Point de presse de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la situation politique libanaise, notamment la formation du futur gouvernement, Beyrouth le 10 juillet 2009.

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Circonstance : Voyage de Bernard Kouchner au Liban les 10 et 11 juillet 2009 : entretien avec Nabih Berry, président de la chambre des députés libanais, à Beyrouth le 10

Texte intégral

Je sors d'une entrevue avec le président Nabih Berry, poursuivant ainsi mes rencontres avec les principales personnalités politiques. J'étais heureux d'entendre un discours optimiste. Etant donné que je suis plutôt de nature optimiste, pour une fois j'étais heureux d'entendre le président Berry qui m'a fait remarquer qu'en général la formation d'un gouvernement ne se faisait pas en quelques jours mais que ce serait néanmoins rapide. C'est ce qui se passe actuellement. Il est bien placé pour le savoir parce qu'il est un représentant du Sud - non pas seulement du Sud mais du Sud chiite. Il connaît bien les conditions de l'élection et il en était satisfait, comme nous de l'extérieur, nous l'avons été. En tant que président du Parlement, c'était intéressant de pouvoir le rencontrer et de constater son optimisme en ce qui concerne les majorités et la formation du gouvernement.
J'ai écouté son propos avec beaucoup d'intérêt et j'ai précisé la position de la France, qui n'est pas une position d'intervention pour la formation d'un gouvernement, mais qui est une position d'ami qui veut que ses relations avec un pays très proche de nous, le Liban, soient des relations de coopération, des relations d'entente. Si nous devons nous réjouir de la formation au plus vite d'un gouvernement libanais, nous le ferons.
Cela ne veut pas dire que nous nous mettons entre eux, comme je l'ai vu dans quelques journaux, entre la Syrie et l'Arabie saoudite. Ce n'est pas le cas, cela veut dire que nous sommes heureux que le président Berry ait parlé en termes positifs des majorités, de son élection, des personnes qui se sont regroupées derrière lui et dont il faut constater qu'ils sont un nombre qui constitue une majorité.
On verra pour le gouvernement. Je ne suis pas chargé de le faire. Je souhaite, puisque c'est un gouvernement d'unité nationale, qu'il marque une étape supplémentaire sur le chemin de la démocratisation.
Le Liban est un modèle, est un laboratoire dans la région. C'est important qu'il avance sur la voie de la démocratie et non pas celle du blocage. C'est important qu'il y ait eu des élections et que, maintenant, il y ait un gouvernement qui soit formé par M. Hariri.
Dimanche, il y a la réunion des ambassadeurs à Damas à laquelle je participerai. Je suis conscient qu'il y a des risques que je ne minimise pas. Néanmoins, l'exemple de cohabitation des communautés et de ses conséquences politiques est un exemple dynamique.
C'est ce que j'ai dit et j'étais content de l'entendre avec un autre son, un son particulier parce que le président du Parlement est chargé de cela et c'est lui qui dirigera ce nouveau Parlement avec, je crois, une volonté d'agir sur les projets.
Le Liban a besoin de projets. Nous sommes, d'ailleurs, impliqués par les conférences Paris I, Paris II et Paris III portant sur des projets conséquents. J'ai parlé de la région chiite où il y a des progrès. Ces progrès sont également notables sur les questions liées à l'énergie, à l'électricité, aux infrastructures. C'est, donc, cela qui doit réunir.
J'ai également rencontré, cet après-midi, le Hezbollah. Je n'ai pas encore rencontré tout le monde. Je souhaite construire une relation de confiance avec les Libanais, une confiance qui existe depuis longtemps, mais une confiance précise sur l'installation d'un gouvernement ces prochains jours. Je suis heureux d'être revenu et on ne peut pas se passer de ces visites. Merci beaucoup.

Q - (A propos du Hezbollah)
R - Bien sûr que j'ai des remarques, je sais qu'ils ont participé. C'est une remarque très positive, ils ont été parmi les partis qui ont permis ces élections et qui ont accepté les résultats. On m'a expliqué dans quelles conditions, j'ai entendu les pourcentages des voix des uns et des autres. Ce n'est pas moi qui ai formé la Constitution libanaise, ni les accords de Taëf, ni la pratique politique. Mais je dis que cette pratique libanaise donne un certain espoir dans la dynamique nécessaire vers une démocratie qui s'appuie sur des projets pour les Libanais.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 juillet 2009