Texte intégral
M. Tronchot.- Vous pouvez ce matin nous donner des nouvelles de N. Sarkozy ?
Je ne suis pas médecin mais les nouvelles du corps médical sont bonnes. Il sort aujourd'hui, ça prouve que ça va bien. Et puis, on a le sentiment que c'était un malaise de fatigue, comme il peut en arriver à tout le monde.
Vous l'avez eu au téléphone ou son entourage proche ?
Non, je ne l'ai pas eu au téléphone mais tout le monde sait qu'il a été retenu à l'hôpital pour des examens, ce qui est bien normal quand on a un malaise. Tout cela a l'air très positif.
On a soit admiré soit critiqué l'hyperactivité du Président - il a peut-être d'ailleurs été élu un petit peu grâce à cela. L'ami que vous êtes aurait envie de lui donner un conseil de modération aujourd'hui.
Ce n'est pas son tempérament de toute façon de s'économiser. Il a une formule, il dit "parfois les gens reprochent que j'en fasse trop, eh bien moi, je trouve que je n'en fais pas assez". Il est vrai que quand on est président de la République, on s'engage totalement au service de son pays, mais on n'est pas dans une disposition d'esprit à s'économiser, à penser à soi. On pense à son pays. Et donc, il s'engage beaucoup. Il est hyperactif, tout le monde le voit, il est aussi hyper énergique et très courageux. Il s'impose une charge de travail très lourde, de préparation, de connaissance approfondie des dossiers.
Il le paie un peu manifestement. Il n'arrive pas à consommer le pouvoir avec modération, si je puis dire.
Je ne crois [pas] que ce soit un effet de consommation de pouvoir. Je crois que c'est un effet de disponibilité à l'égard de la charge. C'est la charge qui est immense. Et il a décidé de s'y consacrer totalement, parce que c'est son devoir.
Il n'y a pas des choses, dont il pourrait faire l'économie ? Vous ne lui auriez pas conseillé, par exemple, de faire un exercice physique intense de 45 minutes par une journée si chaude...
Il fait régulièrement du jogging. Je crois d'ailleurs que c'est une manière de trouver son équilibre pour quelqu'un qui a son tempérament. Il a l'habitude de cela, il est d'ailleurs assez entraîné. Je ne pense pas que ce soit le jogging en soi qui soit l'excès. Je pense que la charge de travail d'un président de la République qui s'y donne à fond comme il le fait avec toute sa bonne foi, toute sa bonne volonté, ça pèse.
Vous l'avez toujours connu comme ça, avec cette activité...
Je l'ai toujours connu hyper énergique et cela fait partie de son talent et de son charme.
Il y a suffisamment de transparence dans les bulletins de santé, parfois très succincts, de la présidence de la République ? Vous pensez qu'il faudrait davantage de détails ? Ou, comme X. Bertrand, vous pensez que côté transparence, tout a été fait de manière exemplaire ?
Franchement, je crois que les choses sont essentielles. J'écoutais madame Allaire [ndlr : cf. chronique politique de M.-B. Allaire] à l'instant qui disait que sur des petites choses, il n'y a pas beaucoup de communication. Mais peut-être parce qu'on n'attache pas non plus beaucoup d'importance à ces petites choses. Il ne fait pas de communiqué s'il va chez le dentiste, d'accord, mais tout le monde va chez le dentiste.
P. Balkany, des Antilles où il se trouve, a cru pouvoir parler de malaise vagal, ce qui a un peu irrité l'Elysée, semble-t-il. Est-ce que le désir d'apparaître proche peut conduire à des maladresses ?
Je ne sais pas. Je ne sais pas la nature de cette petite crise, mais quand je lis les communiqués et quand j'écoute le corps médical, puisque finalement, c'est la seule référence qu'il doit avoir, ça ne paraît pas grave. Et c'est heureux comme ça.
Comment est-ce que vous appréciez les messages de sympathie d'adversaires politiques comme M. Aubry, B. Delanoë, J. Lang, F. Bayrou ?
Je trouve ça bien de leur part. D'abord, cela témoigne d'un esprit républicain et de respect pour la personne. Je trouve ça bien de leur part.
Est-ce que vous pensez que le Président devrait déléguer davantage et que peut-être cela supprimerait une charge de travail qui peut être à l'origine de ce type de malaise aujourd'hui ?
Je pense qu'il délègue autant qu'on le peut raisonnablement dans l'organisation de nos institutions. C'est peut-être d'ailleurs pour cela qu'il a voulu une réforme de la Constitution, c'est pour déléguer davantage. Le Parlement, aujourd'hui, aura beaucoup plus de pouvoirs qu'il n'en avait avant. Ça, c'est grâce à N. Sarkozy, mais la charge du travail d'un président de la République a toujours été énorme, même du temps du général de Gaulle.
Mais ce que je veux dire, c'est que c'est aussi sa lecture des institutions. Le Président exerce seul, il ne partage pas beaucoup de choses avec son Premier ministre, par exemple.
Je ne crois pas. Par exemple, le président de la République a refusé le concept de domaine réservé ; toute la politique étrangère est partagée par le Premier ministre. C'est lui aussi qui fait les déplacements. Il y a une nouvelle manière de gouverner avec N. Sarkozy, et précisément, par rapport à notre système souvent très centralisé, il a, de ce point de vue là, beaucoup délégué.
Parlons sincèrement : c'est un malaise qui laissera des traces, qui aura des conséquences, une sorte d'avertissement ?
Je ne le crois pas. Je pense que c'est un petit incident comme tout le monde peut en avoir dans sa vie, et surtout quand on a des périodes de surcharge de fatigue qui peuvent arriver à des moments intenses de toute personne qui travaille beaucoup.
Mais vous savez comment sont les choses : on va désormais épier tous ses essoufflements.
Oui, ainsi va la presse peut-être aussi, ou l'opinion !
Il n'y a pas que la presse !
Ou l'opinion. Mais regardez-le agir et vous voyez qu'il n'est pas affaibli.
Vous pensez qu'il devrait alléger considérablement, dans les prochains jours, son emploi du temps ?
J'ai cru comprendre qu'il allait un petit peu l'alléger là. Mais quand on est en responsabilités de la France, les choses s'imposent. Et on ne peut pas simplement, d'une certaine manière, par volonté de se préserver soi-même, ne pas être présent sur les exigences de la fonction.
Vous le croyez capable d'écouter l'avis d'un médecin ou d'un ami qui lui conseillerait de se reposer un peu ?
Je crois qu'il est capable d'arbitrer entre les conseils du médecin et les exigences du pays.
Dernière question, ès fonctions si j'ose dire : vous vous occupez des chantiers de la relance, est-ce que vous espérez des premiers résultats sur l'économie ou sur l'emploi rapidement ?
Nous avons déjà d'assez bons résultats. Le plus évident est la consommation, qui est maintenant à 1,7. Je me souviens quand même des polémiques au moment où nous avons lancé le plan de relance, en nous disant que le volet "consommation" était insuffisant : la France est le pays développé dans lequel la consommation se tient le mieux, et ça, c'est dû au plan de relance.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 juillet 2009
Je ne suis pas médecin mais les nouvelles du corps médical sont bonnes. Il sort aujourd'hui, ça prouve que ça va bien. Et puis, on a le sentiment que c'était un malaise de fatigue, comme il peut en arriver à tout le monde.
Vous l'avez eu au téléphone ou son entourage proche ?
Non, je ne l'ai pas eu au téléphone mais tout le monde sait qu'il a été retenu à l'hôpital pour des examens, ce qui est bien normal quand on a un malaise. Tout cela a l'air très positif.
On a soit admiré soit critiqué l'hyperactivité du Président - il a peut-être d'ailleurs été élu un petit peu grâce à cela. L'ami que vous êtes aurait envie de lui donner un conseil de modération aujourd'hui.
Ce n'est pas son tempérament de toute façon de s'économiser. Il a une formule, il dit "parfois les gens reprochent que j'en fasse trop, eh bien moi, je trouve que je n'en fais pas assez". Il est vrai que quand on est président de la République, on s'engage totalement au service de son pays, mais on n'est pas dans une disposition d'esprit à s'économiser, à penser à soi. On pense à son pays. Et donc, il s'engage beaucoup. Il est hyperactif, tout le monde le voit, il est aussi hyper énergique et très courageux. Il s'impose une charge de travail très lourde, de préparation, de connaissance approfondie des dossiers.
Il le paie un peu manifestement. Il n'arrive pas à consommer le pouvoir avec modération, si je puis dire.
Je ne crois [pas] que ce soit un effet de consommation de pouvoir. Je crois que c'est un effet de disponibilité à l'égard de la charge. C'est la charge qui est immense. Et il a décidé de s'y consacrer totalement, parce que c'est son devoir.
Il n'y a pas des choses, dont il pourrait faire l'économie ? Vous ne lui auriez pas conseillé, par exemple, de faire un exercice physique intense de 45 minutes par une journée si chaude...
Il fait régulièrement du jogging. Je crois d'ailleurs que c'est une manière de trouver son équilibre pour quelqu'un qui a son tempérament. Il a l'habitude de cela, il est d'ailleurs assez entraîné. Je ne pense pas que ce soit le jogging en soi qui soit l'excès. Je pense que la charge de travail d'un président de la République qui s'y donne à fond comme il le fait avec toute sa bonne foi, toute sa bonne volonté, ça pèse.
Vous l'avez toujours connu comme ça, avec cette activité...
Je l'ai toujours connu hyper énergique et cela fait partie de son talent et de son charme.
Il y a suffisamment de transparence dans les bulletins de santé, parfois très succincts, de la présidence de la République ? Vous pensez qu'il faudrait davantage de détails ? Ou, comme X. Bertrand, vous pensez que côté transparence, tout a été fait de manière exemplaire ?
Franchement, je crois que les choses sont essentielles. J'écoutais madame Allaire [ndlr : cf. chronique politique de M.-B. Allaire] à l'instant qui disait que sur des petites choses, il n'y a pas beaucoup de communication. Mais peut-être parce qu'on n'attache pas non plus beaucoup d'importance à ces petites choses. Il ne fait pas de communiqué s'il va chez le dentiste, d'accord, mais tout le monde va chez le dentiste.
P. Balkany, des Antilles où il se trouve, a cru pouvoir parler de malaise vagal, ce qui a un peu irrité l'Elysée, semble-t-il. Est-ce que le désir d'apparaître proche peut conduire à des maladresses ?
Je ne sais pas. Je ne sais pas la nature de cette petite crise, mais quand je lis les communiqués et quand j'écoute le corps médical, puisque finalement, c'est la seule référence qu'il doit avoir, ça ne paraît pas grave. Et c'est heureux comme ça.
Comment est-ce que vous appréciez les messages de sympathie d'adversaires politiques comme M. Aubry, B. Delanoë, J. Lang, F. Bayrou ?
Je trouve ça bien de leur part. D'abord, cela témoigne d'un esprit républicain et de respect pour la personne. Je trouve ça bien de leur part.
Est-ce que vous pensez que le Président devrait déléguer davantage et que peut-être cela supprimerait une charge de travail qui peut être à l'origine de ce type de malaise aujourd'hui ?
Je pense qu'il délègue autant qu'on le peut raisonnablement dans l'organisation de nos institutions. C'est peut-être d'ailleurs pour cela qu'il a voulu une réforme de la Constitution, c'est pour déléguer davantage. Le Parlement, aujourd'hui, aura beaucoup plus de pouvoirs qu'il n'en avait avant. Ça, c'est grâce à N. Sarkozy, mais la charge du travail d'un président de la République a toujours été énorme, même du temps du général de Gaulle.
Mais ce que je veux dire, c'est que c'est aussi sa lecture des institutions. Le Président exerce seul, il ne partage pas beaucoup de choses avec son Premier ministre, par exemple.
Je ne crois pas. Par exemple, le président de la République a refusé le concept de domaine réservé ; toute la politique étrangère est partagée par le Premier ministre. C'est lui aussi qui fait les déplacements. Il y a une nouvelle manière de gouverner avec N. Sarkozy, et précisément, par rapport à notre système souvent très centralisé, il a, de ce point de vue là, beaucoup délégué.
Parlons sincèrement : c'est un malaise qui laissera des traces, qui aura des conséquences, une sorte d'avertissement ?
Je ne le crois pas. Je pense que c'est un petit incident comme tout le monde peut en avoir dans sa vie, et surtout quand on a des périodes de surcharge de fatigue qui peuvent arriver à des moments intenses de toute personne qui travaille beaucoup.
Mais vous savez comment sont les choses : on va désormais épier tous ses essoufflements.
Oui, ainsi va la presse peut-être aussi, ou l'opinion !
Il n'y a pas que la presse !
Ou l'opinion. Mais regardez-le agir et vous voyez qu'il n'est pas affaibli.
Vous pensez qu'il devrait alléger considérablement, dans les prochains jours, son emploi du temps ?
J'ai cru comprendre qu'il allait un petit peu l'alléger là. Mais quand on est en responsabilités de la France, les choses s'imposent. Et on ne peut pas simplement, d'une certaine manière, par volonté de se préserver soi-même, ne pas être présent sur les exigences de la fonction.
Vous le croyez capable d'écouter l'avis d'un médecin ou d'un ami qui lui conseillerait de se reposer un peu ?
Je crois qu'il est capable d'arbitrer entre les conseils du médecin et les exigences du pays.
Dernière question, ès fonctions si j'ose dire : vous vous occupez des chantiers de la relance, est-ce que vous espérez des premiers résultats sur l'économie ou sur l'emploi rapidement ?
Nous avons déjà d'assez bons résultats. Le plus évident est la consommation, qui est maintenant à 1,7. Je me souviens quand même des polémiques au moment où nous avons lancé le plan de relance, en nous disant que le volet "consommation" était insuffisant : la France est le pays développé dans lequel la consommation se tient le mieux, et ça, c'est dû au plan de relance.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 juillet 2009