Interview de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux sports à France 2 le 27 juillet 2009, sur le Tour de France cycliste, la compétition sportive et el dopage et l'Euro de football 2016.

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Média : France 2

Texte intégral


 
 
 
A. Kara.- Bonjour à tous, bonjour R. Yade... 
 
Bonjour. 
 
Merci d'être avec nous ce matin. Avez-vous des nouvelles du  Président. On sait qu'il a été hospitalisé hier, il va sortir  normalement ce matin. Comment va N. Sarkozy ? 
 
Je pense qu'il va bien et que les examens ont donné des résultats  normaux. Donc, on espère qu'il se rétablisse très vite et qu'il nous  revienne, voilà. 
 
Vous avez eu des nouvelles hier, comment ça s'est passé, comment  vous avez appris ça ? Vous étiez sur le Tour de France vous, à  l'arrivée ! 
 
Oui, je l'ai appris au moment de partir sur les Champs-Élysées, mais  tout de suite on nous a dit que c'était mineur, que ce n'était pas très  grave et qu'il était complètement conscient et en bonne forme. Donc il  y a des examens d'usage qui sont faits comme pour tout le monde dans  ces cas-là et, a fortiori quand il s'agit d'un président de la République.  Mais on est rassurés de savoir qu'il va bien et puis qu'il va reprendre  ses activités. 
 
Alors R. Yade, c'était votre baptême de la route en quelque sorte,  votre premier Tour de France. Alors ce Tour de France, comment  était-il ? Il a changé ? On a l'impression que c'est quand même  extraordinaire cette année 2009, c'est un Tour de France propre,  pas une affaire de dopage ! 
 
C'est d'abord un événement sportif, je dirai même le summum de  l'exploit sportif, puisque le Tour est l'une des épreuves les plus  redoutables pour un cycliste. Cela s'est terminé par un beau podium. Il  y a eu du suspens, il y a eu de belles étapes et notamment celle du Mont  Ventoux à laquelle j'assistais. Et je trouve que la ferveur populaire qui  accompagnait ce Tour permet de dire aujourd'hui que le Tour a  retrouvé son public après les années noires du dopage. Et je pense que  ce Tour-là était très intéressant sur le plan et sportif et sur le plan  populaire. 
 
Vous parlez des années noires du dopage, mais ça veut dire quoi ?  Désormais le dopage est derrière nous, derrière les cyclistes,  derrière le Tour de France ? 
 
Disons qu'aujourd'hui, à travers ce Tour, il n'y a pas eu de cas de  dopage révélé. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas, ce serait fait faux de  croire que tout a changé mais en tout cas, il y a des dispositions qui ont  été prises depuis ces derniers mois, ces dernières années, avec le  passeport sanguin qui existe depuis 2007, avec la peur du gendarme  aussi puisque les services de l'Etat, que ce soit les Parquets, les  Douanes ou les policiers sont hyper mobilisés. L'Agence Française de  Lutte contre le Dopage fait son travail avec l'Union Cycliste  Internationale, donc il faut espérer que ce Tour soit exemplaire. Parce  qu'il y a aussi quand même un délai, un délai entre le moment où les  contrôles sont faits et le moment où ils sont révélés. On l'a vu sur le  Tour du Giro, le Tour italien avec Di Luca qui a terminé 2ème de ce  Tour il y a un mois et demi. Et on n'a su que cette semaine ou la  semaine précédente qu'effectivement il y avait eu un cas de dopage.  Donc il faut rester prudent, vigilant et faire confiance aux dirigeants du  Tour qui, je crois, font tout ce qui est en leur pouvoir pour combattre le  dopage. 
 
En même temps, j'allais vous dire, les statistiques sont à peu près  les mêmes que l'an dernier, on va toujours aussi vite sur le Tour.  Est-ce que ça ne veut pas dire quelque part que ceux en tout cas qui  se dopent ont, comme on dit souvent, un tour d'avance sur ceux qui  luttent contre le dopage. 
 
Si tel est le cas et au cas où ce serait un fait, nous avons prévu des  accords pharmaceutiques avec les industries pour justement déceler les  molécules avant qu'ils ne soient sur le marché, de telle sorte qu'on évite  ce fameux tour d'avance que pourraient avoir certains cyclistes. Mais je  crois qu'il faut défendre le Tour, je pense qu'on est arrivé à un moment  tel à la suite des scandales du dopage, qu'on a assimilé dans l'esprit de  l'opinion publique cyclisme et dopage. Or il faut arriver à casser cette  logique qui risque de... qui nuit au cyclisme en fait et revenir à un  cyclisme propre et qu'on arrive à penser, quand on parle Tour de  France, on arrive à penser exploit sportif, on arrive à penser étapes  propres et non pas l'assimilation entre cyclisme et dopage. Ça, ce serait  vraiment une vraie réussite mais j'ai confiance dans les dirigeants du  Tour, je connais leur détermination, on a eu plusieurs fois l'occasion  d'en parler et ils veulent vraiment prendre à bras-le-corps ce problème  du dopage. Et il n'est pas dans leur intérêt de voir l'esprit du vélo trahi  par des méthodes de ce type-là. Donc aujourd'hui, on a un podium qui  est à l'image des exploits sportifs de ce Tour, avec Contador en numéro  1, sur le papier l'ordre est respecté, avec Armstrong qui est numéro 3.  L'inverse aurait été surprenant et donc tel n'est pas le cas, avec deux  générations qui finalement se côtoient, quand on voit les exploits des  frères Schleck qui regardent l'avenir. Donc je crois que sur le plan  sportif, la population ou plutôt le public, les foules qui se massaient sur  le bord des routes et notamment de manière impressionnante sur le  Mont Ventoux, cet ordre-là est respecté. 
 
Un autre dossier lourd sur votre bureau, le secrétariat des Sports,  c'est l'Euro 2016. Alors il y a eu un cri d'alarme ces derniers jours :  il n'y aurait pas beaucoup de stades français, même quasiment pas,  qui seraient aux normes. Qu'est-ce qu'on peut faire ? 
 
Alors écoutez, pour l'Euro de foot, nous sommes en compétition avec  l'Italie, la Norvège et la Suède et puis la Turquie. Sur le papier, nous  sommes, je peux le dire, favoris parce que nous avons les stades... enfin  plus de stades valables que d'autres pays. Néanmoins il y a de gros  efforts à faire et il faut arriver à ce qu'on ait 12 stades de niveau requis  par l'UEFA, les instances internationales du foot, 9 pour les matchs  traditionnels, plus 3 en réserve. Aujourd'hui il y a des projets de grand  stade comme à Nice, à Bordeaux ou encore à Lyon, l'Etat doit donner  l'impulsion. C'est la raison pour laquelle je me bats pour que le budget  de l'Etat mette 100 millions sur la table de telle sorte à donner une  impulsion à la candidature française, qui n'est pas très connue des  Français, seulement de 40 %. J'espère qu'à la rentrée, nous arriverons,  parce que le président de la République l'a promis aux instances  dirigeantes du foot, que nous arriverons à obtenir cette somme qui ne  constituerait que 5 % du budget nécessaire, c'est-à-dire de 1,6 milliards  pour l'Euro foot. Et par ailleurs, il ne faut pas négliger ce qui est le plus  important, à savoir que la rénovation ou la construction de ces stades va  créer beaucoup d'emplois, amener du tourisme et puis redonner de la  vie à certains territoires. Donc j'y crois et je défendrai cette candidature  française jusqu'au bout parce que la France le mérite. 
 
R. Yade, vous êtes heureuse dans votre nouveau ministère ?  Beaucoup au moment du remaniement avaient vu ça comme une  sanction... 
 
Oh ! J'aimerais bien être sanctionnée comme ça tous les jours.  Franchement, je ne vois pas en quoi... je ne vois pas en quoi. Je suis à la  tête d'un ministère qui est très apprécié, qui a une longue histoire, que  les Français aiment beaucoup. Il faut quand même rappeler des faits :  c'est qu'il y a 16 millions de licenciés, à jour de cotisations dans le  sport aujourd'hui, c'est-à-dire que tous les Français sont concernés, une  économie de 30 milliards, une grande nation sportive qu'est la France,  donc c'est énorme. Donc je ne pensais pas qu'on aurait pu me confier  de telles responsabilités et j'en suis... 
 
Un beau ministère mais est-ce que ça va mieux avec N. Sarkozy,  est-ce que vous avez retrouvé des relations normales après votre  refus d'aller aux européennes ? 
 
J'espère que cette histoire est derrière nous parce que ça fait quand  même un bout de temps, cela n'a pas empêché la victoire de l'UMP à  ces élections, ce qui montre que personne n'est hélas indispensable. 
 
Vous allez vous investir maintenant dans les régionales ? 
 
C'est ce qui explique que je n'étais pas candidate aux européennes,  c'était cette obsession des régionales pour lesquelles je suis très  motivée. Effectivement avec V. Pécresse, on a commencé depuis  plusieurs mois déjà, bien avant d'ailleurs les européennes, à travailler et  nous continuerons à le faire. Dès le 13 septembre à la rentrée, nous  lançons une grande fête de l'Ile-de-France qui nous permettra de lancer  notre campagne, je pense que ce sera un grand rendez-vous populaire  pour Valérie, pour l'Ile-de-France et bien sûr, je serai au rendez-vous. 
 
R. Yade merci, bonne journée.  Merci. 
 Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 juillet 2009