honoraires, que je salue au passage. Il me semble toutefois qu'il faut se poser la question de la limitation du nombre de mandats de Conseiller du commerce extérieur honoraire, à un ou deux par exemple. Réfléchissons-y avec cette idée de privilégier l'engagement et les priorités collectives sur lesquelles nous sommes d'accord : les PME et les jeunes.
C'est dans la même idée d'engagement que je reprends à mon compte la proposition que vous aviez faite d'examiner la manière avec laquelle les Conseillers du Commerce extérieur se sont acquittés de leur fonction avant de les renouveler. Le décret de 2004 prévoit un tel examen préalable au renouvellement. Je pense qu'il serait intéressant, selon des modalités à mettre en oeuvre, et dont l'administration discutera avec vous, qu'il puisse y avoir une sorte de bilan d'activité de chaque Conseiller en fin de mandat. Je crois que c'est un gage de reconnaissance de la crédibilité de l'institution, et de reconnaissance à l'égard de ceux qui s'engagent.
Dans le même ordre d'idée, j'ai noté qu'un Conseiller du Commerce extérieur de la France qui quitte un pays pour aller dans un autre pays n'est plus Conseiller du Commerce extérieur de la France, alors que quand il rentre en France, il le reste. Il y a là un déséquilibre sur lequel je propose que nous puissions réfléchir.
Certaines de ces évolutions mériteront une évolution du décret. Je pense que nous pouvons nous fixer comme objectif d'aboutir à ce décret d'ici la fin de l'année. Cela donnera un nouvel élan de gouvernance à la hauteur du nouvel élan de fond auquel nous aspirons tous.
Je terminerai en vous disant mon plaisir de vous retrouver à chacun de mes déplacements. Je serai au Chili et au Pérou la semaine du 6 juillet, et j'espère bien vous y retrouver. Pour mes prochains déplacements, comme je le fais depuis plus d'un an, j'accorderai une attention particulière aux pays émergents qui doivent prendre une place plus importante dans nos échanges alors que plus de 60% de nos échanges commerciaux se font avec nos partenaires européens.
Je serai ravie de participer, à chaque fois que je le peux, aux manifestations que vous organisez, et en particulier aux Grands Prix VIE, témoin du bon fonctionnement de l'Equipe de France.
Avec vous, l'équipe de France est en mouvement.
Je vous remercie.
Source http://www.exporter.gouv.fr, le 23 juin 2009
Mes chères équipières,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Présidents, représentants des autres piliers de l'équipe de France
Chers amis,
Je vous remercie de votre invitation. Je me réjouis d'avoir pu arriver en avance et constater que le nouvel élan que vous avez lancé depuis les Etats Généraux, auxquels j'avais eu le plaisir de participer l'année dernière, est réellement en marche.
Je voudrais souligner l'exemplarité de cette forme de partenariat public-privé. Et vous rappeler que j'ai confiance en vous. J'ai confiance en vous parce que je commence à vous connaitre, et, malgré l'obscurité dans cette salle, je reconnais de nombreux visages que j'ai pu rencontrer dans près de 50 pays en 15 mois. Je voudrais vous dire que vous n'avez pas de complexe à avoir quant à votre influence. Elle est très importante auprès des Chefs de Missions économiques, auprès des Ambassadeurs, auprès du Gouvernement. Vous aviez par exemple mené il y a quelques temps une analyse sur l'image économique de la France et la compétitivité des entreprises françaises, en formulant un certain nombre de propositions fiscales, par exemple la suppression de la taxe professionnelle. Je ne vais pas vous dire que c'est seulement grâce aux Conseillers du Commerce extérieur que cette réforme est engagée, mais c'est bien le signe que vous accompagnez le mouvement des idées qui bougent. Ne sous-estimez donc pas votre influence.
Vous parlez beaucoup de communication, et j'ai envie de vous dire avec un clin d'oeil : pour pouvoir communiquer sur les Conseillers du commerce extérieur de la France, il serait intéressant, qu'en France, il y ait un intérêt pour la communication sur le Commerce extérieur tout court. C'est une chose qui me frappe énormément par rapport à ce qui se passe dans d'autres pays. Pourtant, nous avons bien 20 % de nos emplois qui dépendent de l'exportation. Donc travaillons ensemble effectivement pour promouvoir l'intérêt de l'internationalisation de la France après de l'opinion publique.
Je voudrais vous proposer quelques coups de projecteurs sur cinq thèmes qui me paraissent intéressants, importants, dans le contexte de crise que nous traversons, et qui pourraient peut-être alimenter la prospective à laquelle certains d'entre vous ont à juste titre souhaité s'intéresser ; cinq thèmes qui me paraissent vraiment importants dans l'actualité et pour demain. Nous sommes dans un nouvel élan, nous ne sommes pas en train de faire le commerce international du siècle précédent, nous sommes sur celui de la crise et de l'après-crise.
Le premier sujet est la question du protectionnisme.
J'ai mis en place sous l'impulsion du G20, au niveau des Douanes et de la Direction Générale du Trésor et de la Politique Economique, un réseau de vigilance sur le protectionnisme. S'il vous plait, nourrissez les missions économiques en informations que vous pourriez avoir sur tout dispositif réglementaire ou obstacle non tarifaire qui, tout d'un coup, viendrait à apparaître ou à être réactivé, alors qu'il n'existait plus depuis quelques années.
Dans le même ordre d'idée, je serais très intéressée par savoir comment évolue le commerce. Par exemple, est-ce qu'à l'intérieur de l'ASEAN, on constate une évolution des flux ? En Amérique latine, qu'est-il en train de se passer dans le Mercosur ? Est-ce que les relations commerciales entre le Venezuela et la Colombie sont vraiment si préoccupantes que, personnellement, j'en ai l'intuition ?
Bien sûr, sur ce premier point, il y a la question de la juste voie entre l'ultra-libre-échangisme et le protectionnisme. Il y a les questions de réciprocité commerciale. Il y a les questions de prise en compte des facteurs sociaux ou environnementaux, sur lesquelles le Président de la République s'est exprimé cette semaine à l'OIT. Ce sont des sujets d'intérêt général sur lesquels, bien entendu, je suis personnellement engagée.
Le deuxième sujet que je souhaite aborder est la question de l'innovation.
Nous savons tous que l'un des principaux outils pour améliorer la compétitivité de nos entreprises, c'est le crédit d'impôt recherche, ainsi que les pôles de compétitivité. Et je salue le ciblage de votre action sur les entreprises innovantes. J'ai bien été informée du colloque que vous aviez organisé il y a un an à Limoges sur le thème de l'internationalisation des pôles de compétitivité. Je sais que vous avez passé des conventions de partenariats avec les pôles pour favoriser le développement à l'international des entreprises qui en sont membres.
Continuons. Et je voudrais attirer votre attention sur un point. Les hommes et les femmes d'expérience que vous êtes peuvent avoir un rôle intéressant en matière d'intelligence économique. Qui dit innovation, dit protection de l'innovation. Qui dit protection de l'innovation, dit nécessité d'être extrêmement attentif en matière de contrefaçon. Et là je pense que vous avez un rôle de conseil à jouer, d'alerte éventuellement, aussi bien auprès des entreprises qu'auprès, pourquoi pas, des pouvoirs publics.
Le troisième coup de projecteur que je voudrais donner concerne le développement durable.
Parmi les secteurs qui, je pense, peuvent porter la croissance de demain, et je l'espère la croissance française de demain, il y a les technologies et les services verts. On voit leur importance dans les différents plans de relance. On voit leur importance dans les engagements d'investissements, que ce soit en Chine, en Inde, ou évidemment aux Etats-Unis. En France, nous pouvons nous appuyer sur deux choses. Nous pouvons nous appuyer sur l'engagement politique en la matière - paquet énergie-climat pendant notre Présidence de l'Union européenne, Grenelle de l'environnement - et nous pouvons nous appuyer sur les nombreux champions que nous avons en la matière.
Dans ce secteur, le succès reposera évidemment sur une bonne articulation entre nos grandes entreprises, dont certaines sont leaders mondiaux, et les PME innovantes présentes sur telle ou telle niche, souvent très pointue.
A ma demande, Ubifrance a mis en place un programme personnalisé d'accompagnement à l'international pour les éco-entreprises : le Green Pass.
Le quatrième thème sur lequel je voudrais attirer votre attention, c'est celui des investissements directs étrangers.
Et je les prendrais des deux côtés. D'abord, un certain nombre d'entre vous avez à juste titre évoqué le rôle très important des flux d'investissements sortants, c'est-à-dire des entreprises implantées à l'étranger que le Président de l'UCCIFE, lui aussi, connait particulièrement bien. Ces entreprises sont importantes, y compris comme importateurs de produits français. Et je suis très intéressée à ce sujet d'avoir, là aussi, vos intuitions et vos réflexions d'hommes de terrain. Je pense que c'est très intéressant, et je me permets d'insister sur l'aspect politique de la chose. Parce que bien sûr, le thème des délocalisations est très dangereux pour les valeurs que nous défendons ensemble d'une France ouverte, d'un monde ouvert dans lequel l'argent, les hommes, les marchandises, les idées, circulent librement. C'est important d'avoir des témoignages sur les success stories et sur l'intérêt de ces investissements au plan humain, mais aussi économique pour les pays d'implantation comme pour le territoire d'origine.
Les investissements directs étrangers, ce sont aussi les investissements directs entrants. Et nous savons qu'il y a, en ces temps de crise, une compétition encore plus dure qu'avant sur l'attractivité, l'attraction des capitaux étrangers sur chacun des territoires. La France se trouve être le deuxième pays d'accueil des investissements internationaux et je voudrais saluer à cet égard le travail de l'Agence Française pour les Investissements Internationaux. Il n'en reste pas moins que la compétition, je le disais, va être encore plus dure. En 2008, nous avons réussi à créer ou maintenir, grâce à des investissements entrants, environ 32 000 emplois, c'est-à-dire autant que l'année précédente. Je voudrais vous demander si, en plus des très nombreux travaux que vous avez déjà prévus dans votre programme d'action, vous pourriez travailler à la promotion de l'attractivité de notre territoire en lien avec l'AFII, au moins dans certains pays prioritaires (Pays du Golfe, Chine, Inde, Brésil). Après tout, il s'agit aussi d'internationalisation de la France. Vous connaissez les partenaires locaux qui peuvent être intéressés par investir en France, et vous connaissez évidemment les arguments à leur donner pour parler de la France.
Le cinquième sujet sur lequel j'aimerais apporter un éclairage est la question du financement du commerce.
Chacun a bien vu qu'il y a deux problèmes dans la crise, qui risquent d'accroitre la chute prévisible du commerce international : le problème du protectionnisme, dont j'ai déjà parlé, et le problème du financement.
Nous avons eu, avec Christine LAGARDE, à la demande du Président de la République, le souci d'être très actives sur cette question du financement du commerce. Nous avons défini une politique de couverture de la Coface très volontariste pour 2009. Nous avons passé une convention avec les banques, dans le cadre du plan d'accompagnement de la reconstitution de leurs fonds propres, afin qu'elles financent des crédits à l'exportation. La DGTPE a été instaurée par Christine LAGARDE en tant que médiateur spécialisé, et les choses ne se passent pas trop mal. Nous avons multiplié par deux, dans le budget 2009, les crédits de la Réserve Pays Emergents pour accompagner un certain nombre de grands projets. Nous avons renforcé les liens entre le commerce extérieur et le développement, par l'intermédiaire de relations entre l'Agence Française de Développement et Ubifrance, et mis en valeur le travail fait par Proparco pour développer les petites entreprises, notamment en Afrique.
En début de semaine, j'ai annoncé une réforme de l'assurance prospection avec deux objectifs principaux. Premièrement, que les entreprises de taille intermédiaire puissent en bénéficier. Deuxièmement, que cela coûte moins cher et aille plus vite.
Enfin, nous avons proposé au Premier Ministre, qui l'a accepté, que le dispositif CAP+, qui a amélioré l'assurance crédit pour le crédit inter-entreprises sur le territoire national, puisse s'appliquer à l'exportation.
Voilà donc cinq coups de projecteur. J'aurais pu en trouver d'autres. Ils me semblent donner le cadre des grandes problématiques sur lesquelles nous devons, aujourd'hui et pour l'après-crise, nous positionner.
Je voudrais vous parler à présent d'équipe de France. Dans ce contexte de crise, tout le monde est conscient que, plus que jamais, il est indispensable de jouer collectif et solidaires. En plus, quand nous parlons de commerce, nous parlons de concurrence. Tout le monde à l'air de convenir que nos principaux concurrents jouent ensemble, tant nos concurrents européens, allemands ou italiens, que nos concurrents internationaux, comme le futur premier exportateur mondial qu'est la Chine. A cet égard, je constate que grâce au travail mené depuis un an, cet ensemble de réformes porté par l'esprit de coopération, a porté ses fruits.
Votre réseau est particulièrement important, comparativement aux autres piliers de l'équipe de France. 4 000 hommes et femmes bénévoles, ce n'est pas rien. Je me félicite donc de pouvoir parrainer dans quelques instants votre convention.
A cette équipe de France, et à vous en particuliers Mesdames et Messieurs les Conseillers du Commerce extérieur, je voudrais confirmer deux priorités.
Premièrement, la priorité PME. De ce point de vue, votre activité de parrainage trouve parfaitement sa place, à côté du travail de terrain que réalisent les Chambres de commerce en France pour identifier des candidats à l'exportation, et à côté de l'accompagnement des PME à l'étranger, réalisé par Ubifrance puis en relais par les Chambres de Commerce françaises à l'étranger.
Vous avez fixé un objectif de 1 000 parrainages en 2012. 1 000 parrainages pour 4 000 personnes, c'est un objectif qui me paraît raisonnable. A vrai dire, si vous le dépassiez, je n'en serais pas contrariée. C'est d'ailleurs dans cet esprit que j'ai tenu à vous associer au lancement en mars dernier de Pacte PME International, dont j'ai confié l'animation globale à Henri LACHMANN.
Mon deuxième axe de priorités, c'est la jeunesse, dans une double perspective : à court terme, trouver le maximum d'emplois pour nos jeunes, et en particulier pour nos jeunes diplômés ; à plus long terme, inoculer plus profondément dans la société française ce virus de l'international, que vous portez tous et qui est si important pour notre avenir.
J'ai proposé un plan pour l'emploi des jeunes à l'international, qui concerne d'abord les VIE. Le nombre de VIE a beaucoup augmenté ces dernières années, avec un double mouvement : de plus en plus de PME recourent aux VIE ; et malheureusement à l'inverse, depuis quelques mois, les très grandes entreprises en difficulté, notamment les banques et le secteur automobile, ont réduit leur recours aux VIE. Je compte d'ailleurs au passage sur les Conseillers du commerce extérieur pour faire la promotion des VIE, mais aussi pour en embaucher dans leurs entreprises.
Pour permettre aux PME de recourir plus facilement aux VIE, nous allons mettre en place des « VIE multicartes » qui travailleront pour le compte de plusieurs PME ou d'une filière sous le pilotage de la Mission économique. Ils seront payés par le dispositif public, et non par les entreprises, pendant la période de crise. Certains d'entre vous m'ont demandé s'il était possible pour une entreprise implantée de recourir à un VIE. C'est possible dès lors qu'il y a un lien entre l'entreprise implantée et une entreprise français, soit sous forme de filiale, soit sous forme d'accord commercial, soit encore sous forme de franchise. C'est dans le même esprit que nous avons mis en en place l'assurance prospection pour les français implantés à l'étranger, proposition des Conseillers du commerce extérieur de la France. Je me souviens parfaitement avoir remis la première de ces assurances prospection en Chine il y a quelques mois.
De manière plus structurelle encore, mon plan pour les jeunes à l'international, tel que je l'ai proposé, comporte la proposition que les VIE entrent dans le décompte des formations en alternance pour le calcul de la taxe d'apprentissage. Ceci devrait être inscrit dès cet été dans la loi de financement de la formation professionnelle. J'y vois un intérêt très fort : bien sûr, faciliter le financement des VIE ; mais au-delà de cela, faire en sorte que les VIE ne soient pas simplement un dispositif spécifique, particulier, en quelque sorte marginal, mais qu'ils entrent bien dans la profondeur des dispositifs français, actés par les partenaires sociaux et par la loi, qui assurent les objectifs de la formation professionnelle de notre jeunesse.
Je pense que les Conseillers du commerce extérieur implantés en France peuvent avoir un rôle particulier à jouer auprès de Pôle Emploi. Un rôle d'accompagnement des demandeurs d'emploi sur les professions internationales.
J'ai parlé de la jeunesse en ne réduisant pas mon propos aux seuls VIE. Je pense que votre rôle en matière de formation est l'un des plus importants que vous ayez à jouer. Comme on dit beaucoup que l'international est une question culturelle en France, nous sommes bien là en train de parler de réponses culturelles.
Je voudrais terminer en saluant la manière avec laquelle vous avez abordé les questions de gouvernance. Saluer d'abord le renouvellement des différents niveaux d'instance de votre organisation, et la féminisation croissante des promotions, et reprendre à mon compte un mot clé que vous avez indiqué sur ces questions de gouvernance : l'engagement. C'est ce mot que je mettrai en dénominateur commun à l'ensemble des évolutions que nous allons continuer à mener ensemble.
Le premier sujet concerne les questions d'âge. Je ne suis pas sûre que la limite actuelle de 60 ans pour pouvoir être nommé à un premier mandat de Conseiller du commerce extérieur soit très judicieuse, notamment lorsque l'on veut des Conseillers disponibles pour faire de la formation.
D'autre part, je suis très impressionnée par ce que représentent en expérience et en engagement les Conseillers honoraires, que je salue au passage. Il me semble toutefois qu'il faut se poser la question de la limitation du nombre de mandats de Conseiller du commerce extérieur honoraire, à un ou deux par exemple. Réfléchissons-y avec cette idée de privilégier l'engagement et les priorités collectives sur lesquelles nous sommes d'accord : les PME et les jeunes.
C'est dans la même idée d'engagement que je reprends à mon compte la proposition que vous aviez faite d'examiner la manière avec laquelle les Conseillers du Commerce extérieur se sont acquittés de leur fonction avant de les renouveler. Le décret de 2004 prévoit un tel examen préalable au renouvellement. Je pense qu'il serait intéressant, selon des modalités à mettre en oeuvre, et dont l'administration discutera avec vous, qu'il puisse y avoir une sorte de bilan d'activité de chaque Conseiller en fin de mandat. Je crois que c'est un gage de reconnaissance de la crédibilité de l'institution, et de reconnaissance à l'égard de ceux qui s'engagent.
Dans le même ordre d'idée, j'ai noté qu'un Conseiller du Commerce extérieur de la France qui quitte un pays pour aller dans un autre pays n'est plus Conseiller du Commerce extérieur de la France, alors que quand il rentre en France, il le reste. Il y a là un déséquilibre sur lequel je propose que nous puissions réfléchir.
Certaines de ces évolutions mériteront une évolution du décret. Je pense que nous pouvons nous fixer comme objectif d'aboutir à ce décret d'ici la fin de l'année. Cela donnera un nouvel élan de gouvernance à la hauteur du nouvel élan de fond auquel nous aspirons tous.
Je terminerai en vous disant mon plaisir de vous retrouver à chacun de mes déplacements. Je serai au Chili et au Pérou la semaine du 6 juillet, et j'espère bien vous y retrouver. Pour mes prochains déplacements, comme je le fais depuis plus d'un an, j'accorderai une attention particulière aux pays émergents qui doivent prendre une place plus importante dans nos échanges alors que plus de 60% de nos échanges commerciaux se font avec nos partenaires européens.
Je serai ravie de participer, à chaque fois que je le peux, aux manifestations que vous organisez, et en particulier aux Grands Prix VIE, témoin du bon fonctionnement de l'Equipe de France.
Avec vous, l'équipe de France est en mouvement.
Je vous remercie.
Source http://www.exporter.gouv.fr, le 23 juin 2009