Déclaration de M. Michel Mercier, ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire, sur la valorisation du tourisme à la ferme et sur la mise en place de nouveaux pôles d'excellence rurale, à Grenoble le 5 octobre 2009.

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Circonstance : Ouverture du 3e congrès national "Bienvenue à la ferme", organisé par Assemblée permanente des chambres d'agriculture sur le site Alpexo, à Grenoble le 5 octobre 2009

Texte intégral

Monsieur le Président du Conseil régional de Rhône-Alpes, Jean-Jack QUEYRANNE,
Monsieur le Maire, Michel DESTOT,
Monsieur le vice-président du Conseil général de l'Isère, Christian NUCCI,
Monsieur le Président de l'assemblée permanente des chambres d'agriculture,
Monsieur le Président de la Chambre d'Agriculture de l'Isère et de la Chambre d'agriculture de Rhône-Alpes, Gérard SEIGLE-VATTE,
Monsieur le Président national de « Bienvenue à la ferme », Bernard ARTIGUE.
Mesdames et Messieurs,
C'est un authentique plaisir pour moi d'être parmi vous ce soir, ici à Grenoble, dans une région qui m'est chère, pour ouvrir cette troisième édition du Congrès national « Bienvenue à la ferme ».
Je tiens à remercier, à ce titre, les organisateurs de ces journées, et notamment le Président du réseau « Bienvenue à la ferme », Bernard Artigue, dont l'engagement au service de ce réseau n'est plus à démontrer.
Créé en 1988 par l'Assemblée permanente des Chambres d'Agriculture, ce réseau a permis de croiser l'offre des agriculteurs et la demande de la société.
Aujourd'hui, ce sont 5 800 agriculteurs qui développent l'accueil touristique sur leur exploitation.
« Bienvenue à la ferme » a favorisé la rencontre et les échanges entre deux univers :
celui des agriculteurs, qui cherchaient à s'ouvrir sur l'extérieur, à faire mieux connaître leur métier et à valoriser leurs productions et le monde des consommateurs et des touristes, qui aspirent de plus en plus à un retour à la nature, et se montrent très exigeants en matière de cadre de vie, de qualité des produits alimentaires et des loisirs, avec l'envie prononcée de quitter l'atmosphère anonyme et individualiste des villes pour développer d'authentiques relations de proximité.
Cette approche du tourisme rural, à travers la valorisation du monde agricole, m'intéresse tout particulièrement, et ce à plusieurs titres.
D'abord parce que le tourisme à la ferme participe de la diversification de l'offre agricole et constitue pour nos agriculteurs un débouché porteur.
Mais le tourisme à la ferme participe aussi du renouveau de l'image du monde agricole, sous des aspects humanistes, de proximité et d'authenticité. Autant de valeurs auxquelles je suis extrêmement attaché.
Enfin, le tourisme à la ferme est un secteur à part entière du tourisme rural, domaine dans lequel nous avons de nombreux atouts à valoriser pour renforcer l'attractivité de nos territoires.
* Le tourisme à la ferme est un véritable outil de diversification de l'offre agricole et un levier important de valorisation des espaces ruraux
Dans un contexte économique de plus en plus difficile pour les agriculteurs, le tourisme à la ferme constitue un complément d'activité à valoriser sur un secteur en pleine expansion. Les activités sont nombreuses, depuis la visite de fermes, en passant par l'hébergement, la restauration ou encore la vente de produits du terroir.
D'ailleurs le réseau Bienvenue à la ferme, que vous animez, Monsieur le Président, Bernard Artigue, suscite un véritable élan ! Il compte aujourd'hui 3 200 producteurs fermiers, qui représentent 3,2% des exploitations pratiquant la vente directe. Le nombre de vos adhérents est désormais stable, après une progression de 40% de 2003 à 2008 !
Au total, en région Rhône-Alpes, votre réseau concentre près de 10% de l'offre nationale « Bienvenue à la ferme » et représente la troisième région la plus importante en termes d'adhérents.
Ce que révèlent ces chiffres, c'est qu'il y a un attrait fort pour ce type de tourisme. Un tourisme de proximité, aux antipodes du tourisme de masse industriel, un tourisme à visage humain, un tourisme à juste coût, qui résiste bien à la crise.
Alors bien sûr, si le chiffre d'affaire est généralement intéressant, je sais bien que le revenu n'est pas toujours à la hauteur des espérances des prestataires.
Mais il y a, malgré tout, de nombreuses retombées positives pour les agriculteurs. Je pense notamment à la formation professionnelle et à la valorisation de leur cursus. Car l'amateurisme n'a pas droit de cité dans le tourisme à la ferme. Du reste, de nombreuses formations permettent aux volontaires d'acquérir ou de développer des compétences techniques liées l'activité touristique (gérer le planning des réservation, aménager un gîte), économiques (prévision du CA, comptabilité), commerciales, juridiques, en terme d'accueil aussi !! La palette est très large.
* Le tourisme à la ferme participe aussi du renouveau de l'image du monde agricole, sous des aspects humanistes, de proximité et d'authenticité. Autant de valeurs auxquelles je suis extrêmement attaché.
En valorisant les ressources locales et le patrimoine agricole, le tourisme à la ferme est porteur de cohésion sociale et de solidarité. Il participe d'une démarche foncièrement humaniste qui place l'Homme au coeur des richesses à promouvoir. Cette échelle « à taille humaine » est une donnée fondamentale du tourisme rural. J'y suis, pour ma part, particulièrement sensible.
Au-delà de la valorisation des ressources locales, je pense également à la sensibilisation des populations au rôle de l'agriculture encore trop souvent mal compris des Français, qui vivent en ville pour les trois quarts d'entre eux. L'activité touristique permet aux agriculteurs de renouveler leur image auprès de la population et de nourrir une relation de qualité avec les consommateurs. C'est aussi une très belle manière de faire vivre les territoires, à travers une pratique culinaire, des loisirs de découverte ou des activités pédagogiques pour les enfants.
Les agriculteurs qui pratiquent le tourisme à la ferme sont les vrais ambassadeurs d'une agriculture durable et responsable, enracinée dans le territoire, et ouverte sur le monde extérieur.
* Car, le tourisme à la ferme est un secteur à part entière du tourisme rural, domaine dans lequel nous avons de nombreux atouts à valoriser pour renforcer l'attractivité de nos territoires.
Permettez moi de rappeler quelques chiffres :
Le tourisme, c'est 6,5% du PIB français et cela représente près d'un million d'emplois !
C'est un secteur stratégique, porteur d'un potentiel à valoriser, capable de créer des emplois - notamment des emplois locaux- et d'utiliser les ressources des patrimoines locaux, paysagers, architecturaux, culturels, culinaires... C'est aussi une activité non délocalisable...
L'espace rural est aussi le premier espace touristique visité par les Français. Il concentre 35% des séjours, à égalité avec la ville et représente un chiffre d'affaire de 20 milliards d'euros, soit 20% de la consommation touristique.
La fréquentation durant l'été 2009 a été en hausse de l'ordre de 5% notamment en raison d'une clientèle française en forte augmentation ce qui a permis de contrebalancer l'absence de clientèle étrangère.
Vous le savez, je m'investis fortement pour promouvoir l'attractivité des territoires ruraux. Le tourisme est un outil de valorisation important. Pour progresser, nous devons travailler ensemble et sans relâche, à améliorer l'offre de services. Les touristes sont de plus en plus exigeants, ils sont aussi consommateurs de services, de services publics et au public, et concourent également au maintien de ces services dans les territoires.
Sur ce point, je suis en train d'engager un chantier sur l'avenir des services dans les territoires ruraux avec l'ensemble des opérateurs qui doivent irriguer ces territoires grâce à leur activité, et contribuer à leur donner l'assurance d'une vitalité qui répond aux besoins quotidiens des populations résidentes et des touristes.
Je me suis également fortement engagé depuis ma nomination, pour la généralisation de l'économie numérique et de la couverture en très haut débit en tous points du territoire.
C'est un outil supplémentaire et incontournable pour l'attractivité des espaces ruraux et leur dynamisme économique.
C'est pourquoi je tiens à évoquer devant vous la nouvelle génération de PER que je vais lancer tout prochainement.
Ces PER seconde génération devront privilégier des thématiques visant à conforter l'excellence territoriale, fondée notamment sur la « vocation » des territoires, sur leur spécificité propre (touristique, agricole, industrielle, montagne, littoral, culturelle...), mais aussi sur la diversification des activités, notamment dans les territoires les plus déshérités, afin d'y restaurer une certaine attractivité.
Avec ces nouveaux PER, je veux que l'on valorise davantage les productions, les savoir-faire ainsi que le patrimoine spécifique au territoire considéré. C'est ainsi que nous parviendrons à développer des projets créateurs d'activités économiques nouvelles ou existantes en lien étroit avec les ressources propres et le potentiel d'un territoire.
Nous devons également chercher à établir des complémentarités entre les activités au sein de projets intégrés, pour le circuit de valorisation du bois par exemple, ou l'utilisation des bio-ressources et des énergies renouvelables, pour développer une offre touristique intégrée.
Les nouveaux PER doivent être aussi l'occasion de moderniser l'offre de services à la population, et même dans certains cas d'expérimenter de nouvelles formes de services, facteurs d'attractivité et qui sont indispensables à la vie quotidienne ainsi qu'aux entreprises.
Vous le voyez, les projets ne manquent pas et le monde rural figure au coeur de mes priorités et de mon engagement au service de l'aménagement du territoire. Et ce congrès est pour moi un moment privilégié de découverte, d'écoute et d'échange.
C'est d'ailleurs dans cet objectif d'écoute et de concertation que je lance les Assises des territoires ruraux qui se dérouleront jusqu'au début de l'année 2010.
La consultation permettra d'une part, de préciser les attentes des acteurs des territoires, leurs habitants, leurs entreprises, leurs élus, leurs associations et d'autre part, d'identifier en conséquence, les mesures à prendre en faveur d'un développement économique durable et d'une offre de services plus satisfaisante. La complémentarité entre territoires ruraux et territoires urbains sera tout particulièrement abordée.
Cette consultation sera conduite de façon à ce que nos concitoyens puissent s'exprimer directement. Au terme de la réflexion, qui associera les représentants des différentes filières, les associations d'élus, les administrations, je compte présenter un programme d'actions en faveur des espaces ruraux.
Je souhaite naturellement, que vous soyez étroitement associés à cette consultation. Je vous remercie par avance de votre contribution et votre participation à ces assises pour faire avancer ensemble le monde rural.
Source http://www.congresbf09.com, le 28 octobre 2009