Texte intégral
C'est avec plaisir que je me retrouve parmi vous pour la seconde fois après mon passage récent à Madagascar en juin dernier, à l'occasion des réunions de l'ASECNA.
Antananarivo a été une de mes toutes premières visites en tant que nouveau secrétaire d'Etat à la Coopération dans les pays partenaires de notre action. Depuis lors, j'ai eu l'occasion d'effectuer d'autres déplacements en Afrique, d'établir de nouveaux contacts, de prendre la mesure des choses et de me forger quelques idées-forces, et je voudrais saisir l'occasion que m'offre cette inauguration pour vous présenter ces premières orientations qui guideront mon action à l'avenir.
A l'origine de ces orientations, il y a d'abord le constat que ces vingt dernières années n'ont pas été favorables à l'Afrique. La nouvelle crise du pétrole, l'endettement des pays, mais aussi la gouvernance, ont trop souvent gâché les chances de développement en Afrique. Avec la fin de la guerre froide, de surcroît, les enjeux politiques ont évolué sur le continent, affectant par la même le niveau d'aide et d'investissements.
Les perspectives économiques, pourtant, commencent à changer depuis quelques temps. Bien sûr, l'amélioration des termes de l'échange y est pour quelque chose. Souhaitons que l'évolution favorable du cours des matières premières se confirme. Mais je crois aussi que les premiers succès des politiques d'ajustement structurel et les efforts entrepris par nos partenaires africains, pour mieux prendre en compte les problèmes liés à la gestion des affaires publiques, ont constitué des signaux positifs. Progressivement, l'Afrique tend ainsi à redevenir attractive. J'ai d'ailleurs cru comprendre qu'outre-Atlantique on partageait cette analyse.
Je souhaite, dans ce contexte, que mon ministère redouble d'efforts pour continuer à oeuvrer au développement de l'Afrique qui est et restera notre premier partenaire en matière de Coopération.
Le secrétariat d'Etat s'efforcera, en tout premier lieu, de maintenir le rang de la France en tant que pays le plus généreux du G7, tout en prenant en compte - hélas - nos propres contraintes budgétaires. A cet égard, il me semble important de noter que, au-delà des volumes affichés, dans un contexte où les acteurs privés alimentent de plus en plus la dynamique du développement, une partie de notre action doit également être orientée vers le besoin de convaincre les entreprises d'investir dans les pays en développement, et nos partenaires occidentaux de maintenir leurs marchés ouverts à leurs produits
En outre, concernant la répartition de notre aide au développement, l'impératif de solidarité constituera un principe d'action prioritaire. Je souhaite, en effet, qu'une attention particulière soit accordée aux pays en développement qui traversent les difficultés les plus grandes, dans la mesure où ils sont engagés dans un processus de réformes exigeantes.
Dans ce contexte, je voudrais insister sur quatre axes prioritaires de mon action :
- En premier lieu, l'appui français doit viser à aider les pays en développement à reconquérir leur souveraineté économique et à promouvoir leur insertion dans l'économie mondiale. Atteindre cet objectif implique la mise en oeuvre de réformes d'envergure nécessitant le réajustement du rôle de l'Etat dans l'économie. Bien sûr, cela signifie que l'amélioration de la compétitivité passe par le désengagement de l'Etat des secteurs qui ne sont pas naturellement de sa souveraineté. J'ai aussi la conviction qu'une meilleure insertion dans l'économie mondiale implique un investissement spécifique dans les expériences d'intégration régionale, puisque ces dernières accroissent la dimension des marchés et permettent des économies d'échelle.
Mais, par un paradoxe apparent, cette orientation résolue vers le "marché" ne peut se faire que si l'Etat est aussi en mesure de se reconstruire ou de se consolider dans ses fonctions essentielles. Critiquer l'Etat serait se tromper de cible, tant celui-ci est indispensable pour assurer l'existence d'un environnement juridique simple, actualisé, stable et transparent, qui renforce à la fois la confiance des opérateurs et des citoyens. Notre coopération doit donc apporter une contribution à l'élaboration de règles propices au développement, ce qui signifie en pratique la reconstitution de capacités nationales administratives et judiciaires en mesure de formuler ces règles.
Le deuxième axe de mon action s'oriente autour de l'enracinement de la citoyenneté dans les institutions démocratiques. En phase de transition, la conscience politique et sociale ne peut venir que de l'utilisation opportune de toutes les situations pour responsabiliser les populations.
Il ne faut, à cet égard, pas confondre agitation politique et changement en profondeur. La démocratie suppose, bien sur, des institutions politiques et juridiques, elles sont nécessaires, elles ne sont pas suffisantes. Il faut aussi des pratiques décentralisées menant en mouvement des associations de quartier, des comités de jeunes ou de femmes, des groupements professionnels, des collectivités territoriales.
Je me réjouis à ce titre de l'ouverture d'un débat à Madagascar sur les voies et moyens de la décentralisation et j'espère que vous serez, dans ce contexte, sensibles aux principes que je viens d'exprimer
Le champ d'action de mon ministère sera, de son côté, orienté en faveur de la démocratie locale et du développement participatif, en développant le rôle des opérateurs non gouvernementaux, en favorisant aussi le développement de la coopération décentralisée entre collectivités locales
- Troisième axe de mon action le développement humain. Le développement ne se
résume pas à la taille du PIB ; il inclut plus fondamentalement le bien être du plus grand nombre, un niveau supérieur de connaissance, d'apprentissage et de responsabilités critiques et une densification des relations sociales. Dans certaines régions du monde, et notamment Madagascar, les enfants sont moins scolarisés que l'ont été leurs parents. De grandes disparités persistent dans l'accès aux soins. Je souhaiterais donc trouver les moyens d'accroître l'impact de nos actions sur la réduction des disparités sociales et concentrer nos efforts dans deux directions : relancer l'enseignement de base et conforter la politique des soins de santé primaires
- Enfin, quatrième axe, le développement durable. Madagascar est une illustration de cette conjonction, hélas, fréquente des accidents climatiques, des troubles politiques, et des difficultés économiques qui se traduit par une pression plus forte, parfois excessive, sur les ressources naturelles.
Une stratégie plus clairement affirmée doit mettre au coeur de la Coopération française les principes du développement durable
Mais déjà, notre politique de Coopération avec Madagascar s'inscrit dans le cadre que je viens de définir. L'inauguration de cette station de pompage où nous sommes aujourd'hui, l'intérêt que nous avons souhaité accorder, Marie-Georges Buffet et moi-même, à l'organisation des Jeux de la Francophonie à Antananarivo, n'illustrent-ils pas les priorités que je viens de retracer notamment dans le domaine du développement durable, de la promotion de la jeunesse et de l'action dans les villes ? Il y a quelques mois, en accordant une aide budgétaire substantielle et en appuyant les concessions demandées par le gouvernement malgache au Club de Paris, la France avait voulu marquer, de façon positive, le processus de réformes structurelles et de libéralisation lancées depuis quelques années. Dès demain, j'aurai la satisfaction de signer des conventions de financement dans d'autres secteurs essentiels du développement de votre pays, tels que les routes et la lutte contre les
dommages naturels.
En réalité, l'appui de la France à Madagascar répond à notre impératif de solidarité vers les pays qui connaissent les plus grandes difficultés. Une solidarité qui restera toutefois exigeante sur l'achèvement du processus de démocratisation et la meilleure prise en compte des citoyens dans un véritable Etat de droit. Une solidarité qui restera attentive à la bonne gestion des affaires publiques et à la lutte contre la corruption qui, comme le rappelait le président de la République française récemment, constituent ''des éléments essentiels de la confiance des opinions comme des investisseurs, donc du développement".
Une solidarité compréhensive, mais également vigilante, sur le rythme de mise en oeuvre des mesures économiques et structurelles, processus que la France sera prête à appuyer dans la mesure où le dialogue en cours avec les institutions de Bretton Woods est maintenu sans faille. Je me réjouis, à cet égard, que le gouvernement malgache se soit lancé dans une vaste politique de privatisations des entreprises publiques à caractère industriel ou commercial. Je l'encourage également à progresser dans son entreprise de réforme ambitieuse visant à mettre en place une fonction publique et des structures administratives efficaces et recentrer sur les fonctions essentielles de l'Etat, en particulier les secteurs sociaux.
Une solidarité que je souhaiterais aussi régionale. D'une part, j'aimerais mentionner l'importance qu'attache le gouvernement français à la consolidation des relations entre les Etats de l'Océan indien et les Iles de la Réunion et de Mayotte. D'autre part, il me semble que le renforcement de l'implication de votre pays dans les organisations régionales de l'Océan indien, ou encore au sein de l'initiative économique et commerciale transfrontalière avec l'Afrique australe, permettra à votre pays de mieux valoriser vos atouts économiques.
Une solidarité, enfin, à vocation francophone, à l'image de cet esprit de communauté de culture et d'ouverture aux autres qui s'est si bien exprimé au cours des quinze derniers jours dans cette capitale. J'ai ainsi appris avec joie, et je m'en étais entretenu avec le président de la République lors de ma précédente visite, que le gouvernement malgache a pris la décision de porter à 6 heures par semaine l'enseignement du français du cours préparatoire à la terminale. Je ne doute pas qu'avec l'appui de la Coopération française de nombreuses initiatives dans cet esprit verront le jour à l'avenir.
Solidarité régionale et francophone, disais-je. Plus généralement, je crois que la coopération régionale devrait constituer un lien important de la Francophonie. Comme vous le savez, la Francophonie constitue un nouveau champ d'action du secrétariat d'Etat et il entre bien dans mes intentions de la promouvoir partout où elle est souhaitée et où cela est possible.
Or, je note que, dans cette partie du globe, les pays lusophones, et aussi de plus en plus anglophones, ressentent des besoins de Coopération avec les pays francophones voisins. Nous devons répondre à leur attente.
Dans quelques semaines, le Sommet de Hanoï viendra confirmer la dimension multiple de la Francophonie à la fois politique, culturelle, mais aussi économique, et je ne saurais oublier sa dimension sportive, au moins tous les quatre ans.
Je souhaiterais conclure sur l'inauguration de cette station de pompage d'Ambodimita. Elle constitue un exemple remarquable de notre volonté d'aider les Etats à moderniser leurs infrastructures pour répondre à des besoins fondamentaux des populations et permettre un décollage économique.
Je le sais, la domestication de l'eau est une préoccupation très ancienne des dirigeants de cette cité. Dès la fin du XVIème siècle, les premiers travaux d'endiguement de la rive gauche de l'Ikopa ont été entrepris. L'irrigation a ainsi permis d'accroître de manière substantielle, la production de riz. De vocation essentiellement rurale, la plaine est progressivement devenue, sous la pression de la croissance urbaine, une zone d'habitat et d'activités accueillant plusieurs dizaines de milliers de personnes.
C'est en 1995 seulement, que les travaux de renforcement des digues ont été achevées, mettant ainsi à l'abri des crues centennales dévastatrices de l'ensemble de ces zones basses. Mais, parallèlement, la création d'une station de pompage pour vider les eaux de pluies qui s'accumulent à l'intérieur du polder s'est avérée nécessaire.
Compte tenu de l'attente des populations concernées, le gouvernement français a pu finalement dégager sur les crédits du ministère de la Coopération une aide budgétaire exceptionnelle de 12 millions de FF venant en complément des sommes
allouées par le budget national pour achever les travaux d'installation des pompes.
Aujourd'hui, cette station de pompage fonctionne : les inondations ne menaceront plus les habitants. Les autres composantes du projet de développement de la Plaine d'Antananarivo, qui étaient conditionnées par cette mise en service, vont reprendre. La Caisse française de Développement est engagée dans cette opération aux côtés de la Banque mondiale. Plus de 100 millions de FF vont être investis pour la réalisation d'un nouveau canal d'irrigation. Par ailleurs, le réseau de drainage va enfin pouvoir trouver toute son efficacité, permettant l'aménagement de centaines d'hectares pour accueillir des logements, les zones d'activités et les équipements publics qui font actuellement défaut.
Votre capitale, dont j'ai pu noter les embellissements récents, disposera ainsi des moyens de son extension et de sa modernisation, pour s'affirmer comme l'un des principaux centres économiques de la Grande Ile et permettre au pays d'entrer à part entière dans l'économie mondiale.
Excellence, Monsieur le Président de la République
Mesdames et Messieurs, représentant ici le gouvernement de mon de mon pays, vous comprendrez que j'éprouve, à cet instant, un sentiment de fierté en prenant la mesure de ce que la mobilisation de nos coopérants, l'intelligence de nos ingénieurs, la maîtrise de nos entreprises, mais surtout la volonté de participer des Malgaches et des Français, ont à nouveau accompli
Je vous remercie./.
Le 06/09/97
Je voudrais tout d'abord vous redire le plaisir que j'éprouve à être de nouveau sur la Grande-Ile à l'occasion de cette fête exceptionnelle que sont les IIIèmes Jeux de la Francophonie. Le succès est là, évident, ainsi que la joie et la fierté que l'on sent chez les Malgaches d'avoir relevé ensemble ce défi. La France, dans cette occasion, est heureuse d'avoir apporté son concours aux acteurs de cette grande aventure du sport, de la culture et de l'amitié et de laisser, quand les feux de la fête seront éteints, ce soir, des équipements réhabilités, des sportifs et des artistes mieux formés, et qui se sont enrichis au contact des autres.
La contribution que nous avons apportée à l'organisation de ces Jeux est une des illustrations de la coopération particulièrement dense que la France poursuit avec Madagascar.
Les différentes conventions de financement que j'ai l'honneur de signer aujourd'hui, d'un montant total de 18 millions de FF, soit 15,8 milliards de francs malgaches, témoignent de l'implication de la France sur les secteurs-clés pour le développement de Madagascar. Celles-ci, en effet, portent respectivement sur l'appui à l'entretien routier, pour 6 millions de FF, soit 5 milliards de francs malgaches, sur le développement rural et la protection de l'environnement pour un montant de 10,2 millions de FF, soit 8,2 milliards de francs malgaches. Sur ce dernier montant, 4 millions de FF seront consacrés à la professionnalisation de l'agriculture et 6,2 millions de FF seront orientés vers l'appui à la politique environnementale dans le cadre du programme national d'action environnemental qui entre dans sa deuxième phase. Deux subventions d'un total d'1,8 million FF, soit 1,5 milliards de francs malgaches, sont destinées à des actions d'urgence dans le cadre de la lutte anti-acridienne, et viennent compléter l'aide déjà apportée par la France.
Ces différents projets de Coopération, qui couvrent des secteurs variés, présentent un certain nombre de dénominateurs communs qui s'inscrivent dans les orientations générales de la Coopération française que j'ai retracées hier
Je me félicite à cet égard que ces projets visent à la mise en oeuvre d'actions largement décentralisées au niveau des provinces. Comme je l'ai indiqué hier, à mon sens, le développement ne se décrète pas du haut, mais constitue un processus complexe qui nécessite à la fois la mobilisation de l'appareil de l'Etat et l'émergence de dynamiques à la base, qu'il s'agisse des collectivités locales ou des réseaux de solidarité villageoise.
Dans cet esprit, il faut d'abord une administration à l'écoute des réalités locales et qui ait les moyens d'agir à ce niveau. Mais il faut aussi promouvoir des formes de gestion des ressources qui en assurent la pérennité. Il convient donc de veiller à associer ceux qui vivent de l'exploitation des ressources aux décisions concernant leur espace naturel et, quand cela est possible, d'envisager l'implication des secteurs variés, des communautés rurales ou du secteur privé dans la valorisation de cet espace.
Les projets qui font l'objet d'une convention de financement aujourd'hui visent à prendre en compte cette démarche. Le projet d'appui à l'entretien routier consacre une large part à la dynamisation des directions régionales des Travaux publics, services déconcentrés de ce ministère. L'appui à la professionnalisation agricole vise à l'émergence et à la consolidation des structures professionnelles qui apportent des services réels à leurs membres et qui soient à même de se poser en interlocuteurs crédibles des pouvoirs publics.
L'action en faveur de l'environnement répond à cette même problématique qui est de généraliser la gestion locale par les communautés villageoises des ressources renouvelables. Tout cela ne traduit qu'une considération de bon sens selon laquelle on ne protège bien que ce qui vous appartient et qui vous est précieux.
En répondant au souci de développer le partenariat entre acteurs institutionnels et non institutionnels, ces projets traduisent également la priorité qu'il faut accorder au bon fonctionnement de l'Etat de droit. D'une part, tous ces projets sont conçus et menés en partenariat avec les ministres concernés, et visent à accroître leurs capacités à agir. D'autre part, ils ont pour objectif de promouvoir l'émergence des initiatives de base et la structuration des milieux professionnels. Ainsi un Etat de droit, c'est à la fois des règles simples et transparentes, une administration disposant des moyens et des compétences pour édicter ces règles, une justice capable en dernier ressort de veiller à leur application et enfin une société organisée, capable d'exprimer ses besoins et de se faire entendre. Il ne saurait y avoir par conséquent de démocratie véritable, qu'il s'agisse de démocratie politique ou de démocratie économique, sans apprentissage de la citoyenneté. C'est là aussi un des fils directeurs des actions de la Coopération française Enfin, je note avec satisfaction que ces différents projets de Coopération s'intègrent tous dans un cadre concerté avec les autres bailleurs, qu'il s'agisse de l'Union européenne, notre partenaire naturel, ou de la Banque mondiale pour ne citer que ceux-ci. Je voudrais insister sur ce point : il ne saurait y avoir, dans la conception française, de vision patrimoniale de l'aide au développement. Il nous importe à tous, communauté des bailleurs de fonds, de conjuguer et de coordonner nos efforts pour vous aider à relever le défi du développement.
Je vous remercie./.
Le 06/09/97
Sachez d'abord combien j'ai plaisir à être ici même pour un temps malheureusement trop court. C'est un grand bonheur de voir à quel point ces Jeux sont une réussite. Tout le monde me dit ici que la cérémonie d'ouverture a été un grand moment d'émotion et que les compétitions ont été d'excellent niveau. Je constate en plus que les médailles ont été largement partagées entre les pays africains et les pays du Nord, à l'image du sport contemporain qui a pris une véritable dimension universelle. Félicitations à tous les médaillés, en particulier à ceux du pays hôte. Et plus largement, félicitations à tous ceux qui ont participé, car les Jeux ce sont d'abord la fête de l'amitié entre les peuples francophones.
Je me réjouis de ce que l'organisation a été sans faille. Et pourtant quel défi pour votre pays que d'accueillir plus de 2.000 personnes, de les loger, les transporter, les restaurer, sans parler de venir en appui au service de presse.
Ce qui m'a beaucoup plu pendant ce séjour, c'est l'enthousiasme populaire qui entoure ces Jeux, celui des spectateurs qui remplissent les stades et les sites culturels, mais aussi la floraison d'initiatives autour des Jeux : spectacles, manifestations de rues, expositions artisanales, dans une ville assainie qui s'est parée d'habits de fête : je ne parlerai que des sculptures monumentales sur les différentes places de la ville.
A tous ceux dans le gouvernement ou l'administration malgache qui ont contribué à l'organisation de ces Jeux, je souhaite dire que les couleurs de Madagascar ont été portées haut. Vous pouvez légitimement être fiers de ce qui a été réalisé. Ces Jeux ont permis, me semble-t-il, d'enclencher une dynamique de succès. Je souhaite que vous puissiez capitaliser sur ces acquis et sur l'élan suscité pour poursuivre dans la voie des réformes courageuses nécessaires dans lesquelles vous vous êtes engagés.
La France et, en particulier, le secrétariat d'Etat à la Coopération sont heureux d'avoir toujours été des partenaires de Madagascar pour la réussite de ces Jeux.
La Coopération, comme vous le savez, a mobilisé des moyens très conséquents pour cette occasion, toujours en partenariat avec le Comité national, et toujours avec le souci de privilégier le durable sur l'éphémère : c'est pourquoi nous avons choisi de concentrer nos efforts sur la préparation des athlètes et des artistes dans certaines disciplines, sur l'appui à la logistique des Jeux avec des techniciens qui ont apporté leur expertise dans la restauration, les transports, la communication, et sur des actions visant à promouvoir la création malgache : je mentionnerai par exemple l'aide au financement du numéro de la Revue noire sur Madagascar ou l'appui à la compagnie Angora qu'a représenté Madagascar au Festival d'Avignon. En outre, avec le Théâtre de verdure d'Antsahamanitra et le Stade d'Alarobia dont nous avons assuré la réhabilitation, Tananarive dispose d'équipements de grande qualité.
Nous avons aussi été attentifs à la dimension sociale : c'est ainsi que près de 10 000 places ont ainsi été financées par la Mission de coopération au profit des enfants des quartiers défavorisés. De même 4 000 couvertures ont été mises à la disposition du village et reviendront à l'Association Anyma pour les malades de l'hôpital Ravohangy.
Je souhaiterais enfin transmettre mes félicitations : - aux deux co-présidents des Jeux, Mme la ministre des Sports et M. le ministre de l'Information, de la Culture et de la Communication ;
- à toute l'équipe du Comité national d'organisation pour le travail remarquable accompli et pour leur pugnacité : vous avez été ceux qui avez conduit tout le long de l'année une course de fonds pour organiser ces Jeux ; - au CIF également qui a assumé tout le volet international de ces Jeux ; - à tous les athlètes et artistes qui ont participé, en distinguant particulièrement les lauréats du domaine sportif et culturel et, avec eux, tous ceux qui les ont soutenus et aidés dans leur préparation et dans le montage des spectacles. Et bien sûr, en hors concours, Rossy qui a su enchanter les spectateurs pour la cérémonie d'ouverture.
Je voudrais plus particulièrement aussi saluer le travail qui a été fait pendant la période des Jeux, mais également toute l'année par les experts de la Coopération dans le domaine sportif et culturel : je pense tout naturellement à l'équipe des assistants techniques Jeunesses et Sports (MM. Pujolle, Gaugris, Goriot, Castellano, et bien sûr au chef de projet, Pierre Garinet), mais aussi aux experts français en boxe, football, basket-ball, judo et athlétisme. Dans le domaine culturel, le Centre culturel Albert Camus et l'Alliance française ont été, tout au long de l'année, des structures d'accueil et de stages pour les artistes, avec l'assistance de professionnels venus notamment de La Réunion, et je salue le travail réalisé par l'Office départemental de la Culture.
Mes remerciements s'adressent également à tout le personnel de la Mission qui s'est mobilisé avec et pendant les Jeux.
Enfin, je voudrais conclure en vous disant combien je suis touché par votre chaleureux accueil. En effet, j'ai eu l'occasion d'apprécier combien le peuple malgache sait prodiguer cette qualité rare qu'on appelle l'intelligence du cur.
Merci à tous./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2001)
Antananarivo a été une de mes toutes premières visites en tant que nouveau secrétaire d'Etat à la Coopération dans les pays partenaires de notre action. Depuis lors, j'ai eu l'occasion d'effectuer d'autres déplacements en Afrique, d'établir de nouveaux contacts, de prendre la mesure des choses et de me forger quelques idées-forces, et je voudrais saisir l'occasion que m'offre cette inauguration pour vous présenter ces premières orientations qui guideront mon action à l'avenir.
A l'origine de ces orientations, il y a d'abord le constat que ces vingt dernières années n'ont pas été favorables à l'Afrique. La nouvelle crise du pétrole, l'endettement des pays, mais aussi la gouvernance, ont trop souvent gâché les chances de développement en Afrique. Avec la fin de la guerre froide, de surcroît, les enjeux politiques ont évolué sur le continent, affectant par la même le niveau d'aide et d'investissements.
Les perspectives économiques, pourtant, commencent à changer depuis quelques temps. Bien sûr, l'amélioration des termes de l'échange y est pour quelque chose. Souhaitons que l'évolution favorable du cours des matières premières se confirme. Mais je crois aussi que les premiers succès des politiques d'ajustement structurel et les efforts entrepris par nos partenaires africains, pour mieux prendre en compte les problèmes liés à la gestion des affaires publiques, ont constitué des signaux positifs. Progressivement, l'Afrique tend ainsi à redevenir attractive. J'ai d'ailleurs cru comprendre qu'outre-Atlantique on partageait cette analyse.
Je souhaite, dans ce contexte, que mon ministère redouble d'efforts pour continuer à oeuvrer au développement de l'Afrique qui est et restera notre premier partenaire en matière de Coopération.
Le secrétariat d'Etat s'efforcera, en tout premier lieu, de maintenir le rang de la France en tant que pays le plus généreux du G7, tout en prenant en compte - hélas - nos propres contraintes budgétaires. A cet égard, il me semble important de noter que, au-delà des volumes affichés, dans un contexte où les acteurs privés alimentent de plus en plus la dynamique du développement, une partie de notre action doit également être orientée vers le besoin de convaincre les entreprises d'investir dans les pays en développement, et nos partenaires occidentaux de maintenir leurs marchés ouverts à leurs produits
En outre, concernant la répartition de notre aide au développement, l'impératif de solidarité constituera un principe d'action prioritaire. Je souhaite, en effet, qu'une attention particulière soit accordée aux pays en développement qui traversent les difficultés les plus grandes, dans la mesure où ils sont engagés dans un processus de réformes exigeantes.
Dans ce contexte, je voudrais insister sur quatre axes prioritaires de mon action :
- En premier lieu, l'appui français doit viser à aider les pays en développement à reconquérir leur souveraineté économique et à promouvoir leur insertion dans l'économie mondiale. Atteindre cet objectif implique la mise en oeuvre de réformes d'envergure nécessitant le réajustement du rôle de l'Etat dans l'économie. Bien sûr, cela signifie que l'amélioration de la compétitivité passe par le désengagement de l'Etat des secteurs qui ne sont pas naturellement de sa souveraineté. J'ai aussi la conviction qu'une meilleure insertion dans l'économie mondiale implique un investissement spécifique dans les expériences d'intégration régionale, puisque ces dernières accroissent la dimension des marchés et permettent des économies d'échelle.
Mais, par un paradoxe apparent, cette orientation résolue vers le "marché" ne peut se faire que si l'Etat est aussi en mesure de se reconstruire ou de se consolider dans ses fonctions essentielles. Critiquer l'Etat serait se tromper de cible, tant celui-ci est indispensable pour assurer l'existence d'un environnement juridique simple, actualisé, stable et transparent, qui renforce à la fois la confiance des opérateurs et des citoyens. Notre coopération doit donc apporter une contribution à l'élaboration de règles propices au développement, ce qui signifie en pratique la reconstitution de capacités nationales administratives et judiciaires en mesure de formuler ces règles.
Le deuxième axe de mon action s'oriente autour de l'enracinement de la citoyenneté dans les institutions démocratiques. En phase de transition, la conscience politique et sociale ne peut venir que de l'utilisation opportune de toutes les situations pour responsabiliser les populations.
Il ne faut, à cet égard, pas confondre agitation politique et changement en profondeur. La démocratie suppose, bien sur, des institutions politiques et juridiques, elles sont nécessaires, elles ne sont pas suffisantes. Il faut aussi des pratiques décentralisées menant en mouvement des associations de quartier, des comités de jeunes ou de femmes, des groupements professionnels, des collectivités territoriales.
Je me réjouis à ce titre de l'ouverture d'un débat à Madagascar sur les voies et moyens de la décentralisation et j'espère que vous serez, dans ce contexte, sensibles aux principes que je viens d'exprimer
Le champ d'action de mon ministère sera, de son côté, orienté en faveur de la démocratie locale et du développement participatif, en développant le rôle des opérateurs non gouvernementaux, en favorisant aussi le développement de la coopération décentralisée entre collectivités locales
- Troisième axe de mon action le développement humain. Le développement ne se
résume pas à la taille du PIB ; il inclut plus fondamentalement le bien être du plus grand nombre, un niveau supérieur de connaissance, d'apprentissage et de responsabilités critiques et une densification des relations sociales. Dans certaines régions du monde, et notamment Madagascar, les enfants sont moins scolarisés que l'ont été leurs parents. De grandes disparités persistent dans l'accès aux soins. Je souhaiterais donc trouver les moyens d'accroître l'impact de nos actions sur la réduction des disparités sociales et concentrer nos efforts dans deux directions : relancer l'enseignement de base et conforter la politique des soins de santé primaires
- Enfin, quatrième axe, le développement durable. Madagascar est une illustration de cette conjonction, hélas, fréquente des accidents climatiques, des troubles politiques, et des difficultés économiques qui se traduit par une pression plus forte, parfois excessive, sur les ressources naturelles.
Une stratégie plus clairement affirmée doit mettre au coeur de la Coopération française les principes du développement durable
Mais déjà, notre politique de Coopération avec Madagascar s'inscrit dans le cadre que je viens de définir. L'inauguration de cette station de pompage où nous sommes aujourd'hui, l'intérêt que nous avons souhaité accorder, Marie-Georges Buffet et moi-même, à l'organisation des Jeux de la Francophonie à Antananarivo, n'illustrent-ils pas les priorités que je viens de retracer notamment dans le domaine du développement durable, de la promotion de la jeunesse et de l'action dans les villes ? Il y a quelques mois, en accordant une aide budgétaire substantielle et en appuyant les concessions demandées par le gouvernement malgache au Club de Paris, la France avait voulu marquer, de façon positive, le processus de réformes structurelles et de libéralisation lancées depuis quelques années. Dès demain, j'aurai la satisfaction de signer des conventions de financement dans d'autres secteurs essentiels du développement de votre pays, tels que les routes et la lutte contre les
dommages naturels.
En réalité, l'appui de la France à Madagascar répond à notre impératif de solidarité vers les pays qui connaissent les plus grandes difficultés. Une solidarité qui restera toutefois exigeante sur l'achèvement du processus de démocratisation et la meilleure prise en compte des citoyens dans un véritable Etat de droit. Une solidarité qui restera attentive à la bonne gestion des affaires publiques et à la lutte contre la corruption qui, comme le rappelait le président de la République française récemment, constituent ''des éléments essentiels de la confiance des opinions comme des investisseurs, donc du développement".
Une solidarité compréhensive, mais également vigilante, sur le rythme de mise en oeuvre des mesures économiques et structurelles, processus que la France sera prête à appuyer dans la mesure où le dialogue en cours avec les institutions de Bretton Woods est maintenu sans faille. Je me réjouis, à cet égard, que le gouvernement malgache se soit lancé dans une vaste politique de privatisations des entreprises publiques à caractère industriel ou commercial. Je l'encourage également à progresser dans son entreprise de réforme ambitieuse visant à mettre en place une fonction publique et des structures administratives efficaces et recentrer sur les fonctions essentielles de l'Etat, en particulier les secteurs sociaux.
Une solidarité que je souhaiterais aussi régionale. D'une part, j'aimerais mentionner l'importance qu'attache le gouvernement français à la consolidation des relations entre les Etats de l'Océan indien et les Iles de la Réunion et de Mayotte. D'autre part, il me semble que le renforcement de l'implication de votre pays dans les organisations régionales de l'Océan indien, ou encore au sein de l'initiative économique et commerciale transfrontalière avec l'Afrique australe, permettra à votre pays de mieux valoriser vos atouts économiques.
Une solidarité, enfin, à vocation francophone, à l'image de cet esprit de communauté de culture et d'ouverture aux autres qui s'est si bien exprimé au cours des quinze derniers jours dans cette capitale. J'ai ainsi appris avec joie, et je m'en étais entretenu avec le président de la République lors de ma précédente visite, que le gouvernement malgache a pris la décision de porter à 6 heures par semaine l'enseignement du français du cours préparatoire à la terminale. Je ne doute pas qu'avec l'appui de la Coopération française de nombreuses initiatives dans cet esprit verront le jour à l'avenir.
Solidarité régionale et francophone, disais-je. Plus généralement, je crois que la coopération régionale devrait constituer un lien important de la Francophonie. Comme vous le savez, la Francophonie constitue un nouveau champ d'action du secrétariat d'Etat et il entre bien dans mes intentions de la promouvoir partout où elle est souhaitée et où cela est possible.
Or, je note que, dans cette partie du globe, les pays lusophones, et aussi de plus en plus anglophones, ressentent des besoins de Coopération avec les pays francophones voisins. Nous devons répondre à leur attente.
Dans quelques semaines, le Sommet de Hanoï viendra confirmer la dimension multiple de la Francophonie à la fois politique, culturelle, mais aussi économique, et je ne saurais oublier sa dimension sportive, au moins tous les quatre ans.
Je souhaiterais conclure sur l'inauguration de cette station de pompage d'Ambodimita. Elle constitue un exemple remarquable de notre volonté d'aider les Etats à moderniser leurs infrastructures pour répondre à des besoins fondamentaux des populations et permettre un décollage économique.
Je le sais, la domestication de l'eau est une préoccupation très ancienne des dirigeants de cette cité. Dès la fin du XVIème siècle, les premiers travaux d'endiguement de la rive gauche de l'Ikopa ont été entrepris. L'irrigation a ainsi permis d'accroître de manière substantielle, la production de riz. De vocation essentiellement rurale, la plaine est progressivement devenue, sous la pression de la croissance urbaine, une zone d'habitat et d'activités accueillant plusieurs dizaines de milliers de personnes.
C'est en 1995 seulement, que les travaux de renforcement des digues ont été achevées, mettant ainsi à l'abri des crues centennales dévastatrices de l'ensemble de ces zones basses. Mais, parallèlement, la création d'une station de pompage pour vider les eaux de pluies qui s'accumulent à l'intérieur du polder s'est avérée nécessaire.
Compte tenu de l'attente des populations concernées, le gouvernement français a pu finalement dégager sur les crédits du ministère de la Coopération une aide budgétaire exceptionnelle de 12 millions de FF venant en complément des sommes
allouées par le budget national pour achever les travaux d'installation des pompes.
Aujourd'hui, cette station de pompage fonctionne : les inondations ne menaceront plus les habitants. Les autres composantes du projet de développement de la Plaine d'Antananarivo, qui étaient conditionnées par cette mise en service, vont reprendre. La Caisse française de Développement est engagée dans cette opération aux côtés de la Banque mondiale. Plus de 100 millions de FF vont être investis pour la réalisation d'un nouveau canal d'irrigation. Par ailleurs, le réseau de drainage va enfin pouvoir trouver toute son efficacité, permettant l'aménagement de centaines d'hectares pour accueillir des logements, les zones d'activités et les équipements publics qui font actuellement défaut.
Votre capitale, dont j'ai pu noter les embellissements récents, disposera ainsi des moyens de son extension et de sa modernisation, pour s'affirmer comme l'un des principaux centres économiques de la Grande Ile et permettre au pays d'entrer à part entière dans l'économie mondiale.
Excellence, Monsieur le Président de la République
Mesdames et Messieurs, représentant ici le gouvernement de mon de mon pays, vous comprendrez que j'éprouve, à cet instant, un sentiment de fierté en prenant la mesure de ce que la mobilisation de nos coopérants, l'intelligence de nos ingénieurs, la maîtrise de nos entreprises, mais surtout la volonté de participer des Malgaches et des Français, ont à nouveau accompli
Je vous remercie./.
Le 06/09/97
Je voudrais tout d'abord vous redire le plaisir que j'éprouve à être de nouveau sur la Grande-Ile à l'occasion de cette fête exceptionnelle que sont les IIIèmes Jeux de la Francophonie. Le succès est là, évident, ainsi que la joie et la fierté que l'on sent chez les Malgaches d'avoir relevé ensemble ce défi. La France, dans cette occasion, est heureuse d'avoir apporté son concours aux acteurs de cette grande aventure du sport, de la culture et de l'amitié et de laisser, quand les feux de la fête seront éteints, ce soir, des équipements réhabilités, des sportifs et des artistes mieux formés, et qui se sont enrichis au contact des autres.
La contribution que nous avons apportée à l'organisation de ces Jeux est une des illustrations de la coopération particulièrement dense que la France poursuit avec Madagascar.
Les différentes conventions de financement que j'ai l'honneur de signer aujourd'hui, d'un montant total de 18 millions de FF, soit 15,8 milliards de francs malgaches, témoignent de l'implication de la France sur les secteurs-clés pour le développement de Madagascar. Celles-ci, en effet, portent respectivement sur l'appui à l'entretien routier, pour 6 millions de FF, soit 5 milliards de francs malgaches, sur le développement rural et la protection de l'environnement pour un montant de 10,2 millions de FF, soit 8,2 milliards de francs malgaches. Sur ce dernier montant, 4 millions de FF seront consacrés à la professionnalisation de l'agriculture et 6,2 millions de FF seront orientés vers l'appui à la politique environnementale dans le cadre du programme national d'action environnemental qui entre dans sa deuxième phase. Deux subventions d'un total d'1,8 million FF, soit 1,5 milliards de francs malgaches, sont destinées à des actions d'urgence dans le cadre de la lutte anti-acridienne, et viennent compléter l'aide déjà apportée par la France.
Ces différents projets de Coopération, qui couvrent des secteurs variés, présentent un certain nombre de dénominateurs communs qui s'inscrivent dans les orientations générales de la Coopération française que j'ai retracées hier
Je me félicite à cet égard que ces projets visent à la mise en oeuvre d'actions largement décentralisées au niveau des provinces. Comme je l'ai indiqué hier, à mon sens, le développement ne se décrète pas du haut, mais constitue un processus complexe qui nécessite à la fois la mobilisation de l'appareil de l'Etat et l'émergence de dynamiques à la base, qu'il s'agisse des collectivités locales ou des réseaux de solidarité villageoise.
Dans cet esprit, il faut d'abord une administration à l'écoute des réalités locales et qui ait les moyens d'agir à ce niveau. Mais il faut aussi promouvoir des formes de gestion des ressources qui en assurent la pérennité. Il convient donc de veiller à associer ceux qui vivent de l'exploitation des ressources aux décisions concernant leur espace naturel et, quand cela est possible, d'envisager l'implication des secteurs variés, des communautés rurales ou du secteur privé dans la valorisation de cet espace.
Les projets qui font l'objet d'une convention de financement aujourd'hui visent à prendre en compte cette démarche. Le projet d'appui à l'entretien routier consacre une large part à la dynamisation des directions régionales des Travaux publics, services déconcentrés de ce ministère. L'appui à la professionnalisation agricole vise à l'émergence et à la consolidation des structures professionnelles qui apportent des services réels à leurs membres et qui soient à même de se poser en interlocuteurs crédibles des pouvoirs publics.
L'action en faveur de l'environnement répond à cette même problématique qui est de généraliser la gestion locale par les communautés villageoises des ressources renouvelables. Tout cela ne traduit qu'une considération de bon sens selon laquelle on ne protège bien que ce qui vous appartient et qui vous est précieux.
En répondant au souci de développer le partenariat entre acteurs institutionnels et non institutionnels, ces projets traduisent également la priorité qu'il faut accorder au bon fonctionnement de l'Etat de droit. D'une part, tous ces projets sont conçus et menés en partenariat avec les ministres concernés, et visent à accroître leurs capacités à agir. D'autre part, ils ont pour objectif de promouvoir l'émergence des initiatives de base et la structuration des milieux professionnels. Ainsi un Etat de droit, c'est à la fois des règles simples et transparentes, une administration disposant des moyens et des compétences pour édicter ces règles, une justice capable en dernier ressort de veiller à leur application et enfin une société organisée, capable d'exprimer ses besoins et de se faire entendre. Il ne saurait y avoir par conséquent de démocratie véritable, qu'il s'agisse de démocratie politique ou de démocratie économique, sans apprentissage de la citoyenneté. C'est là aussi un des fils directeurs des actions de la Coopération française Enfin, je note avec satisfaction que ces différents projets de Coopération s'intègrent tous dans un cadre concerté avec les autres bailleurs, qu'il s'agisse de l'Union européenne, notre partenaire naturel, ou de la Banque mondiale pour ne citer que ceux-ci. Je voudrais insister sur ce point : il ne saurait y avoir, dans la conception française, de vision patrimoniale de l'aide au développement. Il nous importe à tous, communauté des bailleurs de fonds, de conjuguer et de coordonner nos efforts pour vous aider à relever le défi du développement.
Je vous remercie./.
Le 06/09/97
Sachez d'abord combien j'ai plaisir à être ici même pour un temps malheureusement trop court. C'est un grand bonheur de voir à quel point ces Jeux sont une réussite. Tout le monde me dit ici que la cérémonie d'ouverture a été un grand moment d'émotion et que les compétitions ont été d'excellent niveau. Je constate en plus que les médailles ont été largement partagées entre les pays africains et les pays du Nord, à l'image du sport contemporain qui a pris une véritable dimension universelle. Félicitations à tous les médaillés, en particulier à ceux du pays hôte. Et plus largement, félicitations à tous ceux qui ont participé, car les Jeux ce sont d'abord la fête de l'amitié entre les peuples francophones.
Je me réjouis de ce que l'organisation a été sans faille. Et pourtant quel défi pour votre pays que d'accueillir plus de 2.000 personnes, de les loger, les transporter, les restaurer, sans parler de venir en appui au service de presse.
Ce qui m'a beaucoup plu pendant ce séjour, c'est l'enthousiasme populaire qui entoure ces Jeux, celui des spectateurs qui remplissent les stades et les sites culturels, mais aussi la floraison d'initiatives autour des Jeux : spectacles, manifestations de rues, expositions artisanales, dans une ville assainie qui s'est parée d'habits de fête : je ne parlerai que des sculptures monumentales sur les différentes places de la ville.
A tous ceux dans le gouvernement ou l'administration malgache qui ont contribué à l'organisation de ces Jeux, je souhaite dire que les couleurs de Madagascar ont été portées haut. Vous pouvez légitimement être fiers de ce qui a été réalisé. Ces Jeux ont permis, me semble-t-il, d'enclencher une dynamique de succès. Je souhaite que vous puissiez capitaliser sur ces acquis et sur l'élan suscité pour poursuivre dans la voie des réformes courageuses nécessaires dans lesquelles vous vous êtes engagés.
La France et, en particulier, le secrétariat d'Etat à la Coopération sont heureux d'avoir toujours été des partenaires de Madagascar pour la réussite de ces Jeux.
La Coopération, comme vous le savez, a mobilisé des moyens très conséquents pour cette occasion, toujours en partenariat avec le Comité national, et toujours avec le souci de privilégier le durable sur l'éphémère : c'est pourquoi nous avons choisi de concentrer nos efforts sur la préparation des athlètes et des artistes dans certaines disciplines, sur l'appui à la logistique des Jeux avec des techniciens qui ont apporté leur expertise dans la restauration, les transports, la communication, et sur des actions visant à promouvoir la création malgache : je mentionnerai par exemple l'aide au financement du numéro de la Revue noire sur Madagascar ou l'appui à la compagnie Angora qu'a représenté Madagascar au Festival d'Avignon. En outre, avec le Théâtre de verdure d'Antsahamanitra et le Stade d'Alarobia dont nous avons assuré la réhabilitation, Tananarive dispose d'équipements de grande qualité.
Nous avons aussi été attentifs à la dimension sociale : c'est ainsi que près de 10 000 places ont ainsi été financées par la Mission de coopération au profit des enfants des quartiers défavorisés. De même 4 000 couvertures ont été mises à la disposition du village et reviendront à l'Association Anyma pour les malades de l'hôpital Ravohangy.
Je souhaiterais enfin transmettre mes félicitations : - aux deux co-présidents des Jeux, Mme la ministre des Sports et M. le ministre de l'Information, de la Culture et de la Communication ;
- à toute l'équipe du Comité national d'organisation pour le travail remarquable accompli et pour leur pugnacité : vous avez été ceux qui avez conduit tout le long de l'année une course de fonds pour organiser ces Jeux ; - au CIF également qui a assumé tout le volet international de ces Jeux ; - à tous les athlètes et artistes qui ont participé, en distinguant particulièrement les lauréats du domaine sportif et culturel et, avec eux, tous ceux qui les ont soutenus et aidés dans leur préparation et dans le montage des spectacles. Et bien sûr, en hors concours, Rossy qui a su enchanter les spectateurs pour la cérémonie d'ouverture.
Je voudrais plus particulièrement aussi saluer le travail qui a été fait pendant la période des Jeux, mais également toute l'année par les experts de la Coopération dans le domaine sportif et culturel : je pense tout naturellement à l'équipe des assistants techniques Jeunesses et Sports (MM. Pujolle, Gaugris, Goriot, Castellano, et bien sûr au chef de projet, Pierre Garinet), mais aussi aux experts français en boxe, football, basket-ball, judo et athlétisme. Dans le domaine culturel, le Centre culturel Albert Camus et l'Alliance française ont été, tout au long de l'année, des structures d'accueil et de stages pour les artistes, avec l'assistance de professionnels venus notamment de La Réunion, et je salue le travail réalisé par l'Office départemental de la Culture.
Mes remerciements s'adressent également à tout le personnel de la Mission qui s'est mobilisé avec et pendant les Jeux.
Enfin, je voudrais conclure en vous disant combien je suis touché par votre chaleureux accueil. En effet, j'ai eu l'occasion d'apprécier combien le peuple malgache sait prodiguer cette qualité rare qu'on appelle l'intelligence du cur.
Merci à tous./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2001)