Texte intégral
Q - Il y a dix ans, on parlait élections et démocratisation en Afrique. Aujourd'hui, les conflits se multiplient et les élections sont truquées. Pourquoi ce retour en arrière ?
R - Lorsque la France a poussé l'Afrique à se démocratiser, soit elle se donnait le temps d'une préparation, très longue, soit elle considérait qu'il était préférable d'accepter les imperfections et les bavures d'une jeune démocratie. C'est ce dernier choix qui a été fait, mais il y a eu débats dans le gouvernement français de l'époque.
L'Afrique a deux handicaps. Le premier, c'est la difficulté des opposants à s'organiser. Lorsqu'un jeune veut se lancer en politique, il crée son parti au lieu d'entrer dans une formation existante. Le second, c'est le poids des armées. Il y a toujours la crainte de voir bouger les militaires si le résultat des élections ne correspond pas à leurs voeux. Sans oublier que les armées reposent sur une base tribale. Le président battu emmène avec lui 50 % des troupes, qui deviennent une milice. Si, en plus, le pays a de l'argent pour acheter des armes, c'est pire... Je plaide pour la décentralisation, c'est la voie pour enraciner la démocratie au niveau local et créer des habitudes démocratiques.
Q - Lors de la Conférence franco-africaine, Paris avait obtenu la promesse d'un cessez-le-feu au Congo-Kinshasa. On semble au point mort...
R - Les conditions d'une négociation et d'une reconstruction autour du Congo et des Grands Lacs sont réunies. Mais il faut un peu de bonne volonté politique. Nous en parlons aux Américains. Ils restent réservés. Ils soutiennent toujours l'Ouganda et le Rwanda. Il faut aussi sécuriser les frontières du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi avec le Congo.
Q - Un an après la disparition du ministère de la Coopération, que disent les Africains ?
R - Ils vivent bien le fait que la France ne revendique plus une relation d'exclusivité avec leur continent. Les jeunes Africains portent sur la France un regard différent : le concept de partenariat prévaut sur celui d'assistance. Même les plus anciens le disent. " A nous de nous adapter ", a déclaré le président gabonais Omar Bongo. Les pays les moins démunis ont compris que la nouvelle zone de développement prioritaire mise en place par Paris leur donne vocation à bénéficier de l'aide française, mais pas un droit de tirage automatique.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 1999)
R - Lorsque la France a poussé l'Afrique à se démocratiser, soit elle se donnait le temps d'une préparation, très longue, soit elle considérait qu'il était préférable d'accepter les imperfections et les bavures d'une jeune démocratie. C'est ce dernier choix qui a été fait, mais il y a eu débats dans le gouvernement français de l'époque.
L'Afrique a deux handicaps. Le premier, c'est la difficulté des opposants à s'organiser. Lorsqu'un jeune veut se lancer en politique, il crée son parti au lieu d'entrer dans une formation existante. Le second, c'est le poids des armées. Il y a toujours la crainte de voir bouger les militaires si le résultat des élections ne correspond pas à leurs voeux. Sans oublier que les armées reposent sur une base tribale. Le président battu emmène avec lui 50 % des troupes, qui deviennent une milice. Si, en plus, le pays a de l'argent pour acheter des armes, c'est pire... Je plaide pour la décentralisation, c'est la voie pour enraciner la démocratie au niveau local et créer des habitudes démocratiques.
Q - Lors de la Conférence franco-africaine, Paris avait obtenu la promesse d'un cessez-le-feu au Congo-Kinshasa. On semble au point mort...
R - Les conditions d'une négociation et d'une reconstruction autour du Congo et des Grands Lacs sont réunies. Mais il faut un peu de bonne volonté politique. Nous en parlons aux Américains. Ils restent réservés. Ils soutiennent toujours l'Ouganda et le Rwanda. Il faut aussi sécuriser les frontières du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi avec le Congo.
Q - Un an après la disparition du ministère de la Coopération, que disent les Africains ?
R - Ils vivent bien le fait que la France ne revendique plus une relation d'exclusivité avec leur continent. Les jeunes Africains portent sur la France un regard différent : le concept de partenariat prévaut sur celui d'assistance. Même les plus anciens le disent. " A nous de nous adapter ", a déclaré le président gabonais Omar Bongo. Les pays les moins démunis ont compris que la nouvelle zone de développement prioritaire mise en place par Paris leur donne vocation à bénéficier de l'aide française, mais pas un droit de tirage automatique.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 1999)