Texte intégral
C. Barbier.- L'UMP conserve la mairie d'Aix-en-Provence, M. Jouissains devance de 187 voix l'alliance Verts-PS-MoDem. Quel sens prend pour vous cette victoire, à l'arraché ?
Seule contre tous, voilà. C'est d'abord le combat d'une femme, parce qu'elle a su - alors que dans cette ville, il faut le rappeler, les écarts sont toujours très justes -, elle a su mener un combat dans cette élection municipale à la hauteur de l'enjeu, c'est-à-dire qu'elle a gagné, elle est arrivée.
C'est sans pitié la politique là-bas ?
C'est sans pitié, mais surtout elle s'est retrouvée à une alliance des contraires. Et on voit bien que les électeurs ne se prennent pas à ce jeu, ils ont été plus de 4.000 je crois à se déplacer entre les deux tours, donc ils se sont déplacés plus massivement au deuxième tour, et on voit que c'est M. Jouissains qui l'a emporté. Donc, c'est vraiment une belle victoire pour elle, même si elle est juste, c'est une victoire juste - 50,22 -, mais c'est une belle et grande victoire.
"Le PS doit disparaître, il est mort !", c'est ce que dit B.-H. Lévy. Partagez-vous le diagnostic ?
C'est une maison vide, où souffle un air de fantômes. Il n'y a plus d'idées au Parti socialiste, et surtout il n'y a plus de message envers les Français. Et donc, on hésite avec l'ensemble des films d'horreur, quoi : "Massacre à la tronçonneuse", "Les morts vivants"... Enfin, c'est affreux ce qui se passe au Parti socialiste. C'est surtout affreux dans une démocratie, parce qu'il n'y a pas d'opposition, il n'y a pas de message politique, et en fait, on se dit que le PS a perdu son âme dans le combat de chefs alors que les Français attendent des idées, et c'est normal, c'est ça la politique.
Vous êtes donc d'accord avec J. Dray, qui dit : "incapacité à entendre la société", "amateurisme", "impuissance" ?
Bien sûr, je suis d'accord avec J. Dray, comme je suis d'accord avec l'analyse qui est faite par M. Valls. Je crois que le Parti socialiste aurait intérêt à se reconstruire, pour l'intérêt de la démocratie tout simplement.
C'est une femme qui le dirige, vous souhaitez qu'elle parte ?
Ce n'est pas une question de femme, c'est une question de savoir rassembler, c'est une question de travailler pour les Français. Nous, à l'UMP, on a une méthode : d'abord, on a un chef, qui est le président de la République, ce qui est vrai, avec un secrétaire général, une équipe dirigeante qui fonctionne bien, et cette méthode c'est d'abord le dialogue avec les Français et le débat d'idées, c'est ça qu'ils nous guide, et donc c'est ça qui nous rassemble. Et nous, nous avons pris pour habitude d'additionner nos talents, d'additionner aussi nos divergences de vue. Quand nous avons constitué l'UMP, avec les libéraux, les centristes, les radicaux, les RPR, nous avons évidemment des divergences mais on se retrouve sur nos convergences. Et c'est ça qui fait la force d'un message politique, c'est savoir se rassembler et travailler pour les Français.
Un mini remaniement est attendu pour les jours qui viennent, dit-on. Est-ce qu'un secrétaire d'Etat par exemple, chargé spécifiquement de la réforme des retraites est nécessaire, selon vous ?
Ca, c'est le président de la République qui doit en décider, c'est le président de la République qui nomme, sur proposition du Premier ministre...
Vous voyez bien les domaines où il faudrait un petit renfort quand même ?
Ce n'est pas à moi, ni à en décider ni à y réfléchir. Je crois que c'est au président de la République et au Premier ministre à regarder exactement là où ils souhaitent accentuer son action.
Est-ce que vous souhaitez que F. Lefebvre, un autre sarkozyste de choc, comme vous, entre au Gouvernement ?
Encore une fois, cela relève du président de la République. Si vous me demandez personnellement : est-ce que vous pensez qu'il a la capacité pour en faire partie, je vous dirais oui. Mais encore une fois, il y a beaucoup de personnalités pour qui j'ai de l'estime et qui pourraient à mon sens, un jour, faire partie d'un Gouvernement. Mais c'est de l'unique responsabilité du président de la République.
P. Devedjian regrette que l'Etat, que le Gouvernement, soit intervenu pour empêcher la baisse du taux de rémunération du Livret A. Il devait passer à 0,25 %, selon la mécanique économique, le Gouvernement a dit "non, on maintient 1,25 %". L'Etat n'aurait pas dû intervenir, dit Devedjian. Et vous ?
Je crois que, lorsqu'il y a une ligne gouvernementale, on doit s'y plier, et la réflexion qui a été menée, les arbitrages qui ont été donnés font que nous sommes arrivés à ce résultat, et j'y souscris.
M. Hirsch s'inquiète, lui, de son côté, c'était hier dans le JDD, du silence de l'exécutif, à propos des mesures qu'il préconise pour les 16-25 ans. On est presque dans votre domaine, là, la Famille en ce moment. Est-ce que vous souhaitez rassurer le Haut commissaire à la Jeunesse et lui dire qu'il aura votre soutien pour obtenir l'argent qu'il demande ?
Il a déjà eu mon soutien, celui de l'ensemble du Gouvernement et de la majorité parlementaire lorsqu'il a créé le RSA, et nous avons tous mis la main à la pâte pour que ce dispositif fonctionne. Il est maintenant entré en vigueur, et nous sommes, chacun dans de nos domaines de compétences, sur le terrain pour que ça fonctionne. Dans mon domaine d'activité, c'est les Caisses d'allocations familiales, et donc j'ai regardé évidemment à ce que ça fonctionne bien, quitte à mettre du personnel supplémentaire dans des caisses où il y aurait des points de tension. Et jusqu'à présent ça ne se passe pas...
Et les jeunes ?
...Donc, nous avons accompagné très concrètement le dispositif voulu par M. Hirsch et par le président de la République, il faut le rappeler, ça a été une de ses priorités. Ensuite, s'agissant des jeunes, le président de la République procède toujours par méthode et par sens de responsabilité. N'oubliez pas qu'il y a à peine trois mois, il lançait un plan pour l'emploi des jeunes avec 1,3 milliard d'euros à la clé, et c'est important parce que les chiffres de l'OCDE démontrent à quel point la France est très mal placée puisque nous sommes 23è sur 30 et que le taux de chômage de nos jeunes est insupportable. Donc, ce plan pour lutter contre le chômage des jeunes, permettra de renforcer notamment l'apprentissage puisqu'il y aura 310.000 places nouvelles qui seront créées à cet égard. Il faut renforcer aussi la formation par alternance ; le président de la République a réuni à l'Elysée le 15 juillet dernier les chefs d'entreprise, les 50 plus grands chefs d'entreprise avec H. Proglio à qui il a confié une mission, je vous rappelle, pour le développement de la formation par alternance...
Donc, on attend les effets de ce plan avant de passer à autre chose ?
...Et donc, par rapport à cela, l'action du Gouvernement et le choix du président de la République a été vraiment de se concentrer justement sur l'emploi des jeunes. Ensuite, M. Hirsch a fait des propositions qui ont été rendues début juillet, elles méritent d'être évidemment expertisées, et le président de la République tout comme le Gouvernement, une fois les arbitrages rendus, choisira les nouvelles priorités qu'il compte donner sur cette action.
Les familles sont en vacances et les restaurateurs sont peu nombreux à répercuter la baisse de la TVA. Que faire ?
Je me déplace quand même beaucoup, et même dans les TGV, si vous regardez, non seulement ça baisse mais en plus ils ont barré les anciens prix et ils mettent les nouveaux prix. Donc... Il y a beaucoup de discussions d'ailleurs qui s'engagent dans le train lorsque les gens partent en vacances et sont très contents de voir que les consommations baissent. Alors, elles vient de se mettre en place, il faut évidemment être vigilant, mais je crois que ce qu'il faut retenir aussi c'est que cette proposition qu'attendaient aussi les restaurateurs, une proposition qui date d'il y a longtemps, nous l'avons obtenue grâce aux négociations menées par le président de la République.
Polémique aussi sur les tarifs EDF. Quelle est la hausse supportable pour une famille moyenne ? 3 %, 4 %, 10 % ?
Non, ce n'est pas un effet mécanique tel que celui-là. C'est un dossier dont est en charge par C. Lagarde, qui aura à négocier évidemment, et qui aura à décider, même si ce n'est pas le Gouvernement qui prône d'ailleurs l'augmentation de l'EDF, il donne un accord. Donc, évidemment, c'est un dossier dont est en charge C. Lagarde, et je lui laisse elle-même le soin d'y répondre.
Mais au nom des familles, vous avez peut-être intérêt à dire...
Au nom des familles, je vous dirais qu'aucune augmentation n'est supportable lorsqu'elle dépasse une certaine moyenne. Donc on n'est jamais content de voir une augmentation mais on sait très bien qu'il y a des cous qui sont obligatoirement répercutés. Mais si vous me demandez l'avis des familles, évidemment, moins il y a d'augmentation, mieux le budget des familles se porte.
Y aura-t-il un vrai coup de pouce pour l'allocation de rentrée scolaire ?
L'allocation de rentrée scolaire, je vous le rappelle, pour la première fois, depuis l'année dernière, a été modulée. Donc, vous touchez plus lorsque les enfants rentrent au collège, plus lorsqu'ils rentrent au lycée. Mais il n'a pas été prévu de faire une aide massive à l'allocation de rentrée scolaire cette année, dès lors qu'elle a été modulée l'an dernier et que cela a été un coût supplémentaire de 50 millions d'euros.
Un rapport parlementaire propose un congé parental plus court mais mieux rémunéré ; est-ce votre ligne ?
D'abord, nous avons saisi le Haut conseil à la Famille de ce premier sujet, parce qu'il est important de noter que près de 580.000 familles prennent un congé parental, seulement 1 % sont des hommes. Donc les autres personnes, évidemment, très majoritairement, sont des femmes qui prennent ce congé parental. Et on voit bien qu'il y a ce choix qui est fait, un sur deux par défaut de trouver un mode de garde adapté. Et nous voyons aussi que c'est un frein à la carrière professionnelle des femmes, qu'elle ne retrouve pas le poste...
Donc il faut le resserrer ?
Ce n'est pas la piste essentielle à retenir. C'est comment est-ce qu'on propose un congé parental mieux adapté aux familles, un libre choix, c'est-à-dire que lorsque vous décidez de prendre un congé parental, vous le faites parce que c'est votre choix et non pas parce que vous ne trouvez pas de mode de garde. Donc, mon objectif à moi, ma mission, c'est de développer en parallèle des modes de garde, 200.000 offres de garde supplémentaires. Et là aussi, je vous le rappelle, le Gouvernement y a mis 1,3 milliard d'euros supplémentaires d'ici à la fin du quinquennat pour développer ces modes de garde. Meilleure conciliation vie familiale, vie professionnelle, meilleure égalité entre homme et femme, entre papa et maman.
Vous avez lancé le label "Handivacances" pour les villes qui accueillent les handicapés. Vous envisagez de sanctionner celles qui ne joueront pas le jeu ?
Ce n'est pas la réflexion qui est la nôtre. J'ai confié à G. Montagné, le soin de présider une commission qui déterminera un cahier des charges pour définir ce label "Handivacances". Pourquoi ? Il existe déjà plusieurs labels : il existe "Handiplage" pour que les personnes handicapées accèdent plus facilement aux plages. Il existe aussi le label "Tourisme et handicap". Mais on voit bien qu'il n'y a aucun label global à destination des personnes handicapées pour trouver l'information pour partir dans une commune adaptée pour les transports, les services publics et les loisirs. Et donc, notre objectif, c'est que les personnes handicapées aient droit à des vacances comme tout le monde.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 juillet 2009