Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour, R. Yade. 75 athlètes français ont participé aux Mondiaux d'athlétisme, qui se sont terminés hier, à Berlin. Il s'agissait par le nombre de la quatrième délégation nationale, et au poids des médailles - zéro en or, une en argent, deux en bronze. -a France se classe à la 20ème place à égalité avec Trinité-et-Tobago. Etes-vous satisfaite de ce résultat ?
Moi, je suis fière des équipes de France. Sachez que je suis et je resterai un grand soutien de l'équipe nationale, et je crois que trois médailles, c'est mieux, par rapport aux JO de Pékin, où nous avions eu deux médailles, et aux Mondiaux d'Osaka, où nous avions également eu deux médailles.
On n'a pas le droit de dire que le résultat est médiocre !
Non, on a le droit de vouloir être plus satisfait parce que quand, c'est vrai, on a de l'ambition pour l'équipe de France, quand on a de l'ambition pour son pays, il faut être exigeant, et les athlètes le sont.
Mais c'est quoi, être exigeant ? Il faut ne pas se satisfaire de ce résultat qui n'est pas terrible ?
On ne se satisfait de rien du tout. On ne se satisfait de rien du tout. Je crois même que les Jamaïcains ne se satisfont par de leurs résultats, parce qu'on peut toujours faire mieux...
Tiens ! Ah oui, c'est sûr !
On peut toujours faire mieux ; et donc je pense qu'il ne faut pas jeter la pierre. C'était une équipe qui était jeune, une délégation qui était jeune. Il y a eu beaucoup de malchances avec l'indisponibilité de L. Doucouré qui était champion du monde en 2005, avec la blessure de Mekhissi qui courait sur le 3.000 mètres steeple et puis C. Lemaître, qui a 19 ans, qui est un de nos futurs grands champions sur le 100 mètres, a eu deux faux départs. Mais l'essentiel, je crois, c'est de se demander pourquoi et de regarder vers l'avenir, et ce qu'on va faire pour remédier à cette situation notamment dans la perspective de Londres en 2012.
Il n'y a pas beaucoup de remises en cause, dans le monde sportif ?
Alors si, si, si, justement. Justement. Il y a un nouveau directeur technique national, il y aura un nouveau directeur des équipes nationales. Je vais mettre en place avec la fédération d'athlétisme un plan Caraïbes parce qu'on sait les Antilles sont un grand pourvoyeur de médailles. Donc, je vais inaugurer dans quelques semaines, un nouveau complexe sportif aux Antilles pour justement pousser nos athlètes antillais à donner le meilleur d'eux-mêmes. Et puis peut-être faire un petit tour en Jamaïque pour comprendre pourquoi ils courent si vite.
Ah, c'est décidé, vous allez y aller ?
Oui.
U. Bolt, c'est un phénomène que vous voulez étudier ?
Ah, c'est un phénomène...
Oui, ça, on a vu. Mais vous voulez l'étudier ? Vous allez là-bas ?
Oui, je crois qu'il n'y a pas que le haut niveau, et plutôt je dirais que le haut niveau, les athlètes que nous envoyons ne peuvent exister que si nous sommes une grande nation sportive, et c'est précisément l'objet du travail que je voudrais faire. L. Diack, président de la Fédération Internationale de tennis, me dit : très bien... Il dit : "en France, vous ne faites plus de sport dans vos écoles, ou pas assez ; et donc, en Jamaïque, par exemple, les petits dès le plus jeune âge sont initiés au sport et notamment à l'athlétisme". Donc, nous devrions faire pareil. Vous savez le Président avait demandé le mi-temps sportif. Il faut que nous poussions ces expérimentations-là, dès le plus jeune âge et qu'on ne décourage pas les jeunes. C'est vrai que l'athlétisme est un sport difficile. Mais il faut s'y mettre parce que nous avons notre revanche à prendre sur l'échec de Paris 2012, à Londres, dans quelques années.
On peut s'interroger, R. Yade, alors ce n'est pas pour être désagréable en ce genre de rentrée, mais sur votre autorité dans le monde sportif et sur les relations que vous entretenez avec les dirigeants du sport français. On lit, par exemple, dans L'Equipe Magazine de ce week-end, cette consigne de D. Masseglia, qui est le président du conseil national olympique français. Il dit : "il faut court-circuiter le ministère -le vôtre, Rama Yade - et s'adresser directement au Premier ministre. Vous avez du mal à imposer votre autorité ?
Non. J'ai lu ce dont il s'agit : "Il faut mordre le ministère" ou je ne sais pas quoi...
Oui, oui, il y a des phrases très désagréables.
Ce n'est pas moi personnellement, ce n'était pas un propos qui me concernait, pas moi en tant que personne. Vous savez, les gens ne changent pas parce qu'il y a un nouveau ministre. Et puis deuxièmement, D. Masseglia est le président du CNO, le Comité National Olympique. Lorsque j'ai été nommée, il avait été le premier à réagir en trouvant cette nomination fantastique. Et puis, il dit qu'il n'a jamais dit ça et que les journalistes lui font dire des choses qu'il n'a pas dites.
Ah oui, c'est souvent la faute des journalistes !
De toute façon, ce n'est pas moi qui le dis.
Le monde sportif !
Mais je pense que ce n'est pas très grave. Le monde sportif est un monde que je rencontre à travers des entretiens assez exceptionnels depuis quelques semaines, et on a des projets pour chacune des disciplines. C'est très intéressant : des visites de terrain, des mises à plat de dossier et nous avons beaucoup de choses à faire. Nous avons Londres 2012, c'est vrai, comme objectif. Nous avons également comme objectif la Coupe du Monde de foot en Afrique du Sud en 2010. Nous avons aussi l'Euro 2016 de football - que la France voudrait beaucoup organiser -, et pour ça nous devons effectivement construire des stades.
Vous avez besoin d'argent pour ça ?
Ah oui, j'ai besoin d'argent. On a besoin, en vérité, de 1,3milliard, mais ce sera surtout le privé et puis, les collectivités territoriales qui financeront. L'Etat doit mettre 150 millions...
Ah, c'est beaucoup ça.
Et je pousse pour cela et j'espère que nous allons pouvoir l'annoncer très rapidement ...
Vous avez vos 150 millions. Ça y est ?
Sur le plan budgétaire, il n'y a pas d'obstacle. J'ai sondé tout ce qu'il faut sonder et puis il n'y a absolument aucun obstacle ; donc, ce serait un bon point de départ pour maximiser nos chances auprès de l'UEFA, et nous sommes favoris par rapport à des pays comme l'Italie, comme la Turquie ou encore la Norvège-Suède qui co-organisent. Je trouve que ces événements sportifs-là sont de grands moments d'émotion nationale, des moments de rassemblement et nous aurions tort de rater le coche et je me bats pour que justement, les équipes de France puissent accueillir des manifestations sportives de ce niveau comme la France de 1998 dont nous avons tous gardé un très grand souvenir.
La grippe A menace. Votre ministère a-t-il un plan pour y faire face ? Des stades pourraient-ils être vides si nous étions dans cette épidémie ?
Dans le plan, effectivement, à la fois de prévention et de réaction à des événements liés à la grippe A, il y a naturellement une part consacrée aux stades qui sont des lieux de rassemblement, donc de proximité, donc de diffusion possible de la grippe A. Donc, cela fait partie du plan interministériel. Evidemment, nous en sommes aujourd'hui à des consignes de prévention. On n'exclut rien sur le plan du report éventuel de match. D'ailleurs, ça arrive comme ce week-end, une équipe de CFA a décidé de reporter le match. Donc, nous faisons tout ce qu'il faut en matière de prévention, de politique de précaution et en même temps, nous sommes prêts à toute éventualité, notamment le report ou l'interdiction de certains matchs. Le football a mis en place une cellule de médecins, de prévention pour justement ??tre à même de réagir dès que possible.
Serez-vous candidate lors des prochaines élections régionales en mars 2010 ?
Pour l'instant, je suis porte-parole de la campagne en Île-de-France...
Et avez-vous envie d'être candidate ?
Ah bien évidemment, si on s'engage en politique, c'est effectivement pour l'être et depuis un bon bout de temps. On verra à quel niveau, parce que ce n'est pas encore le moment...
Vous savez que vous avez de la concurrence au gouvernement : C. Jouanno, secrétaire d'Etat comme vous, a dit : "voilà, je veux être candidate".
Oui, mais chacun fait ce qu'il veut. Pour l'instant, je pense au collectif et au travail que nous avons à livrer.
Oui mais ça, bien sûr. C'est toujours collectif.
Non, mais c'est important, parce que les désignations se feront en fin d'année.
Vous n'avez pas l'air très décidée ?
En ce qui me concerne, je ne me prends pas trop la tête ! J'attends les bons moments. Vous savez, je suis sur les starting blocks comme les sportifs et j'essaie d'éviter le faux départ. Donc, pour l'instant, on travaille. D'ailleurs, je donne rendez-vous à l'ensemble de nos auditeurs, le 13 septembre prochain, où V. Pécresse et moi-même, et tous les autres engagés dans cette campagne lanceront la campagne des régionales. Ce sera un moment de débats participatifs sur les transports, le logement, l'éducation, bref ... tout ce qui fait l'immobilisme de monsieur Huchon et à quoi nous allons essayer de remédier.
Je ne suis pas sûr que l'ensemble des auditeurs y sera. De toute façon, la salle serait trop petite si tous s'y rendaient.
Ah, mais c'était très ouvert. On ne va pas se limiter.
Vous qui êtes en politique depuis peu de temps, qu'est-ce que vous avez pensé du fait que P de Villiers rejoint la majorité, ça vous ennuie ou pas ?
Ah moi, je fais confiance à l'intelligence politique de l'UMP, du Président de la République. Je veux dire...
Mais ce que représente P. de Villiers, ça vous choque ou pas ?
Ecoutez, moi je vais le juger sur pièces et sur place. On verra bien, mais ça ne change en rien la ligne ...
Vous le connaissez ?
Pas personnellement. Cela ne change en rien la ligne de l'UMP, c'est là l'essentiel. C'est plutôt lui qui nous rejoint. Ce n'est pas nous qui le rejoignons. Et par ailleurs, il ne prend pas sa carte à l'UMP, si j'ai bien compris. Il est dans un comité de liaison pour permettre...
Ah, tout ça, ce sont des subtilités qui échappent à l'ensemble de nos auditeurs comme vous venez de le dire...
Ah mais le comité de liaison, c'est une instance qui réunit l'ensemble des dirigeants des partis à droite pour effectuer le plus large rassemblement possible au premier tour.
R. Yade, bientôt en Jamaïque, était l'invitée de RTL ce matin. Bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 août 2009