Texte intégral
L. Bazin Bonjour, V. Pécresse.
Bonjour.
On vous reçoit à deux titres : ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, c'est la rentrée universitaire ; et puis, évidemment, candidate aux régionales en Ile-de-France. Vous avez lancé votre en campagne en fanfare hier. Un mot d'abord des tests ADN. Certains sont assez surpris d'entendre votre collègue du Gouvernement, E. Besson, dire qu'il ne signera pas les décrets d'application d'une loi qui a été votée par le Parlement. Est-ce qu'un ministre peut bloquer une loi votée par le Parlement ?
Je crois que le souci d'E. Besson, comme celui d'ailleurs du Parlement et du Gouvernement, c'est de donner toutes les garanties pour que ces tests...
... mais elle est votée cette loi par le Parlement.
Oui, mais c'est une loi qui est assez complexe, qui présente plusieurs aspects. Il faut que les tests ADN puissent être utiles pour la personne qui souhaite obtenir un visa, c'est-à-dire qu'en réalité ces tests ADN remplacent par exemple des pièces d'état civil manquantes, qui ont été détruites, et permettent de prouver l'identité de l'enfant par rapport à ses parents, et en même temps, vous savez que nous avons une législation bioéthique qui est extrêmement stricte, qui interdit de rechercher la paternité d'un homme...
...pardon, mais on s'en aperçoit deux ans après, V. Pécresse ?
Ah non, non ! On le savait en votant la loi.
Donc, on savait qu'on ne pourrait pas l'appliquer au moment où on l'a votée ?
Non, non, non, on savait au moment où on votait la loi qu'il fallait donner toutes les garanties éthiques pour l'utilisation de ces tests. Et donner les garanties éthiques, ça veut dire maintenir la confidentialité des résultats des tests vis-à-vis du père de l'enfant. Ca rend les choses extrêmement compliquées et c'est ce qu'E. Besson a dit.
Donc, on a voté une loi dont on savait qu'elle ne serait pas applicable.
Non, non, on a voté une loi qui s'avère dans le concret très difficile à appliquer et c'est ce qu'E. Besson a dit. Et moi, je crois que ce qui est important c'est de dire que le Gouvernement en matière de libertés publiques prend toutes les garanties.
On entend ça ce matin. On entend aussi certains de vos amis dire qu'il faut une loi sur la burqa, c'est le cas d'E. Besson, c'est le cas de J.-F. Copé aux côtés duquel vous lanciez, hier, votre campagne aux régionales. Est-ce qu'elle serait applicable cette loi-là ? Est-ce qu'on fait une loi pour 370 femmes en France ?
On ne fait pas une loi pour 370 femmes en France, on fait une loi sur les principes de la laïcité dans notre pays. La question de la burqa est une question extrêmement délicate parce que évidemment, moi je vois bien, je mesure bien le risque qu'il y a d'enfermer des femmes chez elles à la maison si elles ne peuvent pas sortir parce qu'elles ne veulent pas sortir autrement que vêtues d'une burqa. Mais en même temps, le port de la burqa me choque comme il choque...
... donc, oui, on doit interdire la burqa dans la rue.
En tout cas, je trouve que c'est une très bonne chose que le Parlement se saisisse de la question, qu'il écoute, qu'il débatte, qu'il rencontre, qu'il persuade aussi ces femmes de retirer leur voile, et de leur dire que ça n'est pas... c'est contraire à l'esprit de la République, aujourd'hui on ne met pas des femmes intégralement voilées...
Donc, on discute d'abord et si on n'arrive pas à discuter on vote.
Moi, je crois qu'il faut qu'on débatte, il faut qu'on dialogue, et ensuite évidemment le Parlement votera.
Vous êtes en lice, c'est parti pour les régionales. Vous avez gagné les primaires UMP face à R. Karoutchi. Hier, vous aviez deux bonnes fées de chaque côté : X. Bertrand et J.-F. Copé. Ils ne se rencontrent pas si souvent que ça ! Ca veut dire que vous désobéissez au Président, il a dit : « attendez, pas trop vite, les Français ne veulent pas entendre les régionales en ce moment » ?
La campagne régionale elle a commencé avec un temps de démocratie. Moi, je voudrais y revenir parce que ce n'est pas si fréquent. Vous savez qu'à l'UMP on a eu un temps de primaires internes l'année dernière, et des primaires loyales, des primaires sincères, des primaires qui se sont très bien passées et qui nous permettent aujourd'hui avec R. Karoutchi de nous rassembler en tandem. Je le dis parce que je vois qu'il y a quand même quelques partis, et notamment à gauche, qui ont un petit peu du mal avec la démocratie interne, qui ont un petit peu...
... « Les primaires ont la scoumoune » dit F. Bayrou, « c'est une idée qui a la scoumoune ».
Absolument pas ! Vous savez, pour faire des bonnes primaires il a une solution très simple : le vote électronique. Le vote électronique avec un contrôle absolu de la distribution des codes, il faut que le code soit donné par courrier, il y a des garanties à prendre, mais j'ai été juge de l'élection pendant huit ans, je peux vous dire qu'effectivement il faut accompagner ce scrutin des primaires de garanties extrêmement fortes pour qu'il soit régulier. C'est ce qu'a fait l'UMP...
... sinon la tentation du bourrage d'urnes est trop forte, voilà ce que vous dites en substance.
Je dis que avoir un scrutin sincère c'est la condition pour après se retrouver rassemblés, c'est la condition pour ne pas se retrouver divisés comme aujourd'hui M. Aubry et S. Royal qui donnent une image absolument désastreuse de ce que c'est un parti politique.
On va y revenir tout à l'heure.
Et je pense que les militants socialistes doivent être très désolés et je pense que les militants UMP ont tout pour être satisfaits de la façon dont X. Bertrand a géré les primaires à l'UMP.
Vous avez gagné les primaires, vous avez lancé la campagne, le Président avait dit « on attend, on ne lance pas tout de suite, les Français ne veulent pas en entendre parler », je vous repose la question. Ca veut dire qu'il vous a donné le feu vert, vous pouvez y aller, vous, parce que Paris, la région capitale, c'est la région à prendre à tout prix ?
Pas du tout ! On a eu un temps de démocratie. Aujourd'hui, on est dans le temps des idées, le temps du projet. Le temps de la campagne proprement dit, c'est-à-dire le temps de la confrontation équipe contre équipe, projet contre projet, ça viendra évidemment en 2010, mais d'ici là nous allons débattre, nous allons nous ouvrir à toutes les idées. Hier, N. Notat, R. Castro, S. Veil, sont venus parler, P. Lozès. On s'est ouvert sur des gens qui ne pensaient pas comme nous, sur des idées qui venaient de la gauche, sur les plus grands architectes, M. Karmitz.
Clairement, vous avez dit : nous on peut gouverner avec les Verts demain », c'est ça ?
Non, j'ai dit nous allons faire un projet qui sera un projet très écologique, mais un projet écologique positif, c'est-à-dire de croissance verte. La croissance verte c'est ce que je porte en tant que ministre de la recherche, c'est ce que porte J.-L. Borloo...
... on repeint tout en vert en ce moment !
Non, ce n'est pas ça ! C'est que la crise nous amène à nous poser beaucoup de questions à la fois sur nos modes de consommation, à la fois sur nos leviers économiques, et à la fois sur les innovations qui demain vont nous mettre en tête. Et puis ça nous pose aussi la question de la préservation de la planète d'une manière générale. On se pose aujourd'hui des questions et quand on se les pose, eh bien on apporte des réponses.
J.-P. Huchon c'est l'homme à abattre ?
Absolument pas ! Moi, je ne fais pas de cette campagne une affaire personnelle. Je fais de cette campagne un vrai débat politique. Aujourd'hui, il y a un projet qui est une vision unique, qui s'appelle le Grand Paris. Le Grand Paris c'est quoi ? C'est une vision qu'a lancée président de la République, c'est un projet qui désormais nous appartient, nous, Franciliens, et que nous devons enrichir. Le Grand Paris c'est effacer la barrière du périphérique, c'est...
... mais, J.-P. Huchon peut l'enrichir de la même manière, à sa place.
Mais écoutez, pour l'instant, il le combat et il estime que ce Grand Paris n'est pas ce qu'il souhaite pour l'Ile-de-France. Il ne veut pas d'intervention de l'Etat, mais ce qu'il faut dire, et cela sans aucun esprit politicien, c'est que si l'Etat intervient aujourd'hui dans la région capitale, c'est tout simplement pour porter une vision qui n'a jusqu'à présent pas été portée, c'est pour apporter des moyens qui jusqu'à présent n'ont pas été donnés, et c'est surtout pour qu'on décide vite. En Ile-de-France, quand on veut prolonger le barreau de Gonesse de 9 km, ça prend huit ans. Eh bien, peut-être que l'intervention de l'Etat, peut-être qu'une loi qui va simplifier les procédures administratives, qui va booster la décision publique, nous permettra d'aller beaucoup plus vite, et c'est ça que les Franciliens souhaitent. Donc, il ne faut pas polémiquer sur l'intervention de l'Etat en Ile-de-France.
Question à la ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, c'est la rentrée. Moi, j'ai lu un communiqué assez intéressant de l'Unef qui dit que c'est de plus en plus cher, que le prix de la rentrée a augmenté de 2,5 % - de 41 % depuis 2001, dit l'Unef - et que de plus en plus de jeunes renoncent à faire des études parce qu'ils n'en ont plus les moyens. Qu'est-ce qu'on fait face à ça ?
Alors, nous avons pris des mesures de garantie du pouvoir d'achat des jeunes étudiants depuis trois rentrées, qui permettent vraiment de faire croître le pouvoir d'achat des étudiants par rapport aux prix. Nous avons augmenté de 13 % en trois ans les bourses des 100 000 étudiants les plus défavorisés ; de 6,5 % les bourses des autres ; nous avons augmenté le nombre de boursiers de 50 000. Ca nous a coûté au total, ça va nous coûter au total 150 millions d'euros cette réforme des bourses. Et pourquoi nous l'avons fait ? Nous l'avons fait parce que effectivement je crois qu'il faut que nous aidions les jeunes à poursuivre leurs études, je crois qu'il y a une vraie question du pouvoir d'achat étudiant. C'est aussi pour ça que je m'attaque à la question...
L'Unef ne dit pas ça, l'Unef dit : « La ministre fait de l'autosatisfaction, elle fait jouer l'orchestre sur le pont du Titanic ».
Ca, c'est des formules très...
... pas mal trouvées !
Non, c'est des formules faciles, on peut les sortir chaque année. La vérité des chiffres c'est qu'aujourd'hui l'inflation est négative, on est à - 0,7 %, le prix d'un ordinateur baisse de 12 %, les loyers baissent.
Donc, vous dites tout va bien pour cette rentrée.
Non, non ! Je dis pour cette rentrée, le coût de la rentrée est stable, voire plutôt à la baise, alors que les bourses augmentent, alors que nous mettons 50 millions en totalité sur les bourses, et 4,5 millions sur un fonds d'aide d'urgence parce que ce que je sais c'est qu'il y aura des étudiants, et ça c'est vrai, qui seront frappés par la crise en cours d'année, dont les parents peuvent tomber au chômage, dont les parents peuvent avoir des difficultés. Mais ce que l'Unef et les organisations syndicales étudiantes ne nient pas, c'est l'effort et la volonté dont nous avons fait preuve en ouvrant 30 000 nouvelles chambres de logement étudiant en trois ans, et en augmentant de 50 000 le nombre de boursiers.
Ils disent « pas assez », c'est un éternel débat mais on vous fera débattre avec eux sur cette antenne. Le zapping. J.-C. Cambadélis, du Parti socialiste, qui semble en vouloir à S. ROYAL de vouloir déposer plainte après, non pas les primaires mais la désignation du premier secrétaire au PS. (Extrait interview J.-C. Cambadélis - Canal+). Autrement dit "on a triché des deux côtés, enterrons la hache de guerre". Vous avez un conseil à donner aux socialistes ce matin ?
Ecoutez, vraiment, il y a un contraste frappant entre, je vous dis, les primaires que nous avons vécues pour désigner nos chefs de file...
Grâce au vote électronique, vous l'avez dit. Donc, le conseil c'est : choisissez le vote électronique pour les primaires à gauche ou les primaires socialistes demain.
Oui, le vote électronique mais avec aussi des garanties parce que le vote électronique, si on a envie de tricher et qu'on se donne pas les moyens d'avoir des vraies garanties sur la sincérité du vote électronique, ça peut aussi se retourner. Mais je crois qu'effectivement un vote électronique anonyme et avec des codes envoyés par courrier, qui ne sont pas communiqués aux fédérations d'un parti, ça peut être une piste qu'on peut leur suggérer, parce que nous à l'UMP on fait des primaires et qui sont pas contestées.
Sinon la tentation est trop forte, voilà ce qu'on entend dans votre bouche. C. Guéant pour terminer, qui est le plus proche collaborateur de N. Sarkozy, était sur RTL ce matin et il revient sur les suicides en série à France Télécom. (Extrait interview C. Guéant - RTL). Vingt-trois suicides en un an et demi chez France Télécom ça interpelle quand même !
Ce qu'a dit C. Guéant, je ne peux que le reprendre. La question du suicide est une question qui est tellement éminemment personnelle qu'on ne peut pas forcément en parler. Cela dit, derrière, la question plus générale qui se pose, c'est celle de la question du stress au travail.
Du management par le stress, management par la terreur, disent même les syndicats de France Télécom.
Oui, mais ça c'est eux qui le disent. Non mais la question du stress au travail, la question des conditions de travail et de leur amélioration c'est une vraie question et en tant que ministre de l'Enseignement supérieur, et avec X. Bertrand à l'époque où il était ministre du travail, nous avons souhaité mettre en place dans le cadre des formations des étudiants une formation de gestion des ressources humaines, une formation aux relations du travail, de façon à ce que cette question du stress au travail, des conditions de travail, du bien vivre au travail, fasse partie du cursus de formation.
Alors, donc là, une question qui va faire débat sans doute fortement cette semaine.
Y compris tout au long de la vie.
Tout au long de la vie, vous avez raison. Merci d'avoir été notre invitée ce matin. Voilà, c'était V. Pécresse.
Source : Premier ministre, Service d'Information du gouvernement, le 14 septembre 2009
Bonjour.
On vous reçoit à deux titres : ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, c'est la rentrée universitaire ; et puis, évidemment, candidate aux régionales en Ile-de-France. Vous avez lancé votre en campagne en fanfare hier. Un mot d'abord des tests ADN. Certains sont assez surpris d'entendre votre collègue du Gouvernement, E. Besson, dire qu'il ne signera pas les décrets d'application d'une loi qui a été votée par le Parlement. Est-ce qu'un ministre peut bloquer une loi votée par le Parlement ?
Je crois que le souci d'E. Besson, comme celui d'ailleurs du Parlement et du Gouvernement, c'est de donner toutes les garanties pour que ces tests...
... mais elle est votée cette loi par le Parlement.
Oui, mais c'est une loi qui est assez complexe, qui présente plusieurs aspects. Il faut que les tests ADN puissent être utiles pour la personne qui souhaite obtenir un visa, c'est-à-dire qu'en réalité ces tests ADN remplacent par exemple des pièces d'état civil manquantes, qui ont été détruites, et permettent de prouver l'identité de l'enfant par rapport à ses parents, et en même temps, vous savez que nous avons une législation bioéthique qui est extrêmement stricte, qui interdit de rechercher la paternité d'un homme...
...pardon, mais on s'en aperçoit deux ans après, V. Pécresse ?
Ah non, non ! On le savait en votant la loi.
Donc, on savait qu'on ne pourrait pas l'appliquer au moment où on l'a votée ?
Non, non, non, on savait au moment où on votait la loi qu'il fallait donner toutes les garanties éthiques pour l'utilisation de ces tests. Et donner les garanties éthiques, ça veut dire maintenir la confidentialité des résultats des tests vis-à-vis du père de l'enfant. Ca rend les choses extrêmement compliquées et c'est ce qu'E. Besson a dit.
Donc, on a voté une loi dont on savait qu'elle ne serait pas applicable.
Non, non, on a voté une loi qui s'avère dans le concret très difficile à appliquer et c'est ce qu'E. Besson a dit. Et moi, je crois que ce qui est important c'est de dire que le Gouvernement en matière de libertés publiques prend toutes les garanties.
On entend ça ce matin. On entend aussi certains de vos amis dire qu'il faut une loi sur la burqa, c'est le cas d'E. Besson, c'est le cas de J.-F. Copé aux côtés duquel vous lanciez, hier, votre campagne aux régionales. Est-ce qu'elle serait applicable cette loi-là ? Est-ce qu'on fait une loi pour 370 femmes en France ?
On ne fait pas une loi pour 370 femmes en France, on fait une loi sur les principes de la laïcité dans notre pays. La question de la burqa est une question extrêmement délicate parce que évidemment, moi je vois bien, je mesure bien le risque qu'il y a d'enfermer des femmes chez elles à la maison si elles ne peuvent pas sortir parce qu'elles ne veulent pas sortir autrement que vêtues d'une burqa. Mais en même temps, le port de la burqa me choque comme il choque...
... donc, oui, on doit interdire la burqa dans la rue.
En tout cas, je trouve que c'est une très bonne chose que le Parlement se saisisse de la question, qu'il écoute, qu'il débatte, qu'il rencontre, qu'il persuade aussi ces femmes de retirer leur voile, et de leur dire que ça n'est pas... c'est contraire à l'esprit de la République, aujourd'hui on ne met pas des femmes intégralement voilées...
Donc, on discute d'abord et si on n'arrive pas à discuter on vote.
Moi, je crois qu'il faut qu'on débatte, il faut qu'on dialogue, et ensuite évidemment le Parlement votera.
Vous êtes en lice, c'est parti pour les régionales. Vous avez gagné les primaires UMP face à R. Karoutchi. Hier, vous aviez deux bonnes fées de chaque côté : X. Bertrand et J.-F. Copé. Ils ne se rencontrent pas si souvent que ça ! Ca veut dire que vous désobéissez au Président, il a dit : « attendez, pas trop vite, les Français ne veulent pas entendre les régionales en ce moment » ?
La campagne régionale elle a commencé avec un temps de démocratie. Moi, je voudrais y revenir parce que ce n'est pas si fréquent. Vous savez qu'à l'UMP on a eu un temps de primaires internes l'année dernière, et des primaires loyales, des primaires sincères, des primaires qui se sont très bien passées et qui nous permettent aujourd'hui avec R. Karoutchi de nous rassembler en tandem. Je le dis parce que je vois qu'il y a quand même quelques partis, et notamment à gauche, qui ont un petit peu du mal avec la démocratie interne, qui ont un petit peu...
... « Les primaires ont la scoumoune » dit F. Bayrou, « c'est une idée qui a la scoumoune ».
Absolument pas ! Vous savez, pour faire des bonnes primaires il a une solution très simple : le vote électronique. Le vote électronique avec un contrôle absolu de la distribution des codes, il faut que le code soit donné par courrier, il y a des garanties à prendre, mais j'ai été juge de l'élection pendant huit ans, je peux vous dire qu'effectivement il faut accompagner ce scrutin des primaires de garanties extrêmement fortes pour qu'il soit régulier. C'est ce qu'a fait l'UMP...
... sinon la tentation du bourrage d'urnes est trop forte, voilà ce que vous dites en substance.
Je dis que avoir un scrutin sincère c'est la condition pour après se retrouver rassemblés, c'est la condition pour ne pas se retrouver divisés comme aujourd'hui M. Aubry et S. Royal qui donnent une image absolument désastreuse de ce que c'est un parti politique.
On va y revenir tout à l'heure.
Et je pense que les militants socialistes doivent être très désolés et je pense que les militants UMP ont tout pour être satisfaits de la façon dont X. Bertrand a géré les primaires à l'UMP.
Vous avez gagné les primaires, vous avez lancé la campagne, le Président avait dit « on attend, on ne lance pas tout de suite, les Français ne veulent pas en entendre parler », je vous repose la question. Ca veut dire qu'il vous a donné le feu vert, vous pouvez y aller, vous, parce que Paris, la région capitale, c'est la région à prendre à tout prix ?
Pas du tout ! On a eu un temps de démocratie. Aujourd'hui, on est dans le temps des idées, le temps du projet. Le temps de la campagne proprement dit, c'est-à-dire le temps de la confrontation équipe contre équipe, projet contre projet, ça viendra évidemment en 2010, mais d'ici là nous allons débattre, nous allons nous ouvrir à toutes les idées. Hier, N. Notat, R. Castro, S. Veil, sont venus parler, P. Lozès. On s'est ouvert sur des gens qui ne pensaient pas comme nous, sur des idées qui venaient de la gauche, sur les plus grands architectes, M. Karmitz.
Clairement, vous avez dit : nous on peut gouverner avec les Verts demain », c'est ça ?
Non, j'ai dit nous allons faire un projet qui sera un projet très écologique, mais un projet écologique positif, c'est-à-dire de croissance verte. La croissance verte c'est ce que je porte en tant que ministre de la recherche, c'est ce que porte J.-L. Borloo...
... on repeint tout en vert en ce moment !
Non, ce n'est pas ça ! C'est que la crise nous amène à nous poser beaucoup de questions à la fois sur nos modes de consommation, à la fois sur nos leviers économiques, et à la fois sur les innovations qui demain vont nous mettre en tête. Et puis ça nous pose aussi la question de la préservation de la planète d'une manière générale. On se pose aujourd'hui des questions et quand on se les pose, eh bien on apporte des réponses.
J.-P. Huchon c'est l'homme à abattre ?
Absolument pas ! Moi, je ne fais pas de cette campagne une affaire personnelle. Je fais de cette campagne un vrai débat politique. Aujourd'hui, il y a un projet qui est une vision unique, qui s'appelle le Grand Paris. Le Grand Paris c'est quoi ? C'est une vision qu'a lancée président de la République, c'est un projet qui désormais nous appartient, nous, Franciliens, et que nous devons enrichir. Le Grand Paris c'est effacer la barrière du périphérique, c'est...
... mais, J.-P. Huchon peut l'enrichir de la même manière, à sa place.
Mais écoutez, pour l'instant, il le combat et il estime que ce Grand Paris n'est pas ce qu'il souhaite pour l'Ile-de-France. Il ne veut pas d'intervention de l'Etat, mais ce qu'il faut dire, et cela sans aucun esprit politicien, c'est que si l'Etat intervient aujourd'hui dans la région capitale, c'est tout simplement pour porter une vision qui n'a jusqu'à présent pas été portée, c'est pour apporter des moyens qui jusqu'à présent n'ont pas été donnés, et c'est surtout pour qu'on décide vite. En Ile-de-France, quand on veut prolonger le barreau de Gonesse de 9 km, ça prend huit ans. Eh bien, peut-être que l'intervention de l'Etat, peut-être qu'une loi qui va simplifier les procédures administratives, qui va booster la décision publique, nous permettra d'aller beaucoup plus vite, et c'est ça que les Franciliens souhaitent. Donc, il ne faut pas polémiquer sur l'intervention de l'Etat en Ile-de-France.
Question à la ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, c'est la rentrée. Moi, j'ai lu un communiqué assez intéressant de l'Unef qui dit que c'est de plus en plus cher, que le prix de la rentrée a augmenté de 2,5 % - de 41 % depuis 2001, dit l'Unef - et que de plus en plus de jeunes renoncent à faire des études parce qu'ils n'en ont plus les moyens. Qu'est-ce qu'on fait face à ça ?
Alors, nous avons pris des mesures de garantie du pouvoir d'achat des jeunes étudiants depuis trois rentrées, qui permettent vraiment de faire croître le pouvoir d'achat des étudiants par rapport aux prix. Nous avons augmenté de 13 % en trois ans les bourses des 100 000 étudiants les plus défavorisés ; de 6,5 % les bourses des autres ; nous avons augmenté le nombre de boursiers de 50 000. Ca nous a coûté au total, ça va nous coûter au total 150 millions d'euros cette réforme des bourses. Et pourquoi nous l'avons fait ? Nous l'avons fait parce que effectivement je crois qu'il faut que nous aidions les jeunes à poursuivre leurs études, je crois qu'il y a une vraie question du pouvoir d'achat étudiant. C'est aussi pour ça que je m'attaque à la question...
L'Unef ne dit pas ça, l'Unef dit : « La ministre fait de l'autosatisfaction, elle fait jouer l'orchestre sur le pont du Titanic ».
Ca, c'est des formules très...
... pas mal trouvées !
Non, c'est des formules faciles, on peut les sortir chaque année. La vérité des chiffres c'est qu'aujourd'hui l'inflation est négative, on est à - 0,7 %, le prix d'un ordinateur baisse de 12 %, les loyers baissent.
Donc, vous dites tout va bien pour cette rentrée.
Non, non ! Je dis pour cette rentrée, le coût de la rentrée est stable, voire plutôt à la baise, alors que les bourses augmentent, alors que nous mettons 50 millions en totalité sur les bourses, et 4,5 millions sur un fonds d'aide d'urgence parce que ce que je sais c'est qu'il y aura des étudiants, et ça c'est vrai, qui seront frappés par la crise en cours d'année, dont les parents peuvent tomber au chômage, dont les parents peuvent avoir des difficultés. Mais ce que l'Unef et les organisations syndicales étudiantes ne nient pas, c'est l'effort et la volonté dont nous avons fait preuve en ouvrant 30 000 nouvelles chambres de logement étudiant en trois ans, et en augmentant de 50 000 le nombre de boursiers.
Ils disent « pas assez », c'est un éternel débat mais on vous fera débattre avec eux sur cette antenne. Le zapping. J.-C. Cambadélis, du Parti socialiste, qui semble en vouloir à S. ROYAL de vouloir déposer plainte après, non pas les primaires mais la désignation du premier secrétaire au PS. (Extrait interview J.-C. Cambadélis - Canal+). Autrement dit "on a triché des deux côtés, enterrons la hache de guerre". Vous avez un conseil à donner aux socialistes ce matin ?
Ecoutez, vraiment, il y a un contraste frappant entre, je vous dis, les primaires que nous avons vécues pour désigner nos chefs de file...
Grâce au vote électronique, vous l'avez dit. Donc, le conseil c'est : choisissez le vote électronique pour les primaires à gauche ou les primaires socialistes demain.
Oui, le vote électronique mais avec aussi des garanties parce que le vote électronique, si on a envie de tricher et qu'on se donne pas les moyens d'avoir des vraies garanties sur la sincérité du vote électronique, ça peut aussi se retourner. Mais je crois qu'effectivement un vote électronique anonyme et avec des codes envoyés par courrier, qui ne sont pas communiqués aux fédérations d'un parti, ça peut être une piste qu'on peut leur suggérer, parce que nous à l'UMP on fait des primaires et qui sont pas contestées.
Sinon la tentation est trop forte, voilà ce qu'on entend dans votre bouche. C. Guéant pour terminer, qui est le plus proche collaborateur de N. Sarkozy, était sur RTL ce matin et il revient sur les suicides en série à France Télécom. (Extrait interview C. Guéant - RTL). Vingt-trois suicides en un an et demi chez France Télécom ça interpelle quand même !
Ce qu'a dit C. Guéant, je ne peux que le reprendre. La question du suicide est une question qui est tellement éminemment personnelle qu'on ne peut pas forcément en parler. Cela dit, derrière, la question plus générale qui se pose, c'est celle de la question du stress au travail.
Du management par le stress, management par la terreur, disent même les syndicats de France Télécom.
Oui, mais ça c'est eux qui le disent. Non mais la question du stress au travail, la question des conditions de travail et de leur amélioration c'est une vraie question et en tant que ministre de l'Enseignement supérieur, et avec X. Bertrand à l'époque où il était ministre du travail, nous avons souhaité mettre en place dans le cadre des formations des étudiants une formation de gestion des ressources humaines, une formation aux relations du travail, de façon à ce que cette question du stress au travail, des conditions de travail, du bien vivre au travail, fasse partie du cursus de formation.
Alors, donc là, une question qui va faire débat sans doute fortement cette semaine.
Y compris tout au long de la vie.
Tout au long de la vie, vous avez raison. Merci d'avoir été notre invitée ce matin. Voilà, c'était V. Pécresse.
Source : Premier ministre, Service d'Information du gouvernement, le 14 septembre 2009