Déclaration de M. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, sur les efforts en faveur de la Francophonie, à Paris le 15 décembre 2009.

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Circonstance : Ouverture de la 25e conférence ministérielle de la Francophonie, à Paris le 15 décembre 2009

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire général, Cher Président Abdou Diouf,
Madame la Présidente, Chère Josée Verner,
Mesdames et Messieurs les Ministres, Chers Collègues,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis francophones,
C'est un plaisir et c'est aussi un honneur pour moi de vous souhaiter la bienvenue ici sur le site de la Convention, son tout nouvel espace de conférences ministérielles, que la France met à la disposition de la Francophonie.
La formule pragmatique et pratique retenue pour cette Conférence de Paris est un témoignage concret de l'engagement de la France dans l'esprit de Québec.
Comment mieux affirmer la priorité francophone, le réflexe francophone, qu'en faisant de la conférence ministérielle le premier événement international, et même la première activité officielle, organisée dans ce centre ?
Les drapeaux des Etats et gouvernements ayant le français en partage déployés devant ce bâtiment en témoignent et nous espérons les y revoir souvent, comme nous en avons pris l'engagement envers l'OIF pour les sessions parisiennes de ses instances et de grandes réunions.
Si ces drapeaux sont symboliques, le lieu l'est tout autant : naguère siège de l'Imprimerie nationale, qui a tant fait pour le rayonnement de la langue française - à présent, l'un des deux sites parisiens du ministère des Affaires étrangères et européennes, avec le quai d'Orsay. Et ce sont notamment ses services chargés de la coopération internationale et de la diffusion du français qui y poursuivent cette oeuvre de rayonnement, avec la même ardeur !
Un an après le succès de la réunion ministérielle et du Sommet de Québec, cette conférence de Paris permettra notamment d'assurer le suivi de Québec et d'envisager les moyens concrets de mettre efficacement en oeuvre ces engagements politiques qui nous lient ensemble.
Depuis ce Sommet, les événements de 2009 ont d'ailleurs donné raison à la recherche d'une Francophonie toujours plus solidaire, cohérente et réactive face aux défis de la démocratie, du changement climatique, de la crise économique, financière et alimentaire qui nous concernent tous au sein de cette enceinte Nord-Sud unique dont le message est inlassablement porté au monde entier par son éminent Secrétaire général, le président Abdou Diouf.
Un an après Québec, le travail de mise en oeuvre qui a déjà été effectué par les pays membres, sous l'impulsion de l'OIF, apparaît déjà comme un effort sans précédent.
La France est fière d'y contribuer - notamment en faveur du renforcement de la participation francophone dans les opérations de maintien de la paix. La résolution qui vous est soumise, par le Canada et par la France, sur ce point, se réfère à l'engagement, pris à Québec par les Etats et gouvernements membres, de fournir à l'ONU et aux organisations régionales compétentes, des contingents francophones - militaires, policiers et civils - afin d'accompagner les transitions et de consolider la paix dans l'espace francophone.
Il est notamment essentiel que ces contingents puissent mieux communiquer avec les populations, ce que l'usage du français facilite naturellement lorsque ces populations maîtrisent au moins partiellement le français. Il importe donc : de mettre rapidement en place un réseau d'experts compétents, de favoriser l'établissement de partenariats et de partages d'expérience avec les pays ayant déjà participé à ce type d'opérations ; de dispenser dès 2010 des formations techniques au profit d'experts des Etats membres de notre Organisation; enfin, de renforcer la coordination, sous l'impulsion de l'OIF, des initiatives engagées par les Etats membres en faveur de la participation francophone aux opérations de maintien de la paix.
Mesdames et Messieurs, la majorité de nos pays membres, malgré l'engagement formel des chefs d'Etat et de gouvernement à Québec, n'emploie pas suffisamment le français dans les enceintes internationales, comme on a malheureusement pu le constater de nouveau, lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies à New York. La France, en sa qualité d'Etat membre de la Francophonie, ne peut hélas que le déplorer : la Francophonie, fortement engagée, auprès de l'UNESCO notamment, dans le combat pour le respect du multilinguisme et du dialogue des cultures, pour l'alliance des civilisations, a besoin du soutien concret, effectif et continu de chacun de ses membres.
Dans notre action en faveur des droits et des libertés, les disparités dans les positions de nos délégations à Genève démontrent la nécessité de faire de ce "Bamako +10" un événement fortement mobilisateur dix ans après la déclaration de Bamako qui a si fortement marqué nos instances et nos travaux.
Qu'il s'agisse de langue ou de libertés, nos engagements francophones ne sont pas optionnels et doivent inspirer nos représentants dans toutes les enceintes. Les Groupes des Ambassadeurs francophones constituent l'instance mobilisatrice dans ce sens.
Un autre cadre de mobilisation, à la fois immédiat et de long terme, est la concertation francophone préparée en vue de la Conférence de Copenhague, depuis un an, grâce au Canada et à l'Institut de l'Energie et de l'Environnement de la Francophonie. Dans cet esprit, j'étais d'ailleurs à Copenhague hier.
La France exprime tout son soutien au Secrétaire général qui a souligné, dans son message aux chefs d'Etat et de gouvernement, l'urgence et le potentiel de cette concertation. Nous pouvons contribuer à catalyser un accord à Copenhague en tirant parti de notre démarche francophone, qui transcende les clivages Nord-Sud. Le président de la République, pour sa part, a mis la délégation française à la disposition de la Francophonie et de l'IEPF pour y parvenir.
Au-delà de Copenhague, nous devrons inscrire notre action dans la durée. Je pense déjà au Sommet de 2010, qui devra être ouvert à cette perspective de solidarité pour le développement durable. La France, qui a appelé à Québec votre attention sur les urgences de la gouvernance mondiale, présidera en 2011 le G8 et le G20. Le sommet de 2010, dans ce contexte, pourra se prononcer et insuffler des idées assurées d'un débouché immédiat.
Notre conférence ministérielle est aussi le conseil d'administration de la Francophonie, dont nous avons écouté à l'instant le commissaire aux Comptes. Malgré une conjoncture budgétaire particulièrement tendue, la France a opté pour le maintien de ses contributions. Le président de la République a aussi décidé, à Québec, d'importantes mesures additionnelles pour réaliser la Maison de la Francophonie que l'Etat mettra à sa disposition dès 2010.
Dès à présent, nous pouvons annoncer quelques chiffres : un loyer payé par l'Etat de 5,2 millions d'euros en année pleine ; ce montant, rapporté à la contribution de la France à l'OIF, de 33 millions d'euros en 2009, correspond à une progression de 15 %. La France, comme vous le savez, reste attachée - en particulier au sein de notre famille francophone - au caractère multilatéral des financements. Notre pays, qui est heureux de doter la Francophonie d'une Maison digne d'elle, saisit cette occasion pour appeler tous les bailleurs à envisager eux aussi un effort additionnel au profit de l'OIF et des opérateurs. Il approuve la recherche de partenaires extérieurs et de financements privés.
Mesdames et Messieurs, soyez en convaincu, la France mène une politique francophone affirmée et ambitieuse pour une francophonie populaire.
C'est la raison pour laquelle, outre les éléments importants que je viens de rappeler, nous travaillons dans la perspective du 20 mars 2010 à la création d'un portail numérique francophone favorisant les échanges entre internautes des cinq continents. Par ailleurs, je lancerai début janvier une opération "francomot" : à la recherche du mot francophone le plus juste. Par ce concours ludique, nous mobiliserons la jeunesse de France, issue des formations d'excellences en universités ou grandes écoles, sur la modernisation par le français, d'anglicismes courants.
Au total, l'effort budgétaire de la France pour le développement de la langue française et de la Francophonie dépassera le milliard d'euros en 2010.
Sur l'évolution en cours de l'OIF, la France partage bien sûr les conclusions du Commissaire aux Comptes : nous sommes à la moitié du chemin, nous soutenons les efforts du Secrétaire général et de l'administrateur pour poursuivre la modernisation de l'Organisation. Les réformes de la gestion ont abouti à des textes, adoptés ou en attente. L'installation dans la Maison de la Francophonie doit concrétiser et parfaire le passage, sous l'autorité du Secrétaire général et de l'administrateur, à un esprit toujours plus opérationnel et transparent.
Mesdames et Messieurs, après avoir plaidé pour une Francophonie en mouvement, en France et sur les cinq continents, notamment dans le cadre de l'Union européenne où nous avons créé les conditions d'une relance, je vous appelle donc à passer, aujourd'hui et demain, à la Francophonie à grande vitesse ! Nous donnerons ainsi un avant-goût des activités qui marqueront l'année prochaine et confirmerons notre dynamisme, en route vers le Sommet de 2010.
Monsieur le Secrétaire général, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Ministres, Chers Amis, je vous remercie vivement de votre aimable attention et vous souhaite à tous, très chaleureusement, la bienvenue à Paris et de fructueux travaux./.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 décembre 2009