Interview de Mme Nora Berra, secrétaire d'Etat aux aînés, à RFI le 9 septembre 2009, sur la prévention et le point sur le risque d'épidémie de grippe AH1N1, notamment pour les personnes âgées.

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Média : Radio France Internationale

Texte intégral

 
 
 
 
F. Rivière.- Bonjour N. Berra.
 
Bonjour.
 
Vous avez réuni hier les principales associations et fédérations qui travaillent au service des personnes âgées, ça n'était pas la première rencontre, depuis que vous avez pris vos fonctions, ni la dernière, puisque vous avez l'intention d'instaurer un dialogue régulier avec vos interlocuteurs, mais la rencontre d'hier était notamment l'occasion de faire le point sur le risque d'épidémie de grippe A. Qu'est-ce qui est prévu pour les personnes âgées, est-ce qu'il y a un dispositif spécifique ?
 
Il y a en effet un dispositif... Je voudrais juste rappeler qu'en effet, tout le mois de juillet, j'ai rencontré la majorité des Fédérations...
 
Mais, on va y revenir. On va y revenir à ce dialogue.
 
Alors, concernant la grippe A, en effet, le 29 juillet j'ai envoyé une note aux établissements pour qu'ils préparent un plan de continuité des activités, car il n'est pas question que les établissements ferment leurs portes, les personnes sont résidentes, et donc elles ont vocation à y rester. Donc, la prise en charge doit être maintenue, c'est pourquoi cette organisation de l'activité est nécessaire. Et puis, le 1er septembre dernier, j'ai envoyé une autre note d'instruction, pour mettre en oeuvre, organiser les moyens de prévention à l'intérieur des établissements.
 
Est-ce qu'il est prévu que les aînés, comme l'on dit, soient prioritaires dans le plan de vaccination ?
 
Il ne s'agira pas d'une question d'âge. Tout d'abord, la décision sera prise par R. Bachelot, nous sommes en concertation, bien sûr, en interministériel, avec la Santé. Nous attendons l'arbitrage du Haut conseil à la santé publique ; ce qui ressortira c'est que ce sera les personnes fragiles qui seront vaccinées. Bien entendu, parmi nos aînés, nous aurons des personnes qui présentent des maladies chroniques, et qui rendent nos aînés vulnérables et qui pourraient leur permettre d'être candidat à la vaccination, bien entendu.
 
On l'a évoqué, vous souhaitez donc organiser un débat national, un dialogue très régulier avec l'ensemble des acteurs concernés par les questions liées aux personnes âgées. Quel sera l'objectif de ce débat, et finalement à quoi espérez-vous parvenir ?
 
Ecoutez, ça part d'un constat, tout d'abord, un constat selon lequel les personnes âgées ont toujours été considérées comme en marge de la société ; la vieillesse a toujours été, un petit peu, synonyme de difficultés, perte d'autonomie, et il est temps de changer ce regard sur nos aînés. D'où l'intérêt de se poser véritablement la question de leur place dans la société. C'est pourquoi j'engage une véritable concertation à travers le territoire, pour essayer de repenser à la place de nos aînés, dans la commune, en manière d'urbanisme, comment prévoir les logements, parce qu'il est vrai que les personnes âgées préfèrent rester à domicile que d'être institutionnalisées, comment promouvoir le lien entre les générations. Bien entendu, nous aborderons également la question de la dépendance.
 
Vous avez lancé à la mi-juillet un label que vous avez appelé : « Bien vieillir, vivre ensemble »
 
Oui.
 
C'est ça, c'est cet état d'esprit, et là il s'agit notamment d'encourager les municipalités à mieux intégrer les personnes âgées, mieux les prendre en compte dans leur politique locale.
 
Absolument. Les municipalités sont candidates pour déposer un dossier afin d'obtenir ce label, qui vise à organiser d'abord une équipe, qui sera l'auteur d'un projet au niveau de la commune. Il peut s'agir d'améliorer les transports, d'améliorer l'habitat, quel que soit finalement le projet, qui serait en direction de l'accessibilité de la ville, pour nos aînés. Donc c'est un projet... Enfin, tout le dispositif s'étale sur 5 ans, avec une évaluation, la 5ème année, qui permettra d'obtenir en effet ce label.
 
Alors, on a parlé de vos intentions, de vos espoirs, sur un plan assez général. Vous êtes à ce poste depuis quelques mois seulement, c'était le 23 juin, quelles sont vos priorités, de manière plus précise, pour les aînés, quels sont les dossiers qui vous tiennent le plus à coeur - les maisons de retraite, Alzheimer, l'autonomie - quels sont vos dossiers prioritaires ?
 
Eh bien écoutez, c'est un vaste sujet, les aînés, c'est un sujet qui est assez transversal, finalement. Alors, il y a des choses qui sont déjà en cours, nous allons continuer la dynamique de création de places, car en effet la population vieillit beaucoup plus vite que la proportion de jeunes ne croît dans la société. Il faut se préparer, justement, à accueillir ces personnes quand elles souhaitent être institutionnalisées. Donc continuer la dynamique de création de places. Ensuite, évidemment, nous avons le plan Alzheimer, qui est chez le président de la République, avec les 44 mesures que nous allons mettre en place, dont certaines sont en cours d'expérimentation : le projet de bien-traitance, que nous allons encore développer, généraliser, bien entendu....
 
Pour éviter les dérapages auxquels on a pu assister dans certaines maisons de retraite, mauvais traitements, etc.
 
Bien entendu. Mettre l'accent sur la formation, et nous y arrivons, sur le plan des métiers, valoriser ces métiers autour de l'accompagnement des personnes âgées, améliorer la formation continue des personnes qui sont déjà, comment dire, qui sont déjà autour de la personne âgée, qui travaillent dans les EPAD.
 
Qu'est-ce que vous allez faire, concrètement, pour développer, vous en avez parlé, et ça vous tient à coeur, le lien entre les générations ? Parce que c'est vrai qu'il y a encore aujourd'hui en France, beaucoup de solitude et d'isolement chez les personnes âgées.
 
Absolument. Il faut absolument lutter contre l'isolement, parce que c'est, comment dire... Laisser nos aînés en marge de la société, finalement, accélère leur perte d'autonomie. Et c'est pourquoi valoriser toutes les initiatives, qu'elles soient associatives, au niveau des collectivités territoriales, il y a une véritable, comment dire, un véritable levier à actionner pour valoriser, donc, ces initiatives, et faire que ces expériences s'échangent à travers le territoire.
 
Est-ce que vous aurez ou est-ce que vous avez déjà des garanties sur cette question, les moyens financiers de vos ambitions ?
 
Alors, notre budget dans le médico-social, vous le savez, repose sur le budget de l'assurance maladie. Ce sont en tout 6,5 milliards d'euros qui est notre part de l'assurance maladie, plus un milliard qui nous provient, donc, de la journée de solidarité. Donc, en tout, nous avons 7,5 milliards de budget.
 
Donc, vous avez bon espoir de pouvoir conduire jusqu'à leur terme, l'essentiel de vos projets ?
 
Eh bien nous avons bon espoir, en tout cas, oui, de mener à bien notre mission.
 
Merci N. Berra. Merci.
 Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 10 septembre 2009