Texte intégral
J'ai souhaité tenir cette conférence de presse aujourd'hui, à l'occasion du lancement de la campagne vaccinale contre le nouveau virus A(H1N1) qui débute en ce moment dans les établissements de santé.
J'ai souhaité aussi que cette conférence de presse soit l'occasion de répondre aux questions que vous pouvez vous poser sur la vaccination.
J'ai d'ailleurs tenu, pour nombre d'entre elles, à ce que vous ayez des réponses dans le dossier de presse qui vous a été remis.
Pourquoi débuter aujourd'hui une campagne de vaccination et la débuter dans les établissements de santé ?
Comme vous le savez, l'Institut de veille sanitaire a annoncé début septembre que nous avions dépassé le seuil épidémique pour la grippe sur le territoire national.
Depuis, nous n'avons pas observé de véritable flambée de l'épidémie qui semble, ces dernières semaines, marquer une certaine stabilisation.
Pour autant, ne nous y trompons pas. Les températures plutôt clémentes du début du mois d'octobre peuvent contribuer à expliquer cette stabilisation.
La bonne adhésion de nos concitoyens aux gestes barrières a sans doute aussi joué un rôle dans le ralentissement de la progression du virus.
Mais nous sommes toujours en face d'un nouveau virus, qui a démontré dans l'hémisphère Sud sa forte capacité de transmission et vis-à-vis duquel la population reste aujourd'hui « naïve », c'est-à-dire sans protection immunologique.
Je rappelle qu'il a touché près de 17% de la population en Nouvelle Calédonie et 11% en Nouvelle- Zélande cet été.
Les Etats-Unis, qui avaient été l'un des premiers pays touchés, semblent par ailleurs connaître une deuxième vague sérieuse qui doit nous mettre en garde. Ils viennent en effet d'annoncer le triste bilan de 86 décès d'enfants et d'adolescents, depuis le début de l'épidémie de virus A(H1N1), dont 43 depuis le début du mois de septembre.
Ces décès concernent en majorité des enfants qui avaient d'autres problèmes de santé, mais parfois aussi des enfants sans facteur de risque particulier.
Ce chiffre est à comparer aux 40 à 50 décès observés habituellement pour la totalité de l'épidémie saisonnière.
Sur notre territoire, l'épidémie peut donc s'accélérer demain, dans un mois, ou au milieu de l'hiver.
Il est difficile de le dire aujourd'hui, mais, selon les experts scientifiques, et Bruno Lina, directeur du centre national de référence de la grippe pour le Sud de la France vous le confirmera, il est probable que plus la vague pandémique arrivera tard, plus elle sera intense.
Il n'est donc pas question de baisser la garde aujourd'hui. Au contraire, il est souhaitable de mettre à profit cette forme de répit épidémiologique pour parachever notre préparation.
Il faudra de toute façon du temps, peut-être plusieurs années, pour que, si elle n'est pas vaccinée, l'ensemble de notre population, ayant croisé le nouveau virus A(H1N1), acquière une forme de protection.
La lutte contre le nouveau virus A(H1N1) relève bien davantage du marathon que du sprint.
Au coeur des mesures de prévention, la vaccination est évidemment le meilleur moyen de se protéger.
J'attire d'ailleurs l'attention sur le fait qu'il faut autour de trois semaines pour que le vaccin produise son effet et protège l'organisme.
C'est la raison pour laquelle nous lançons dès aujourd'hui la campagne.
Elle s'adressera dans un premier temps aux établissements de santé.
Pourquoi ? Pour deux raisons :
- les professionnels de santé qui y travaillent sont indispensables pour soigner les personnes malades, et il est donc nécessaire de les protéger en premier pour préserver notre système de soin qui pourra être très fortement sollicité si l'épidémie s'intensifie ;
- mais aussi parce que ces professionnels sont en contact étroit et quasi-permanent avec les personnes les plus fragiles.
Se faire vacciner, pour un professionnel de santé, c'est se protéger, notamment pour être opérationnel, mais aussi se prémunir du risque de contaminer un patient. C'est donc un acte de responsabilité à la fois envers soi, mais aussi et peut-être, surtout, envers autrui.
Ce sont ces raisons qui ont amené le Haut conseil de la santé publique à retenir les professionnels de santé comme catégorie la plus prioritaire au regard de la vaccination.
Je salue d'ailleurs Michel Legmann, président du Conseil national de l'ordre des médecins ici présent, qui a pris très tôt des positions parfaitement claires en faveur de la vaccination des professionnels de santé.
Les professionnels de santé savent mieux que quiconque à quoi correspond un syndrome de détresse respiratoire aigüe et ce que signifie un séjour de plusieurs jours ou plusieurs semaines en réanimation.
Un tel séjour s'avère malheureusement nécessaire dans quelques cas sur mille personnes contaminées par le nouveau virus.
C'est de cette loterie sinistre que la vaccination doit permettre de se prémunir, à titre individuel bien sûr, mais aussi pour ses proches et pour les patients. Je sais que les professionnels de santé seront au rendez-vous. Je ne peux pas imaginer qu'il en soit autrement.
Et tout particulièrement, priorité des priorités, les infirmières, infirmiers et médecins de néo-natologie ou de réanimation pédiatrique, au contact des nourrissons les plus fragiles.
Cette campagne va commencer aujourd'hui. Elle va se déployer très progressivement dans plus de 3000 établissements, sur tout le territoire national.
Je voudrais avant de conclure, évoquer en quelques mots les vaccins qui vont être utilisés et sur lesquels nous avons malheureusement entendu un peu tout et n'importe quoi ces derniers temps.
Le vaccin qui sera utilisé au lancement de cette campagne est celui de GSK, puisque c'est celui qui nous a été livré en plus grande quantité (de l'ordre de 1.5 million de doses).
Il s'agit d'un vaccin adjuvé, qui sera pour l'instant, tant que les autorités sanitaires européennes n'ont pas fait évoluer leur position sur le sujet, utilisé selon une stratégie à deux injections.
Nous sommes conscients que, pour les adultes, il est probable que cette recommandation évolue, mais je me dois d'attendre la décision des instances européennes.
Si une telle décision devait être rendue, ce serait une très bonne nouvelle : la protection de nos concitoyens serait obtenue plus rapidement et la campagne vaccinale plus facile à organiser.
Ne doutez pas que nous saurions, dans ce cas, faire des éventuelles doses en surnombre : don à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), garder les adjuvants qui peuvent servir avec d'autres souches, voire, pourquoi pas, cession de nos droits à d'autres pays moins précautionneux.
Certains ont parlé de vaccins développés dans la « précipitation » de la préparation à la pandémie.
Je m'inscris en faux vis-à-vis de ces assertions.
Certes les industriels ont mobilisé leur capacité de production pour produire au plus tôt les quantités de vaccins permettant de vacciner le plus grand nombre, mais ces vaccins ont été produits selon un processus qui a fait l'objet d'un développement très long, dans le cadre de la préparation au risque pandémique A(H5N1).
Ce développement a donné lieu à des essais cliniques qui se sont étalés sur plusieurs années, trois ans pour être exact, de 2005 à 2008.
Ce processus a été conforme à celui conduit dans le cadre du développement de tout nouveau vaccin. Il a même été beaucoup plus long que ce qui se fait, par exemple, chaque année, sur les vaccins contre la grippe saisonnière (les essais ne durant alors que 3 mois pour valider l'intégration des nouvelles souches).
Ces vaccins adjuvés ne sont d'ailleurs pas totalement nouveaux, contrairement à ce que disent certains qui s'auto-proclament experts.
Rien qu'en France, plus de 200 000 personnes ont été vaccinées avec un vaccin utilisant ce type d'adjuvant à base de squalène sans qu'un risque particulier n'ait été détecté.
Dans le monde, ce sont plus de 47 millions de personnes qui ont bénéficié d'un tel vaccin avec les mêmes conclusions en termes d'effets secondaires.
Je rappelle que ces adjuvants présentent le double intérêt d'une part, de réduire la dose d'antigène, c'est-à-dire de principe actif, du vaccin et, d'autre part, d'élargir la réponse immunitaire, c'est-à-dire de rendre le vaccin efficace contre un virus qui se serait un peu modifié.
Enfin, l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé a mis en place un système de pharmacovigilance renforcé. Ce dispositif existe également dans les autres pays européens.
Il nous permettra de détecter précocement les effets secondaires éventuels des vaccins. Je m'engage à informer tout un chacun dans la plus grande transparence.
Aujourd'hui donc, nous lançons la campagne vaccinale dans les établissements de santé.
Demain, c'est-à-dire sans doute au retour des congés de la Toussaint, lorsque les quantités de vaccins livrées seront suffisantes, nous élargirons la campagne au reste de la population.
Je souhaite que cette campagne soit un succès.
La vaccination n'est bien sûr pas obligatoire, mais se protéger c'est aussi protéger les autres. Les gestes de chacun font la santé de tous.
Je vous remercie.Source http://www.sante-sports.gouv.fr, le 21 octobre 2009
J'ai souhaité aussi que cette conférence de presse soit l'occasion de répondre aux questions que vous pouvez vous poser sur la vaccination.
J'ai d'ailleurs tenu, pour nombre d'entre elles, à ce que vous ayez des réponses dans le dossier de presse qui vous a été remis.
Pourquoi débuter aujourd'hui une campagne de vaccination et la débuter dans les établissements de santé ?
Comme vous le savez, l'Institut de veille sanitaire a annoncé début septembre que nous avions dépassé le seuil épidémique pour la grippe sur le territoire national.
Depuis, nous n'avons pas observé de véritable flambée de l'épidémie qui semble, ces dernières semaines, marquer une certaine stabilisation.
Pour autant, ne nous y trompons pas. Les températures plutôt clémentes du début du mois d'octobre peuvent contribuer à expliquer cette stabilisation.
La bonne adhésion de nos concitoyens aux gestes barrières a sans doute aussi joué un rôle dans le ralentissement de la progression du virus.
Mais nous sommes toujours en face d'un nouveau virus, qui a démontré dans l'hémisphère Sud sa forte capacité de transmission et vis-à-vis duquel la population reste aujourd'hui « naïve », c'est-à-dire sans protection immunologique.
Je rappelle qu'il a touché près de 17% de la population en Nouvelle Calédonie et 11% en Nouvelle- Zélande cet été.
Les Etats-Unis, qui avaient été l'un des premiers pays touchés, semblent par ailleurs connaître une deuxième vague sérieuse qui doit nous mettre en garde. Ils viennent en effet d'annoncer le triste bilan de 86 décès d'enfants et d'adolescents, depuis le début de l'épidémie de virus A(H1N1), dont 43 depuis le début du mois de septembre.
Ces décès concernent en majorité des enfants qui avaient d'autres problèmes de santé, mais parfois aussi des enfants sans facteur de risque particulier.
Ce chiffre est à comparer aux 40 à 50 décès observés habituellement pour la totalité de l'épidémie saisonnière.
Sur notre territoire, l'épidémie peut donc s'accélérer demain, dans un mois, ou au milieu de l'hiver.
Il est difficile de le dire aujourd'hui, mais, selon les experts scientifiques, et Bruno Lina, directeur du centre national de référence de la grippe pour le Sud de la France vous le confirmera, il est probable que plus la vague pandémique arrivera tard, plus elle sera intense.
Il n'est donc pas question de baisser la garde aujourd'hui. Au contraire, il est souhaitable de mettre à profit cette forme de répit épidémiologique pour parachever notre préparation.
Il faudra de toute façon du temps, peut-être plusieurs années, pour que, si elle n'est pas vaccinée, l'ensemble de notre population, ayant croisé le nouveau virus A(H1N1), acquière une forme de protection.
La lutte contre le nouveau virus A(H1N1) relève bien davantage du marathon que du sprint.
Au coeur des mesures de prévention, la vaccination est évidemment le meilleur moyen de se protéger.
J'attire d'ailleurs l'attention sur le fait qu'il faut autour de trois semaines pour que le vaccin produise son effet et protège l'organisme.
C'est la raison pour laquelle nous lançons dès aujourd'hui la campagne.
Elle s'adressera dans un premier temps aux établissements de santé.
Pourquoi ? Pour deux raisons :
- les professionnels de santé qui y travaillent sont indispensables pour soigner les personnes malades, et il est donc nécessaire de les protéger en premier pour préserver notre système de soin qui pourra être très fortement sollicité si l'épidémie s'intensifie ;
- mais aussi parce que ces professionnels sont en contact étroit et quasi-permanent avec les personnes les plus fragiles.
Se faire vacciner, pour un professionnel de santé, c'est se protéger, notamment pour être opérationnel, mais aussi se prémunir du risque de contaminer un patient. C'est donc un acte de responsabilité à la fois envers soi, mais aussi et peut-être, surtout, envers autrui.
Ce sont ces raisons qui ont amené le Haut conseil de la santé publique à retenir les professionnels de santé comme catégorie la plus prioritaire au regard de la vaccination.
Je salue d'ailleurs Michel Legmann, président du Conseil national de l'ordre des médecins ici présent, qui a pris très tôt des positions parfaitement claires en faveur de la vaccination des professionnels de santé.
Les professionnels de santé savent mieux que quiconque à quoi correspond un syndrome de détresse respiratoire aigüe et ce que signifie un séjour de plusieurs jours ou plusieurs semaines en réanimation.
Un tel séjour s'avère malheureusement nécessaire dans quelques cas sur mille personnes contaminées par le nouveau virus.
C'est de cette loterie sinistre que la vaccination doit permettre de se prémunir, à titre individuel bien sûr, mais aussi pour ses proches et pour les patients. Je sais que les professionnels de santé seront au rendez-vous. Je ne peux pas imaginer qu'il en soit autrement.
Et tout particulièrement, priorité des priorités, les infirmières, infirmiers et médecins de néo-natologie ou de réanimation pédiatrique, au contact des nourrissons les plus fragiles.
Cette campagne va commencer aujourd'hui. Elle va se déployer très progressivement dans plus de 3000 établissements, sur tout le territoire national.
Je voudrais avant de conclure, évoquer en quelques mots les vaccins qui vont être utilisés et sur lesquels nous avons malheureusement entendu un peu tout et n'importe quoi ces derniers temps.
Le vaccin qui sera utilisé au lancement de cette campagne est celui de GSK, puisque c'est celui qui nous a été livré en plus grande quantité (de l'ordre de 1.5 million de doses).
Il s'agit d'un vaccin adjuvé, qui sera pour l'instant, tant que les autorités sanitaires européennes n'ont pas fait évoluer leur position sur le sujet, utilisé selon une stratégie à deux injections.
Nous sommes conscients que, pour les adultes, il est probable que cette recommandation évolue, mais je me dois d'attendre la décision des instances européennes.
Si une telle décision devait être rendue, ce serait une très bonne nouvelle : la protection de nos concitoyens serait obtenue plus rapidement et la campagne vaccinale plus facile à organiser.
Ne doutez pas que nous saurions, dans ce cas, faire des éventuelles doses en surnombre : don à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), garder les adjuvants qui peuvent servir avec d'autres souches, voire, pourquoi pas, cession de nos droits à d'autres pays moins précautionneux.
Certains ont parlé de vaccins développés dans la « précipitation » de la préparation à la pandémie.
Je m'inscris en faux vis-à-vis de ces assertions.
Certes les industriels ont mobilisé leur capacité de production pour produire au plus tôt les quantités de vaccins permettant de vacciner le plus grand nombre, mais ces vaccins ont été produits selon un processus qui a fait l'objet d'un développement très long, dans le cadre de la préparation au risque pandémique A(H5N1).
Ce développement a donné lieu à des essais cliniques qui se sont étalés sur plusieurs années, trois ans pour être exact, de 2005 à 2008.
Ce processus a été conforme à celui conduit dans le cadre du développement de tout nouveau vaccin. Il a même été beaucoup plus long que ce qui se fait, par exemple, chaque année, sur les vaccins contre la grippe saisonnière (les essais ne durant alors que 3 mois pour valider l'intégration des nouvelles souches).
Ces vaccins adjuvés ne sont d'ailleurs pas totalement nouveaux, contrairement à ce que disent certains qui s'auto-proclament experts.
Rien qu'en France, plus de 200 000 personnes ont été vaccinées avec un vaccin utilisant ce type d'adjuvant à base de squalène sans qu'un risque particulier n'ait été détecté.
Dans le monde, ce sont plus de 47 millions de personnes qui ont bénéficié d'un tel vaccin avec les mêmes conclusions en termes d'effets secondaires.
Je rappelle que ces adjuvants présentent le double intérêt d'une part, de réduire la dose d'antigène, c'est-à-dire de principe actif, du vaccin et, d'autre part, d'élargir la réponse immunitaire, c'est-à-dire de rendre le vaccin efficace contre un virus qui se serait un peu modifié.
Enfin, l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé a mis en place un système de pharmacovigilance renforcé. Ce dispositif existe également dans les autres pays européens.
Il nous permettra de détecter précocement les effets secondaires éventuels des vaccins. Je m'engage à informer tout un chacun dans la plus grande transparence.
Aujourd'hui donc, nous lançons la campagne vaccinale dans les établissements de santé.
Demain, c'est-à-dire sans doute au retour des congés de la Toussaint, lorsque les quantités de vaccins livrées seront suffisantes, nous élargirons la campagne au reste de la population.
Je souhaite que cette campagne soit un succès.
La vaccination n'est bien sûr pas obligatoire, mais se protéger c'est aussi protéger les autres. Les gestes de chacun font la santé de tous.
Je vous remercie.Source http://www.sante-sports.gouv.fr, le 21 octobre 2009