Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Notre invitée, ce matin, N. Morano, secrétaire d'Etat à la Famille et à la Solidarité. N. Morano, bonjour ! Vous vous lavez les mains tous les jours, combien de fois par jour ?
Il est recommandé de se les laver au moins cinq fois par jour. Moi, je me les lave sans doute beaucoup plus, parce que je suis amenée à rencontrer beaucoup de publics, aller dans beaucoup de lieux publics, à ouvrir beaucoup de portes, à serrer beaucoup de mains, et donc c'est vrai que j'ai dans mon sac à main un flacon de solution hydro alcoolique, antibactérienne et des pochettes aussi. Et ce qu'il est important que nos concitoyens comprennent, c'est que face à cette épidémie de grippe A, les gestes barrières, c'est-à-dire tout ce qui concerne la prévention, sont indispensable. Il faut que chacun comprenne qu'il est un maillon de protection pour la société dans son ensemble.
N. Morano, les crèches et les personnes handicapées. Commençons avec les crèches, vous avez présenté hier votre plan - enfin il était déjà en gestation depuis plusieurs semaines. Imaginons, on va prendre un exemple concret, une crèche, l'un des enfants de cette crèche a la grippe A ; que se passe t-il ?
Eh bien, déjà il faut prévenir les services de la DDASS pour informer qu'un cas a été détecté et d'ailleurs, il faut s'assurer qu'il est bien atteint de la grippe A, parce que, vous savez, les enfants montent très vite en température, ce n'est pas pour ça qu'ils ont la grippe A.
Mais c'est confirmé, le cas est confirmé.
Donc il faut d'abord appeler les parents, le médecin, immédiatement, et il faut retirer l'enfant. Alors l'enfant peut être avec les tout-petits, c'est-à-dire les bébés, et dans le secteur où l'enfant a été, eh bien il faut désinfecter les jouets, les doudous et faire en sorte aussi que cet espace soit désinfecté et puis que les enfants ne viennent plus dans cet espace.
Est-ce qu'on ferme la crèche ?
Non. La fermeture de crèche sera l'exception. Il faut absolument regarder comment évolue le virus au niveau...
Le problème, s'il y a cinq six enfants qui ont la grippe A, on ne ferme pas ?
Alors la décision de fermeture de la crèche sera prise par le préfet.
On ne fait pas comme dans les écoles, [où] au bout de trois cas, on ferme ?
Non, à partir de trois évidemment, là trois cas groupés, le préfet peut prendre la décision soit de fermer la crèche, parce que si les enfants étaient répartis dans plusieurs groupes évidemment il y a cette possibilité de contamination. Je rappelle que ce virus est estimé par les experts comme étant un virus peu sévère mais très contaminant. C'est pour cela que, pour éviter cette contamination, pour pouvoir préserver l'économie et en même temps à ce que les enfants puissent continuer à aller à l'école, dans les crèches, continuer leurs activités, les parents idem, il faut absolument mettre en oeuvre chacun ces gestes barrière et être précautionneux vis-à-vis des enfants. Donc, à partir de ce moment-là, le préfet peut décider, par exemple, de fermer un étage de la crèche ou de dire, eh bien dans ce secteur des tout-petits il y aura la fermeture, donc nous nous adapterons et en tout état de cause, c'est le préfet qui décidera.
Mais les parents confient leurs enfants à du personnel dans les crèches ou à des assistantes maternelles ; est-ce qu'on ne pourrait pas, par exemple, par précaution obliger tous ces personnels à se faire vacciner ?
Vous ne pouvez pas obliger quelqu'un à se faire vacciner.
Non, mais du moins recommander la vaccination à tout le personnel encadrant des enfants.
Evidemment la recommandation de la vaccination se fera, mais déjà par définition et par habitude...
Est-ce que ces personnels seront prioritaires ?
Par habitude, ces personnels le font systématiquement, donc se vaccinent contre la grippe saisonnière, puisque je vous le rappelle, nous parlons de la grippe A, mais la grippe saisonnière touche chaque année une grande partie de la population et près d'un enfant sur trois ; ce sont près de 5 à 10 % de la population qui est touchée pendant neuf à douze semaines et un enfant sur trois est touché. Donc on voit bien là, nous sommes dans une grippe qui est différente, où les gestes barrières et de prévention seront absolument utiles. Mon objectif, quel est-il ? C'est de pouvoir regarder comment, par exemple, lorsqu'il y aura fermeture exceptionnelle d'un établissement nous pourrions, parce qu'il y a l'Etat, mais il y a aussi les collectivités locales, c'est-à-dire le plan local, il faut que chacun à chaque échelon puisse être organisé. C'est-à-dire que dans les crèches municipales, tout comme dans les crèches privées avec qui nous avons déjà discuté, il puisse y avoir, par le biais d'une convention signée, un transfert, par exemple, de personnel pour aller renforcer un effectif dans une autre crèche, où là on aurait besoin aussi de réaffecter temporairement des enfants. Il faut absolument que nous mettions en oeuvre un dispositif qui puisse permettre aux parents dont l'enfant n'est pas malade, mais dont la structure peut être mise en difficulté parce qu'il y a eu un cas ou deux de détecté, de pouvoir, alors que son enfant, lui, n'a pas le virus, de pouvoir continuer à être gardé. Alors vous savez qu'il y a 9.405 crèches, avec 450.000 enfants, mais le mode de garde le plus utilisé par les parents, ce sont les assistantes maternelles. Il y a 300.000 assistantes maternelles, 730.000 enfants qui sont gardés par les assistantes maternelles. Alors, elles vont recevoir avec leur bulletin de salaire, là très prochainement, une fiche technique très détaillée sur les comportements à avoir, à la fois sur les gestes barrière, à la fois, si elle est en contact avec un enfant qui présente les symptômes grippaux et en même temps si elle-même venait à être atteinte de la grippe A ou un membre de sa famille, puisqu'à partir de ce moment-là elle ne pourrait plus accueillir les enfants, et donc prévenir très vite les parents. Alors notre objectif, c'est évidemment, à travers notre organisation territoriale, c'est de solliciter chacun, parce que la grippe A ce n'est pas le fait du Gouvernement, ni le fait de personne, c'est le fait en revanche de la responsabilité de chacun à pouvoir s'organiser et à s'entraider. Pour les assistantes maternelles, ce que nous souhaitons c'est que, dès lors qu'elles ne seraient plus opérationnelles, qu'elles puissent très vite informer le relais assistantes maternelles de son département ou de l'endroit où elles se situent pour que les parents aient une solution de rechange. Donc, il faut que tout le monde s'organise et que nous constituions une chaîne avec des maillons de solidarité et d'organisation...
C'est la responsabilité de chacun.
Voilà.
Pour les personnes handicapées, que prévoyez-vous ?
Alors pour les personnes handicapées, nous avons 11.000 établissements avec 328.000 personnes qui sont réparties dans ces établissements spécialisés pour personnes handicapées. Donc nous, ce que nous souhaitons, c'est évidemment que nous puissions les maintenir le plus longtemps possible dans ces établissements et que l'hospitalisation soit évidemment là aussi l'exception, parce qu'on doit pouvoir les soigner sur place. On doit pouvoir tout mettre en oeuvre, à la fois avec le personnel encadrant et à la fois aussi avec les gestes barrière qui seront préconisés. Donc, là aussi, un courrier va être adressé aux directeurs de ces 11.000 établissements pour mettre en oeuvre un plan de continuité d'activité, pour que nous puissions à la fois assurer la sécurité des résidents et en même temps je dirais le personnel encadrant. Donc nous mettrons tout en oeuvre pour que tout cela fonctionne de manière la plus opérationnelle possible. D'ailleurs je rappelle que le président de la République nous avait dit, au cours d'un dernier Conseil des ministres, qu'il fallait que nous soyons très préparés ; très préparés, cela veut dire que nous avons travaillé tout au cours de l'été pour que ces dispositifs à la fois de conseil, sous l'autorité de B. Hortefeux et de R. Bachelot soient très opérationnels dès cette rentrée, et que nous puissions à travers l'ensemble des réseaux qui doivent être activés - je pense aux collectivités locales, je pense aux assistantes maternelles, je pense aux directeurs d'établissements -, tous être prêts et informés.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 août 2009