Déclaration de M. Jacques Voisin, président de la CFTC, sur l'analyse de la crise économique, le dialogue social et la représentativité syndicale, Marcoussis le 26 aoû 2009.

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Circonstance : Université d'été de la CFTC à Marcoussis les 26 et 27 août 2009

Texte intégral


Bonjour à toutes et tous et d'abord un grand merci pour votre participation et votre volonté d'être ici aujourd'hui à l'université d'été de la CFTC.
Cette année nous l'organisons au Centre national du Rugby de Marcoussis Linas, dont la devise est : « solidarité, collectif, compétition »
Ces deux premiers mots : solidarité et collectif sont aussi les nôtres !
Ils inspirent, depuis toujours, la CFTC et plus particulièrement dans les périodes de crise, comme celle que nous traversons actuellement. Ma conviction profonde est que nous ne trouverons de solutions que si nous faisons preuve d'une solidarité à toute épreuve, et si le bien commun collectif l'emporte sur l'intérêt personnel.
Vous le savez, mes chers amis, ceci n'est pas la première université d'été que nous allons vivre ensemble.
Mais celle-ci est particulière, car elle se déroule dans un contexte de récession économique qui, hélas, semble loin d'être terminé.
Les économistes commencent à entrevoir certains signes encourageant de reprise. Pour notre part, je préfère rester prudent et attendre que l'emploi ait redémarré concrètement et pas seulement dans les statistiques.
Car, aujourd'hui, ce sont nos militants dans les entreprises, qui sont en première ligne aux côtés des salariés. Ce sont eux qui font face aux coups de boutoirs de la crise, aux plans sociaux, aux licenciements et à de nouvelles formes de désespérance.
Ce sont eux qui sont confrontés aux destructions d'emploi, au chômage. Et souvent, à double titre, car ils sont eux aussi les parents de jeunes en situation précaire, qui ne parviennent plus à s'insérer, avec tous les drames humains que cela provoquent.
A tous ces défis, les militants CFTC doivent répondre quotidiennement. Mais ce sont trop souvent des combats inégaux : l'éternelle lutte du pot de terre contre le pot de fer.
Je vous le dis tout net : C'est à partir de l 'analyse de cette situation et des réponses pertinentes et constructives que nous trouverons de nouveaux moyens d'actions capables de répondre aux sollicitations, aux attentes et aux besoins des salariés. Et ce travail, nous allons le prendre à bras le corps !
Si le dialogue social, la négociation collective et le contrat sont pour nous le moyen privilégié de l'action, encore faut-il, pour être efficace, que nous soyons à armes égales. Alors redonnons du pouvoir aux salariés et à leur représentant dans l'entreprise !
C'est aussi tout l'enjeu de la gouvernance. Comment, en effet, redonner du pouvoir aux salariés dans l'entreprise sans les reconnaître comme des acteurs essentiels et responsables ? Cela nous amène évidemment, vous l'avez compris, à repenser le fonctionnement dans sa globalité et dans sa finalité.
Revenons, si vous le voulez bien, au troisième mot de la devise du lieu qui nous accueille aujourd'hui : le mot Compétition. Ce troisième terme a toujours été très ambigu car a priori, il ne fait pas partie du vocabulaire CFTC.
Je dis « a priori » car depuis l'adoption de la loi d'août 2008 réformant la représentativité syndicale en la fondant sur l'audience électorale, il va bien falloir que nous relevions le défi de cette compétition et que nous nous y lancions au-delà de ce que nous ferons avec d'autres pour faire bouger la loi... Mais évidemment à notre manière, sans renoncer à nos valeurs ! C'est à dire en restant solidaires les uns des autres et en privilégiant le collectif tant en interne qu'en externe.
En interne, toutes nos structures devront se sentir concernées par les élections et se mobiliser pour que la CFTC conserve et étende sa représentativité dans chaque entreprise, chaque branche professionnelle et à l'échelon interprofessionnel « tous unis ».
Même si nous avons su préserver notre représentativité, nous devons tenir partout où nous sommes présents et évidemment et c'est l'enjeu principal, conquérir de nouvelles audiences !
En externe, cela veut dire que nous pouvons créer sous conditions des coopérations, des alliances dans les entreprises ou la CFTC est fragile. Que ces alliances demeurent ponctuelles sur des projets concrets et des revendications précises.
Que les bases de cette coopération soient nettement définies dès le départ et que les intentions restent claires.
Que ces rapprochements ne nuisent jamais au pluralisme syndical et surtout qu'ils renforcent, dynamisent, et optimisent les résultats de la CFTC.
Aujourd'hui, dans le cadre de cette Université, nous devons mettre en commun tous ces débats. Vos expériences, vos remontées de terrain, vos questions, vos interrogations !
Nous devons y voir plus clair sur tous les sujets pour nous projeter dans l'avenir et proposer une nouvelle donne gagnante pour notre CFTC.
Pour l'heure, permettez-moi d'accueillir, en votre nom à toutes et à tous, et au nom du conseil confédéral, notre premier invité.
Actuellement, il préside le Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale, mais il est plus connu, vous le savez, pour avoir été ministre de l'Economie et des Finances, puis Président de la Commission européenne - à ce titre, il sait plus que certains, ce que le mot gouvernance signifie.
Il est et demeure surtout un observateur avisé et un acteur de premier plan du domaine social.
Il a accepté d'être notre invité aujourd'hui et je l'en remercie chaleureusement, afin de nous livrer sa vision et sa réflexion sur la situation économique et sociale actuelle, ainsi que les marges d'actions possibles des acteurs politiques, économiques et sociaux.
Je suis certain que nous pourrons en tirer des enseignements précieux pour notre combat.
Mes chers amis, je vous demande d'accueillir Jacques Delors.
Source http://www.cftc.fr, le 28 août 2009