Déclaration de Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur les besoins de reconstruction de l'Irak et sur les opportunités d'investissement pour la France, à Bagdad le 2 novembre 2009.

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Texte intégral

Messieurs les Ministres,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Député,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire mon émotion de me retrouver pour la deuxième fois cette année à Bagdad, sur les rives du Tigre, au coeur de la Mésopotamie multi-millénaire, qui a vu des empires s'élever et disparaître, qui a vécu des heures tragiques, mais qui se relève toujours avec une obstination farouche.
Je voudrais saluer en premier tous nos amis Irakiens présents ce soir, en particulier Monsieur le Ministre Al-Safi, Ministre du commerce, qui témoignent ainsi non seulement de leur amitié envers la France, mais également de leur volonté de surmonter les difficultés quotidiennes pour se tourner vers l'avenir.
Je tiens également à saluer l'Ambassadeur, et son équipe, vers qui vont tous mes remerciements.
L'Irak est entré dans une phase de renouveau politique. La constitution adoptée par référendum en 2005 et le cycle des élections législatives, dont les prochaines auront lieu en janvier 2010, sont en passe d'instaurer une vraie démocratie. Certes la violence subsiste, mais elle a été divisée par dix depuis les pics de 2006 et 2007. Certes la violence subsiste, mais les affrontements sont désormais essentiellement politiques. La vie doit reprendre ses droits et nous entendons, par notre présence aujourd'hui, en être des artisans aux côtés de nos mais Irakiens. Certes la violence subsiste, mais elle ne doit plus être un obstacle à la reprise des affaires.
Et les besoins sont immenses. Selon les experts, les besoins de reconstructions sont évalués entre 400 et 600 milliards de dollars. D'ores et déjà l'économie irakienne est l'une des plus dynamiques au monde. Sa croissance annuelle atteint 8%. Et pourtant le pays n'a pas encore complètement utilisé son atout majeur, le pétrole.
Pour reprendre l'expression du Premier ministre M. Maliki, l'Irak baigne sur un lac de pétrole. Ses réserves sont les 3èmes du monde, avec 115 milliards de barils. Actuellement la production est de 2,5 millions de barils par jours et a vocation, avec l'aide des investissements internationaux et en particulier français, à atteindre 7 millions de barils par jour en 2015 et à terme 10 à 12 millions de barils par jour.
Ces recettes auront naturellement vocation à irriguer l'ensemble de l'économie, puisque nous le savons tous, l'après pétrole est à inventer dès aujourd'hui. Elles auront vocation à financer la reconstruction des infrastructures, telles que l'électricité, les communications, le traitement de l'eau, des déchets, les transports. Les services se développeront mécaniquement par la suite.
Dans ce contexte, les opportunités pour les entreprises étrangères et françaises sont immenses. Ne nous leurrons pas. La place de la France actuellement dans l'économie irakienne est inférieure à son potentiel. Nos exportations 2008 n'étaient que de 173 Meuros, soit une part de marché de 0,5%. Nous devions réagir. Le Président Sarkozy, par son voyage à Bagdad en février dernier, a donné le signal d'un nouveau départ pour les entreprises françaises. Cette visite a ensuite été suivie par plusieurs déplacements, comme celui du Premier ministre Maliki à Paris en mai dernier ou celui du Premier ministre Fillon en juillet dernier. Ce cycle culminera dans quinze jours avec la visite d'Etat du Président Talabani à Paris.
Aux entreprises françaises présentes ce soir, je voudrais leur lancer un message simple : oui vous avez raison de parier sur le développement de l'Irak. Et la France est prête à vous aider. Pas seulement avec des belles paroles, mais avec des financements. L'assurance-crédit Coface a été réouverte cette année. Plusieurs projets d'envergure ont ainsi pu être réalisés avec cet appui. Un fonds d'amorçage doté de dons a été créé afin d'aider les entreprises ayant des projets particuliers, notamment de formation de cadres irakiens, permettant ainsi la diffusion du savoir faire et de la technologie française. La société Degrémont, avec la Bagdad Water Authority, la société Fayat, dans le secteur de la construction routière, ont déjà bénéficié de ce fonds. Et ce matin, j'ai signé avec le ministre des transports, un accord permettant une formation dans le secteur ferroviaire, qui sera mis en oeuvre par la société CIM Logerail.
Parallèlement, nous avons réouvert, en mai dernier, le Service économique de Bagdad dirigé par Frédéric Choblet, sans qui il n'y aurait pas eu de pavillon français à la foire de Bagdad. Ubifrance a également repris son activité sous l'impulsion de son Directeur général Christophe Lecourtier. Un séminaire remarqué sur le secteur de la santé s'est tenu à Paris en octobre dernier. Ubifrance a organisé les deux foires d'Erbil et Bagdad et s'apprête, je peux vous l'annoncer ce soir, à démarrer en 2010 ses premières missions thématiques en Irak. Un conseil des chefs d'entreprises France-Irak a été créé, co-présidé par Total et l'Union des chefs d'entreprises irakiens, dont je salue le Président, M. Raguib Bleibel.
Les résultats commencent d'ores et déjà à arriver. Ce matin, Aéroports de Paris International a signé un contrat de 29 Meuros pour réaliser les études du futur aéroport Moyen Euphrate, situé entre Kerbala et Najaf, qui draine un important flux de pèlerins. Thalès a signé un contrat de 8,4 Meuros pour les études relatives à la mise en place d'un système de cartes d'identité sécurisées. Et je peux vous annoncer que les prochaines semaines seront fructueuses, même si je ne peux naturellement rien révéler à l'avance.
Vous tous qui êtes réunis ce soir, Français et Irakiens, pouvez et devez oeuvrer ensemble pour développer la relation bilatérale, pour développer l'Irak. Suivez les traces de la société Lafarge, qui est le premier investisseur français en Irak et qui produit 60% du ciment irakien. Suivez les traces de CMA-CGM, première compagnie maritime à desservir les ports irakiens.
Le développement des échanges économiques sera un facteur de stabilisation de l'Irak. Plus le niveau de vie augmentera et plus la violence diminuera. Les chefs d'entreprises sont donc les soldats de la paix. L'année prochaine, grâce à tous vos efforts, nous serons plus de cent entreprises présentes.
Je vous remercie.
Source http://www.ambafrance-iq.org, le 24 novembre 2009