Texte intégral
Aujourd'hui je fais ma première visite hebdomadaire de rentrée à Bruxelles puisque comme vous le savez, je passerai au moins une journée par semaine soit à Bruxelles soit à Strasbourg, dans les institutions européennes, avec en même temps chaque semaine pas mal de travail dans les pays de l'Union et, dans un deuxième temps, les pays qui bordent l'Union. Cette semaine, j'ai été à Madrid et à Lisbonne. Pourquoi Madrid ? Parce que c'est la prochaine présidence et qu'il nous importait de travailler étroitement avec nos amis espagnols pour préparer la présidence espagnole et dans la foulée donc, une visite de travail au Portugal où il a été beaucoup question de M. Barroso et dans les deux cas, des visites à la fois sympathiques, très denses et très utiles. Une journée intense hier pour parler de différents sujets post-institutionnels et institutionnels. J'ai discuté avec Jacques Barrot hier soir sur deux problèmes touchant l'immigration : la circulation des Roms au sein de l'Union européenne et l'immigration illégale entrant dans l'Union via la Turquie. Dîner hier soir avec une délégation turque chargée des droits de l'Homme et ce matin, rencontre avec trois Commissaires : la Commissaire, vice-présidente de la Commission, chargée de l'information, le Commissaire aux affaires économiques et financières avec lequel on a parlé Eurogroupe et sortie de crise et puis maintenant, avec Mme Vassiliou au sujet de la grippe qui est l'un des gros sujets de la rentrée.
Un mot encore peut-être, cette rentrée sera dominée par deux rendez-vous l'un à l'entrée de l'automne, l'autre à la fin, Pittsburgh d'un côté, Copenhague de l'autre. Entre les deux, j'espère d'une façon ou d'une autre, la clôture de quinze années de discussions institutionnelles. Nous aurons donc en fin d'année une boîte à outils institutionnelle en état de marche, j'espère dans le cadre du Traité de Lisbonne. Ensuite, au mois de janvier il faudra parler des vrais sujets qui intéressent les Européens : l'énergie, la sortie de crise, les grands choix technologiques de compétitivité, de sécurité des Européens aussi, de défense commune, de politique de voisinage, voilà, beaucoup de sujets sur la table.
Q - Sur le président Barroso, vous lui avez apporté à Lisbonne un soutien franc et massif. Mais qu'est-ce qui a changé depuis le début de l'été?
R - Permettez-moi de vous rappeler que nous n'avons jamais varié côté français, nous avons soutenu la candidature de M. Barroso et, j'allais dire qu'au niveau de la majorité présidentielle et de l'UMP, nous avons fait campagne avec le nom de M. Barroso sur nos documents de campagne donc on est dans la suite d'une certaine cohérence politique. Maintenant la parole est aux députés qui doivent voter, il n'y a pas d'autre candidat face à M. Barroso et j'espère donc qu'il aura une majorité claire pour que la crédibilité de la prochaine Commission soit pleinement établie, je crois que c'est de l'intérêt de tout le monde, des Etats, d'un Parlement nouveau qui a des pouvoirs importants surtout si le Traité de Lisbonne entre en vigueur, c'est important que la Commission reste pleinement un acteur du système institutionnel européen qui, comme vous le savez, repose sur ces trois piliers : les gouvernements, la Commission, le Parlement.
Q - "Large majorité", cela veut-il dire que si la majorité est ric-rac - comme elle semble l'être - on pense à une autre solution ?
R - Franchement il ne m'appartient pas de m'impliquer dans les choix que feront souverainement les députés, je dis simplement qu'il y a une cohérence politique s'agissant de notre couleur politique. Nous avons soutenu M. Barroso, nos candidats ont fait campagne avec le nom de M. Barroso s'agissant de la prochaine Commission donc, de mon point de vue, il y a une cohérence pour qu'en tout cas au niveau du PPE, les voix soient au rendez-vous. Comme vous le savez bien, il n'y a pas de majorité droite-gauche au Parlement européen, il y a des majorités de consensus qui varient de sujet à sujet. Il y a un accord entre les groupes qu'il ne m'appartient pas de commenter, on verra ce que les députés des autres groupes politiques notamment les socialistes décideront de faire.
Q - Sur le plan de la grippe H1N1, qu'est-ce que vous vous êtes dit avec la Commissaire ?
R - Alors, première remarque, c'est l'ensemble du gouvernement français qui est mobilisé sur cette affaire et depuis ma nomination mon travail a été de faire en sorte d'apporter l'éclairage européen au travail que font mes autres collègues et notamment les chefs de file Brice Hortefeux et Roselyne Bachelot et de leur apporter l'information sur ce que font les autres Etats. Aujourd'hui j'ai donné l'information de façon très transparente, sur la préparation face à la pandémie côté français et j'ai demandé à Mme Vassiliou où ils en sont à la Commission et des autres Etats, de sorte que l'information circule entre nous et que tout le monde soit en permanence dans la boucle, c'est cela l'intérêt de cette discussion qui s'est d'ailleurs extrêmement bien déroulée. Côté français, je crois qu'on fait partie, ce n'est pas du cocorico, ce sont les faits, parmi les tout premiers si ce n'est pas le premier pays en termes de préparation à cette pandémie, nous y travaillons de façon très précise, très mobilisée depuis le mois d'avril. Brice Hortefeux et Roselyne Bachelot ont présenté l'état de préparation, notamment en termes de vaccination, de l'achat de vaccins, de préparation des plans de vaccination, tout cela est en cours, j'en ai rendu compte, j'ai informé la Commission. Comme vous le savez dans ces matières ce sont des compétences nationales, il n'y a pas de compétence communautaire, c'est plus une affaire de coordination et de partage de l'information entre nous, les rendez-vous européens sont importants, la Commission devrait préparer une communication, qui devrait sortir le 16 septembre. A la fin du mois, le 24, l'agence européenne du médicament à Londres va donner son avis scientifique sur les projets de médicaments présentés par les entreprises pharmaceutiques, avis scientifique qui servira de base ensuite à l'autorisation de mise sur le marché. Le 12 octobre il y aura une réunion extraordinaire du Conseil des ministres de la Santé qui prendra les décisions nécessaires autour de cette pandémie. Voilà l'état de coordination ici à Bruxelles, à ce jour.
Q - Le niveau d'harmonisation au niveau européen est-il suffisant ? En avril, on avait constaté de grandes différences : derrière les discours, il y avait en fait peu d'harmonisation. Est-ce qu'on a progressé ou est-ce qu'il y a encore des différences ?
R - Il existe encore des différences. Je crois que du côté du gouvernement français, il faut que nous aidions la Commission à remplir ce travail de coordination et que nous fassions le maximum pour que l'exigence de contrôle de la pandémie soit presque le même partout, sachant que les moyens sont différents d'un pays à l'autre, moyens financiers, moyens humains de préparation, donc il y a des différences inévitables qui par ailleurs se révèlent d'autant plus qu'encore une fois il s'agit de compétences nationales, il n'y a pas un chef d'orchestre européen qui va dire tout le monde fait cela à l'instant, chaque pays est souverain dans les choix qu'il fera en matière de contrôle de la pandémie, en matière de vaccination, de désignation des groupes prioritaires, cela c'est le travail de chaque gouvernement, ce qui est important c'est que nous soyons complètement dans la boucle en termes d'information, c'est comme cela que je conçois ma mission sur ce dossier. C'est une mission d'information et de coordination au maximum possible avec la Commission de façon à ce qu'en permanence notre gouvernement soit au courant de tout ce que font les autres et puis inversement, que la Commission et les Etats, nos partenaires européens, soient au courant de ce que nous faisons.
Q - La mise en musique est nationale, mais quand vous faites référence à cette réunion à Londres, est-ce que cet avis scientifique équivaut à une mise sur le marché du vaccin au niveau européen ?
R - Non, c'est la base scientifique qui permettra ensuite l'autorisation. L'une des choses que j'ai dites ce matin c'est qu'il est important que tout le monde travaille ensemble et que le président Barroso justement va devoir assumer une pleine collégialité dans cette affaire puisqu'il y a plusieurs Commissaires qui sont.
Q - Et c'est le cas ? Vous avez l'impression qu'ils travaillent bien ensemble ?
R - J'ai l'impression qu'ils travaillent ensemble, bien sûr. Je crois que l'affaire est suffisamment importante pour que les uns et les autres se parlent mais encore une fois, ce n'est pas au gouvernement français de s'ingérer dans la façon dont fonctionne la Commission, j'ai pleinement confiance dans la capacité du président Barroso à faire fonctionner sa Commission et à produire une position commune naturellement.
Q - Si M. Barroso reçoit l'investiture du Parlement bientôt, quand vont commencer les discussions sur les portefeuilles ? Est-ce qu'elles ont déjà commencé ?
R - Vous savez comme moi que l'une des difficultés ou l'une des particularités de la période c'est justement le calendrier, si le vote au Parlement européen est décidé pour le 16 septembre, ce vote aura lieu sous l'empire du Traité de Nice mais comme vous le savez la semaine qui suit est une semaine électorale en Allemagne et au Portugal et puis, le 2 octobre, les Irlandais vont donc se prononcer sur le Traité de Lisbonne. Si le traité est ratifié par le peuple irlandais, à ce moment-là, il restera les instruments de ratification à déposer pour la Pologne, la République tchèque. Je pense que les Allemands auront fini avant le 2 octobre mais si c'est Lisbonne qui l'emporte en Irlande, ce que je souhaite, dans ce cas-là d'autres nominations entreront en jeu, notamment les nominations très importantes du président stable du Conseil européen et du fameux Haut représentant qui sera un personnage très important, à la fois membre du Conseil, vice-président de la Commission et en charge du futur service d'action extérieure européen sur lequel nous travaillons très activement dans mon ministère croyez-le, et qui sera une affaire très très politique et très importante.
Q - Pouvez-vous citer des noms ?
R - Ecoutez, je me suis fixé une règle dans la période présente, c'est surtout de ne pas entrer dans les histoires de noms parce que j'ai beau être très très important, ce n'est pas moi qui vais prendre ces décisions, c'est le président de la république avec ses collègues chefs d'Etat et de gouvernement donc ce que je pense être une bonne idée ou une mauvaise idée cela éventuellement c'est quelque chose que je peux partager avec le Premier ministre et le président, mais franchement, publiquement cela n'a aucun intérêt.
Q - Les Néerlandais voudraient que ce soit Jaap de Hoop Scheffer, est-ce que cela vous paraît une bonne idée, que le secrétaire général de l'OTAN se retrouve Haut Représentant ?
R - Est-ce que cela ne s'est pas déjà produit ?
Q - On a vu ce que cela a donné.
R - Est-ce que cela a vraiment transformé l'actuel représentant en suppôt de l'Amérique ? Je ne pense pas, honnêtement. Franchement, dans le cas de Javier Solana que je connais bien et que j'ai connu sous différentes incarnations dans sa vie, d'abord de responsable politique à très haut niveau en Espagne, puis à l'OTAN, puis à l'Europe, on a affaire à quelqu'un de très européen que j'ai toujours vu se battre sur les bons dossiers avec beaucoup de foi, en tout cas avec beaucoup de foi européenne. Donc je ne veux pas faire de procès d'intention en disant qu'il a servi à l'OTAN et que donc il ne sera pas un bon européen, c'est un peu simple et en plus un peu contradictoire par rapport à ce que je pense et ce que pense mon propre pays, moi je pense que plus de France dans l'OTAN c'est plus d'Europe dans l'OTAN donc je vois dans ces matières que complémentarité et pas d'opposition d'autant que l'OTAN a complètement changé. On ne peut pas dire que sa priorité, la priorité européenne soit la priorité absolue aujourd'hui de la politique américaine, regardez ce qu'a dit le président Obama il y a un mois, le XXIème siècle sera sino-américain, moi, cela m'a beaucoup frappé, je voudrais que l'Europe ne subisse pas le XXIème siècle, qu'elle soit pleinement acteur, donc on verra, on verra en fonction des institutions que nous aurons et puis les chefs d'Etat décideront.
Q - M. Barroso est nommé, est-ce qu'on n'est pas en défaut de représentativité ? Est-ce qu'il ne faut pas que le Haut Représentant soit du PSE pour qu'il y ait équilibre ?
R - Pourquoi ?
Q - Quel-est le profil alors pour le haut-poste de Haut-Représentant ? Pouvez-vous donner des noms ?
R - Vous connaissez bien les traités, il y a une vraie différence, ne croyez-vous pas, entre le travail actuel de Haut représentant et celui du Traité de Lisbonne, il y a une vraie différence, une différence de périmètre, de pouvoir, d'importance, ce n'est pas le même job du tout. Je crois qu'il faut vraiment attendre, je ne dis pas cela pour me défausser, je crois qu'il faut respecter le droit du peuple irlandais de se prononcer et ce serait complètement inconvenant de ma part ou de quiconque d'ailleurs de faire une querelle de noms ou de jobs alors même que nous ne savons pas si deux de ces positions existeront ou pas le 3 octobre, on ne sait pas si l'Europe aura un président stable et on ne sait pas s'il y aura un Haut représentant. Donc ce n'est pas la peine de rentrer là-dedans mais ce que l'on peut dire aujourd'hui sur le papier c'est que les deux jobs sont différents.
Q - Dans les sondages en Irlande, on constate une baisse du "oui". Cela vous préoccupe-t-il ?
R - Oui, je suis allé en Irlande fin juillet et effectivement j'ai trouvé une situation qui n'était pas aussi évidente qu'on le disait, d'ailleurs je suis allé en Irlande et en Islande, aussi pour prendre la température de ces deux pays dont on disait que cela y est, ils se sont rapprochés de l'Europe, tout était réglé. J'ai trouvé une situation étrange où certes, le " non " s'était effondré, Libertas, etc, pas de campagne du "non" mais pas non plus une très forte campagne du " oui " et pour tout dire, une situation étrange où on ne sent pas qu'il y a une très forte campagne en Irlande ... Et puis il y a eu la trêve estivale, on va voir ce qu'en fin de course le peuple irlandais décidera mais encore une fois je le redis il faut attendre qu'il se décide et il ne m'appartient pas à moi de rentrer dans la campagne référendaire irlandaise sauf pour vous dire que c'est plus compliqué, moi j'ai senti fin juillet cela plus compliqué qu'on voulait bien le dire à l'époque et je ne suis donc pas surpris par une situation qui est en effet plus tendue, peut-être que d'ici le 2 octobre chaque camp va se raidir, se ressaisir, il y aura peut-être une campagne forte et dans ce cas-là les ... il y a encore je crois 25 % d'indécis et c'est cela qui va faire la différence, dans un référendum c'est le nombre de gens qui vont voter, ceux qui sont motivés pour aller voter, comment ils en sortent, on a, comme vous le savez, une situation de crise économique, un gouvernement impopulaire mais aussi un effondrement des nonistes, des anti-européens. Les jeux sont ouverts.
Q - Pour la Commission, le choix de M. Barnier vous paraît-il définitif ?
R - Michel Barnier est un ami, c'est un collègue à l'UMP mais encore une fois ce n'est pas moi qui nomme le Commissaire français, je pense en effet que c'est le nom le plus entendu à Paris mais la décision revient au président de la République.
Q - Qu'est-ce que la France souhaite comme poste ?
R - J'ai cru comprendre que, mais là encore, c'est un choix qui fait parti des négociations, il n'y a pas de postes attribués comme ça, à tel ou tel pays, il y aura une négociation.
Q - On peut avoir des préférences ?
R - Parmi les préférences, je dis bien parmi les préférences, que j'ai entendues, le marché intérieur.
Q - Et les autres ?
R - Il y en a d'autres.
Je vous remercie, on sera appelé à se revoir très régulièrement, c'est une joie de vous revoir. Merci de votre gentillesse.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 septembre 2009
Un mot encore peut-être, cette rentrée sera dominée par deux rendez-vous l'un à l'entrée de l'automne, l'autre à la fin, Pittsburgh d'un côté, Copenhague de l'autre. Entre les deux, j'espère d'une façon ou d'une autre, la clôture de quinze années de discussions institutionnelles. Nous aurons donc en fin d'année une boîte à outils institutionnelle en état de marche, j'espère dans le cadre du Traité de Lisbonne. Ensuite, au mois de janvier il faudra parler des vrais sujets qui intéressent les Européens : l'énergie, la sortie de crise, les grands choix technologiques de compétitivité, de sécurité des Européens aussi, de défense commune, de politique de voisinage, voilà, beaucoup de sujets sur la table.
Q - Sur le président Barroso, vous lui avez apporté à Lisbonne un soutien franc et massif. Mais qu'est-ce qui a changé depuis le début de l'été?
R - Permettez-moi de vous rappeler que nous n'avons jamais varié côté français, nous avons soutenu la candidature de M. Barroso et, j'allais dire qu'au niveau de la majorité présidentielle et de l'UMP, nous avons fait campagne avec le nom de M. Barroso sur nos documents de campagne donc on est dans la suite d'une certaine cohérence politique. Maintenant la parole est aux députés qui doivent voter, il n'y a pas d'autre candidat face à M. Barroso et j'espère donc qu'il aura une majorité claire pour que la crédibilité de la prochaine Commission soit pleinement établie, je crois que c'est de l'intérêt de tout le monde, des Etats, d'un Parlement nouveau qui a des pouvoirs importants surtout si le Traité de Lisbonne entre en vigueur, c'est important que la Commission reste pleinement un acteur du système institutionnel européen qui, comme vous le savez, repose sur ces trois piliers : les gouvernements, la Commission, le Parlement.
Q - "Large majorité", cela veut-il dire que si la majorité est ric-rac - comme elle semble l'être - on pense à une autre solution ?
R - Franchement il ne m'appartient pas de m'impliquer dans les choix que feront souverainement les députés, je dis simplement qu'il y a une cohérence politique s'agissant de notre couleur politique. Nous avons soutenu M. Barroso, nos candidats ont fait campagne avec le nom de M. Barroso s'agissant de la prochaine Commission donc, de mon point de vue, il y a une cohérence pour qu'en tout cas au niveau du PPE, les voix soient au rendez-vous. Comme vous le savez bien, il n'y a pas de majorité droite-gauche au Parlement européen, il y a des majorités de consensus qui varient de sujet à sujet. Il y a un accord entre les groupes qu'il ne m'appartient pas de commenter, on verra ce que les députés des autres groupes politiques notamment les socialistes décideront de faire.
Q - Sur le plan de la grippe H1N1, qu'est-ce que vous vous êtes dit avec la Commissaire ?
R - Alors, première remarque, c'est l'ensemble du gouvernement français qui est mobilisé sur cette affaire et depuis ma nomination mon travail a été de faire en sorte d'apporter l'éclairage européen au travail que font mes autres collègues et notamment les chefs de file Brice Hortefeux et Roselyne Bachelot et de leur apporter l'information sur ce que font les autres Etats. Aujourd'hui j'ai donné l'information de façon très transparente, sur la préparation face à la pandémie côté français et j'ai demandé à Mme Vassiliou où ils en sont à la Commission et des autres Etats, de sorte que l'information circule entre nous et que tout le monde soit en permanence dans la boucle, c'est cela l'intérêt de cette discussion qui s'est d'ailleurs extrêmement bien déroulée. Côté français, je crois qu'on fait partie, ce n'est pas du cocorico, ce sont les faits, parmi les tout premiers si ce n'est pas le premier pays en termes de préparation à cette pandémie, nous y travaillons de façon très précise, très mobilisée depuis le mois d'avril. Brice Hortefeux et Roselyne Bachelot ont présenté l'état de préparation, notamment en termes de vaccination, de l'achat de vaccins, de préparation des plans de vaccination, tout cela est en cours, j'en ai rendu compte, j'ai informé la Commission. Comme vous le savez dans ces matières ce sont des compétences nationales, il n'y a pas de compétence communautaire, c'est plus une affaire de coordination et de partage de l'information entre nous, les rendez-vous européens sont importants, la Commission devrait préparer une communication, qui devrait sortir le 16 septembre. A la fin du mois, le 24, l'agence européenne du médicament à Londres va donner son avis scientifique sur les projets de médicaments présentés par les entreprises pharmaceutiques, avis scientifique qui servira de base ensuite à l'autorisation de mise sur le marché. Le 12 octobre il y aura une réunion extraordinaire du Conseil des ministres de la Santé qui prendra les décisions nécessaires autour de cette pandémie. Voilà l'état de coordination ici à Bruxelles, à ce jour.
Q - Le niveau d'harmonisation au niveau européen est-il suffisant ? En avril, on avait constaté de grandes différences : derrière les discours, il y avait en fait peu d'harmonisation. Est-ce qu'on a progressé ou est-ce qu'il y a encore des différences ?
R - Il existe encore des différences. Je crois que du côté du gouvernement français, il faut que nous aidions la Commission à remplir ce travail de coordination et que nous fassions le maximum pour que l'exigence de contrôle de la pandémie soit presque le même partout, sachant que les moyens sont différents d'un pays à l'autre, moyens financiers, moyens humains de préparation, donc il y a des différences inévitables qui par ailleurs se révèlent d'autant plus qu'encore une fois il s'agit de compétences nationales, il n'y a pas un chef d'orchestre européen qui va dire tout le monde fait cela à l'instant, chaque pays est souverain dans les choix qu'il fera en matière de contrôle de la pandémie, en matière de vaccination, de désignation des groupes prioritaires, cela c'est le travail de chaque gouvernement, ce qui est important c'est que nous soyons complètement dans la boucle en termes d'information, c'est comme cela que je conçois ma mission sur ce dossier. C'est une mission d'information et de coordination au maximum possible avec la Commission de façon à ce qu'en permanence notre gouvernement soit au courant de tout ce que font les autres et puis inversement, que la Commission et les Etats, nos partenaires européens, soient au courant de ce que nous faisons.
Q - La mise en musique est nationale, mais quand vous faites référence à cette réunion à Londres, est-ce que cet avis scientifique équivaut à une mise sur le marché du vaccin au niveau européen ?
R - Non, c'est la base scientifique qui permettra ensuite l'autorisation. L'une des choses que j'ai dites ce matin c'est qu'il est important que tout le monde travaille ensemble et que le président Barroso justement va devoir assumer une pleine collégialité dans cette affaire puisqu'il y a plusieurs Commissaires qui sont.
Q - Et c'est le cas ? Vous avez l'impression qu'ils travaillent bien ensemble ?
R - J'ai l'impression qu'ils travaillent ensemble, bien sûr. Je crois que l'affaire est suffisamment importante pour que les uns et les autres se parlent mais encore une fois, ce n'est pas au gouvernement français de s'ingérer dans la façon dont fonctionne la Commission, j'ai pleinement confiance dans la capacité du président Barroso à faire fonctionner sa Commission et à produire une position commune naturellement.
Q - Si M. Barroso reçoit l'investiture du Parlement bientôt, quand vont commencer les discussions sur les portefeuilles ? Est-ce qu'elles ont déjà commencé ?
R - Vous savez comme moi que l'une des difficultés ou l'une des particularités de la période c'est justement le calendrier, si le vote au Parlement européen est décidé pour le 16 septembre, ce vote aura lieu sous l'empire du Traité de Nice mais comme vous le savez la semaine qui suit est une semaine électorale en Allemagne et au Portugal et puis, le 2 octobre, les Irlandais vont donc se prononcer sur le Traité de Lisbonne. Si le traité est ratifié par le peuple irlandais, à ce moment-là, il restera les instruments de ratification à déposer pour la Pologne, la République tchèque. Je pense que les Allemands auront fini avant le 2 octobre mais si c'est Lisbonne qui l'emporte en Irlande, ce que je souhaite, dans ce cas-là d'autres nominations entreront en jeu, notamment les nominations très importantes du président stable du Conseil européen et du fameux Haut représentant qui sera un personnage très important, à la fois membre du Conseil, vice-président de la Commission et en charge du futur service d'action extérieure européen sur lequel nous travaillons très activement dans mon ministère croyez-le, et qui sera une affaire très très politique et très importante.
Q - Pouvez-vous citer des noms ?
R - Ecoutez, je me suis fixé une règle dans la période présente, c'est surtout de ne pas entrer dans les histoires de noms parce que j'ai beau être très très important, ce n'est pas moi qui vais prendre ces décisions, c'est le président de la république avec ses collègues chefs d'Etat et de gouvernement donc ce que je pense être une bonne idée ou une mauvaise idée cela éventuellement c'est quelque chose que je peux partager avec le Premier ministre et le président, mais franchement, publiquement cela n'a aucun intérêt.
Q - Les Néerlandais voudraient que ce soit Jaap de Hoop Scheffer, est-ce que cela vous paraît une bonne idée, que le secrétaire général de l'OTAN se retrouve Haut Représentant ?
R - Est-ce que cela ne s'est pas déjà produit ?
Q - On a vu ce que cela a donné.
R - Est-ce que cela a vraiment transformé l'actuel représentant en suppôt de l'Amérique ? Je ne pense pas, honnêtement. Franchement, dans le cas de Javier Solana que je connais bien et que j'ai connu sous différentes incarnations dans sa vie, d'abord de responsable politique à très haut niveau en Espagne, puis à l'OTAN, puis à l'Europe, on a affaire à quelqu'un de très européen que j'ai toujours vu se battre sur les bons dossiers avec beaucoup de foi, en tout cas avec beaucoup de foi européenne. Donc je ne veux pas faire de procès d'intention en disant qu'il a servi à l'OTAN et que donc il ne sera pas un bon européen, c'est un peu simple et en plus un peu contradictoire par rapport à ce que je pense et ce que pense mon propre pays, moi je pense que plus de France dans l'OTAN c'est plus d'Europe dans l'OTAN donc je vois dans ces matières que complémentarité et pas d'opposition d'autant que l'OTAN a complètement changé. On ne peut pas dire que sa priorité, la priorité européenne soit la priorité absolue aujourd'hui de la politique américaine, regardez ce qu'a dit le président Obama il y a un mois, le XXIème siècle sera sino-américain, moi, cela m'a beaucoup frappé, je voudrais que l'Europe ne subisse pas le XXIème siècle, qu'elle soit pleinement acteur, donc on verra, on verra en fonction des institutions que nous aurons et puis les chefs d'Etat décideront.
Q - M. Barroso est nommé, est-ce qu'on n'est pas en défaut de représentativité ? Est-ce qu'il ne faut pas que le Haut Représentant soit du PSE pour qu'il y ait équilibre ?
R - Pourquoi ?
Q - Quel-est le profil alors pour le haut-poste de Haut-Représentant ? Pouvez-vous donner des noms ?
R - Vous connaissez bien les traités, il y a une vraie différence, ne croyez-vous pas, entre le travail actuel de Haut représentant et celui du Traité de Lisbonne, il y a une vraie différence, une différence de périmètre, de pouvoir, d'importance, ce n'est pas le même job du tout. Je crois qu'il faut vraiment attendre, je ne dis pas cela pour me défausser, je crois qu'il faut respecter le droit du peuple irlandais de se prononcer et ce serait complètement inconvenant de ma part ou de quiconque d'ailleurs de faire une querelle de noms ou de jobs alors même que nous ne savons pas si deux de ces positions existeront ou pas le 3 octobre, on ne sait pas si l'Europe aura un président stable et on ne sait pas s'il y aura un Haut représentant. Donc ce n'est pas la peine de rentrer là-dedans mais ce que l'on peut dire aujourd'hui sur le papier c'est que les deux jobs sont différents.
Q - Dans les sondages en Irlande, on constate une baisse du "oui". Cela vous préoccupe-t-il ?
R - Oui, je suis allé en Irlande fin juillet et effectivement j'ai trouvé une situation qui n'était pas aussi évidente qu'on le disait, d'ailleurs je suis allé en Irlande et en Islande, aussi pour prendre la température de ces deux pays dont on disait que cela y est, ils se sont rapprochés de l'Europe, tout était réglé. J'ai trouvé une situation étrange où certes, le " non " s'était effondré, Libertas, etc, pas de campagne du "non" mais pas non plus une très forte campagne du " oui " et pour tout dire, une situation étrange où on ne sent pas qu'il y a une très forte campagne en Irlande ... Et puis il y a eu la trêve estivale, on va voir ce qu'en fin de course le peuple irlandais décidera mais encore une fois je le redis il faut attendre qu'il se décide et il ne m'appartient pas à moi de rentrer dans la campagne référendaire irlandaise sauf pour vous dire que c'est plus compliqué, moi j'ai senti fin juillet cela plus compliqué qu'on voulait bien le dire à l'époque et je ne suis donc pas surpris par une situation qui est en effet plus tendue, peut-être que d'ici le 2 octobre chaque camp va se raidir, se ressaisir, il y aura peut-être une campagne forte et dans ce cas-là les ... il y a encore je crois 25 % d'indécis et c'est cela qui va faire la différence, dans un référendum c'est le nombre de gens qui vont voter, ceux qui sont motivés pour aller voter, comment ils en sortent, on a, comme vous le savez, une situation de crise économique, un gouvernement impopulaire mais aussi un effondrement des nonistes, des anti-européens. Les jeux sont ouverts.
Q - Pour la Commission, le choix de M. Barnier vous paraît-il définitif ?
R - Michel Barnier est un ami, c'est un collègue à l'UMP mais encore une fois ce n'est pas moi qui nomme le Commissaire français, je pense en effet que c'est le nom le plus entendu à Paris mais la décision revient au président de la République.
Q - Qu'est-ce que la France souhaite comme poste ?
R - J'ai cru comprendre que, mais là encore, c'est un choix qui fait parti des négociations, il n'y a pas de postes attribués comme ça, à tel ou tel pays, il y aura une négociation.
Q - On peut avoir des préférences ?
R - Parmi les préférences, je dis bien parmi les préférences, que j'ai entendues, le marché intérieur.
Q - Et les autres ?
R - Il y en a d'autres.
Je vous remercie, on sera appelé à se revoir très régulièrement, c'est une joie de vous revoir. Merci de votre gentillesse.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 septembre 2009