Texte intégral
A. Kara.- Bonjour à tous, bonjour R. Yade...
Bonjour.
Merci d'être avec nous ce matin. Avez-vous des nouvelles du Président. On sait qu'il a été hospitalisé hier, il va sortir normalement ce matin. Comment va N. Sarkozy ?
Je pense qu'il va bien et que les examens ont donné des résultats normaux. Donc, on espère qu'il se rétablisse très vite et qu'il nous revienne, voilà.
Vous avez eu des nouvelles hier, comment ça s'est passé, comment vous avez appris ça ? Vous étiez sur le Tour de France vous, à l'arrivée !
Oui, je l'ai appris au moment de partir sur les Champs-Élysées, mais tout de suite on nous a dit que c'était mineur, que ce n'était pas très grave et qu'il était complètement conscient et en bonne forme. Donc il y a des examens d'usage qui sont faits comme pour tout le monde dans ces cas-là et, a fortiori quand il s'agit d'un président de la République. Mais on est rassurés de savoir qu'il va bien et puis qu'il va reprendre ses activités.
Alors R. Yade, c'était votre baptême de la route en quelque sorte, votre premier Tour de France. Alors ce Tour de France, comment était-il ? Il a changé ? On a l'impression que c'est quand même extraordinaire cette année 2009, c'est un Tour de France propre, pas une affaire de dopage !
C'est d'abord un événement sportif, je dirai même le summum de l'exploit sportif, puisque le Tour est l'une des épreuves les plus redoutables pour un cycliste. Cela s'est terminé par un beau podium. Il y a eu du suspens, il y a eu de belles étapes et notamment celle du Mont Ventoux à laquelle j'assistais. Et je trouve que la ferveur populaire qui accompagnait ce Tour permet de dire aujourd'hui que le Tour a retrouvé son public après les années noires du dopage. Et je pense que ce Tour-là était très intéressant sur le plan et sportif et sur le plan populaire.
Vous parlez des années noires du dopage, mais ça veut dire quoi ? Désormais le dopage est derrière nous, derrière les cyclistes, derrière le Tour de France ?
Disons qu'aujourd'hui, à travers ce Tour, il n'y a pas eu de cas de dopage révélé. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas, ce serait fait faux de croire que tout a changé mais en tout cas, il y a des dispositions qui ont été prises depuis ces derniers mois, ces dernières années, avec le passeport sanguin qui existe depuis 2007, avec la peur du gendarme aussi puisque les services de l'Etat, que ce soit les Parquets, les Douanes ou les policiers sont hyper mobilisés. L'Agence Française de Lutte contre le Dopage fait son travail avec l'Union Cycliste Internationale, donc il faut espérer que ce Tour soit exemplaire. Parce qu'il y a aussi quand même un délai, un délai entre le moment où les contrôles sont faits et le moment où ils sont révélés. On l'a vu sur le Tour du Giro, le Tour italien avec Di Luca qui a terminé 2ème de ce Tour il y a un mois et demi. Et on n'a su que cette semaine ou la semaine précédente qu'effectivement il y avait eu un cas de dopage. Donc il faut rester prudent, vigilant et faire confiance aux dirigeants du Tour qui, je crois, font tout ce qui est en leur pouvoir pour combattre le dopage.
En même temps, j'allais vous dire, les statistiques sont à peu près les mêmes que l'an dernier, on va toujours aussi vite sur le Tour. Est-ce que ça ne veut pas dire quelque part que ceux en tout cas qui se dopent ont, comme on dit souvent, un tour d'avance sur ceux qui luttent contre le dopage.
Si tel est le cas et au cas où ce serait un fait, nous avons prévu des accords pharmaceutiques avec les industries pour justement déceler les molécules avant qu'ils ne soient sur le marché, de telle sorte qu'on évite ce fameux tour d'avance que pourraient avoir certains cyclistes. Mais je crois qu'il faut défendre le Tour, je pense qu'on est arrivé à un moment tel à la suite des scandales du dopage, qu'on a assimilé dans l'esprit de l'opinion publique cyclisme et dopage. Or il faut arriver à casser cette logique qui risque de... qui nuit au cyclisme en fait et revenir à un cyclisme propre et qu'on arrive à penser, quand on parle Tour de France, on arrive à penser exploit sportif, on arrive à penser étapes propres et non pas l'assimilation entre cyclisme et dopage. Ça, ce serait vraiment une vraie réussite mais j'ai confiance dans les dirigeants du Tour, je connais leur détermination, on a eu plusieurs fois l'occasion d'en parler et ils veulent vraiment prendre à bras-le-corps ce problème du dopage. Et il n'est pas dans leur intérêt de voir l'esprit du vélo trahi par des méthodes de ce type-là. Donc aujourd'hui, on a un podium qui est à l'image des exploits sportifs de ce Tour, avec Contador en numéro 1, sur le papier l'ordre est respecté, avec Armstrong qui est numéro 3. L'inverse aurait été surprenant et donc tel n'est pas le cas, avec deux générations qui finalement se côtoient, quand on voit les exploits des frères Schleck qui regardent l'avenir. Donc je crois que sur le plan sportif, la population ou plutôt le public, les foules qui se massaient sur le bord des routes et notamment de manière impressionnante sur le Mont Ventoux, cet ordre-là est respecté.
Un autre dossier lourd sur votre bureau, le secrétariat des Sports, c'est l'Euro 2016. Alors il y a eu un cri d'alarme ces derniers jours : il n'y aurait pas beaucoup de stades français, même quasiment pas, qui seraient aux normes. Qu'est-ce qu'on peut faire ?
Alors écoutez, pour l'Euro de foot, nous sommes en compétition avec l'Italie, la Norvège et la Suède et puis la Turquie. Sur le papier, nous sommes, je peux le dire, favoris parce que nous avons les stades... enfin plus de stades valables que d'autres pays. Néanmoins il y a de gros efforts à faire et il faut arriver à ce qu'on ait 12 stades de niveau requis par l'UEFA, les instances internationales du foot, 9 pour les matchs traditionnels, plus 3 en réserve. Aujourd'hui il y a des projets de grand stade comme à Nice, à Bordeaux ou encore à Lyon, l'Etat doit donner l'impulsion. C'est la raison pour laquelle je me bats pour que le budget de l'Etat mette 100 millions sur la table de telle sorte à donner une impulsion à la candidature française, qui n'est pas très connue des Français, seulement de 40 %. J'espère qu'à la rentrée, nous arriverons, parce que le président de la République l'a promis aux instances dirigeantes du foot, que nous arriverons à obtenir cette somme qui ne constituerait que 5 % du budget nécessaire, c'est-à-dire de 1,6 milliards pour l'Euro foot. Et par ailleurs, il ne faut pas négliger ce qui est le plus important, à savoir que la rénovation ou la construction de ces stades va créer beaucoup d'emplois, amener du tourisme et puis redonner de la vie à certains territoires. Donc j'y crois et je défendrai cette candidature française jusqu'au bout parce que la France le mérite.
R. Yade, vous êtes heureuse dans votre nouveau ministère ? Beaucoup au moment du remaniement avaient vu ça comme une sanction...
Oh ! J'aimerais bien être sanctionnée comme ça tous les jours. Franchement, je ne vois pas en quoi... je ne vois pas en quoi. Je suis à la tête d'un ministère qui est très apprécié, qui a une longue histoire, que les Français aiment beaucoup. Il faut quand même rappeler des faits : c'est qu'il y a 16 millions de licenciés, à jour de cotisations dans le sport aujourd'hui, c'est-à-dire que tous les Français sont concernés, une économie de 30 milliards, une grande nation sportive qu'est la France, donc c'est énorme. Donc je ne pensais pas qu'on aurait pu me confier de telles responsabilités et j'en suis...
Un beau ministère mais est-ce que ça va mieux avec N. Sarkozy, est-ce que vous avez retrouvé des relations normales après votre refus d'aller aux européennes ?
J'espère que cette histoire est derrière nous parce que ça fait quand même un bout de temps, cela n'a pas empêché la victoire de l'UMP à ces élections, ce qui montre que personne n'est hélas indispensable.
Vous allez vous investir maintenant dans les régionales ?
C'est ce qui explique que je n'étais pas candidate aux européennes, c'était cette obsession des régionales pour lesquelles je suis très motivée. Effectivement avec V. Pécresse, on a commencé depuis plusieurs mois déjà, bien avant d'ailleurs les européennes, à travailler et nous continuerons à le faire. Dès le 13 septembre à la rentrée, nous lançons une grande fête de l'Ile-de-France qui nous permettra de lancer notre campagne, je pense que ce sera un grand rendez-vous populaire pour Valérie, pour l'Ile-de-France et bien sûr, je serai au rendez-vous.
R. Yade merci, bonne journée. Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 juillet 2009