Texte intégral
Bonjour à tous.
Le Conseil exécutif du MEDEF s'est réuni hier dans une bonne ambiance, une très bonne ambiance même. Mais une ambiance de responsabilité et d'unité toute particulière car, si je devais résumer en deux phrases l'état d'esprit de chaque membre du Conseil exécutif, je dirais que personne ne pense que la crise est derrière nous et que chacun pense que le futur se prépare tout de suite.
C'est d'ailleurs pour cette raison que se prépare intensément au MEDEF en ce moment la prochaine Université d'été qui, je vous le rappelle, se tiendra les 2, 3 et 4 septembre avec comme thème « A la recherche des temps nouveaux ». Nous nous retrouverons donc sur le campus d'HEC et ce thème « A la recherche des temps nouveaux », c'est un message. C'est même un mot d'ordre. Et c'est un mot d'ordre que nous pouvons nous appliquer à nous, à nous tous, dès maintenant. Qu'est-ce que cela veut dire « A la recherche des temps nouveaux » ? Cela veut dire que nous pouvons d'ores et déjà choisir notre futur proche, nous pouvons d'ores et déjà choisir dans quel sens nous voulons continuer à avancer.
* Grand emprunt
C'est pour cette raison que, d'emblée, nous avons dit que nous étions favorables au principe du grand emprunt. Car c'est une façon, dans la méthode qui a été proposée par le Président de la République, de se mobiliser à la recherche de croissances nouvelles. Hier, nous avons décidé de confier à Pierre Nanterme la présidence d'un Comité chargé de travailler aux conditions de réussite de ce grand emprunt et aux axes stratégiques de finalité et de destinations qui pourraient être donnés à ce grand emprunt. Nous avons énuméré les conditions de succès d'un tel grand emprunt. Je crois que le succès auprès du grand public a priori ne fait guère de doutes. Quelles sont les conditions de réussite d'un tel grand emprunt ?
- Premièrement, nous nous sommes dits, mais ceci méritera d'être approfondi dans ce groupe de travail présidé par Pierre Nanterme, que tout d'abord, il fallait être certain que tous les acteurs concernés puissent être associés à la réflexion et au travail. Mais cela semble déjà quelque chose d'acquis ;
- Deuxièmement, qu'il fallait penser en logique partenariat public privé ;
- Troisièmement, que dans la recherche des structures ou des moyens à utiliser ou à mettre en oeuvre pour ce grand emprunt, il fallait le plus possible privilégier les structures existantes. Et il y en a beaucoup qui sont disponibles ;
- Quatrièmement, il faut d'emblée prévoir un suivi et un pilotage de l'ensemble ;
- Cinquièmement, ce point est très important, quand nous serons sur le point, collectivement, de choisir les investissements qui seront financés par ce grand emprunt, il faudra bien s'assurer que les perspectives de rendement économique et social seront incontestables. Avec des externalités durables. C'est dire si tout le processus d'évaluation, d'étude, devra être le plus rigoureux possible ;
- Sixièmement, il faut penser les finalités de ce grand emprunt dans le cadre européen et dans le cadre méditerranéen. Ce n'est pas simplement parce que Stéphan Brousse est au deuxième rang que je le dis. Même à l'Elysée, Stéphan, je l'ai dit ;
- Septièmement, il faudra également s'assurer de l'absence de risque d'effet d'éviction. Ce que je veux dire par là, c'est que quand seront choisis les investissements, assurons-nous que de tels investissements ne pourraient pas être menés d'une manière au moins aussi efficace par des acteurs déjà en place. Qu'ils soient privés ou publics d'ailleurs ;
- Et puis, dernier point qui nous semble également tout-à-fait important pour les conditions de réussite de ce grand emprunt, c'est vraiment, dans la réflexion, de s'assurer que l'on va favoriser tout un écosystème. C'est pour cela d'ailleurs que, au sommet qui s'est tenu à l'Elysée le 1er juillet, dans la partie des échanges consacrés au grand emprunt, j'ai insisté sur le rôle que nous pensons devoir donner, dans cette perspective, aux pôles de compétitivité qui rassemblent vraiment toutes les caractéristiques pour être des vecteurs mais aussi des destinataires possibles du grand emprunt et des ressources qui seront recueilles à cette occasion.
Donc, « A la recherche des temps nouveaux », c'est la préparation de la réflexion sur ce grand emprunt, notamment. Pas exclusivement, mais notamment.
« A la recherche des temps nouveaux », c'est aussi bien sûr penser de nouveaux modèles de fonctionnement. Et j'espère que dans les ateliers et les plénières des trois journées de l'Université d'été, de ce point-de-vue là, beaucoup de choses émergeront.
* Contribution climat énergie
Mais il y a déjà un sujet qui est sur la table aujourd'hui, et dont nous avons parlé hier au Conseil exécutif, et dont je voudrais vous dire quelques mots, c'est la contribution climat énergie. Parlons un peu fiscalité. D'emblée, je voudrais que les choses soient très claires : nous, nous sommes très favorables à ce débat, nous sommes tout à fait ouverts au principe d'une contribution climat énergie ; nous considérons que ce débat est totalement légitime. Nous estimons qu'il ne faut pas se tromper dans la façon de poser la problématique sur cette question de la contribution climat énergie. Si une telle taxe doit voir le jour, c'est pour donner un signal prix aux produits qui contiennent du carbone, aux processus de fabrication de ces différents produits ou services d'ailleurs et faire en sorte qu'il y ait progressivement un coût supérieur en fonction de la quantité de carbone contenue dans ces produits ou dans ces services. Que ça soit au moment de l'achat ou au moment du processus de fabrication. Une fois que ceci a été dit, il est évident que pour bien travailler sur le dossier, là aussi, l'approche doit s'insérer dans un contexte européen, donc le dossier doit intégrer, d'emblée, la dimension européenne. Il est évident que tout ceci doit être préparé, en ayant comme obsession le maintient de la compétitivité de nos entreprises. Il faut absolument penser la perspective de cette taxe avec une ligne d'horizon qui en est sa disparition. Cette taxe ne pourra remplir son objectif que si elle n'est pas pérenne. Et donc dans l'élaboration de ses modalités, c'est quelque chose qui doit être en permanence à l'esprit. Et puis, je crois que c'est tout-à-fait important de se dire que, d'emblée, cette taxe doit être très large. Cela veut dire qu'elle doit concerner les ménages, les entreprises mais aussi les administrations et les collectivités locales. Il y a d'autres points que nous serons amenés certainement à préciser sur l'élaboration d'une telle taxe, mais j'ajouterais simplement une chose : dans son principe, ça apparaît comme un dossier assez simple. En pratique, c'est extraordinairement complexe. C'est vraiment un dossier de haute technicité qui réclame non seulement la meilleure intelligence des meilleurs fiscalistes mais aussi la meilleure intelligence des meilleurs ingénieurs. Il y a eu quelques échanges hier en Conseil exécutif qui en témoignaient et qui montraient vraiment la difficulté d'une telle taxe. Mais tout ceci pour vous dire à quel point nous souhaitons être contributifs, d'ailleurs nous sommes très participatifs dans la conférence de consensus animée et présidée par Michel Rocard. Et j'ajouterais un mot : j'ai énormément d'estime et, je dirais plus, d'admiration pour Michel Rocard et j'ai totalement confiance dans la façon dont il peut développer la réflexion sur ce sujet. C'est un homme d'une très grande rigueur qui a une qualité qui n'est pas si fréquente en politique, qui est celle d'avoir une approche très scientifique des sujets. Et c'est typiquement un sujet sur lequel on a besoin d'une telle approche.
« A la recherche des temps nouveaux », c'est donc réfléchir de manière la plus proactive possible à la contribution climat énergie.
* PME et Nouvelles générations
Et puis « A la recherche des temps nouveaux », c'est aussi, et cela fait quelque temps que je l'exprime, vraiment adopter un nouveau regard sur les choses, sur les situations, sur les évolutions. Un nouveau regard, c'est ce que nous encourageons à faire à l'égard de deux publics : à l'égard des PME et à l'égard des nouvelles générations.
A l'égard des PME, vous le savez, nous avons lancé un programme il y a quelques semaines qui s'appelle la « Pme attitude ». Ce n'est que le début de ce programme, j'insiste sur ce point, cela va se développer jusqu'à la fin de cette année au moins. Et je voudrais d'abord exprimer quelques regrets. Aujourd'hui, et un grand quotidien en fait sa « une », les dépôts de bilan de TPE et de PME se multiplient. Et il est vraiment dommage que le gouvernement n'ait pas entendu notre demande qui aurait eu un impact pour beaucoup de PME sur le passage du printemps et du début de l'été, à savoir de ne pas collecter cette année une taxe qui s'appelle l'Organic, qui est collectée le 15 mai de chaque année et qui pénalise terriblement les entreprises puisque c'est une taxe sur le chiffre d'affaires et non pas sur le résultat. Donc, vous comprenez que beaucoup d'entreprises qui ont beaucoup de mal aujourd'hui à trouver des niveaux de rentabilité, ont été très impactées par le prélèvement de cet impôt au printemps. Maintenant, il faut continuer à marteler cette idée : chacun doit avoir la « Pme attitude ».
* Taxe professionnelle
Et si je vous le dit aujourd'hui, c'est parce que demain, la ministre de l'Economie et des Finances, Christine Lagarde, va présenter les orientations préconisées par le gouvernement en matière de réforme de la taxe professionnelle. Nous ne comprendrions pas que la réforme pénalise les petites et les moyennes entreprises. Dans les schémas qui ont été évoqués par la presse hier, cet impact sur les PME était manifeste, patent, sur toutes les entreprises qui, aujourd'hui, font moins de 7,6 millions d'euros de chiffre d'affaires. Je veux croire que ce qui sera présenté demain à Bercy, de ce point de vue là, ne ressemblera pas à ce qui a été dit par la presse hier. De la même façon, quand je réclame une « Pme attitude », je la demande à tout le monde, au gouvernement, aux syndicats et à ceux qui prétendent défendre la Pme. C'est ma façon de vous dire qu'il me semble invraisemblable qu'il puisse y avoir aujourd'hui une remise en cause des allégements de charges qui ne devraient pas d'ailleurs s'appeler allégements de charges. Je voudrais rappeler que ces allégements de charges permettent de baisser le coût du travail pour tous les salaires compris entre 1 et 1,6 Smic et qu'en dépit de cette baisse due à ces soi-disant allégements, nous avons un coût du travail bien supérieur, pour ces niveaux de salaires, à celui moyen européen et bien supérieur au coût du travail de notre principal partenaire, l'Allemagne. Comme l'a dit quelqu'un hier en Conseil exécutif, ces allégements de charges ne constituent pas une aide aux entreprises. Que l'on cesse d'utiliser cette expression ! Les allégements de charges ne sont pas des aides aux entreprises. Les allégements de charges sont des aides à l'emploi. Je vous rappelle que dans un de ces deniers rapports, le COE avait calculé qu'une remise en cause de ces allégements de charges pouvait détruire jusqu'à 800000 emplois. Et cela, c'était avant la crise.
Livre vert de Martin Hirsch
Un nouveau regard à l'égard des PME, et nous demandons également un nouveau regard à l'égard des nouvelles générations. Aujourd'hui, Martin Hirsch présente son Livre vert. Nous avons beaucoup travaillé dans la commission d'élaboration de ce document. Nous sommes plus que d'accord pour qu'il y ait une mobilisation toute particulière à l'égard des nouvelles générations. Nous exprimons des réserves sur le rapport de Martin Hirsch, notamment sur tout ce qui relève du voeu pieux ou de l'incantation et qui n'aborde pas le vrai problème. Parce que se mobiliser en faveur des nouvelles générations, c'est d'abord se poser des questions sur la formation initiale et sur l'orientation. Nous, en tout cas, nous sommes archi-mobilisés et je peux vous dire qu'on met beaucoup de moyens et d'énergie pour qu'il y ait le maximum de solidarité à l'égard des nouvelles générations. La question est celle du lien. Le lien entre les générations, c'est un lien sur lequel on doit sans arrêt réfléchir et se poser des questions.
* Puissance Jeunes Attitude
Il y a quinze jours, nous avons organisé une manifestation au MEDEF, nous avons rassemblé 300 jeunes diplômés dans l'auditorium, d'autres étaient dans des salles adjacentes parce que la manifestation a rencontré un succès supérieur à ce que nous imaginions, pour faire en sorte que ces jeunes diplômés qui, là, sont sur le marché du travail, disponibles, rencontrent des patrons d'entreprises, de PME, de grandes entreprises ou des DRH. L'échange était tout à fait intéressant, de part et d'autre, certains responsables d'entreprises pour donner des conseils, beaucoup de jeunes pour bousculer ces responsables d'entreprises dans les conseils qu'ils donnaient.
Créer le lien, c'est ça. C'est faire en sorte que des choses soient dites directement, en face à face. Par exemple, est-il normal que, aujourd'hui, on continue à demander parfois inlassablement à ces nouvelles générations qui veulent rentrer sur le marché du travail, encore un stage, encore un stage, faites encore un stage, toujours un stage. Stop. Embauchez-les ! C'est moi qui le dis aux grandes entreprises, aux responsables d'entreprises. Un stage, deux stages dans le cadre du cursus scolaire, et exclusivement dans le cadre du cursus scolaire. Ca suffit ! Embauchez-les ! D'ailleurs, nous sommes nous-mêmes bien dans cette logique de lien, d'accompagnement et de solidarité à l'égard des nouvelles générations quand nous proposons, et c'est FO, je vous le rappelle qui a, le premier, saisi notre proposition, d'allonger la période d'indemnisation des stages. Le lien à l'égard des jeunes générations, c'est aussi aborder des sujets que vous connaissez déjà, par exemple l'alternance. D'où notre campagne de publicité à l'heure actuelle sur les écrans de télévision et dans quelques quotidiens en faveur de l'apprentissage et de l'alternance. Et nous avons accéléré notre agenda compte tenu de la crise. Nous avions prévu de faire cela initialement à la rentrée 2009 et la situation actuelle nous a conduits à accélérer notre programme de communication sur le sujet.
Aborder la question du lien avec les nouvelles générations et de l'accès au marché du travail, c'est aussi faire en sorte que dans la négociation actuelle pour laquelle il y a une nouvelle séance demain, on se demande comment faire en sorte que le problème du logement ne soit plus un problème pour les jeunes qui peuvent trouver un job quelque part mais qui n'ont pas le logement à proximité de cet emploi qui leur est proposé. Et nous avons créé un groupe de travail spécifique sur cette question, groupe de travail paritaire, pour, à partir du 1 % logement, être en mesure de faire une proposition spécifique pour accompagner les jeunes qui seraient susceptibles de trouver un emploi mais qui courraient le risque de le refuser parce qu'il n'y a pas de solution de logement accessible pour eux.
Voilà l'essentiel des débats, des échanges, des réflexions, des mobilisations du Conseil exécutif qui s'inscrivent tous sous le chapeau du mot d'ordre de notre Université d'été « A la recherche des temps nouveaux ».
source http://www.medef.fr, le 9 juillet 2009