Texte intégral
Merci pour votre accueil. Je souhaiterais développer trois points.
Il s'agit d'un excellent travail réalisé par les équipes des ministres en charge de l'Environnement et du Climat. Mais les problèmes climatiques et environnementaux nous entraînent vers des problèmes politiques, parce que les changements subis par la planète relèvent aussi des domaines politique et humain. Désormais, nous allons essayer de les aider, nous sommes au début du processus et non pas à la fin.
D'où mon deuxième point. La Conférence de Copenhague ne doit pas être considérée comme le terme d'un processus mais davantage comme un début. Et nous voulons ensemble, tous les Etats du monde, contribuer à ce départ à Copenhague et ce, pour des années.
Il faudra, en effet, des années pour convaincre les populations. Laissez-moi attirer votre attention sur la question des pays en voie de développement. Je ne parle pas des pays émergents - ces derniers sont déjà sensibilisés -, mais des pays en voie de développement. Il est difficile pour eux de comprendre que nous, les pays riches, nous puissions leur donner des leçons en leur disant : "ne développez pas votre industrie !", ou "portez une attention particulière à votre industrie !". L'industrie, au sens où on l'entend, n'existe pas dans ces pays. Ils veulent juste pouvoir créer leur industrie. Nous devons donc partager avec eux, non seulement en finançant - parce qu'il est certain que les problèmes financiers existent - mais en devenant des partenaires dans ce nouveau développement. Il ne faut pas stopper le développement, il ne faut pas leur dire que les problèmes liés à l'immigration ou à l'emploi ne nous concernent pas. Au contraire, nous devons établir avec eux un lien de confiance et devenir des partenaires. Les pays les plus riches doivent davantage partager avec les pays les plus pauvres. Mais cela sera difficile à expliquer. Prenons l'exemple de l'immigration. Nous voulons mettre fin immédiatement à l'immigration. Est-ce possible ? Absolument pas. Mais une nouvelle forme d'immigration pour des raisons liées au développement, pour aider leurs familles est envisageable ! Mais tous ces sujets sont difficiles à aborder car ils n'ont pas atteint le même niveau de développement que nous, d'où notre préoccupation. La vie quotidienne constitue avant tout un problème humain.
C'est la raison pour laquelle, nous débutons notre réunion ici à Copenhague et je suis en parfait accord avec ce que Carl Bildt et David Miliband ont dit. J'approuve l'idée, qui est très bonne, de nous retrouver ensemble, de faire le tour du monde pour expliquer, faire connaître la position européenne sur ce sujet. Nous avons l'habitude de voyager à l'étranger mais jamais dans une telle harmonie, jamais sans une telle volonté d'établir la confiance.
Q - La Commission européenne se réunit aujourd'hui pour envisager les moyens à accorder à ce sujet. Le montant évoqué semble très inférieur comparé à ce que sont en mesure d'attendre les pays en voie de développement. Vous venez juste de dire que vous vouliez prendre vos responsabilités et être sur le front. Qu'en pensez-vous ?
R - Honnêtement, ce n'est pas à la Commission d'assumer l'ensemble de ce poids financier. C'est le début d'une prise de conscience. Nous avons besoin d'argent. Nous voulons partager avec les pays en voie de développement, il y a un accord à cet égard. Un montant de 100 milliards a été évoqué.
Nous n'allons pas supporter tout le fardeau. Nous verrons avec la Commission mais il faudra apporter une réponse plus précise en termes de distribution : comment partager les efforts nécessaires ? Qu'est-ce que le marché du CO2 ? C'est un système où l'argent provient de l'industrie.
Q - Monsieur Kouchner, j'espère que vous m'autoriserez à poser une question qui ne porte pas sur le changement climatique, mais sur le débat en Allemagne sur l'Afghanistan. Vous avez été le premier à critiquer les conséquences de la frappe de l'OTAN ?
R - Oui, mais ce n'est pas exactement le sujet. Je n'ai pas critiqué. J'ai dit que nous devions enquêter. C'est le début de l'enquête sur cette frappe aérienne. Ce n'est pas la première fois qu'une frappe aérienne est critiquée à cause de ses effets collatéraux. Il s'agit d'un nouvel incident et nous devons connaître le nombre de pertes subies par la population civile. Rien n'a été critiqué, nous sommes ensemble : les Français, les Britanniques, les Allemands ainsi que tous ceux qui combattent en Afghanistan pour atteindre les mêmes objectifs. Il ne faut pas critiquer mais, bien sûr, il est contre-productif de bombarder la population civile. Cela a provoqué des réactions légitimes. Je n'ai pas critiqué les Allemands, je n'ai pas prononcé le mot "Allemagne" ou "Allemand".
Q - Comment expliquez-vous que la chancelière allemande soit contrariée?
R - Parce qu'ils sont en campagne électorale et, bien sûr, ils expriment leur opinion à cette occasion. Je n'ai émis aucune critique.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 septembre 2009