Déclaration de M. Hubert Falco, secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants, sur les actions en faveur des anciens combattants, à Montpellier le 24 septembre 2009.

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Circonstance : 75éme congrès de la Fédération nationale André Maginot, à Montpellier (Hérault) du 23 au 25 septembre 2009

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi un grand plaisir de me retrouver aujourd'hui parmi vous à l'occasion de votre 75e Congrès.
Je voudrais remercier votre président, Maurice GAMBERT, de m'avoir invité à m'exprimer aujourd'hui devant vous.
Je voudrais saluer l'ensemble des responsables nationaux de la Fédération Maginot, les présidents d'associations, les autorités civiles et militaires qui voudront bien me pardonner de ne pas toutes les citer.
Vous me permettrez de saluer Madame le Maire de Montpellier, Hélène MANDROUX, Raymond COUDERC, sénateur-maire de Béziers, Jacques DOMERGUE, député de l'Hérault, le préfet Rémy ENFRUN, directeur général de l'Office national des Anciens combattants et victimes de guerre et Christian PIOTRE, secrétaire général pour l'Administration.
C'est un plaisir de me retrouver avec vous aujourd'hui.
C'est aussi un honneur que je mesure pleinement : votre fédération porte le nom du plus illustre de mes prédécesseurs.
André MAGINOT, son nom est entré depuis longtemps dans l'histoire comme dans la mémoire collective des Français.
Il fut le premier, en 1920, à être en charge du ministère qui ne s'appelait pas encore le ministère des Anciens combattants, mais celui des Pensions. Il créa la carte du Combattant, il fit voter la loi ouvrant droit à réparation et instaura la gratuité des soins pour les mutilés.
Lui qui s'était engagé en 1914 comme simple soldat (alors qu'il occupait déjà de hautes responsabilités au gouvernement), lui qui avait voulu monter au front avec ses camarades, lui qui avait été grièvement blessé, il consacra toute son énergie à défendre les intérêts des anciens combattants et à faire de son administration une administration pleinement humaine.
Les temps ont changé, évidemment. Les années ont passé. Mais les objectifs restent les mêmes que ceux fixés par André MAGINOT : défendre les intérêts des anciens combattants et rechercher toujours plus d'humanité dans la façon dont ils sont reconnus, accueillis et accompagnés.
C'est une tâche d'autant plus importante que c'est la reconnaissance de la nation envers ceux qui l'ont servie qui est ici en jeu. C'est la mission principale du ministère des Anciens combattants.
Certains se posent une question légitime : quel est l'avenir de ce ministère ? Le dernier vétéran de la Grande Guerre a disparu l'an dernier. Ceux qui ont combattu au cours de la Seconde Guerre mondiale sont, chaque année, malheureusement moins nombreux. Est-ce que le temps ne va pas emporter avec lui ce ministère ?
Je ne le crois pas. Les générations du feu se succèdent les unes aux autres et l'esprit du combattant se transmet.
C'est le rôle du ministère, comme celui des associations : passer le témoin d'une génération à l'autre.
Anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, d'Indochine et d'Algérie sont liés, par un pacte indéfectible, à nos hommes qui servent aujourd'hui le pays en opérations extérieures.
Et je sais, Monsieur le Président, cher Maurice GAMBERT, combien la Fédération Maginot sait se montrer solidaire lorsque nos soldats sont blessés et tués en Afghanistan.
Tant que la France sera la France, c'est-à-dire qu'elle aura une armée, qu'elle s'engagera sur des théâtres extérieurs pour défendre la paix et tenir ses engagements internationaux, alors le ministère des Anciens combattants restera légitime.
Ce ministère, c'est aussi celui de la mémoire. Il y a soixante-dix ans, en septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale se déclenchait : jusqu'en 2015 nous allons célébrer le soixante-dixième anniversaire du conflit.
Nous allons honorer la mémoire des combattants, des résistants et des victimes de cette guerre. Et ce que je vous propose, ce que je propose à l'ensemble des associations, c'est de nous mettre ensemble pour réfléchir à la façon dont, aujourd'hui, nous pouvons commémorer les grandes dates de notre histoire et transmettre la mémoire des combattants, leurs valeurs, aux jeunes générations. Car un pays sans mémoire, un pays sans histoire, un pays sans valeurs, ce n'est pas un pays.
Il est nécessaire que nous nous retrouvions autour de nos monuments, pour rendre hommage à nos morts. Les cérémonies patriotiques sont des moments importants et je tiens à saluer les associations, tout particulièrement les porte-drapeaux, qui sont d'une fidélité qui force le respect.
Mais j'entends les présidents d'associations qui me disent : « Chaque année, il y a de moins en moins de monde... » Alors, nous devons nous poser une question : comment faire pour toucher un plus grand nombre de nos compatriotes et transmettre la mémoire combattante ?
C'est une vraie question. Et la Fédération Maginot a de vraies réponses. Vous menez, depuis des années déjà, des actions exemplaires : en 2007, ce sont 15 000 jeunes qui ont pu, grâce à vous, se rendre sur de hauts lieux de notre histoire nationale : ce sont de telles actions qu'il nous appartient de développer, de soutenir voire de généraliser.
Partout en France, dans tous nos territoires, dans toutes nos régions, nous avons à travailler pour valoriser les lieux de mémoire. Et pourquoi ne pas réfléchir ensemble à ce que l'on pourrait appeler le « tourisme mémoriel » ?
Ce chantier de la mémoire est un grand chantier. Et c'est collectivement que nous pourrons le conduire.
Autre grand chantier actuel, c'est la réforme de l'Office national des Anciens combattants et victimes de guerre. Là encore, nous n'avons qu'un seul objectif : améliorer la qualité du service rendu aux anciens combattants.
Et je suis convaincu d'une chose : cette réforme, elle réussira si nous la menons ensemble, dans un esprit de concertation et de partenariat. Pourquoi ? Parce que ce sont les anciens combattants et leurs associations qui sont, sur le terrain, les mieux placés pour dire comment l'on peut améliorer les services rendus...
Dès l'année 2010, les choses vont se concrétiser : les missions de la DSPRS seront transférées en partie vers l'ONAC et ses services départementaux, qui n'auront jamais autant mérité leur nom de « Maisons du Combattant ».
Troisième grand chantier, c'est celui de la carte du combattant en OPEX et de ses critères d'attribution.
L'actualité récente nous oblige à agir. En Afghanistan, des soldats français ont été tués au cours des dernières semaines et des derniers mois. Un certain nombre d'entre eux ont été blessés très grièvement. Cette situation nous rappelle, de façon douloureuse, l'esprit de sacrifice de nos militaires.
C'est la raison pour laquelle j'ai décidé d'adapter les critères d'octroi de la carte du combattant, afin que nos soldats engagés en opérations extérieures puissent en bénéficier. C'est, à mes yeux, une priorité. Car là encore le mot « reconnaissance » n'est pas un vain mot en France. J'entends faire évoluer les critères d'attribution d'ici la fin de l'année.
Le quatrième chantier que je souhaite évoquer devant vous cet après-midi, c'est celui de la retraite du combattant. Là encore, c'est une question de reconnaissance. C'est une question de parole donnée.
Le président de la République s'était engagé à porter la retraite du combattant à 48 points d'ici 2012. C'est l'une de nos priorités budgétaires : au 1er juillet 2010, elle augmentera de deux points, passant de 41 à 43. Cette première mesure sera inscrite au projet de loi de finances initiale. Et j'ai demandé aux services du Ministère de travailler, d'ores et déjà, aux prochaines étapes de cette revalorisation, afin qu'en 2012 nous soyons au rendez-vous des 48 points.
Je ne voudrais pas terminer, Monsieur le Président, sans évoquer deux autres sujets que vous avez mentionnés dans votre discours.
Le premier concerne les soins et l'appareillage. Nous devons constamment témoigner à nos invalides le respect et la solidarité de la Nation, en veillant à leur prise en charge la plus satisfaisante possible. J'ai particulièrement pu constater, en visitant l'INI hier matin, à quel point cet établissement est un pôle de modernité et d'excellence au service de ceux qui ont sacrifié à la patrie leur intégrité physique.
Le deuxième thème concerne les victimes civiles et militaires des essais nucléaires. Le Gouvernement a décidé de mettre en oeuvre une procédure accélérée d'adoption du projet de loi qui permettra d'assurer la réparation intégrale des préjudices subis. Votre demande est donc entendue.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Nous avons du travail devant nous. Et ce « nous », ce n'est pas un « nous » de majesté ni de politesse. C'est bel et bien un « nous » collectif. Car je suis convaincu d'une chose : c'est en travaillant ensemble, dans un esprit d'équipe et de partenariat, que nous pourrons avancer.
C'est vrai pour la transmission de la mémoire combattante, pour la réforme de l'Office national, pour l'évolution des critères d'obtention de la carte, comme pour la revalorisation de la retraite.
Et les chantiers que nous menons aujourd'hui, nous allons les réussir. Parce que je sais que je peux compter sur la Fédération Maginot, sur l'ensemble de ses représentants nationaux et de ses adhérents.
Ensemble, nous sommes au service de l'esprit de défense.
Ensemble, nous servons le monde combattant.

source http://www.defense.gouv.fr, le 29 septembre 2009