Texte intégral
Monsieur le Ministre,
cher Patrick Devedjian,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Président,
Chers Amis,
Comme il y a des héros de légende, certains lieux possèdent cette aura que tissent la mémoire et l'histoire. Yves-du-Manoir est un de ces lieux exceptionnels.
C'est un honneur et un plaisir pour moi d'être là aujourd'hui, à vos côtés, dans ce stade chargé d'émotion et d'exploits.
J'ai écouté Pierre Berbizier nous présenter ses joueurs. Rendez-vous compte ! Combien de fois ont-ils, à eux tous, porté le maillot de leur sélection nationale ? Quatre cents ? Cinq cents ? Combien d'essais ont-ils marqués, combien de drops ou de transformations ont-ils passés ? Combien de fois ont-ils fait basculer un match en réussissant le plaquage de la dernière chance ou le débordement que conclura l'un de ces « essais du bout du monde » qui sont le creuset des légendes ?
Aujourd'hui, je voudrais vous exprimer ma gratitude et mon admiration pour ces moments qui m'ont fait vibrer, à l'unisson des foules sur ces gradins. Car, nous avions eu l'occasion de nous rencontrer, bien avant mes nouvelles fonctions, à plusieurs reprises lors de la Coupe du monde de rugby.
Alors oui, nous autres, hommes et femmes politiques, nous ne pouvons que ressentir de l'admiration pour ces joueurs, comme pour tous les athlètes qui portent très haut les valeurs du sport.
Certains stades ont une âme. Celle d'Yves-du-Manoir a celle du rugby. Un stade où le rugby est chez lui depuis plus de cent ans, un stade où le Racing fait rêver Colombes et les Colombiens depuis 1920, un stade qui a accueilli à la fois les Jeux olympiques de 1924, la finale de la Coupe du monde de football 1938 et de nombreuses finales de Coupe de France de football et de championnat de France de rugby.
Le rugby et le Racing sont ici dans leur jardin. Tout nous rappelle que l'histoire de ce stade est étroitement liée à celle des Ciel et Blanc. Le nom même du stade, puisque Yves du Manoir était un jeune joueur du Racing, brillant demi d'ouverture, très vite international, trop vite arraché au rugby, au sport et à la jeunesse par son autre grande passion, l'aviation.
L'architecture aussi nous le rappelle. Quel splendide symbole que ce stade rénové, pour les Jeux de 1924, par un architecte, Louis Faure-Dujarric, qui fut capitaine du Racing ! Le rugby n'est pas qu'un jeu, ni qu'un sport : il est l'âme de ce « lieu de mémoire » qu'est Yves-du-Manoir et que Pierre Nora aurait pu inscrire à l'inventaire des lieux matériels ou immatériels où s'est forgée la mémoire nationale.
La mémoire de Colombes et des Colombiens, en tout cas, est ancrée ici. Elle résonne toujours des exploits de Géo André, Robert Paparemborde, Guy Basquet, André Chilo ou Jean-Pierre Rives ; elle rit encore des facéties des gaillards du « show-biz », les Mesnel, Blanc, Lafond, Guillard et Rousset - je me souviens de leurs noeuds papillons et de cette grande bouffée d'air frais qu'ils apportaient à chaque match, hérauts de la « French Attitude » dont a parlé le président Lorenzetti. Elle garde le souvenir de samedis et de dimanches passés ensemble, entre amis, entre collègues, simples voisins de tribune ou vraie famille, à « refaire le match », espérer, souffrir, espérer encore, gagner ou perdre, on ne sait plus.
Et puisque l'on parle des anciens, que dire de la trace indélébile que laissent dans la mémoire du rugby deux anciens Racingmen, René Crabos et Frantz Reichel, dont le président Lorenzetti m'a expliqué qu'ils avaient légué jusqu'à leur nom à des catégories de jeunes. Là encore, tout un symbole. A Colombes, comme à Béziers, à Colomiers, à Bègles, à Auch ou à Aurillac, le rugby est un viatique formidable.
J'ai bien entendu, cher Jacky Lorenzetti, ce que vous nous avez dit de l'enseignement des codes et des valeurs du rugby et de la formation de citoyens-rugbymen. Vous savez - nous en avons parlé ensemble - à quel point le sujet est, pour moi, une priorité. Le rugby à Colombes tisse un lien entre les générations, et un lien social entre les habitants. Un lien que nous, hommes et femmes politiques, avons la responsabilité, le devoir de préserver. Croyez que je m'y emploie, et que je continuerai de m'y employer.
C'est pour cela qu'au-delà de cette admiration dont je vous parlais, cette admiration à laquelle nous invitent cette équipe impressionnante et ce lieu de mémoire si prestigieux, il y a aussi de la fierté. De la fierté d'avoir coupé symboliquement ce ruban et de participer aujourd'hui à l'inauguration de cette tribune. Je vous remercie, cher président Lorenzetti, d'avoir rendu ce moment possible. Je vous remercie au nom de tous les Colombiens qui seront plus nombreux à avoir la chance de voir évoluer quelques-uns des meilleurs joueurs du monde chez eux, à Colombes. Laissez-moi former des voeux pour que ce plaisir se prolonge.
Au moment où le mouvement sportif et le monde politique s'accordent enfin à reconnaître qu'il est grand temps de rénover nos enceintes sportives devenues vétustes (et je pense autant aux salles qu'aux stades), vous nous montrez la voie. A nous d'être suffisamment intrépides, ambitieux et imaginatifs pour reprendre le flambeau. Vous pouvez compter sur moi.
Vous pouvez aussi compter sur moi pour être à vos côtés aussi souvent que possible et vous accompagner tout au long de cette saison qui marque votre retour dans l'élite du rugby français. Comme tous les Colombiens, je me réjouis de ce retour et vous souhaite une très belle saison sportive. Je serai très vite parmi vous, dès ce samedi, pour un choc qui s'annonce passionnant face à Bayonne.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 9 septembre 2009