Interview de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux sports à RMC le 28 août 2009, sur sa popularité, les élections régionales et la propagation de l'épidémie de grippe A dans le monde du sport.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral


 
 
 
J.-J. Bourdin.- Nous recevons ce matin la ministre la plus populaire du gouvernement. Je sais que R. Yade n'aime pas quand je dis ça ! R. Yade, bonjour ! Ça vous ennuie d'être aussi populaire que ça ?
 
Non, pas du tout, ça me fait plaisir, j'en suis très honorée...Ça ne me donne pas des droits particuliers, seulement des devoirs, dont celui d'être à la hauteur des...
 
D'où vient cette popularité ; c'est le sourire, c'est ce que vous dites, c'est vos engagements, votre indépendance ?
 
Je ne suis pas la mieux placée pour le dire, il faudrait demander...
 
Aux Français.
 
À ceux qu'on interroge. Mais je pense que je travaille beaucoup, même si je n'occupe pas, je n'ai pas occupé, et aujourd'hui encore, un ministère régalien où je ne suis pas au centre de la vie politique. Mais je travaille beaucoup et puis j'ai des convictions que j'essaie d'exprimer au mieux. Mais, voilà, bon, je suis consciente que ce n'est qu'une photographie de l'opinion à un moment donné. Donc, ça va, ça vient...
 
Mais ça donne des responsabilités, quand même, la popularité !
 
Exactement, c'est ce que je vous disais, ça ne me donne aucun droit, mais seulement des devoirs, celui d'être à la hauteur de cette confiance qu'expriment les Français. Bon, des fois, ce n'est pas cool parce que ça vous fait des grincements de dents et d'autres qui estiment peut-être être plus légitimes à l'être.
 
Alors est-ce que vous êtes légitime à conduire, je ne sais pas moi, une liste aux régionales dans les Hauts-de-Seine, par exemple ?
 
Sur cette question, je ne me suis jamais exprimée...Non. Je n'ai jamais demandé, ni exprimé, ni dit...
 
"Je suis candidate".
 
Voilà, jamais. Parce que c'est un choix délibéré pour une simple raison, c'est que ce n'est pas le moment, les choix se feront à la fin de l'année...
 
Mais vous avez envie d'être candidate ?
 
Pour l'instant, je m'exprime rien là-dessus. Je travaille, je suis porte-parole de la campagne en Ile-de-France...
 
Oui, c'est pour ça.
 
Ça me suffit amplement pour l'instant et quand arrivera le moment des candidatures, eh bien je dirais ce qu'il en est et puis on me répondra ce qu'il est en et puis je ferai ce qu'il en est.
 
Ça veut dire quoi ? Vous avez été rappelée à l'ordre par N. Sarkozy ou pas ?
 
Non, pas du tout, parce que moi, comme je viens de vous le dire, je n'ai jamais rien exprimé à ce sujet, mais je crois que j'ai été embarquée dans la déclaration de candidature de C. Jouanno, de ma collègue, pourquoi, je ne sais pas, peut-être parce que je suis élue des Hauts-de-Seine, mais, je vous le répète, je n'ai jamais eu un mot, mais alors je vous mets au défi de trouver...
 
Non, mais je vous crois, je vous crois.
 
Donc, voilà, ça fait partie sans doute des spams politiques dont sont victimes les gens...
 
Vous êtes victime d'un spam...
 
Dont vous dites qu'ils sont populaires, mais enfin mieux vaut ça que rien !
 
Vous êtes populaire, R. Yade, je ne dis pas. Vous avez envie ou pas ? Si je vous pose dix fois la question, vous allez dix fois me dire je ne sais pas.
 
Monsieur Bourdin, vous savez pourquoi je ne veux rien exprimer là-dessus...
 
Dites-moi pourquoi, oui.
 
Parce que je vous l'ai dit, ce n'est pas le moment ; ça, je le répète depuis des mois et je ne cesserai pas de le faire. Ensuite parce qu'on ne sait pas encore qui l'est, au niveau notamment de nos alliés. Et donc imaginez demain on fait un rassemblement avec le Nouveau centre et que V. Pécresse ou le parti ou le président décide que c'est le Nouveau centre... Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, c'est comme ça.
 
R. Yade, puisqu'on parle de rassemblement, vous défendez les mêmes valeurs que P. de Villiers, par exemple ?
 
Moi je pense que le président veut faire un rassemblement le plus large possible. Monsieur de Villiers ne rejoint pas l'UMP ; je ne partage pas...
 
Enfin, bon, c'est votre allié.
 
C'est un parti autonome...
 
C'est votre allié.
 
C'est un parti autonome, et moi je ne suis pas de la famille de P. de Villiers. Je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il dit et dont acte. Enfin je ne sais pas d'ailleurs, enfin s'il y a une personne ou un parti on peut dire qu'on est d'accord à 100-150 %, mais simplement, c'est quelqu'un qui a rejoint le comité de liaison de l'UMP pour établir un dialogue, voilà, par rapport aux prochaines échéances. Mais ça ne change en rien mes convictions à moi, qui, comme vous le savez, sont inébranlables, surtout quand il s'agit de certaines valeurs.
 
Il s'agit des droits de l'homme.
 
Notamment les droits de l'homme.
 
Vous n'irez pas aux quarante ans de Khadafi, non ?
 
Non.
 
Vous n'êtes pas invitée, non ?
 
Non, non et puis je ne vois pas ce qu'un secrétaire d'Etat aux Sports irait faire aux quarante ans de Kadhafi !
 
On ne sait jamais ! Tiens, puisque vous parlez de sport, parlons de sport. La grippe A ; quel est le plan dans le monde du sport et notamment dans les stades ?
 
Alors ce qui se passe c'est que les stades sont des lieux de rassemblement, donc susceptibles de faire propager plus rapidement une éventuelle grippe A, aussi bien chez les joueurs que chez les supporters. Donc les stades sont visés au premier plan par le dispositif mis en place par le gouvernement. Donc aujourd'hui, le plan qui est appliqué c'est d'abord un principe de précaution parce que vous savez qu'il y a des joueurs, comme à Monaco, à Sochaux, récemment une équipe de CFA a vu son match reporté.
 
En rugby, Bayonne-le Stade français et d'autres.
 
Voilà, exactement, on prend les mesures de précaution nécessaires concernant le football...
 
Il y a un joueur de Montpellier aussi...
 
Tout à fait. Concernant le football, la Ligue de football professionnel mettra en place des masques gratuits à destination des supporters s'ils le souhaitent.
 
C'est-à-dire qu'à l'entrée des stades, il y aura des masques ?
 
Voilà, c'est une mesure qui est en projet par la Ligue. Deuxièmement, les recommandations sanitaires ont été passées aux joueurs, comme se laver les mains régulièrement, ne pas boire dans la même bouteille d'eau etc. Des cellules de médecins ont été mises en place dans les différentes ligues ou dans les différentes fédérations pour justement alerter le ministère de la Santé sur les cas qui seraient découverts. Et puis enfin, comme on n'exclut rien, eh bien il est possible que, s'il y a une pandémie qui s'exprime de manière grave, eh bien des matches soient reportés ou bien qu'on joue des matches à huis clos, voire même qu'on n'y joue pas, voilà, tout simplement. Donc, rien n'est exclu...
 
Que des journées de championnat de foot ou de rugby ou d'autres sports soient annulées.
 
Toute une palette de mesures est prévue. Et qui décidera de l'annulation ?
 
Il y a un comité interministériel de crise qui a été mis en place au sein du Gouvernement...
 
Et dirigé par B. Hortefeux.
 
Voilà ! Et puis d'autre part...
 
C'est donc lui, c'est ce comité qui prendra la décision ?
 
Pas simplement. Il y a aussi, au sein des ligues et des fédérations professionnelles, des médecins qui ont été installés pour justement veiller à l'évolution éventuelle de cette grippe.
 
La maladie, la grippe A, s'il y a pandémie la grippe A pourrait perturber le bon déroulement sportif des compétitions ; je prends exemple d'un club qui aurait tout à coup quatre, cinq, six, sept, huit joueurs touchés par la grippe, on pourrait envisager des reports de matches...
 
Tout à fait.
 
Parce qu'on a parlé de trois enfants à l'école - d'ailleurs ce n'est pas tout à fait appliqué à la Réunion, mais enfin bon ça c'est une parenthèse -, mais est-ce qu'il y a des (inaud) à envisager en fonction du nombre de joueurs touchés ou pas ?
 
Tout à fait, parce qu'il est important d'allier sécurité sanitaire et équité sportive. C'est-à-dire que si une équipe se présente avec la moitié ou le quart de ses joueurs pas en état de jouer, vous savez le match ne peut pas se jouer. C'est pour ça qu'un match de CFA a été reporté samedi dernier.
 
Alors qu'est-ce que vous avez prévu là ?
 
Ce qui est prévu c'est le report du match.
 
Montrez-moi votre fiche !
 
Effectivement c'est important, parce que je note qu'il y a quatre joueurs...
 
Non, je plaisante, je plaisante !
 
Je note qu'il y a quatre joueurs à Monaco qui ont été touchés en football et je veux être précise, un joueur à Sochaux qui a été touché dès le mois de juillet, un autre à Montpellier a été diagnostiqué positif au H1N1 il y a quelques jours Un autre de ligue 1 présente un cas, mais préfère ne pas communiquer. Bref, il y a toute une liste de... C'est important d'avoir cette liste pour veiller...
 
Mais alors au bout de combien de joueurs on annule une rencontre ? Combien de joueurs touchés, pour justement garder l'équité, garantir l'équité sportive ?
 
Le match Colomiers-Les Herbiers a été reporté, par exemple, parce que plusieurs joueurs étaient malades. Mais ça c'est...
 
Mais qui décide, là ?
 
C'est au club d'alerter sur le fait que l'équité sportive ne peut pas être respectée et donc la ligue, la fédération, les médecins, le ministère des Sports, tous ces gens décident ensemble, il y a une concertation qui est menée aussi bien sur le volet sportif que sur le volet sanitaire, donc je ne peux pas vous donner un chiffre, tout dépend aussi du rôle de chacun des joueurs, mais ça c'est au club de le dire. Et puis je pense que le bon sens prévaut dans ces cas-là. Il n'y a pas eu encore de polémique sur tel ou tel report, je crois que tout le monde est en capacité de s'entendre pour décider de ce qui est fait.
 Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 28 août 2009