Texte intégral
Monsieur le maire,
Mon cher Jean-Claude,
Mesdames et Messieurs,
Je veux d'abord à mon tour vous présenter toutes mes excuses pour vous avoir fait attendre aussi longtemps. Nous avons mis, comme l'a dit Jean-Claude, près de deux heures à traverser Paris.
Bon, je sentais en arrivant à l'aéroport comme une petite revanche chez le maire de Marseille, de constater que la capitale était elle aussi, comment dirais- je, paralysée par les intempéries ; ça lui rappelait des souvenirs qui ne sont pas si anciens.
Mais moi, je voulais absolument être là. Je voulais être là parce que ce qui est fait ici est absolument remarquable, et c'est mon rôle, ma place de chef de Gouvernement, de venir soutenir des initiatives qui sont aussi réussies et qui concernent des sujets aussi importants pour l'avenir de notre pays.
La vérité m'oblige à dire d'ailleurs que, il y a un mois je crois, alors que je recevais monsieur Larose, avec monsieur Lachmann, puisqu'ils ont accepté tous les deux de réaliser un rapport sur la souffrance au travail, sur le stress au travail, monsieur Larose m'a dit : "il faut venir inaugurer l'EPIDE à Marseille".
Alors naturellement, je refuse rarement une invitation à Marseille, parce que si le maire de Marseille fait des déclarations d'amour au Premier ministre, le Premier ministre les lui retourne, mais je me suis dis aussi que je pouvais difficilement refuser à monsieur Larose, qui a attiré mon attention sur la réussite exceptionnelle de cet établissement, de venir l'inaugurer.
C'est un centre qui est emblématique de notre politique en faveur de l'égalité des chances.
C'est un centre qui est le symbole de ce que doit être la République, c'est-à-dire la République qui tend la main à tous ceux qui veulent s'en sortir.
Chacun a le droit à une deuxième chance. Et au fond, le rôle de l'Etat, c'est de tout mettre en oeuvre pour que chacun puisse avoir la possibilité de réussir sa vie.
Et tout le monde ne peut pas la réussir de la même façon. Et tout le monde ne peut pas passer forcément par les mêmes dispositifs de formation. Notre première responsabilité, c'est de faire en sorte que l'Education nationale puisse apporter, ce que l'on appelle le socle des connaissances à la totalité des enfants de notre pays.
Mais quand elle n'y arrive pas, parce qu'elle ne peut pas, finalement, tout réussir, eh bien il faut mettre en oeuvre d'autres dispositifs pour que la République puisse apporter d'une autre façon le même soutien, le même service, tendre la même main à ceux qui en ont besoin.
Dans le cadre du plan "Espoir Banlieues", nous avons avec Fadela Amara donné, une nouvelle impulsion à l'ensemble du dispositif "Seconde chance" auquel appartient justement l'EPIDE.
Je sais que, et je me tourne vers tous ces jeunes que j'ai rencontrés ce matin, je sais que beaucoup d'entre vous ont sans doute éprouvé le sentiment, à un moment donné, que votre destin se traçait trop vite, trop brutalement, sans que vous ayez vraiment toutes les cartes en main pour choisir votre avenir.
Ce fatalisme social, c'est lui qui met en danger notre pacte républicain. Quand une partie de notre jeunesse se dit "je n'y arriverai pas, je n'ai pas les moyens, de choisir ma vie", alors la République ne remplit pas la mission qui est la sienne.
On parle beaucoup des banlieues et des quartiers quand ça va mal, on en parle beaucoup moins lorsque la réussite et le civisme sont au rendez-vous, comme c'est le cas aujourd'hui.
Dix voitures brûlent, 50 caméras ! Des jeunes d'une cité se battent et réussissent : ça n'intéresse pas grand monde. C'est une des raisons pour lesquelles je voulais être ici aujourd'hui, pour éclairer avec vous ce qui est une vraie réussite.
Bien sûr, il ne s'agit pas d'être angélique, dans les quartiers de nos villes, on sait qu'il y a des problèmes de délinquance, il y a des problèmes d'exclusion, il y a des problèmes d'échec scolaire, ce sont des réalités.
Mais ces réalités, il ne faut pas les taire, parce que, d'une certaine façon, ce sont elles qui donnent encore plus de valeur au mérite de ceux qui franchissent malgré tout, tous les obstacles de la réussite.
Et en même temps, il faut être juste et il faut chasser certains clichés.
A côté de ces réalités difficiles, il existe, dans les quartiers, une énergie positive et une soif de réussite qui ne demandent qu'à trouver les chemins de la reconnaissance. Et c'est le rôle de la République, encore une fois, que de les y aider.
Cette énergie, c'est une chance pour notre pays ; c'est une chance pour une France audacieuse, une France ouverte, qui est celle que nous voulons.
Cette France, où il doit être possible de partir tout en bas de l'échelle pour se hisser au sommet. Cette France, où il doit être possible de connaître l'échec et en même temps de rebondir.
Quelle que soit son origine, quel que soit son milieu social, quelle que soit la couleur de sa peau, ce qui compte c'est la part de courage et c'est la part de talent qui est en chacun d'entre nous. L'essentiel c'est ce qu'il y a au fond du coeur de chaque individu.
Et pour que les jeunes des quartiers aient les mêmes chances que d'autres, de réussir à l'école, nous avons mis en place des Internats d'excellence ; nous avons développé les Cordées de la réussite, afin que ceux qui en ont les capacités puissent accéder aux filières les plus élevées de notre système de formation.
Cette politique d'Internats d'excellence, je veux vous dire que nous allons non seulement la poursuivre, mais nous allons la renforcer.
D'ici 2011, dix nouveaux internats d'excellence vont ouvrir leurs portes. Et vous avez pu constater il y a quelques jours, que parmi les priorités du Grand Emprunt, les projets liés à l'égalité des chances vont bénéficier d'un apport de 500 millions d'euros, qui seront notamment destinés à développer 25.000 places d'internat supplémentaires.
Au-delà de ces Internats d'excellence, il faut aussi que l'Etat puisse offrir une seconde chance à des jeunes qui ne réussissent pas dans le parcours classique de l'école, et qui sont en difficulté.
Personne n'est condamné à l'échec, et aucun décrochage scolaire ne doit condamner un jeune à la marginalité.
Ce que les EPIDE permettent, c'est justement une prise en compte personnalisée, une prise en compte personnalisée que l'Education nationale, compte tenu de sa dimension, compte tenu de l'importance des effectifs qu'elle reçoit ne peut pas toujours mettre en oeuvre. Une prise en compte personnalisée des situations et des obstacles qui inhibent les volontés et les talents et qui leur interdisent de s'épanouir.
Il y a aujourd'hui vingt EPIDE en France, dont la mission est d'accompagner les jeunes vers une insertion sociale et professionnelle.
Chaque année, ces centres offrent à plus de 2.000 jeunes un contrat implicite : sur la base du volontariat, ceux qui le demandent reçoivent une aide, et s'engagent en retour à donner le maximum d'eux-mêmes.
Parce que l'égalité des chances, ce n'est pas avoir tous les droits en esquivant ses propres devoirs.
Sans des efforts personnels, sans discipline, sans responsabilité, en réalité nous savons bien qu'aucun sursaut n'est possible. Les opportunités ne sont rien si elles ne sont pas saisies avec sérieux et avec détermination par les principaux intéressés.
Au fond, l'avenir il s'écrit d'abord en soi.
Et je veux dire aux volontaires qui sont ici, à ceux que j'ai rencontrés ce matin, qu'il faut continuer, il faut persévérer. Vous ne serez peut-être pas tous dans la gendarmerie, comme j'ai cru comprendre que vous y étiez pour beaucoup candidats ce matin, continuez, mais tous vous avez une chance de réussir, si vous mettez en oeuvre toutes les opportunités qui vous sont offertes.
Tout à l'heure, je vous ai aussi entendus chanter notre hymne national ; ça m'a donné beaucoup d'émotion, parce que cet hymne il appartient à tous les Français, quelles que soient leurs sensibilités politiques, quelles que soient leurs origines. Et la France, c'est la patrie de tous ceux qui l'aiment.
Quant aux valeurs de la République, il appartient à chacun de nous de les respecter et de les faire vivre.
Il ne faut pas écoutez ceux qui, peut être, se moquent de votre engagement ou de votre civisme.
Il ne faut pas écoutez ceux qui peut-être, à côté de vous, prétendent que dans la vie, on peut avoir davantage, plus vite et sans faire efforts.
Il faut croire en votre travail, il faut croire en votre éducation, en votre formation. Et le moment venu, votre succès ne sera pas seulement une victoire sur vous-même ou une victoire pour vous-même, ce sera aussi une victoire qui aura valeur d'exemple pour tous ceux qui vous entourent, pour tous ceux qui pensent à tort que la fatalité est plus forte que la volonté.
Au sortir de l'EPIDE, vous allez vous orienter vers des choix professionnels variés : le BTP, les services aux entreprises, les métiers de la sécurité, l'hôtellerie, la restauration, les armées, les services à la personne, les transports, le commerce, et bien d'autres.
Quelle que soit la voie que vous choisirez, vous constaterez que vos efforts n'ont pas été vains. Face au chômage qui frappe beaucoup de jeunes sans qualification, vous allez mesurer, à la sortie de votre formation que vous avez des atouts que tout le monde n'a pas.
Vous mesurerez aussi les valeurs de discipline et de respect des autres qui vous sont enseignées. Ces valeurs de discipline et de respect des autres, ce sera une force tout au long de votre existence, justement, pour conduire votre vie.
Je voudrais aussi me tourner vers les cadres et les personnels de l'EPIDE, pour dire que ce que vous faites est formidable. Je le savais, mais enfin, c'est mieux de le voir et de le lire sur les visages des jeunes dont vous avez la responsabilité à quel point, au fond, ils sont heureux d'être ici, d'avoir fait ce choix, et combien ils mettent d'espoir dans la formation que vous leur apportez.
La pédagogie que vous avez mise au point est une pédagogie originale. Elle est, à bien des égards, unique en France. Vous êtes vous-mêmes d'anciens militaires, des enseignants, des animateurs, des éducateurs sociaux, des pompiers, eh bien vous avez des raisons d'être fiers de l'action que vous menez.
Les chiffres montrent votre efficacité. Au plan national, c'est plus de la moitié des jeunes qui sont accueillis dans vos centres qui trouvent un emploi ou une formation, et ici à Marseille, c'est plus de 60 %.
Pour ceux qui vont au terme de leur parcours, c'est même 80 % au plan national, et 95 % ici à Marseille.
En dépit de la crise économique, vous avez su maintenir des taux très élevés d'insertion professionnelle.
Il y a sans doute encore un défi à relever. Il faut chercher à réduire le nombre des départs prématurés de jeunes qui s'élève encore à 30 %.
Je pense que c'est un acte important de progrès pour l'EPIDE. Et c'est d'ailleurs celui que vous avez choisi pour cette année sous l'autorité de votre directeur général, Thierry Berlizot.
Au regard de ces résultats, il faut que nous poursuivions le développement des centres.
Le contrat qui a été conclu entre l'Etat et l'EPIDE prévoit que le nombre de places offertes doit progresser de 15 % en deux ans.
Au-delà de cette date, le réseau des EPIDE pourra encore s'étendre, en prenant en compte les besoins géographiques, ce qui pourrait conduire d'ailleurs à un rééquilibrage dans cette région sud, afin d'être au plus proche des besoins tels qu'ils sont exprimés.
Le Président de la République a souhaité que l'Etat fasse plus pour les 16-18 ans qui sortent du système scolaire en situation d'échec.
Au fond, pourquoi attendre leur majorité pour les aider, alors que les jeunes sont souvent repérés avant leurs 18 ans, notamment lors de la Journée d'Appel de Préparation à la Défense ?
Quand je vois ce que l'EPIDE est capable de faire pour les plus de 18 ans, eh bien je souhaite qu'il puisse expérimenter une adaptation de sa pédagogie à destination des mineurs, et que nous puissions l'étendre si le résultat est concluant.
Grâce à la Loi sur l'orientation et la formation professionnelle tout au long de la vie, qui est le résultat d'une négociation réussie des partenaires sociaux, cette extension est désormais possible, et je sais combien le général de Bouteiller est attaché à ces projets d'évolution.
J'aimerais enfin, Mesdames et Messieurs, remercier les entreprises, nombreuses, qui sont présentes ici, et qui donnent leur chance à ceux qui ont fait l'effort de venir à l'EPIDE. Sans les entreprises, la formation qui serait dispensée ici pourrait difficilement déboucher sur des résultats. Je veux dire aux responsables de ces entreprises qu'ils ne seront pas déçus, parce que ceux qui sont formés ici, ont de la fierté.
Ils ont appris des codes, ils sont autonomes et ils savent travailler en équipe. Et au fond, ce que les entreprises demandent, c'est souvent cela, plus qu'un niveau de formation exceptionnel quant au contenu, on demande à avoir des hommes et des femmes autonomes, capables de progresser par eux-mêmes, capables d'occuper dans toutes leurs dimensions, les emplois qui leur sont confiés.
Enfin, je voudrais me tourner vers le maire de Marseille qui a souligné la réussite de l' "opération jeunes bâtisseurs" menée en partenariat entre l'Etat, la mairie de Marseille et la fédération du bâtiment et des travaux publics.
Je veux lui dire que c'est grâce à des actions novatrices comme celles qu'il a évoquées, que plusieurs centaines de jeunes ont pu découvrir les métiers du bâtiment et trouver un emploi.
Je veux remercier la ville de Marseille qui accueille ce dispositif et je veux la remercier pour le soutien financier qu'elle va apporter aux aménagements complémentaires.
Pour la réussite d'un projet comme celui-là, il est absolument vital qu'il soit intégré dans la vie locale et la qualité du partenariat avec la mairie et la Maison de l'emploi est une clef décisive du succès de ce centre.
Alors naturellement, l'Etat sera toujours, monsieur le maire, au rendez-vous de la croissance et du développement de la deuxième ville de France.
Vous avez évoqué tout à l'heure des rendez-vous à venir, j'ai même noté que vous aviez déjà anticipé avec la Coupe d'Europe de football de 2016 se passerait en France - il faut peut-être encore attendre que nous ayons été choisis ! Mais en tout cas, on va tout faire pour l'être, et naturellement, Marseille, où le football tient une place tellement importante, jouera un rôle-clé pour convaincre les responsables du football international de nous donner la chance d'organiser cette Coupe.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les mots de confiance et d'encouragements que je voulais partager avec vous.
En vous aidant, la République, au fond, ne fait que son devoir.
Mais en étant volontaire pour saisir votre chance, chacune et chacun d'entre vous se montrent dignes de la République, se montrent dignes de ses propres responsabilités. Se montrent dignes aussi de l'énergie et de la foi en l'avenir qui sont en vous.
Tous ceux qui sont ici avec moi aujourd'hui sont là pour vous souhaiter bonne chance et pour souhaiter que l'expérience que vous vivez ici, nous puissions l'étendre partout dans notre pays, de manière à ce que personne ne reste sur le bord du chemin.
Source http://www.gouvernement.fr, le 22 décembre 2009
Mon cher Jean-Claude,
Mesdames et Messieurs,
Je veux d'abord à mon tour vous présenter toutes mes excuses pour vous avoir fait attendre aussi longtemps. Nous avons mis, comme l'a dit Jean-Claude, près de deux heures à traverser Paris.
Bon, je sentais en arrivant à l'aéroport comme une petite revanche chez le maire de Marseille, de constater que la capitale était elle aussi, comment dirais- je, paralysée par les intempéries ; ça lui rappelait des souvenirs qui ne sont pas si anciens.
Mais moi, je voulais absolument être là. Je voulais être là parce que ce qui est fait ici est absolument remarquable, et c'est mon rôle, ma place de chef de Gouvernement, de venir soutenir des initiatives qui sont aussi réussies et qui concernent des sujets aussi importants pour l'avenir de notre pays.
La vérité m'oblige à dire d'ailleurs que, il y a un mois je crois, alors que je recevais monsieur Larose, avec monsieur Lachmann, puisqu'ils ont accepté tous les deux de réaliser un rapport sur la souffrance au travail, sur le stress au travail, monsieur Larose m'a dit : "il faut venir inaugurer l'EPIDE à Marseille".
Alors naturellement, je refuse rarement une invitation à Marseille, parce que si le maire de Marseille fait des déclarations d'amour au Premier ministre, le Premier ministre les lui retourne, mais je me suis dis aussi que je pouvais difficilement refuser à monsieur Larose, qui a attiré mon attention sur la réussite exceptionnelle de cet établissement, de venir l'inaugurer.
C'est un centre qui est emblématique de notre politique en faveur de l'égalité des chances.
C'est un centre qui est le symbole de ce que doit être la République, c'est-à-dire la République qui tend la main à tous ceux qui veulent s'en sortir.
Chacun a le droit à une deuxième chance. Et au fond, le rôle de l'Etat, c'est de tout mettre en oeuvre pour que chacun puisse avoir la possibilité de réussir sa vie.
Et tout le monde ne peut pas la réussir de la même façon. Et tout le monde ne peut pas passer forcément par les mêmes dispositifs de formation. Notre première responsabilité, c'est de faire en sorte que l'Education nationale puisse apporter, ce que l'on appelle le socle des connaissances à la totalité des enfants de notre pays.
Mais quand elle n'y arrive pas, parce qu'elle ne peut pas, finalement, tout réussir, eh bien il faut mettre en oeuvre d'autres dispositifs pour que la République puisse apporter d'une autre façon le même soutien, le même service, tendre la même main à ceux qui en ont besoin.
Dans le cadre du plan "Espoir Banlieues", nous avons avec Fadela Amara donné, une nouvelle impulsion à l'ensemble du dispositif "Seconde chance" auquel appartient justement l'EPIDE.
Je sais que, et je me tourne vers tous ces jeunes que j'ai rencontrés ce matin, je sais que beaucoup d'entre vous ont sans doute éprouvé le sentiment, à un moment donné, que votre destin se traçait trop vite, trop brutalement, sans que vous ayez vraiment toutes les cartes en main pour choisir votre avenir.
Ce fatalisme social, c'est lui qui met en danger notre pacte républicain. Quand une partie de notre jeunesse se dit "je n'y arriverai pas, je n'ai pas les moyens, de choisir ma vie", alors la République ne remplit pas la mission qui est la sienne.
On parle beaucoup des banlieues et des quartiers quand ça va mal, on en parle beaucoup moins lorsque la réussite et le civisme sont au rendez-vous, comme c'est le cas aujourd'hui.
Dix voitures brûlent, 50 caméras ! Des jeunes d'une cité se battent et réussissent : ça n'intéresse pas grand monde. C'est une des raisons pour lesquelles je voulais être ici aujourd'hui, pour éclairer avec vous ce qui est une vraie réussite.
Bien sûr, il ne s'agit pas d'être angélique, dans les quartiers de nos villes, on sait qu'il y a des problèmes de délinquance, il y a des problèmes d'exclusion, il y a des problèmes d'échec scolaire, ce sont des réalités.
Mais ces réalités, il ne faut pas les taire, parce que, d'une certaine façon, ce sont elles qui donnent encore plus de valeur au mérite de ceux qui franchissent malgré tout, tous les obstacles de la réussite.
Et en même temps, il faut être juste et il faut chasser certains clichés.
A côté de ces réalités difficiles, il existe, dans les quartiers, une énergie positive et une soif de réussite qui ne demandent qu'à trouver les chemins de la reconnaissance. Et c'est le rôle de la République, encore une fois, que de les y aider.
Cette énergie, c'est une chance pour notre pays ; c'est une chance pour une France audacieuse, une France ouverte, qui est celle que nous voulons.
Cette France, où il doit être possible de partir tout en bas de l'échelle pour se hisser au sommet. Cette France, où il doit être possible de connaître l'échec et en même temps de rebondir.
Quelle que soit son origine, quel que soit son milieu social, quelle que soit la couleur de sa peau, ce qui compte c'est la part de courage et c'est la part de talent qui est en chacun d'entre nous. L'essentiel c'est ce qu'il y a au fond du coeur de chaque individu.
Et pour que les jeunes des quartiers aient les mêmes chances que d'autres, de réussir à l'école, nous avons mis en place des Internats d'excellence ; nous avons développé les Cordées de la réussite, afin que ceux qui en ont les capacités puissent accéder aux filières les plus élevées de notre système de formation.
Cette politique d'Internats d'excellence, je veux vous dire que nous allons non seulement la poursuivre, mais nous allons la renforcer.
D'ici 2011, dix nouveaux internats d'excellence vont ouvrir leurs portes. Et vous avez pu constater il y a quelques jours, que parmi les priorités du Grand Emprunt, les projets liés à l'égalité des chances vont bénéficier d'un apport de 500 millions d'euros, qui seront notamment destinés à développer 25.000 places d'internat supplémentaires.
Au-delà de ces Internats d'excellence, il faut aussi que l'Etat puisse offrir une seconde chance à des jeunes qui ne réussissent pas dans le parcours classique de l'école, et qui sont en difficulté.
Personne n'est condamné à l'échec, et aucun décrochage scolaire ne doit condamner un jeune à la marginalité.
Ce que les EPIDE permettent, c'est justement une prise en compte personnalisée, une prise en compte personnalisée que l'Education nationale, compte tenu de sa dimension, compte tenu de l'importance des effectifs qu'elle reçoit ne peut pas toujours mettre en oeuvre. Une prise en compte personnalisée des situations et des obstacles qui inhibent les volontés et les talents et qui leur interdisent de s'épanouir.
Il y a aujourd'hui vingt EPIDE en France, dont la mission est d'accompagner les jeunes vers une insertion sociale et professionnelle.
Chaque année, ces centres offrent à plus de 2.000 jeunes un contrat implicite : sur la base du volontariat, ceux qui le demandent reçoivent une aide, et s'engagent en retour à donner le maximum d'eux-mêmes.
Parce que l'égalité des chances, ce n'est pas avoir tous les droits en esquivant ses propres devoirs.
Sans des efforts personnels, sans discipline, sans responsabilité, en réalité nous savons bien qu'aucun sursaut n'est possible. Les opportunités ne sont rien si elles ne sont pas saisies avec sérieux et avec détermination par les principaux intéressés.
Au fond, l'avenir il s'écrit d'abord en soi.
Et je veux dire aux volontaires qui sont ici, à ceux que j'ai rencontrés ce matin, qu'il faut continuer, il faut persévérer. Vous ne serez peut-être pas tous dans la gendarmerie, comme j'ai cru comprendre que vous y étiez pour beaucoup candidats ce matin, continuez, mais tous vous avez une chance de réussir, si vous mettez en oeuvre toutes les opportunités qui vous sont offertes.
Tout à l'heure, je vous ai aussi entendus chanter notre hymne national ; ça m'a donné beaucoup d'émotion, parce que cet hymne il appartient à tous les Français, quelles que soient leurs sensibilités politiques, quelles que soient leurs origines. Et la France, c'est la patrie de tous ceux qui l'aiment.
Quant aux valeurs de la République, il appartient à chacun de nous de les respecter et de les faire vivre.
Il ne faut pas écoutez ceux qui, peut être, se moquent de votre engagement ou de votre civisme.
Il ne faut pas écoutez ceux qui peut-être, à côté de vous, prétendent que dans la vie, on peut avoir davantage, plus vite et sans faire efforts.
Il faut croire en votre travail, il faut croire en votre éducation, en votre formation. Et le moment venu, votre succès ne sera pas seulement une victoire sur vous-même ou une victoire pour vous-même, ce sera aussi une victoire qui aura valeur d'exemple pour tous ceux qui vous entourent, pour tous ceux qui pensent à tort que la fatalité est plus forte que la volonté.
Au sortir de l'EPIDE, vous allez vous orienter vers des choix professionnels variés : le BTP, les services aux entreprises, les métiers de la sécurité, l'hôtellerie, la restauration, les armées, les services à la personne, les transports, le commerce, et bien d'autres.
Quelle que soit la voie que vous choisirez, vous constaterez que vos efforts n'ont pas été vains. Face au chômage qui frappe beaucoup de jeunes sans qualification, vous allez mesurer, à la sortie de votre formation que vous avez des atouts que tout le monde n'a pas.
Vous mesurerez aussi les valeurs de discipline et de respect des autres qui vous sont enseignées. Ces valeurs de discipline et de respect des autres, ce sera une force tout au long de votre existence, justement, pour conduire votre vie.
Je voudrais aussi me tourner vers les cadres et les personnels de l'EPIDE, pour dire que ce que vous faites est formidable. Je le savais, mais enfin, c'est mieux de le voir et de le lire sur les visages des jeunes dont vous avez la responsabilité à quel point, au fond, ils sont heureux d'être ici, d'avoir fait ce choix, et combien ils mettent d'espoir dans la formation que vous leur apportez.
La pédagogie que vous avez mise au point est une pédagogie originale. Elle est, à bien des égards, unique en France. Vous êtes vous-mêmes d'anciens militaires, des enseignants, des animateurs, des éducateurs sociaux, des pompiers, eh bien vous avez des raisons d'être fiers de l'action que vous menez.
Les chiffres montrent votre efficacité. Au plan national, c'est plus de la moitié des jeunes qui sont accueillis dans vos centres qui trouvent un emploi ou une formation, et ici à Marseille, c'est plus de 60 %.
Pour ceux qui vont au terme de leur parcours, c'est même 80 % au plan national, et 95 % ici à Marseille.
En dépit de la crise économique, vous avez su maintenir des taux très élevés d'insertion professionnelle.
Il y a sans doute encore un défi à relever. Il faut chercher à réduire le nombre des départs prématurés de jeunes qui s'élève encore à 30 %.
Je pense que c'est un acte important de progrès pour l'EPIDE. Et c'est d'ailleurs celui que vous avez choisi pour cette année sous l'autorité de votre directeur général, Thierry Berlizot.
Au regard de ces résultats, il faut que nous poursuivions le développement des centres.
Le contrat qui a été conclu entre l'Etat et l'EPIDE prévoit que le nombre de places offertes doit progresser de 15 % en deux ans.
Au-delà de cette date, le réseau des EPIDE pourra encore s'étendre, en prenant en compte les besoins géographiques, ce qui pourrait conduire d'ailleurs à un rééquilibrage dans cette région sud, afin d'être au plus proche des besoins tels qu'ils sont exprimés.
Le Président de la République a souhaité que l'Etat fasse plus pour les 16-18 ans qui sortent du système scolaire en situation d'échec.
Au fond, pourquoi attendre leur majorité pour les aider, alors que les jeunes sont souvent repérés avant leurs 18 ans, notamment lors de la Journée d'Appel de Préparation à la Défense ?
Quand je vois ce que l'EPIDE est capable de faire pour les plus de 18 ans, eh bien je souhaite qu'il puisse expérimenter une adaptation de sa pédagogie à destination des mineurs, et que nous puissions l'étendre si le résultat est concluant.
Grâce à la Loi sur l'orientation et la formation professionnelle tout au long de la vie, qui est le résultat d'une négociation réussie des partenaires sociaux, cette extension est désormais possible, et je sais combien le général de Bouteiller est attaché à ces projets d'évolution.
J'aimerais enfin, Mesdames et Messieurs, remercier les entreprises, nombreuses, qui sont présentes ici, et qui donnent leur chance à ceux qui ont fait l'effort de venir à l'EPIDE. Sans les entreprises, la formation qui serait dispensée ici pourrait difficilement déboucher sur des résultats. Je veux dire aux responsables de ces entreprises qu'ils ne seront pas déçus, parce que ceux qui sont formés ici, ont de la fierté.
Ils ont appris des codes, ils sont autonomes et ils savent travailler en équipe. Et au fond, ce que les entreprises demandent, c'est souvent cela, plus qu'un niveau de formation exceptionnel quant au contenu, on demande à avoir des hommes et des femmes autonomes, capables de progresser par eux-mêmes, capables d'occuper dans toutes leurs dimensions, les emplois qui leur sont confiés.
Enfin, je voudrais me tourner vers le maire de Marseille qui a souligné la réussite de l' "opération jeunes bâtisseurs" menée en partenariat entre l'Etat, la mairie de Marseille et la fédération du bâtiment et des travaux publics.
Je veux lui dire que c'est grâce à des actions novatrices comme celles qu'il a évoquées, que plusieurs centaines de jeunes ont pu découvrir les métiers du bâtiment et trouver un emploi.
Je veux remercier la ville de Marseille qui accueille ce dispositif et je veux la remercier pour le soutien financier qu'elle va apporter aux aménagements complémentaires.
Pour la réussite d'un projet comme celui-là, il est absolument vital qu'il soit intégré dans la vie locale et la qualité du partenariat avec la mairie et la Maison de l'emploi est une clef décisive du succès de ce centre.
Alors naturellement, l'Etat sera toujours, monsieur le maire, au rendez-vous de la croissance et du développement de la deuxième ville de France.
Vous avez évoqué tout à l'heure des rendez-vous à venir, j'ai même noté que vous aviez déjà anticipé avec la Coupe d'Europe de football de 2016 se passerait en France - il faut peut-être encore attendre que nous ayons été choisis ! Mais en tout cas, on va tout faire pour l'être, et naturellement, Marseille, où le football tient une place tellement importante, jouera un rôle-clé pour convaincre les responsables du football international de nous donner la chance d'organiser cette Coupe.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les mots de confiance et d'encouragements que je voulais partager avec vous.
En vous aidant, la République, au fond, ne fait que son devoir.
Mais en étant volontaire pour saisir votre chance, chacune et chacun d'entre vous se montrent dignes de la République, se montrent dignes de ses propres responsabilités. Se montrent dignes aussi de l'énergie et de la foi en l'avenir qui sont en vous.
Tous ceux qui sont ici avec moi aujourd'hui sont là pour vous souhaiter bonne chance et pour souhaiter que l'expérience que vous vivez ici, nous puissions l'étendre partout dans notre pays, de manière à ce que personne ne reste sur le bord du chemin.
Source http://www.gouvernement.fr, le 22 décembre 2009