Texte intégral
J.-M. Aphatie Bonjour, B. Le Maire.
Bonjour, J.-M. Aphatie.
La grève du lait se poursuit. Elle se durcit même. Avez-vous les moyens de l'arrêter ?
Les moyens, nous verrons ; la détermination, certainement ; parce que cette grève du lait est, je crois, choquante pour tous les citoyens européens. C'est une vraie interpellation.
Choquante ?
Elle est choquante, parce que nous voyons des producteurs de lait désespérés, et il faut leur apporter une solution, je me bats tous les jours pour apporter une solution. Elle est choquante à un échelon plus politique parce que dans un continent qui a 500 millions d'habitants, 33 millions de citoyens qui sont mal nourris, voir que le lait est jeté dans les champs ou ailleurs, ça a quelque chose de choquant. Donc, il est urgent de trouver une solution. J'y travaille chaque jour ; je verrai dans quelques instants les producteurs de lait.
A 8h15, au ministère.
Je recevrai, demain, les syndicats représentatifs agricoles. Je recevrai, lundi, les banques. J'irai, lundi, en Pologne pour convaincre nos amis polonais de nous rejoindre sur la voie d'une régulation européenne. J'y travaille chaque jour avec beaucoup de détermination.
La demande des producteurs est simple : aujourd'hui, on leur paie le litre de lait entre 18 et 24 centimes, et ils disent : on le produit à 40 centimes. Donc, il faut augmenter le prix du litre. C'est simple, ça.
C'est simple. Il faut arriver à stabiliser le prix du lait pour stabiliser le revenu des agriculteurs et des producteurs de lait. Moi je ne connais aucune activité économique dans laquelle un jeune ménage, un jeune salarié peut vivre sans savoir ce qu'il va toucher à la fin du mois ou dans les six mois à venir. Vous avez des jeunes producteurs de lait qui ont investi, il y a quelques mois, 110.000, 120.000, 130.000 euros pour mettre leur installation aux normes ou pour acheter des robots de traite. Ils se retrouvent avec des dettes à payer de l'ordre de 800 à 1.000 euros, chaque mois. Ils ont des revenus de 750 à 800 euros. Ils ne s'en sortent pas.
C'est la faute à qui si le prix du lait est aussi bas ? C'est la faute à qui ? Aux distributeurs ?
C'est la faute à un marché international qui n'est pas régulé. On a fait un choix dont il faut reconnaître qu'il est mauvais, il y a quelques années, qui est le choix de la dérégulation. Nous avons fait ce choix-là, il faut le renverser. Il faut remettre en place une régulation européenne du marché du lait qui stabilise le revenu des agriculteurs. C'est ça, la priorité à moyen terme.
Cette grève peut avoir des conséquences pour les consommateurs ? On peut manquer de produits laitiers dans les magasins dans les jours qui viennent, B. Le Maire ?
Pour l'instant, ce n'est pas le cas. Les premières évaluations que nous donnent les Industriels, c'est que la baisse d'approvisionnement en lait est de l'ordre de 10% sur le territoire national, j'aurai plus de précisions, la semaine prochaine. Il n'y a, pour le moment, pas de problèmes d'approvisionnement des Industriels.
Le président de la République a reçu les députés de l'UMP, mardi. Et il a eu une phrase qui inquiète les dirigeants de la FNSEA. Je cite le président de la République, ce sont des propos rapportés par plusieurs députés : "Avant, a dit N. Sarkozy, on faisait un chèque à la FNSEA quand il y avait un problème. La FNSEA distribuait ce chèque aux agriculteurs. Et au final, on se faisait retoquer par l'Europe, c'est fini". Vous êtes fâché avec la FNSEA maintenant, B. Le Maire, à cause du Président ?
Non, le président de la République a dit quelque chose de très juste : c'est que pendant des années, on s'est assis sur les règles européennes. L'Europe nous interdit de distribuer des aides d'Etat à partir d'un certain montant, directement, aux filières, aux producteurs. Or, nous l'avons fait pendant des années. Et nous savions que c'était interdit par les règles européennes, et nous savions qu'il faudrait rembourser un jour. Eh bien moi, le 29 juillet, lorsque j'ai dit à la Commission européenne que j'acceptais d'engager une procédure d'examen sur les aides qui avaient été données à la filière Fruits et Légumes, j'ai voulu dire très clairement : c'est fini de s'asseoir sur les règles européennes. Les règles européennes, soit on les respecte, soit si on n'est pas d'accord, on les change.
Il ne vous a pas échappé que les dirigeants de la FNSEA étaient choqués par la phrase du Président !
Les dirigeants de la FNSEA, je suis en contact très régulier avec eux. La seule chose qui nous préoccupe aujourd'hui ensemble, c'est de trouver une solution à cette crise.
La solution : rapide, vous croyez ?
La solution, c'est d'abord...
Mais elle va être rapide ?
... Des aides immédiates : ça, c'est rapide. Je vais vous dire, si je convoque les banques et les assurances, lundi, c'est pour apporter des réponses très concrètes, notamment sur les intérêts d'emprunt, de façon à alléger la trésorerie des producteurs de lait, ça c'est ce qui les angoisse le plus aujourd'hui. Ensuite, la régulation européenne des marchés. Nous avons pris l'initiative avec les Allemands, nous avons été les premiers à mettre un papier sur la table. Très franchement, pour vous parler clairement, on nous a un peu claqués la porte au nez au départ en nous disant : écoutez, ces procédures de régulation, ces propositions franco-allemandes, ça ne nous intéresse pas. Ce que je vois aujourd'hui c'est que les choses changent, que d'autres Etats se rallient : l'Espagne, la République Tchèque, peut-être la Pologne lundi. C'est que la Commission, hier, avec madame Fischer Boel, a été obligée de reconnaître que notre proposition de régulation, notamment l'idée d'avoir des contrats entre producteurs industriels était une bonne idée. Donc on est sur la bonne voie. De vous à moi, je trouve que ça ne va pas assez vite.
C'est dit. Vous avez été, B. Le Maire, l'un des plus proches et des plus fidèles collaborateurs de D. de Villepin ; vous êtes aujourd'hui ministre de N. Sarkozy ; et le procès Clearstream qui débute lundi, les oppose tous les deux. A qui va votre fidélité, ce matin, B. Le Maire ?
J'ai une loyauté totale à l'égard du Président de la République dont je suis le ministre. Ca, je crois que ça ne souffre pas la discussion. Par ailleurs, je le dis très franchement, et avec beaucoup de sincérité, je suis très fier de ce que nous avons fait avec D. de Villepin. Très fier de ce que nous avons fait contre la guerre en Irak lorsqu'il était ministre des Affaires étrangères, très fier de ce que nous avons fait dans la bataille pour l'emploi lorsqu'il était Premier ministre. Je suis un ami de D. de Villepin, le président de la République le sait, ça ne lui a pas empêché de me confier les responsabilités qui sont les miennes aujourd'hui.
Loyauté envers N. Sarkozy et amitié vis-à-vis de D. de Villepin ?
On peut résumer ça comme ça.
Etes-vous certain, Bruno Le Maire, de l'innocence de D. de Villepin ?
Il y a un procès et le procès est là pour faire toute la vérité.
Vous n'en êtes pas certain !
Le procès est là pour faire toute la vérité. Dans ce genre d'affaires, c'est la justice qui décide, c'est la justice qui tranche.
Vous allez suivre ce procès avec attention, j'imagine ?
Mon attention, je vais vous dire -et ce n'est pas de la langue de bois- elle est toute entière tournée vers les producteurs de lait qui n'arrivent plus à vivre aujourd'hui correctement en France.
Vous êtes un amoureux des livres, B. Le Maire ?
Oui.
Vous en avez écrits.
Oui.
Que pensez-vous de la possible élection à la tête de l'Unesco de Farouk Hosni, ancien ministre de la Culture égyptien, qui a dit naguère - naguère, il n'y a pas longtemps - qu'il était prêt à brûler des livres israéliens s'il en trouvait sur le rayonnage des bibliothèques égyptiennes ?
Je crois qu'il est revenu sur ses déclarations. Il a bien fait de revenir dessus parce que ce ne sont pas des déclarations susceptibles de vous porter très loin à l'Unesco.
C'est un peu facile de dire un jour : "Je suis prêt à brûler des livres", et de dire le lendemain, je m'excuse ?
Il a apporté des explications à ce sujet ; et nous verrons ce que décidera l'Unesco. Ca ne vous a pas échappé que comme ministre de l'agriculture, je ne participe pas au choix du directeur de l'Unesco.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, vous avez travaillé un temps au Quai d'Orsay.
Tout à fait.
Ca s'entend ! Je suis même diplomate de carrière.
Eh bien voilà, il vous en reste quelque chose ! Ceci vous a été bien utile pour éviter la question à propos de Farouk Hosni.
Merci J.-M. Aphatie.
B. Le Maire, qui va recevoir les agriculteurs, tout à l'heure, était l'invité de RTL.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 septembre 2009
Bonjour, J.-M. Aphatie.
La grève du lait se poursuit. Elle se durcit même. Avez-vous les moyens de l'arrêter ?
Les moyens, nous verrons ; la détermination, certainement ; parce que cette grève du lait est, je crois, choquante pour tous les citoyens européens. C'est une vraie interpellation.
Choquante ?
Elle est choquante, parce que nous voyons des producteurs de lait désespérés, et il faut leur apporter une solution, je me bats tous les jours pour apporter une solution. Elle est choquante à un échelon plus politique parce que dans un continent qui a 500 millions d'habitants, 33 millions de citoyens qui sont mal nourris, voir que le lait est jeté dans les champs ou ailleurs, ça a quelque chose de choquant. Donc, il est urgent de trouver une solution. J'y travaille chaque jour ; je verrai dans quelques instants les producteurs de lait.
A 8h15, au ministère.
Je recevrai, demain, les syndicats représentatifs agricoles. Je recevrai, lundi, les banques. J'irai, lundi, en Pologne pour convaincre nos amis polonais de nous rejoindre sur la voie d'une régulation européenne. J'y travaille chaque jour avec beaucoup de détermination.
La demande des producteurs est simple : aujourd'hui, on leur paie le litre de lait entre 18 et 24 centimes, et ils disent : on le produit à 40 centimes. Donc, il faut augmenter le prix du litre. C'est simple, ça.
C'est simple. Il faut arriver à stabiliser le prix du lait pour stabiliser le revenu des agriculteurs et des producteurs de lait. Moi je ne connais aucune activité économique dans laquelle un jeune ménage, un jeune salarié peut vivre sans savoir ce qu'il va toucher à la fin du mois ou dans les six mois à venir. Vous avez des jeunes producteurs de lait qui ont investi, il y a quelques mois, 110.000, 120.000, 130.000 euros pour mettre leur installation aux normes ou pour acheter des robots de traite. Ils se retrouvent avec des dettes à payer de l'ordre de 800 à 1.000 euros, chaque mois. Ils ont des revenus de 750 à 800 euros. Ils ne s'en sortent pas.
C'est la faute à qui si le prix du lait est aussi bas ? C'est la faute à qui ? Aux distributeurs ?
C'est la faute à un marché international qui n'est pas régulé. On a fait un choix dont il faut reconnaître qu'il est mauvais, il y a quelques années, qui est le choix de la dérégulation. Nous avons fait ce choix-là, il faut le renverser. Il faut remettre en place une régulation européenne du marché du lait qui stabilise le revenu des agriculteurs. C'est ça, la priorité à moyen terme.
Cette grève peut avoir des conséquences pour les consommateurs ? On peut manquer de produits laitiers dans les magasins dans les jours qui viennent, B. Le Maire ?
Pour l'instant, ce n'est pas le cas. Les premières évaluations que nous donnent les Industriels, c'est que la baisse d'approvisionnement en lait est de l'ordre de 10% sur le territoire national, j'aurai plus de précisions, la semaine prochaine. Il n'y a, pour le moment, pas de problèmes d'approvisionnement des Industriels.
Le président de la République a reçu les députés de l'UMP, mardi. Et il a eu une phrase qui inquiète les dirigeants de la FNSEA. Je cite le président de la République, ce sont des propos rapportés par plusieurs députés : "Avant, a dit N. Sarkozy, on faisait un chèque à la FNSEA quand il y avait un problème. La FNSEA distribuait ce chèque aux agriculteurs. Et au final, on se faisait retoquer par l'Europe, c'est fini". Vous êtes fâché avec la FNSEA maintenant, B. Le Maire, à cause du Président ?
Non, le président de la République a dit quelque chose de très juste : c'est que pendant des années, on s'est assis sur les règles européennes. L'Europe nous interdit de distribuer des aides d'Etat à partir d'un certain montant, directement, aux filières, aux producteurs. Or, nous l'avons fait pendant des années. Et nous savions que c'était interdit par les règles européennes, et nous savions qu'il faudrait rembourser un jour. Eh bien moi, le 29 juillet, lorsque j'ai dit à la Commission européenne que j'acceptais d'engager une procédure d'examen sur les aides qui avaient été données à la filière Fruits et Légumes, j'ai voulu dire très clairement : c'est fini de s'asseoir sur les règles européennes. Les règles européennes, soit on les respecte, soit si on n'est pas d'accord, on les change.
Il ne vous a pas échappé que les dirigeants de la FNSEA étaient choqués par la phrase du Président !
Les dirigeants de la FNSEA, je suis en contact très régulier avec eux. La seule chose qui nous préoccupe aujourd'hui ensemble, c'est de trouver une solution à cette crise.
La solution : rapide, vous croyez ?
La solution, c'est d'abord...
Mais elle va être rapide ?
... Des aides immédiates : ça, c'est rapide. Je vais vous dire, si je convoque les banques et les assurances, lundi, c'est pour apporter des réponses très concrètes, notamment sur les intérêts d'emprunt, de façon à alléger la trésorerie des producteurs de lait, ça c'est ce qui les angoisse le plus aujourd'hui. Ensuite, la régulation européenne des marchés. Nous avons pris l'initiative avec les Allemands, nous avons été les premiers à mettre un papier sur la table. Très franchement, pour vous parler clairement, on nous a un peu claqués la porte au nez au départ en nous disant : écoutez, ces procédures de régulation, ces propositions franco-allemandes, ça ne nous intéresse pas. Ce que je vois aujourd'hui c'est que les choses changent, que d'autres Etats se rallient : l'Espagne, la République Tchèque, peut-être la Pologne lundi. C'est que la Commission, hier, avec madame Fischer Boel, a été obligée de reconnaître que notre proposition de régulation, notamment l'idée d'avoir des contrats entre producteurs industriels était une bonne idée. Donc on est sur la bonne voie. De vous à moi, je trouve que ça ne va pas assez vite.
C'est dit. Vous avez été, B. Le Maire, l'un des plus proches et des plus fidèles collaborateurs de D. de Villepin ; vous êtes aujourd'hui ministre de N. Sarkozy ; et le procès Clearstream qui débute lundi, les oppose tous les deux. A qui va votre fidélité, ce matin, B. Le Maire ?
J'ai une loyauté totale à l'égard du Président de la République dont je suis le ministre. Ca, je crois que ça ne souffre pas la discussion. Par ailleurs, je le dis très franchement, et avec beaucoup de sincérité, je suis très fier de ce que nous avons fait avec D. de Villepin. Très fier de ce que nous avons fait contre la guerre en Irak lorsqu'il était ministre des Affaires étrangères, très fier de ce que nous avons fait dans la bataille pour l'emploi lorsqu'il était Premier ministre. Je suis un ami de D. de Villepin, le président de la République le sait, ça ne lui a pas empêché de me confier les responsabilités qui sont les miennes aujourd'hui.
Loyauté envers N. Sarkozy et amitié vis-à-vis de D. de Villepin ?
On peut résumer ça comme ça.
Etes-vous certain, Bruno Le Maire, de l'innocence de D. de Villepin ?
Il y a un procès et le procès est là pour faire toute la vérité.
Vous n'en êtes pas certain !
Le procès est là pour faire toute la vérité. Dans ce genre d'affaires, c'est la justice qui décide, c'est la justice qui tranche.
Vous allez suivre ce procès avec attention, j'imagine ?
Mon attention, je vais vous dire -et ce n'est pas de la langue de bois- elle est toute entière tournée vers les producteurs de lait qui n'arrivent plus à vivre aujourd'hui correctement en France.
Vous êtes un amoureux des livres, B. Le Maire ?
Oui.
Vous en avez écrits.
Oui.
Que pensez-vous de la possible élection à la tête de l'Unesco de Farouk Hosni, ancien ministre de la Culture égyptien, qui a dit naguère - naguère, il n'y a pas longtemps - qu'il était prêt à brûler des livres israéliens s'il en trouvait sur le rayonnage des bibliothèques égyptiennes ?
Je crois qu'il est revenu sur ses déclarations. Il a bien fait de revenir dessus parce que ce ne sont pas des déclarations susceptibles de vous porter très loin à l'Unesco.
C'est un peu facile de dire un jour : "Je suis prêt à brûler des livres", et de dire le lendemain, je m'excuse ?
Il a apporté des explications à ce sujet ; et nous verrons ce que décidera l'Unesco. Ca ne vous a pas échappé que comme ministre de l'agriculture, je ne participe pas au choix du directeur de l'Unesco.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, vous avez travaillé un temps au Quai d'Orsay.
Tout à fait.
Ca s'entend ! Je suis même diplomate de carrière.
Eh bien voilà, il vous en reste quelque chose ! Ceci vous a été bien utile pour éviter la question à propos de Farouk Hosni.
Merci J.-M. Aphatie.
B. Le Maire, qui va recevoir les agriculteurs, tout à l'heure, était l'invité de RTL.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 septembre 2009