Déclaration de M. Christian Estrosi, ministre de l'industrie, sur le rôle fixé au comité national des Etats généraux de l'industrie, Paris le 2 novembre 2009.

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Circonstance : Installation du Comité national des Etats généraux de l'industrie, à Paris le 2 novembre 2009

Texte intégral

Ces Etats généraux doivent être ceux du retour de l'homme au coeur de la stratégie industrielle. Ils doivent être ceux du savoir-faire et des ouvriers, ceux de l'environnement de travail favorable à l'épanouissement de chacun. L'esprit d'entreprise et l'innovation doivent être au service des employés et des ouvriers sans qui rien n'est possible.
Car, je ne crois pas à la fin de l'industrie en France. Je crois à la France de la production et de la R&D industrielles. Mais pour rester une grande nation industrielle, il est fondamental de préparer la sortie de crise dès aujourd'hui sans quoi nous serons dépassés par rapport à nos concurrents dans un ou deux ans.
La transformation n'est pas le déclin. Mais il ne faut pas rester passif devant la révolution industrielle qui surgit.
Il ne s'agit pas de subir cette révolution, mais de la faire : celle des éco-technologies, des biotechnologies, des nanotechnologies, de la fibre optique, de l'automobile verte. C'est comme cela que l'on sortira de la crise plus forts que nous n'y sommes entrés. Les Etats généraux et son comité national seront pour cela décisifs.
La crise a été le révélateur de nos faiblesses structurelles. Les Etats généraux de l'industrie sont là pour qu'enfin nous les traitions.
Les partenaires sociaux, chefs d'entreprises, décideurs publiques, économistes,...tout le monde est d'accord sur ce constat.
J'étais avec le Président de la République Nicolas SARKOZY le 3 septembre dernier à Caligny lorsqu'il a demandé à ce que des Etats généraux de l'industrie se tiennent avant la fin de l'année. Il m'en a confié l'organisation.
J'ai rencontré les partenaires sociaux et les fédérations industrielles afin de bâtir le dispositif. J'ai lancé ces Etats généraux le 15 octobre dernier.
Aujourd'hui je viens d'installer le comité national des Etats généraux de l'industrie, le CNEGI, qui en sera le fer de lance.
La feuille de route donnée aux Etats généraux et au comité national est absolument essentielle. Cette feuille de route n'oppose pas sécurité et prise de risque. Pour prendre des risques il faut avoir un certain nombre de garanties fondamentales sur les capacités de financement, la qualité et le fair-play des relations entre grande entreprise et PME sous-traitante, et aussi, c'est fondamental sur l'emploi durable.
Un nouveau pacte économique et social pour doper l'innovation et la compétitivité au service de l'emploi, voilà ce qui doit guider les Etats généraux de l'industrie et le comité national.
Ce pacte, nous allons le construire sur six grandes orientations
La logique de partenariat entre donneurs d'ordre et sous-traitants
Le décloisonnement entre les secteurs industriels
La localisation compétitive en France des outils de production et de R&D
La rénovation du modèle social des entreprises
L'innovation, qui sera l'accélérateur de la sortie de crise
La compétitivité durable
C'est cela la « nouvelle donne », c'est cela faire la révolution industrielle et ne pas la subir.
Ce comité incarne parfaitement cette nouvelle donne et ce nouveau souffle à donner à notre politique industrielle....ensemble.
Sous la présidence de Jean-François DEHECQ président de Sanofi-Aventis, ce sont des personnalités hautement qualifiées et riches de leurs complémentarités qui vont associer leurs expertises pour proposer les chemins de la nouvelle donne.
Dans ce comité il y a d'abord les partenaires sociaux, tous les partenaires sociaux, la CGT avec Bernard THIBAULT, la CFDT avec François CHEREQUE, FO avec Jean-Claude MAILLY, la CFTC avec Jacques VOISIN, la CFE-CGC avec Bernard VAN CRAYENEST, le Medef avec Laurence PARISOT, la CGPME avec Jean-François ROUBAUD. Ils ont tous accepté de faire partie de cette formidable aventure. Parce que c'est un nouveau pacte économique et social qu'il nous faut dessiner, tous ensemble, patrons et salariés. La formation initiale et continue, la reconversion des salariés mais aussi la relocalisation de nos entreprises seront des thèmes centraux de ces Etats généraux. La compétitivité de nos entreprises aussi. Mais elle n'ira pas sans pérennité de l'emploi industriel.
Les fédérations industrielles, sont naturellement fortement représentées et joueront un rôle central dans ces Etats généraux, avec MM. JACOB du GFI (Groupe des fédérations industrielles), SAINT-GEOURS de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie), GATTAZ de la FIEEC (Fédération des Industries Electriques, Electroniques et de Communication) et CHAMBON de l'UIC (Union des industries chimiques), l'Assemblée des chambres de commerce et d'industrie, c''est-à-dire les instances qui tissent l'industrie sur le terrain chaque jour seront bien entendu également représentés
Les grands industriels ne sont pas oubliés : Je remercie tout particulièrement Louis GALLOIS, président d'EADS qui a tenu à s'impliquer personnellement dans ces travaux. Les PME innovantes sont là également : je salue notamment Frédéric BEDIN de Croissance plus qui présidera le groupe de travail sur l'innovation.
La recherche et l'innovation seront les accélérateurs de la sortie de crise, j'en suis convaincu, vous le savez. Alice DAUTRY directrice générale de l'Institut Pasteur, est membre du comité. Dominique VERNAY du pôle de compétitivité Systematic également.
Mais on ne pourra pas innover sans redonner les moyens à nos PME d'investir. Et elles ne pourront pas investir si l'on ne restaure pas leurs capacités d'investissement et leurs fonds propres. C'est la raison de la présence importante dans ce comité des investisseurs et financeurs publics ou privés : Gilles MICHEL du FSI, François DROUIN d'Oseo, Jean-Louis de BERNARDY de l'AFIC (Association française des investisseurs en capital), Laurence DANON pour Rothschild, René RICOL, l'ancien médiateur du crédit, qui a tant fait pour nos PME.
Ce comité a vocation à bousculer les idées reçues, à changer radicalement notre regard sur l'industrie parce que les circonstances l'exigent. Je souhaite par exemple que l'on transforme le modèle social de l'entreprise je l'ai dit, des salariés des co-entrepreneurs impliqués dans la performance économique de long terme. Patrick LENANCKER président de la confédération générale des SCOP est membre du comité. Il sait les vertus d'une association au capital des salariés pour les petites PME.
Pour changer en profondeur, il nous faut donc aussi des penseurs, des esprits prospectifs : Elie COHEN, Michel DIDIER, et Jean-Hervé LORENZI sont les économistes de référence sur l'industrie. Ils ont accepté de travailler avec nous. Claude BEBEAR président de l'Institut Montaigne et Denis RANQUE nous apporterons leur expérience et leur vue d'ensemble pour nous aider à trouver les moyens de se projeter sur les marchés d'avenir.
Les élus sont aussi au rendez-vous : Patrick OLLIER, ancien Président de l'Assemblée nationale et président de la Commission des affaires économiques, Jean GRELLIER, Député des Deux-Sèvres, Gérard CORNU, Sénateur d'Eure-et-Loir, François PATRIAT, ancien ministre, Sénateur de la Côte d'Or, ces élus de droite comme de gauche, à parts égales, ont décidé de s'impliquer car l'enjeu dépasse les clivages traditionnels.
Gaston FRANCO, Député européen, apportera un regard communautaire incontournable dans nos débats. Ce regard extérieur sera également donné par Hans-Peter KEITEL, le Président du BDI (le patronat allemand) et son vice président Hartmut Mehdorn, ancien dirigeant d''Airbus et de la Deutsche Bahn. C'était indispensable parce que l'Allemagne est le pays industriel de référence et que ces deux personnalités sont des références de l'industrie chez eux. C'est le modèle allemand qui doit inspirer nos travaux pour refonder les relations donneurs d'ordre sous-traitant, pour miser sur l'écosystème et les relations de proximité gagnant-gagnant, sur la qualité et le savoir-faire plutôt que la compression des coûts. Ils seront également précieux pour trouver les moyens du développement de nos PME en Etablissements de taille intermédiaires, qui nous permettront d'être plus conquérants à l'international. C'est à la France et à Nicolas SARKOZY qu'Angela MERKEL a réservé son premier voyage après sa réélection ce mercredi. Nos deux pays ont beaucoup à gagner en resserrant encore leur coopération.
Enfin, lorsque l'on veut vraiment mener une révolution, il faut des visionnaires qui dépassent le champ de l'industrie au sens strict.
On ne peut pas lire l'avenir sans parfaitement connaître le passé : Pascal GRISET, est professeur d'histoire à la Sorbonne. C'est un spécialiste de l'histoire de l'innovation. L'innovation est le fil rouge de notre ambition commune.
Jean NOUVEL qui était avec nous ce matin, est un visionnaire. Il innove et il crée en permanence, précédant les tendances. Il nous apportera ce regard différent indispensable pour insuffler le changement. Car les changements des modes d'habitat, des comportements urbains doivent induire une transformation de notre appareil industriel et de nos produits industriels.
Les membres du comité national reflètent l'ambition des Etats généraux de l'industrie : créer une nouvelle donne économique et sociale pour doper l'innovation et la compétitivité.
C'est ce comité de l'audace, riche de ses personnalités si fortes et si différentes, qui pilotera et orientera les travaux nationaux qui commencent dès cette semaine. Ces travaux s'achèveront le 27 janvier 2010.
Les propositions opérationnelles qu'ils établiront ajoutées à celles des ateliers dans nos 22 régions et aux contributions via Internet, permettront au gouvernement, début février 2010 de livrer sa nouvelle politique industrielle. Celle qui permettra à notre industrie de se positionner sur les marchés porteurs de croissance et d'emploi durables.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 3 novembre 2009