Texte intégral
AFGHANISTAN
ENTRETIEN DU PREMIER MINISTRE, M. LIONEL JOSPIN,
AVEC L'HEBDOMADAIRE "ELLE"
(Paris, 30 avril 2001)
Q - Que pensez-vous du fait que l'Occident s'émeuve plus du sort réservé aux statues qu'à celui des femmes afghanes ?
R - Je pense que les souffrances des hommes et des femmes, qu'elles soient infligées par la guerre, par la torture ou par la discrimination, ou par toutes les formes d'injustice et de mépris de la personne humaine, méritent de susciter notre indignation. La condition scandaleuse faite aux femmes par le régime des Taleban est malheureusement bien connue, et régulièrement dénoncée.
Fallait-il pour autant laisser passer sans réagir la destruction d'un héritage artistique dont certaines pièces sont inscrites au patrimoine mondial de l'humanité ? Bien sûr que non. Mais la question des femmes afghanes est une injustice permanente, une préoccupation qu'il y a lieu de rappeler à chaque occasion, qu'il faut intégrer dans toutes les formes de relations que nous avons avec ce pays, avec ce peuple.
Q - De quels moyens de pression la France dispose-t-elle ?
R - Le gouvernement français a participé activement à l'élaboration des résolutions des Nations unies sur l'Afghanistan. Celles-ci exigent que les factions afghanes (les Taleban ne représentent pas le pouvoir légitime) mettent un terme à la discrimination dont les femmes font l'objet. L'Union européenne est également très impliquée. Il a été dit clairement aux représentants des Taleban que la France, comme l'ensemble de la communauté internationale, ne se contentait pas de vagues engagements pour l'avenir, mais attendait des résultats concrets rapides. C'est une condition essentielle à leur réintégration dans la communauté internationale. En même temps, nous ne pouvons pas abandonner le peuple afghan : il faut assurer la sécurité et la liberté de circulation des ONG humanitaires qui, en grande partie à l'initiative de la France, sont pour la plupart revenues dans le pays, depuis 1999, pour poursuivre leur action.
Mais tant que la paix ne sera pas revenue dans le pays, les femmes afghanes resteront à la merci d'un pouvoir qui s'est imposé par la force et maintenu par le contrôle social. Une véritable solution politique permettra seule que les chefs de guerre se tournent vers les défis de la paix, et que la voix des femmes soit enfin écoutée./.
(Source http://www.doc.diplomatie.fr, le 3 mai 2001)
ENTRETIEN DU PREMIER MINISTRE, M. LIONEL JOSPIN,
AVEC L'HEBDOMADAIRE "ELLE"
(Paris, 30 avril 2001)
Q - Que pensez-vous du fait que l'Occident s'émeuve plus du sort réservé aux statues qu'à celui des femmes afghanes ?
R - Je pense que les souffrances des hommes et des femmes, qu'elles soient infligées par la guerre, par la torture ou par la discrimination, ou par toutes les formes d'injustice et de mépris de la personne humaine, méritent de susciter notre indignation. La condition scandaleuse faite aux femmes par le régime des Taleban est malheureusement bien connue, et régulièrement dénoncée.
Fallait-il pour autant laisser passer sans réagir la destruction d'un héritage artistique dont certaines pièces sont inscrites au patrimoine mondial de l'humanité ? Bien sûr que non. Mais la question des femmes afghanes est une injustice permanente, une préoccupation qu'il y a lieu de rappeler à chaque occasion, qu'il faut intégrer dans toutes les formes de relations que nous avons avec ce pays, avec ce peuple.
Q - De quels moyens de pression la France dispose-t-elle ?
R - Le gouvernement français a participé activement à l'élaboration des résolutions des Nations unies sur l'Afghanistan. Celles-ci exigent que les factions afghanes (les Taleban ne représentent pas le pouvoir légitime) mettent un terme à la discrimination dont les femmes font l'objet. L'Union européenne est également très impliquée. Il a été dit clairement aux représentants des Taleban que la France, comme l'ensemble de la communauté internationale, ne se contentait pas de vagues engagements pour l'avenir, mais attendait des résultats concrets rapides. C'est une condition essentielle à leur réintégration dans la communauté internationale. En même temps, nous ne pouvons pas abandonner le peuple afghan : il faut assurer la sécurité et la liberté de circulation des ONG humanitaires qui, en grande partie à l'initiative de la France, sont pour la plupart revenues dans le pays, depuis 1999, pour poursuivre leur action.
Mais tant que la paix ne sera pas revenue dans le pays, les femmes afghanes resteront à la merci d'un pouvoir qui s'est imposé par la force et maintenu par le contrôle social. Une véritable solution politique permettra seule que les chefs de guerre se tournent vers les défis de la paix, et que la voix des femmes soit enfin écoutée./.
(Source http://www.doc.diplomatie.fr, le 3 mai 2001)