Déclaration de Mme Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat chargée de l'écologie, sur la mise en place de la trame verte et bleue pour assurer la protection de la diversité dans les parcs naturels régionaux, Voiron (Isère) le 2 octobre 2010.

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Circonstance : Congrès des parcs naturels régionaux à Voiron (Isère), le 2 octobre 2009

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
La France est « une » dans son territoire. Elle est « diverse » dans ses paysages.
Ceux-ci font de notre pays une mosaïque multicolore.
C'est une richesse pour la France. C'est un devoir de conservation.
Par leur ancienneté, leur présence au plus près des territoires, par l'engagement de leurs élus, les parcs naturels régionaux sont l'une des pierres angulaires de cette ambition française.
Et à la lecture des thèmes et des problématiques qui ont animé vos Journées nationales, je crois pouvoir dire que vous vous acquittez avec conscience de cette responsabilité.
Ici, je souhaiterais remercier et féliciter votre Président Jean-Louis Joseph pour son investissement, sans cesse renouvelé, au service de la cause environnementale. Et à travers lui, c'est à vous que j'adresse ces félicitations.
Vous me permettrez de saluer plus particulièrement deux parcs : celui de la Chartreuse, un site magnifique qui vous a accueillis durant trois jours et qui nous accueille aujourd'hui ; et je crois savoir que sa Présidente Eliane Giraud et ses équipes n'ont pas ménagé leurs efforts d'organisation.
Je salue ensuite le dernier né des parcs : celui des Pyrénées Ariégeoises ; le 46ème dans l'ordre protocolaire, pourrait-on dire, mais qui se distingue déjà une diversité floristique et faunistique remarquable.
Au plaisir de vous rencontrer, s'ajoute néanmoins un sentiment de gravité.
1. La Biodiversité : une cause nationale
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes confrontés à une crise écologique majeure. Parmi les signaux d'alerte les plus inquiétants, la perte de biodiversité occupe le haut du tableau.
Pour certains scientifiques, nous vivons la sixième extinction.
Autant le dire : nous ne serons pas au rendez-vous de 2010, année internationale de la biodiversité.
Mais faut-il pour autant s'en résigner ? Absolument pas. Nous devons au contraire transformer ce rendez-vous de 2010, année de la biodiversité en une double opportunité :
- Faire le bilan de nos actions en faveur de la biodiversité. Regarder ce qui marche. Regarder ce qui ne marche pas ;
- Porter une dynamique nouvelle pour nos politiques et pour nos territoires.
Car dès lors qu'il s'agit de biodiversité, notre pays doit être irréprochable. Présents sur deux continents et trois océans, nous sommes l'une des Nations les plus riches en biodiversité.
Voilà pourquoi nous avons doublé le budget consacré à la biodiversité depuis 2007. Il augmentera encore de 12 % en 2010.
Voilà pourquoi, le Président de la République a souhaité renforcer la stratégie nationale en faveur de la biodiversité.
Elle est l'un des piliers des Grenelles de l'Environnement et de la Mer -notamment par la mise en place de nouvelles aires protégées terrestres et marines.
Notre objectif est de placer 2 % au moins du territoire terrestre métropolitain sous protection forte d'ici 10 ans. Il oblige à un préalable : un diagnostic du réseau actuel.
Les réflexions en cours doivent donner lieu à la définition de priorités nationales d'ici la fin de cette année.
Sur cette base, l'Etat pourra identifier au niveau régional les projets de création, ce au début de l'année 2010. Naturellement, nous le ferons pas seuls. Nous avons besoin de vous.
La participation de votre fédération à ce chantier prioritaire est une chance unique de valoriser et de partager les actions que vous menez en faveur de la préservation de la biodiversité, notamment celles liées à la connaissance de vos territoires. Saisissez-là !
Deuxième grand axe : Notre stratégie intègre, en outre, la création de trois nouveaux parcs nationaux qui seront dédiés à trois écosystèmes clés de notre patrimoine naturel.
Je sais que ces projets suscitent de l'intérêt voire, parfois, quelques incompréhensions.
Je veux rassurer.
D'une part, ces parcs nationaux seront le fruit d'une démarche concertée où les acteurs locaux.
D'autre part, il n'est pas question de concurrence entre les différents outils de préservation du patrimoine naturel.
La biodiversité mérite mieux. La biodiversité mérite une complémentarité des stratégies. Les parcs nationaux ne sont pas les parcs naturels régionaux. Vous avez notamment une fonction d'expérimentation intéressante. Chacun a sa raison d'être. Et même si je suis ouverte à vos éventuelles propositions d'évolution d'un ou deux parcs, il n'est pas question de considérer que les PNR sont des parcs nationaux dégradés. Cela n'a rien à voir.
La concrétisation de la trame verte et bleue doit nous y aider.
2. Trame verte et bleue : construire ensemble un réseau de corridors biologiques
Vu du ciel, il est frappant de voir comment les espaces agricoles et les cours d'eau constituent autant de fils conducteurs reliant les territoires les uns aux autres.
Ces corridors vont également permettre à des sites remarquables de s'unir entre eux naturellement...
Et mieux encore, ils vont nous offrir l'occasion de bousculer les lignes de nos différentes politiques publiques.
Je souhaite que cette trame verte et bleue puisse constituer l'infrastructure écologique sur laquelle doit s'inventer un aménagement durable du territoire.
Là aussi, je lis et j'entends quelques inquiétudes. Là aussi, je veux rassurer.
Il n'est pas dans notre intention d'imposer un cadre national contraignant, ne laissant aucune marge au niveau local. Et cela que ce soit lors de l'élaboration des schémas régionaux de cohérence écologique ou lors de leur traduction dans les documents d'urbanisme.
Que les choses soient claires : le coeur de vie de la trame verte et bleue bat au niveau local. Il est primordial de laisser aux territoires et à leurs acteurs toute leur marge de négociation et d'innovation.
Et c'est un point indispensable car l'association du plus grand nombre à la démarche sera la clef de la réussite de de la trame verte et bleue.
C'est la logique du Grenelle de l'environnement. C'est la logique du comité opérationnel présidé avec brio par le sénateur Paul RAOULT.
La Fédération des parcs naturels régionaux de France est très active au sein de ce comité opérationnel. Je vous en remercie. Restons pragmatiques.
Et n'hésitez pas à prendre les devants, à anticiper. Si quelques dispositions législatives et réglementaires restent encore à finaliser, cela ne doit pas nous empêcher de commencer à travailler. Certaines régions ont commencé. Tant mieux.
Et c'est un message que j'ai passé aux agents du Ministère de l'Ecologie et du développement durable. Des agents à qui je souhaite, ici, rendre hommage.
Vous l'avez compris, j'attends vraiment que vous soyez les acteurs clés de la trame verte et bleue aujourd'hui comme demain dans leur mise en oeuvre sur le terrain.
Mais toute cette stratégie, Mesdames et Messieurs, ne sera gagnante que si nos concitoyens ont conscience de l'enjeu.
Cette année 2010, année internationale de la biodiversité, doit être l'année de la prise de conscience de nos concitoyens. Ils doivent maintenant demander plus de trame verte et moins de routes.
Je souhaite convaincre tous les niveaux de la société de la nécessité d'inverser réellement la tendance. Il faut toucher les Français ici sur le terrain pour faire de la préservation de la biodiversité une cause nationale et populaire.
Là encore, votre rôle sera déterminant. Mais pour être tout à fait honnête, je n'ai pas beaucoup d'inquiétude sur l'implication des Parcs naturels régionaux dans cette merveilleuse aventure.
3. Les Parcs naturels régionaux : un exemple de gouvernance
Depuis près de 40 ans, les Parcs naturels régionaux apportent une contribution majeure au développement durable. Et d'ailleurs, le Grenelle de l'environnement a conforté votre méthode de travail.
A ce titre, les parcs naturels régionaux sont devenus de véritables laboratoires de gouvernance locale. Ils ont su anticiper les évolutions.
Restons dans cette voie. Vous proposez une nouvelle méthode de concertation pour les antennes relais. C'est ce que nous avons proposé lors de la table ronde. Je suis favorable à ce que un ou deux parcs participent à cette expérimentation.
Je sais que vous vous inquiétez sur les évolutions institutionnelles. Elles ne peuvent pas vous affaiblir, au contraire. Vous participez de la même logique de créer des synergies locales fortes.
Vous vous inquiétez des projets de création de 22 nouveaux parcs. Vous ne serez pas les otages de fluctuations politiques. Avec le CNPN, nous veillerons toujours à l'excellence de vos projets.
Je souhaite vraiment marquer mon attachement aux parcs naturels régionaux et à votre politique partenariale.
L'écologie n'est l'otage d'aucun clivage. La nature n'a pas de couleur politique. Seul compte l'avenir de nos enfants. La logique partenariale est la seule qui compte.
Je suis très attachée à la méthode de Grenelle, une méthode que l'on retrouve dans le groupe de travail dit « tripartite », comprenant, outre ses services, la Fédération des Parcs Naturels Régionaux de France et l'Association des régions de France (ARF).
Cet esprit « tripartite » doit perdurer et s'exprimer à travers des objectifs, réflexions et enjeux communs.
Dans le même esprit, en écho au thème de votre congrès « Les parcs, terres d'innovations », je vais demander à mon collègue Michel Mercier que la démarche d'appel à projet soit renouvelée. Elle a été efficace en 2008 afin de rendre opérationnels les enjeux du Grenelle. Elle pourrait être exceptionnelle pour la Trame verte et bleue et la biodiversité.
Mesdames et Messieurs,
Il n'y a pas de mots d'amour, il n'y a que des preuves. J'espère vous avoir convaincus.
Source http://www.isere.pref.gouv.fr, le 21 octobre 2009