Texte intégral
R. Duchemin.- On va évidemment parler relance avec vous, puisque vous voyez, je crois, en sortant M. Rocard et A. Juppé. Mais avant, évidemment, actualité oblige, C. Pasqua fait appel de sa condamnation dans l'affaire de l'Angolagate ; il demande la levée du secret défense. Est-ce nécessaire ?
Je comprends cela. D'abord il a naturellement le droit de se défendre, et on ne se défend jamais mieux qu'en faisant la vérité.
La vérité ? C'est-à-dire en levant le secret défense ? Vous auriez fait la même chose, vous auriez demandé la levée aussi ?
Si j'avais été son avocat, dans ce cas-là, j'aurais demandé effectivement la levée du secret défense. D'autant plus qu'il y a maintenant plus de quinze, vingt ans, que ça a eu lieu. Donc je pense que les intérêts nationaux ne sont plus en cause.
Il dit quand même que tout le monde visiblement, était au courant de ces affaires de trafics d'armes, l'Elysée, Matignon...
Je ne sais pas.
...De 1993 à 1998. C'est quoi ? C'est une menace de grand déballage ?
Pas nécessairement. C'est surtout, peut-être le moyen pour lui de faire apparaître que son rôle n'a pas été celui que lui font porter les tribunaux.
C'est aussi, un système derrière ?
Je crois qu c'est un moyen de défense. Et c'est un moyen de défense d'ailleurs assez classique de...
Il ne donne pas de nom, mais il y a quand même des gens derrière, derrière ces postes, à ces dates-clés ?
Non mais, ou bien ça a été la politique de la France, d'exporter des armes vers l'Angola...
La fameuse Françafrique notamment, dont on a parlé ?
...Et dans ce cas-là, le Gouvernement n'a fait qu'appliquer la politique de la France et la responsabilité n'est pas celle d'un homme. Ou bien ça a été des initiatives individuelles, voire intéressées et dans ce cas-là, la justice a son rôle à jouer. La différence entre les deux, on ne le sait pas.
Je l'ai dit, vous voyez en sortant, M. Rocard et A. Juppé. On va évidemment parler du grand emprunt. L'enveloppe, on la connaît, on ne la connaît pas ? On a entendu tout et son contraire, 30 milliards, 100 milliards... Le chiffre c'est quoi ?
On ne la connaît pas et d'ailleurs, la commission Rocard-Juppé a dit que ce n'était pas son sujet de déterminer, puisque c'est les moyens de l'Etat. C'est au président de la République, au Gouvernement de le déterminer. En revanche, c'est à la commission de faire le programme. En tous les cas de le suggérer. Et puis après, le Gouvernement prendra des responsabilités. Moi, ce que je crois d'important dans l'affaire du grand emprunt, c'est la méthode. Parce qu'on va emprunter et nous avons déjà un gros déficit, alors ça choque un peu parfois. Mais en réalité, le déficit, on ne le réduira que par de la croissance. Et le grand emprunt, normalement, il devrait rapporter plus qu'il ne coûtera. C'est-à-dire qu'on peut imaginer qu'il aura un taux relativement bas - aujourd'hui les taux sont bas - et que si cet argent est bien placé, cet argent aura un rendement plus élevé que le taux.
Alors vous parlez du rendement, mais il va être ouvert à qui ? Aux particuliers, uniquement aux banques ? C'est vrai qu'on attend toujours de savoir, ce qui va se passer réellement et qui est concerné ?
De mon point de vue, d'abord, il doit coûter le moins possible...
Et donc ?
Le moins cher possible, le marché est moins cher que les particuliers.
Cela veut dire que vous n'êtes pas favorable à l'ouverture aux particuliers ?
Il faut trouver un équilibre à mon avis. Deuxièmement, il faut aussi mobiliser l'opinion parce que c'est une affaire nationale de conquérir de la croissance. Et en effet, il ne faut pas assécher le marché.
Mais pardon, le point d'équilibre avec justement les particuliers, il se situe où exactement ?
Voilà, c'est ça qu'il faut étudier.
C'est ce que vous allez dire aujourd'hui, à M. Rocard et A. Juppé ?
C'est ça qui est compliqué.
C'est stratégique, parce que ça va aussi avec le plan de relance.
En même temps, le plan de relance, il se veut immédiat, c'est-à-dire qu'on injecte de l'argent dans l'économie, au moment où elle en manque. Et c'est particulièrement le cas en 2009, au plus fort de la crise. Le grand emprunt, il a une vocation stratégique, c'est-à-dire créer de la croissance alors que celle-ci est défaillante, mais il y prend son temps.
La relance, le pari de la croissance, l'Allemagne, elle, elle le fait en baissant par exemple les impôts. Nous, on ne les augmente pas. Ce n'est pas tout à fait la même chose.
Parce qu'on les a déjà baissés...
Pourquoi on ne fait pas pareil ? Là, ce serait un bon geste, au moment où on a un chômage important ?
Je m'amuse parce que maintenant que l'Allemagne baisse ses impôts, on nous explique qu'il faut faire la même chose. C'est très bien. Mais il y a quelques jours avant, que l'Allemagne ne prenne cette décision, le consensus médiatico-politique, c'était de dire qu'il fallait augmenter les impôts. Donc tout ceci montre quand même que la réflexion n'a pas été poussée très loin. Nous avons baissé nos impôts avant l'Allemagne, ce qui fait que sur la relance, nous avons les meilleurs résultats, ce n'est pas qu'ils soient fabuleux, mais les autres sont très mauvais, et les nôtres sont assez corrects, puisque nous avons une toute petite croissance, pas suffisante, mais + 0,3...
Oui, on est entre 0 et 1, ce n'est pas énorme.
Les autres sont en dessous de 0.
Oui, je sais, on vient de loin, c'est ce que vous allez me dire ?
Oui, on vient de loin et la croissance malgré tout, nous commençons à la retrouver un petit peu. Pas assez. D'où le grand emprunt.
Dites-moi, P. Devedjian : d'après Le Canard Enchaîné de ce matin, l'Elysée prépare visiblement l'arrivée de J. Sarkozy de manière active, dit-on, à la tête du Conseil général des Hauts-de-Seine, poste que vous occupez. Alors il y a eu le tohu-bohu de l'EPAD, évidemment ; vous n'en avez pas un peu marre ? Il me semble que vous vouliez briguer un second mandat, c'est ce que j'ai entendu, vous auriez même dit, c'est Le Canard qui vous prête ces propos : « Sarko veut ma peau, il veut tout m'enlever ! »
Mais non, je n'ai pas dit ça d'ailleurs ! Mais...
Qu'est-ce que vous avez dit ?
Je n'ai pas dit ça en tous les cas. Parce que d'abord, ce n'est pas le sujet. J'ai été élu. Moi, vous savez, à la tête du Conseil général des Hauts-de-Seine, mon souci, c'est premièrement de conduire à bien des grands projets qu'on a lancés et qui sont très importants. Nous allons aménager l'Ile Seguin, faire une très grande salle de musique, c'est très important. Rénover toute la vallée de la culture au bord de la Seine. Faire les grands équipements, les grandes infrastructures, nous allons être le premier territoire d'Europe...
Mais vous êtes toujours candidat au Conseil général des Hauts-de- Seine, à la présidence ?
Mais je conduis bien sûr mon mandat jusqu'au bout, en faisant la promotion des projets...
Et s'il faut s'effacer pour laisser la place à J. Sarkozy ?
Ecoutez, nous n'y sommes pas.
Dernière question : D. de Villepin a réuni ses partisans hier soir ; on dirait qu'il est en pré-campagne, non, pour 2012 ?
Oui, là aussi, on voit une espèce de fuite en avant. Pour le moment, la justice est saisie de sa situation, et en même temps, il y a un discours politique. Moi, je crois que dans le délibéré d'un tribunal, il ne faut pas faire interférer des considérations politiques. La justice n'aime pas ça.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 novembre 2009
Je comprends cela. D'abord il a naturellement le droit de se défendre, et on ne se défend jamais mieux qu'en faisant la vérité.
La vérité ? C'est-à-dire en levant le secret défense ? Vous auriez fait la même chose, vous auriez demandé la levée aussi ?
Si j'avais été son avocat, dans ce cas-là, j'aurais demandé effectivement la levée du secret défense. D'autant plus qu'il y a maintenant plus de quinze, vingt ans, que ça a eu lieu. Donc je pense que les intérêts nationaux ne sont plus en cause.
Il dit quand même que tout le monde visiblement, était au courant de ces affaires de trafics d'armes, l'Elysée, Matignon...
Je ne sais pas.
...De 1993 à 1998. C'est quoi ? C'est une menace de grand déballage ?
Pas nécessairement. C'est surtout, peut-être le moyen pour lui de faire apparaître que son rôle n'a pas été celui que lui font porter les tribunaux.
C'est aussi, un système derrière ?
Je crois qu c'est un moyen de défense. Et c'est un moyen de défense d'ailleurs assez classique de...
Il ne donne pas de nom, mais il y a quand même des gens derrière, derrière ces postes, à ces dates-clés ?
Non mais, ou bien ça a été la politique de la France, d'exporter des armes vers l'Angola...
La fameuse Françafrique notamment, dont on a parlé ?
...Et dans ce cas-là, le Gouvernement n'a fait qu'appliquer la politique de la France et la responsabilité n'est pas celle d'un homme. Ou bien ça a été des initiatives individuelles, voire intéressées et dans ce cas-là, la justice a son rôle à jouer. La différence entre les deux, on ne le sait pas.
Je l'ai dit, vous voyez en sortant, M. Rocard et A. Juppé. On va évidemment parler du grand emprunt. L'enveloppe, on la connaît, on ne la connaît pas ? On a entendu tout et son contraire, 30 milliards, 100 milliards... Le chiffre c'est quoi ?
On ne la connaît pas et d'ailleurs, la commission Rocard-Juppé a dit que ce n'était pas son sujet de déterminer, puisque c'est les moyens de l'Etat. C'est au président de la République, au Gouvernement de le déterminer. En revanche, c'est à la commission de faire le programme. En tous les cas de le suggérer. Et puis après, le Gouvernement prendra des responsabilités. Moi, ce que je crois d'important dans l'affaire du grand emprunt, c'est la méthode. Parce qu'on va emprunter et nous avons déjà un gros déficit, alors ça choque un peu parfois. Mais en réalité, le déficit, on ne le réduira que par de la croissance. Et le grand emprunt, normalement, il devrait rapporter plus qu'il ne coûtera. C'est-à-dire qu'on peut imaginer qu'il aura un taux relativement bas - aujourd'hui les taux sont bas - et que si cet argent est bien placé, cet argent aura un rendement plus élevé que le taux.
Alors vous parlez du rendement, mais il va être ouvert à qui ? Aux particuliers, uniquement aux banques ? C'est vrai qu'on attend toujours de savoir, ce qui va se passer réellement et qui est concerné ?
De mon point de vue, d'abord, il doit coûter le moins possible...
Et donc ?
Le moins cher possible, le marché est moins cher que les particuliers.
Cela veut dire que vous n'êtes pas favorable à l'ouverture aux particuliers ?
Il faut trouver un équilibre à mon avis. Deuxièmement, il faut aussi mobiliser l'opinion parce que c'est une affaire nationale de conquérir de la croissance. Et en effet, il ne faut pas assécher le marché.
Mais pardon, le point d'équilibre avec justement les particuliers, il se situe où exactement ?
Voilà, c'est ça qu'il faut étudier.
C'est ce que vous allez dire aujourd'hui, à M. Rocard et A. Juppé ?
C'est ça qui est compliqué.
C'est stratégique, parce que ça va aussi avec le plan de relance.
En même temps, le plan de relance, il se veut immédiat, c'est-à-dire qu'on injecte de l'argent dans l'économie, au moment où elle en manque. Et c'est particulièrement le cas en 2009, au plus fort de la crise. Le grand emprunt, il a une vocation stratégique, c'est-à-dire créer de la croissance alors que celle-ci est défaillante, mais il y prend son temps.
La relance, le pari de la croissance, l'Allemagne, elle, elle le fait en baissant par exemple les impôts. Nous, on ne les augmente pas. Ce n'est pas tout à fait la même chose.
Parce qu'on les a déjà baissés...
Pourquoi on ne fait pas pareil ? Là, ce serait un bon geste, au moment où on a un chômage important ?
Je m'amuse parce que maintenant que l'Allemagne baisse ses impôts, on nous explique qu'il faut faire la même chose. C'est très bien. Mais il y a quelques jours avant, que l'Allemagne ne prenne cette décision, le consensus médiatico-politique, c'était de dire qu'il fallait augmenter les impôts. Donc tout ceci montre quand même que la réflexion n'a pas été poussée très loin. Nous avons baissé nos impôts avant l'Allemagne, ce qui fait que sur la relance, nous avons les meilleurs résultats, ce n'est pas qu'ils soient fabuleux, mais les autres sont très mauvais, et les nôtres sont assez corrects, puisque nous avons une toute petite croissance, pas suffisante, mais + 0,3...
Oui, on est entre 0 et 1, ce n'est pas énorme.
Les autres sont en dessous de 0.
Oui, je sais, on vient de loin, c'est ce que vous allez me dire ?
Oui, on vient de loin et la croissance malgré tout, nous commençons à la retrouver un petit peu. Pas assez. D'où le grand emprunt.
Dites-moi, P. Devedjian : d'après Le Canard Enchaîné de ce matin, l'Elysée prépare visiblement l'arrivée de J. Sarkozy de manière active, dit-on, à la tête du Conseil général des Hauts-de-Seine, poste que vous occupez. Alors il y a eu le tohu-bohu de l'EPAD, évidemment ; vous n'en avez pas un peu marre ? Il me semble que vous vouliez briguer un second mandat, c'est ce que j'ai entendu, vous auriez même dit, c'est Le Canard qui vous prête ces propos : « Sarko veut ma peau, il veut tout m'enlever ! »
Mais non, je n'ai pas dit ça d'ailleurs ! Mais...
Qu'est-ce que vous avez dit ?
Je n'ai pas dit ça en tous les cas. Parce que d'abord, ce n'est pas le sujet. J'ai été élu. Moi, vous savez, à la tête du Conseil général des Hauts-de-Seine, mon souci, c'est premièrement de conduire à bien des grands projets qu'on a lancés et qui sont très importants. Nous allons aménager l'Ile Seguin, faire une très grande salle de musique, c'est très important. Rénover toute la vallée de la culture au bord de la Seine. Faire les grands équipements, les grandes infrastructures, nous allons être le premier territoire d'Europe...
Mais vous êtes toujours candidat au Conseil général des Hauts-de- Seine, à la présidence ?
Mais je conduis bien sûr mon mandat jusqu'au bout, en faisant la promotion des projets...
Et s'il faut s'effacer pour laisser la place à J. Sarkozy ?
Ecoutez, nous n'y sommes pas.
Dernière question : D. de Villepin a réuni ses partisans hier soir ; on dirait qu'il est en pré-campagne, non, pour 2012 ?
Oui, là aussi, on voit une espèce de fuite en avant. Pour le moment, la justice est saisie de sa situation, et en même temps, il y a un discours politique. Moi, je crois que dans le délibéré d'un tribunal, il ne faut pas faire interférer des considérations politiques. La justice n'aime pas ça.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 novembre 2009