Texte intégral
Nous avons abordé de nombreux dossiers : l'Iran, l'Afghanistan, le Moyen-Orient et même le Sri Lanka. Nous n'avons pas parlé de la Guinée mais des sanctions ont été adoptées. Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions sur tous ces sujets.
Q - Quelles sont les sanctions prévues en ce qui concerne la Guinée ?
R - Il s'agit d'un embargo sur les armes, d'une restriction en matière de visas qui concerne une liste de 42 noms et de gels d'avoirs.
La situation en Guinée est soumise à un contrôle très particulier avec des visites qui seront organisées au nom du Secrétaire général des Nations unies, qui a décidé d'une enquête internationale. Parallèlement, comme vous le savez, un médiateur avait été nommé - il s'agit de M. Blaise Compaoré, président du Burkina Faso. Il s'est déjà rendu sur place et a participé à cette seconde séance à Abuja où tout le monde s'est mis d'accord pour que la pression continue, que le médiateur poursuive son travail et que la Commission d'enquête se rende au plus vite en Guinée.
Q - N'y a-t-il pas un "double standard" avec la levée des sanctions contre l'Ouzbékistan ?
R - Nous avons réagi devant l'urgence, devant les massacres, et pas seulement la France - d'ailleurs, ce n'est pas à la France, ancienne puissance coloniale, de donner le mouvement. L'ensemble de la communauté internationale a réagi devant les massacres de Conakry. Cela ne veut pas dire qu'il ne fallait pas réagir devant d'autres massacres plus anciens, bien entendu. Il ne faut pas qu'il y ait deux poids deux mesures. Sur cette affaire, laissons les développements s'opérer.
Q - (A propos de l'Afghanistan)
R - Il n'y a pas de plan d'action, il y a un plan stratégique qui comporte un certain nombre d'actions. Lors de mon séjour récent à Kaboul, il fallait convaincre le président Karzaï de se plier aux résultats qui, vous le savez, ont été de 49,67 % des voix - et non 50% -, entraînant la tenue d'un second tour, ce que le président Karzaï et le deuxième candidat, M. Abdullah Abdullah ont accepté. J'espère qu'il se maintiendra jusqu'au bout. A cette occasion, nous avons, puisque je parlais au nom de l'Union européenne sur délégation de mon ami Carl Bildt, proposé un programme. Ce sera aux Afghans d'apprécier.
Je crois que, maintenant, ce qui est important, c'est de travailler main dans la main avec un futur gouvernement. Nous ne le connaissons pas, il n'est pas encore établi mais il faudra suivre de près l'évolution de la situation, avoir une position européenne sur la stratégie. C'est la raison pour laquelle le document issu de la présidence était très important, mais il s'agira également de poursuivre les progrès d'une telle stratégie aussi bien dans le domaine de la gouvernance, des droits de l'Homme ou de l'agriculture, et d'être prêts à financer certaines démarches.
Ce sera mieux que d'éparpiller l'argent dans l'ensemble du pays. Il faudra tout d'abord des résultats, pour que l'argent atteigne plus facilement ses cibles et également, pour surveiller de près un certain nombre d'améliorations, un certain nombre de projets de développement qui sont indispensables à ce pays.
Je le répète, nous ne faisons pas la guerre aux Afghans, nous faisons la guerre avec les Afghans. Nous cherchons à leur offrir, précisément, à leurs côtés, sous leur direction, des projets qui ne seraient pas les mêmes que ceux proposés par les Taliban, qui suggéreraient une société un peu différente.
Quel que soit le résultat du deuxième tour, je pense qu'il faut remercier, féliciter et admirer les gens qui ont participé au premier tour. C'est près de 40 % de la population afghane qui a participé à cette élection, et surtout les femmes qui se voyaient menacées. Ces femmes sont l'avenir de l'Afghanistan.
Le deuxième tour devrait se dérouler théoriquement le 7 novembre. Vous avez entendu Mme Ferrero-Waldner nous expliquer comment elle avait réuni à nouveau un dispositif qui comportait en son sein 14 membres et qui permettrait, autour de ces 14 membres, d'observer à nouveau un deuxième tour des élections. Bien entendu, il faudra que chacun des contingents puisse faciliter l'accès au point de vote comme nous l'avons fait au cours du premier tour.
J'ajoute qu'un deuxième tour, c'est une percée démocratique espérée et pas toujours attendue, parce qu'il y a eu des fraudes importantes au cours du premier, c'est quand même un progrès dans la conception que nous nous faisons des élections, même si ce ne sont pas des élections à l'européenne.
Q - Ce document stratégique reflète une inquiétude côté européen ?
R - L'inquiétude est légitime.
Q - Ce n'est pas foutu ?
R - Mais personne au cours de cette session, en présence des 27 pays qui se sont exprimés, n'a dit qu'il se retirerait. Ce n'est pas foutu du tout ! Si c'était foutu, il faudrait qu'on le dise clairement.
Ce qui serait foutu ce serait d'espérer une victoire militaire. Il n'y a pas de victoire militaire, il y a une amélioration nécessaire de la sécurité pour permettre des progrès, pour permettre le développement de ce pays, pour se rapprocher des Afghans, et tout cela fera que ce sont les Afghans eux-mêmes qui obtiendront une victoire. C'est tout à fait différent. C'est ce qui est sorti du document stratégique qui clôturait la Conférence de Paris et qui se poursuit, si j'en crois ma perception du rapport McChrystal. Ce rapport, je vous le rappelle, n'est pas un document politique mais une demande de participation militaire afin que les objectifs militaires soient atteints. C'est une demande à laquelle le président Obama n'a pas encore répondu, c'est une inquiétude parce que c'est une guerre difficile dans un pays jamais conquis et que nous n'avons pas l'intention de conquérir, cela change tout.
Je peux vous dire en tout cas, pour ce qui me concerne parce que j'ai vraiment une connaissance très précise de ce pays, la façon dont les militaires français se comportent dans les deux vallées dont ils ont le contrôle est exemplaire.
Il y a environ 35.000 Européens, ce n'est pas mal. Pourrait-on élaborer quelque chose ? Ce n'est pas du tout contre les Américains dont nous attendons leur nouvelle stratégie - mais avec les Américains. Il devrait y avoir une réflexion européenne, non pas tant sur une stratégie militaire que sur une stratégie humaine, civile, une stratégie de développement. C'est ce que nous faisons.
Nous, les Français, nous sommes à l'est de Kaboul, les Américains sont au nord-est, nous travaillons et nous avons le même budget. Je ne dis pas que c'est facile, c'est très difficile. Il s'agit de s'entendre sur les buts de guerre, si j'ose dire. Les buts de guerre ne sont pas ceux d'une victoire militaire, c'est un combat contre l'extrémisme, c'est un combat contre les Taliban, c'est un combat nécessaire pour nous mais c'est un combat beaucoup plus indispensable encore pour les Afghans.
Q - L'Iran fera une réponse négative ?
R - Je n'ai pas eu le sentiment comme vous que c'était complètement négatif. J'ai eu le sentiment, un peu plus délicat à apprécier, que le document serait profondément remanié. Est-ce que cela veut dire que c'est négatif ? Je les laisserai préciser eux-mêmes. Mais un document remanié, ce n'est pas un bon signe, alors que c'était tellement simple.
On parle du TRR, le réacteur de recherche de Téhéran. Or, le TRR était l'objet d'une rencontre d'experts autour d'un projet utile pour les Iraniens s'ils voulaient s'engager plus au coeur du débat sur le développement du nucléaire civil. Et nous étions prêts à y participer, avec les Russes, afin de fournir de l'uranium enrichi pour que leur réacteur de recherche de Téhéran soit nourri. Ils ne veulent pas cela, ce qui augure mal du reste. Mais je ne sais pas - ce que veut dire "profondément remanié". Je ne pense pas que ce soit un signe très encourageant.
Q - Il y a eu une demande de sanctions européennes ?
R - Trois résolutions de sanctions ont déjà été votées avec les Chinois et les Russes. S'il y avait la nécessité d'engager des sanctions nouvelles, on commencerait à y travailler. Nous avons évoqué cela dans un débat que nous rencontrons à chaque fois que l'on évoque les sanctions et c'est légitime : les sanctions sont-elles utiles ? Ont-elles fait preuve de leur efficacité ? Les sanctions qui visent la population civile ne sont-elles pas contre-productives ? Ce sont des questions qui se posent à chaque fois.
Ce qui est certain, c'est que les sanctions économiques, bien ciblées, sont probablement très efficaces. Pour le reste, oui, il y a eu une discussion, il y en a toujours à propos des sanctions mais il n'y a rien de concret et de définitif. Il y a eu des analyses très intéressantes et très précises sur les rencontres que nous avons tous menées avec nos interlocuteurs iraniens, qui se sont avérées jusqu'à présent décevantes, telles que des promesses qui ne sont jamais suivies d'effets, un durcissement de la répression, qui est difficile à accepter, des condamnations à mort pour la participation aux manifestations, un durcissement de la justice. Tout cela est de très mauvais augure.
Comme je le répète, que l'on ne me dise pas que les Iraniens gagnent du temps. Le temps joue contre les Iraniens, ils sont en train de perdre du temps. La situation de la région n'est pas bonne. Et je ne veux pas parler sempiternellement d'une réaction éventuelle israélienne mais simplement la façon dont la Syrie et l'Irak maintenant se "mésentendent", la façon dont ce choc peut apporter des éléments complètement imprévisibles, en particulier liés à un Iran que pourtant la Syrie fréquente de près. Tout cela représente un cercle explosif. Je ne pense pas que dans un tel contexte, les Iraniens puissent gagner du temps, tout cela est très dangereux.
Q - Faut-il fixer une date butoir aux Iraniens ?
R - Non ! Ce n'est pas une date butoir dans le sens où l'on s'arrêterait de parler. On a toujours poursuivi la "double voie". Les Français ont toujours parlé aux Iraniens, malheureusement sans grand succès et on continuera de leur parler.
Il est entendu que sur le processus amorcé à Genève, si vers la fin de l'année on n'a rien, on s'interrogera, mais on n'a pas dit : "le 31 décembre, on fait une révision", une nouvelle révision. Nous avions accueilli avec bonheur la position du président Obama, parce que nous pensions, les uns et les autres qui avions déjà parlé à l'Iran avec une proximité réelle que les Iraniens voulaient parler aux Etats-Unis d'Amérique. Désormais, ils parlent aux Etats-Unis d'Amérique, néanmoins, cela n'a pas l'air de modifier leur vision.
Je vous signale, par ailleurs, que la réunion de Genève avait déjà eu lieu 18 mois avant celle qui se déroulait au début du mois avec les Américains. Qu'est-ce que cela a apporté ? Nous, nous ne recherchons que la paix dans la région et les Iraniens ont tout à fait le droit de développer un pouvoir nucléaire civil, nous les encourageons, nous voulons même les aider et la preuve, on leur a promis d'enrichir leur uranium. Cependant, c'est surprenant qu'ils nous disent au moment où nous étions là avec notre bonne volonté, que nous n'avions pas à participer à la Conférence de Vienne.
Q - Sur les Balkans et l'Albanie ?
R - On a principalement discuté de la Bosnie et de la question de l'élargissement.
Nous avons parlé également de l'Albanie. Nous avons demandé à nos amis allemands de ne pas confondre la politique avec la technique, s'agissant de la transmission de la demande d'adhésion à la Commission, qui est un geste normal et technique. On n'avait pas à juger politiquement en fonction d'un pays ou d'un autre. Les Allemands nous ont répondu par la voix de Frank-Walter Steinmeier qu'il s'agissait d'un problème nécessaire étant donné que le Parlement avait son mot à dire, que le Bundestag ne s'était pas réuni et qu'il allait se réunir à nouveau. J'en profite pour saluer la participation exceptionnelle de mon ami Frank-Walter à la compréhension, à l'obstination sur certains dossiers, et pour saluer sa formidable participation depuis quatre ans.
Q - Y a-t-il eu une décision d'ouvrir les négociations avec la Macédoine ?
R - Non, cependant il y a eu une parole encourageante de la part du représentant grec. Le représentant de M. George Papandreou - qui est désormais Premier ministre et ministre des Affaires étrangères - a dit que la Grèce considérait la question de l'ARYM avec un oeil ouvert et beaucoup de bonne volonté. Ce qui était un bon point.
Q - Il faut une résolution préalable sur la question du nom ?
R - C'est aux deux pays de clarifier la situation. C'était le même cas de figure pour la Croatie et la Slovénie, on a insisté, on s'est impliqué et puis finalement ils s'arrangent tout seuls.
Q - Cela peut bloquer, comme à l'OTAN ?
R - Si un pays le refuse, ce n'est pas possible, or le pays le refuse. Que la Grèce se soit manifestée différemment, c'était très bien, mais c'était le seul élément nouveau, pour le reste on ne peut rien faire.
Q - Juncker se déclare candidat à la présidence du Conseil européen
R - Il ne se déclare pas complètement, il dit que, si on le lui demande... Nous acceptons cela comme une déclaration mais lui-même dit qu'il l'a promis au peuple luxembourgeois et que si on lui demande ...
Q - Quel est votre candidat, Blair ou Juncker ?
R - Un 3ème ? Non, c'est juste pour vous provoquer un peu !
A mon avis cela ne se passera pas mercredi ou jeudi. Je ne sais pas si nous en serons quittes avec la décision de la Cour constitutionnelle tchèque aujourd'hui, je ne le crois pas, de toute façon cela me paraît impossible, Vaclav Klaus ne va pas signer demain.
Q - On pourrait en discuter le 9 novembre à l'anniversaire de la chute du mur de Berlin ?
R - Le 9 novembre ? On ne se réunit pas pour cela. Il faut une réunion formelle, on ne peut pas exploiter des anniversaires pour bousculer le calendrier européen..
Q - (L'Union pour la Méditerranée)
R - On ne peut pas réunir à Istanbul, comme il était possible, les ministres des Affaires étrangères. Nous y avons donc renoncé parce qu'en effet, l'Egypte ne le souhaite pas, le ministre égyptien des Affaires étrangères refuse de rencontrer son homologue israélien.
Comme vous le savez, l'Egypte est co-présidente avec la France de l'Union pour la Méditerranée, cette réunion est par conséquent repoussée et il faudra trouver une solution.
En revanche, au niveau des experts et d'un certain nombre de ministres, trois réunions ont eu lieu et dont les résultats sont positifs. A ce niveau-là, tout se passe bien y compris avec les Israéliens et les Egyptiens. Dans le cas présent où les ministres des Affaires étrangères devaient se réunir avant la fin de l'année, ce n'était pas possible. On va voir.
Q - On a parlé de l'accord Union européenne-Syrie ?
R - On l'a évoqué. En effet, la proposition était très rapide après avoir attendu très longtemps, peut-être que les Syriens n'ont pas eu le temps ou n'ont pas eu tout de suite envie de répondre. Ils répondront un peu plus tard.
Il y a eu des débats internes parce qu'un certain nombre de lobbies se font jour en Syrie pour faire entendre leurs voix, ce que je comprends. Néanmoins, je pense que c'est reculer pour mieux l'appréhender. On nous a dit la même chose concernant le partenariat Union européenne et Israël, maintenant c'est le cas avec l'Union européenne et la Syrie. Ce n'est jamais très facile.
Je dois noter également qu'il n'était pas habile et même qu'il était condamnable que soit arrêté, à cette même période, M. Al Malleh qui, à 78 ans, est le meilleur représentant syrien de la lutte pour les droits de l'Homme. Alexander Stubb nous a évoqué son récent déplacement et on a cité cette arrestation, dont il a parlé aux autorités syriennes.
Q - (A propos d'une éventuelle signature de l'accord)
R - L'accord n'est pas mort du tout, il va y avoir une réunion un peu plus tard. Je crois que le moment n'était pas bien choisi. On s'attendait à ce qu'ils signent, il est vrai qu'ils ont été prévenus tardivement mais cela n'est que repoussé. C'est vrai qu'un certain nombre de dispositions de l'accord doivent entraver un certain nombre de commerces intérieurs.
Q - S'agissant de la demande du général McChrystal ?
R - Ce n'est pas à moi que s'adresse cette proposition. Nous, nous avons dit très clairement que l'on ne doublerait pas nos effectifs et que l'on avait déjà augmenté le nombre de nos troupes.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 octobre 2009
Q - Quelles sont les sanctions prévues en ce qui concerne la Guinée ?
R - Il s'agit d'un embargo sur les armes, d'une restriction en matière de visas qui concerne une liste de 42 noms et de gels d'avoirs.
La situation en Guinée est soumise à un contrôle très particulier avec des visites qui seront organisées au nom du Secrétaire général des Nations unies, qui a décidé d'une enquête internationale. Parallèlement, comme vous le savez, un médiateur avait été nommé - il s'agit de M. Blaise Compaoré, président du Burkina Faso. Il s'est déjà rendu sur place et a participé à cette seconde séance à Abuja où tout le monde s'est mis d'accord pour que la pression continue, que le médiateur poursuive son travail et que la Commission d'enquête se rende au plus vite en Guinée.
Q - N'y a-t-il pas un "double standard" avec la levée des sanctions contre l'Ouzbékistan ?
R - Nous avons réagi devant l'urgence, devant les massacres, et pas seulement la France - d'ailleurs, ce n'est pas à la France, ancienne puissance coloniale, de donner le mouvement. L'ensemble de la communauté internationale a réagi devant les massacres de Conakry. Cela ne veut pas dire qu'il ne fallait pas réagir devant d'autres massacres plus anciens, bien entendu. Il ne faut pas qu'il y ait deux poids deux mesures. Sur cette affaire, laissons les développements s'opérer.
Q - (A propos de l'Afghanistan)
R - Il n'y a pas de plan d'action, il y a un plan stratégique qui comporte un certain nombre d'actions. Lors de mon séjour récent à Kaboul, il fallait convaincre le président Karzaï de se plier aux résultats qui, vous le savez, ont été de 49,67 % des voix - et non 50% -, entraînant la tenue d'un second tour, ce que le président Karzaï et le deuxième candidat, M. Abdullah Abdullah ont accepté. J'espère qu'il se maintiendra jusqu'au bout. A cette occasion, nous avons, puisque je parlais au nom de l'Union européenne sur délégation de mon ami Carl Bildt, proposé un programme. Ce sera aux Afghans d'apprécier.
Je crois que, maintenant, ce qui est important, c'est de travailler main dans la main avec un futur gouvernement. Nous ne le connaissons pas, il n'est pas encore établi mais il faudra suivre de près l'évolution de la situation, avoir une position européenne sur la stratégie. C'est la raison pour laquelle le document issu de la présidence était très important, mais il s'agira également de poursuivre les progrès d'une telle stratégie aussi bien dans le domaine de la gouvernance, des droits de l'Homme ou de l'agriculture, et d'être prêts à financer certaines démarches.
Ce sera mieux que d'éparpiller l'argent dans l'ensemble du pays. Il faudra tout d'abord des résultats, pour que l'argent atteigne plus facilement ses cibles et également, pour surveiller de près un certain nombre d'améliorations, un certain nombre de projets de développement qui sont indispensables à ce pays.
Je le répète, nous ne faisons pas la guerre aux Afghans, nous faisons la guerre avec les Afghans. Nous cherchons à leur offrir, précisément, à leurs côtés, sous leur direction, des projets qui ne seraient pas les mêmes que ceux proposés par les Taliban, qui suggéreraient une société un peu différente.
Quel que soit le résultat du deuxième tour, je pense qu'il faut remercier, féliciter et admirer les gens qui ont participé au premier tour. C'est près de 40 % de la population afghane qui a participé à cette élection, et surtout les femmes qui se voyaient menacées. Ces femmes sont l'avenir de l'Afghanistan.
Le deuxième tour devrait se dérouler théoriquement le 7 novembre. Vous avez entendu Mme Ferrero-Waldner nous expliquer comment elle avait réuni à nouveau un dispositif qui comportait en son sein 14 membres et qui permettrait, autour de ces 14 membres, d'observer à nouveau un deuxième tour des élections. Bien entendu, il faudra que chacun des contingents puisse faciliter l'accès au point de vote comme nous l'avons fait au cours du premier tour.
J'ajoute qu'un deuxième tour, c'est une percée démocratique espérée et pas toujours attendue, parce qu'il y a eu des fraudes importantes au cours du premier, c'est quand même un progrès dans la conception que nous nous faisons des élections, même si ce ne sont pas des élections à l'européenne.
Q - Ce document stratégique reflète une inquiétude côté européen ?
R - L'inquiétude est légitime.
Q - Ce n'est pas foutu ?
R - Mais personne au cours de cette session, en présence des 27 pays qui se sont exprimés, n'a dit qu'il se retirerait. Ce n'est pas foutu du tout ! Si c'était foutu, il faudrait qu'on le dise clairement.
Ce qui serait foutu ce serait d'espérer une victoire militaire. Il n'y a pas de victoire militaire, il y a une amélioration nécessaire de la sécurité pour permettre des progrès, pour permettre le développement de ce pays, pour se rapprocher des Afghans, et tout cela fera que ce sont les Afghans eux-mêmes qui obtiendront une victoire. C'est tout à fait différent. C'est ce qui est sorti du document stratégique qui clôturait la Conférence de Paris et qui se poursuit, si j'en crois ma perception du rapport McChrystal. Ce rapport, je vous le rappelle, n'est pas un document politique mais une demande de participation militaire afin que les objectifs militaires soient atteints. C'est une demande à laquelle le président Obama n'a pas encore répondu, c'est une inquiétude parce que c'est une guerre difficile dans un pays jamais conquis et que nous n'avons pas l'intention de conquérir, cela change tout.
Je peux vous dire en tout cas, pour ce qui me concerne parce que j'ai vraiment une connaissance très précise de ce pays, la façon dont les militaires français se comportent dans les deux vallées dont ils ont le contrôle est exemplaire.
Il y a environ 35.000 Européens, ce n'est pas mal. Pourrait-on élaborer quelque chose ? Ce n'est pas du tout contre les Américains dont nous attendons leur nouvelle stratégie - mais avec les Américains. Il devrait y avoir une réflexion européenne, non pas tant sur une stratégie militaire que sur une stratégie humaine, civile, une stratégie de développement. C'est ce que nous faisons.
Nous, les Français, nous sommes à l'est de Kaboul, les Américains sont au nord-est, nous travaillons et nous avons le même budget. Je ne dis pas que c'est facile, c'est très difficile. Il s'agit de s'entendre sur les buts de guerre, si j'ose dire. Les buts de guerre ne sont pas ceux d'une victoire militaire, c'est un combat contre l'extrémisme, c'est un combat contre les Taliban, c'est un combat nécessaire pour nous mais c'est un combat beaucoup plus indispensable encore pour les Afghans.
Q - L'Iran fera une réponse négative ?
R - Je n'ai pas eu le sentiment comme vous que c'était complètement négatif. J'ai eu le sentiment, un peu plus délicat à apprécier, que le document serait profondément remanié. Est-ce que cela veut dire que c'est négatif ? Je les laisserai préciser eux-mêmes. Mais un document remanié, ce n'est pas un bon signe, alors que c'était tellement simple.
On parle du TRR, le réacteur de recherche de Téhéran. Or, le TRR était l'objet d'une rencontre d'experts autour d'un projet utile pour les Iraniens s'ils voulaient s'engager plus au coeur du débat sur le développement du nucléaire civil. Et nous étions prêts à y participer, avec les Russes, afin de fournir de l'uranium enrichi pour que leur réacteur de recherche de Téhéran soit nourri. Ils ne veulent pas cela, ce qui augure mal du reste. Mais je ne sais pas - ce que veut dire "profondément remanié". Je ne pense pas que ce soit un signe très encourageant.
Q - Il y a eu une demande de sanctions européennes ?
R - Trois résolutions de sanctions ont déjà été votées avec les Chinois et les Russes. S'il y avait la nécessité d'engager des sanctions nouvelles, on commencerait à y travailler. Nous avons évoqué cela dans un débat que nous rencontrons à chaque fois que l'on évoque les sanctions et c'est légitime : les sanctions sont-elles utiles ? Ont-elles fait preuve de leur efficacité ? Les sanctions qui visent la population civile ne sont-elles pas contre-productives ? Ce sont des questions qui se posent à chaque fois.
Ce qui est certain, c'est que les sanctions économiques, bien ciblées, sont probablement très efficaces. Pour le reste, oui, il y a eu une discussion, il y en a toujours à propos des sanctions mais il n'y a rien de concret et de définitif. Il y a eu des analyses très intéressantes et très précises sur les rencontres que nous avons tous menées avec nos interlocuteurs iraniens, qui se sont avérées jusqu'à présent décevantes, telles que des promesses qui ne sont jamais suivies d'effets, un durcissement de la répression, qui est difficile à accepter, des condamnations à mort pour la participation aux manifestations, un durcissement de la justice. Tout cela est de très mauvais augure.
Comme je le répète, que l'on ne me dise pas que les Iraniens gagnent du temps. Le temps joue contre les Iraniens, ils sont en train de perdre du temps. La situation de la région n'est pas bonne. Et je ne veux pas parler sempiternellement d'une réaction éventuelle israélienne mais simplement la façon dont la Syrie et l'Irak maintenant se "mésentendent", la façon dont ce choc peut apporter des éléments complètement imprévisibles, en particulier liés à un Iran que pourtant la Syrie fréquente de près. Tout cela représente un cercle explosif. Je ne pense pas que dans un tel contexte, les Iraniens puissent gagner du temps, tout cela est très dangereux.
Q - Faut-il fixer une date butoir aux Iraniens ?
R - Non ! Ce n'est pas une date butoir dans le sens où l'on s'arrêterait de parler. On a toujours poursuivi la "double voie". Les Français ont toujours parlé aux Iraniens, malheureusement sans grand succès et on continuera de leur parler.
Il est entendu que sur le processus amorcé à Genève, si vers la fin de l'année on n'a rien, on s'interrogera, mais on n'a pas dit : "le 31 décembre, on fait une révision", une nouvelle révision. Nous avions accueilli avec bonheur la position du président Obama, parce que nous pensions, les uns et les autres qui avions déjà parlé à l'Iran avec une proximité réelle que les Iraniens voulaient parler aux Etats-Unis d'Amérique. Désormais, ils parlent aux Etats-Unis d'Amérique, néanmoins, cela n'a pas l'air de modifier leur vision.
Je vous signale, par ailleurs, que la réunion de Genève avait déjà eu lieu 18 mois avant celle qui se déroulait au début du mois avec les Américains. Qu'est-ce que cela a apporté ? Nous, nous ne recherchons que la paix dans la région et les Iraniens ont tout à fait le droit de développer un pouvoir nucléaire civil, nous les encourageons, nous voulons même les aider et la preuve, on leur a promis d'enrichir leur uranium. Cependant, c'est surprenant qu'ils nous disent au moment où nous étions là avec notre bonne volonté, que nous n'avions pas à participer à la Conférence de Vienne.
Q - Sur les Balkans et l'Albanie ?
R - On a principalement discuté de la Bosnie et de la question de l'élargissement.
Nous avons parlé également de l'Albanie. Nous avons demandé à nos amis allemands de ne pas confondre la politique avec la technique, s'agissant de la transmission de la demande d'adhésion à la Commission, qui est un geste normal et technique. On n'avait pas à juger politiquement en fonction d'un pays ou d'un autre. Les Allemands nous ont répondu par la voix de Frank-Walter Steinmeier qu'il s'agissait d'un problème nécessaire étant donné que le Parlement avait son mot à dire, que le Bundestag ne s'était pas réuni et qu'il allait se réunir à nouveau. J'en profite pour saluer la participation exceptionnelle de mon ami Frank-Walter à la compréhension, à l'obstination sur certains dossiers, et pour saluer sa formidable participation depuis quatre ans.
Q - Y a-t-il eu une décision d'ouvrir les négociations avec la Macédoine ?
R - Non, cependant il y a eu une parole encourageante de la part du représentant grec. Le représentant de M. George Papandreou - qui est désormais Premier ministre et ministre des Affaires étrangères - a dit que la Grèce considérait la question de l'ARYM avec un oeil ouvert et beaucoup de bonne volonté. Ce qui était un bon point.
Q - Il faut une résolution préalable sur la question du nom ?
R - C'est aux deux pays de clarifier la situation. C'était le même cas de figure pour la Croatie et la Slovénie, on a insisté, on s'est impliqué et puis finalement ils s'arrangent tout seuls.
Q - Cela peut bloquer, comme à l'OTAN ?
R - Si un pays le refuse, ce n'est pas possible, or le pays le refuse. Que la Grèce se soit manifestée différemment, c'était très bien, mais c'était le seul élément nouveau, pour le reste on ne peut rien faire.
Q - Juncker se déclare candidat à la présidence du Conseil européen
R - Il ne se déclare pas complètement, il dit que, si on le lui demande... Nous acceptons cela comme une déclaration mais lui-même dit qu'il l'a promis au peuple luxembourgeois et que si on lui demande ...
Q - Quel est votre candidat, Blair ou Juncker ?
R - Un 3ème ? Non, c'est juste pour vous provoquer un peu !
A mon avis cela ne se passera pas mercredi ou jeudi. Je ne sais pas si nous en serons quittes avec la décision de la Cour constitutionnelle tchèque aujourd'hui, je ne le crois pas, de toute façon cela me paraît impossible, Vaclav Klaus ne va pas signer demain.
Q - On pourrait en discuter le 9 novembre à l'anniversaire de la chute du mur de Berlin ?
R - Le 9 novembre ? On ne se réunit pas pour cela. Il faut une réunion formelle, on ne peut pas exploiter des anniversaires pour bousculer le calendrier européen..
Q - (L'Union pour la Méditerranée)
R - On ne peut pas réunir à Istanbul, comme il était possible, les ministres des Affaires étrangères. Nous y avons donc renoncé parce qu'en effet, l'Egypte ne le souhaite pas, le ministre égyptien des Affaires étrangères refuse de rencontrer son homologue israélien.
Comme vous le savez, l'Egypte est co-présidente avec la France de l'Union pour la Méditerranée, cette réunion est par conséquent repoussée et il faudra trouver une solution.
En revanche, au niveau des experts et d'un certain nombre de ministres, trois réunions ont eu lieu et dont les résultats sont positifs. A ce niveau-là, tout se passe bien y compris avec les Israéliens et les Egyptiens. Dans le cas présent où les ministres des Affaires étrangères devaient se réunir avant la fin de l'année, ce n'était pas possible. On va voir.
Q - On a parlé de l'accord Union européenne-Syrie ?
R - On l'a évoqué. En effet, la proposition était très rapide après avoir attendu très longtemps, peut-être que les Syriens n'ont pas eu le temps ou n'ont pas eu tout de suite envie de répondre. Ils répondront un peu plus tard.
Il y a eu des débats internes parce qu'un certain nombre de lobbies se font jour en Syrie pour faire entendre leurs voix, ce que je comprends. Néanmoins, je pense que c'est reculer pour mieux l'appréhender. On nous a dit la même chose concernant le partenariat Union européenne et Israël, maintenant c'est le cas avec l'Union européenne et la Syrie. Ce n'est jamais très facile.
Je dois noter également qu'il n'était pas habile et même qu'il était condamnable que soit arrêté, à cette même période, M. Al Malleh qui, à 78 ans, est le meilleur représentant syrien de la lutte pour les droits de l'Homme. Alexander Stubb nous a évoqué son récent déplacement et on a cité cette arrestation, dont il a parlé aux autorités syriennes.
Q - (A propos d'une éventuelle signature de l'accord)
R - L'accord n'est pas mort du tout, il va y avoir une réunion un peu plus tard. Je crois que le moment n'était pas bien choisi. On s'attendait à ce qu'ils signent, il est vrai qu'ils ont été prévenus tardivement mais cela n'est que repoussé. C'est vrai qu'un certain nombre de dispositions de l'accord doivent entraver un certain nombre de commerces intérieurs.
Q - S'agissant de la demande du général McChrystal ?
R - Ce n'est pas à moi que s'adresse cette proposition. Nous, nous avons dit très clairement que l'on ne doublerait pas nos effectifs et que l'on avait déjà augmenté le nombre de nos troupes.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 octobre 2009