Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur l'enseignement artistique et culturel et l'enseignement obligatoire des arts à l'école, Paris le 15 décembre 2009.

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Circonstance : Signature de la convention "Cadre Galeries nationales, ministère de la Culture et Réunion des musées nationaux", à Paris le 15 décembre 2009

Texte intégral


Benjamin FRANKLIN disait : « Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends ».
J'ai toujours trouvé cette phrase pleine de vérité sur le défi, les difficultés, mais aussi le bonheur que représente l'enseignement et je crois que la sagesse qu'elle exprime est valable tout particulièrement pour l'enseignement et l'apprentissage des arts, tant dans leur aspect théorique que dans leur aspect pratique, bien évidemment fondamental. Ces deux aspects sont, j'en suis convaincu, intimement liés et je dirais même indissociables, tant la pratique constitue une ouverture sur une compréhension plus profonde et plus précise des oeuvres, tant la théorie - et l'histoire - nous permettent, elles aussi, en retour, d'affiner nos pratiques, de les comprendre, de les situer dans le temps et, par là même, de les faire évoluer.
Tout ce que nous avons vu ce matin met en évidence les enjeux futurs de l'éducation artistique et culturelle et confirme la priorité que nous souhaitons lui donner, avec mon cher ami Luc CHATEL.
Son adossement à une institution aussi prestigieuse, aussi expérimentée en matière d'expositions, d'édition et de rencontre avec les publics, que la Réunion des Musées nationaux, est un choix décisif. Ce partenariat à trois est exemplaire de ce que nous pouvons faire pour donner l'impulsion
nécessaire à cette véritable révolution dans les esprits et dans notre vivreensemble, que nous promet le développement d'une éducation artistique et culturelle pour tous et pour chacun.
L'éducation artistique et culturelle, avec l'enseignement obligatoire d'histoire des arts à l'école, dont je salue l'introduction, peut désormais bénéficier de ressources nouvelles et multiples qui viennent s'ajouter - et non pas s'y substituer, j'y insiste - aux manières plus traditionnelles d'aller au devant des publics. Je pense d'abord et avant tout, bien entendu, au grand Portail interministériel de l'éducation artistique et culturelle et plus particulièrement à son volet culture, le site « histoiredesarts.fr », un annuaire précieux des ressources numériques des grandes institutions culturelles. Vous savez que j'ai fait de la numérisation l'une des grandes priorités de mon action ministérielle pour la fin de cette première décennie du XXIe siècle, et que j'ai eu le bonheur de voir confirmé hier que la numérisation de notre patrimoine et de notre création culturelles sera soutenue avec détermination et générosité dans le cadre du Grand Emprunt national lancé par le Président de la République et le gouvernement. La numérisation est l'un des moyens, mais, bien entendu, pas le seul, car rien ne remplace la présence des oeuvres elles-mêmes et la médiation humaine des professeurs, des conférenciers, de tous nos aînés passionnés qui nous montrent le chemin, qui savent casser la gangue de l'intimidation sociale, briser l'armure et les « plafonds de verre » et de dégager les malentendus que provoque parfois la patine du temps. Ce sera un instrument de travail pour les enseignants et un des grands ferments de réussite de cette réforme tant attendue.
Plus classiques, et néanmoins structurés et rendus plus interactifs par une architecture numérique, les films sur les expositions, comme ceux qui ont été consacrés aux grands moments populaires qu'ont été les expositions « Picasso et ses maîtres » et « Andy Warhol », sont de petits bijoux et de remarquables outils pédagogiques. Je suis sûr que cette formule fera des émules.
La Réunion des Musées Nationaux avait par excellence vocation à être l'un des grands vecteurs de cette rencontre enfin portée par l'Etat et par l'Ecole entre les jeunes publics et l'histoire des arts.
Par l'expérience de ses agents dans l'organisation d'expositions, qui fait d'elle un symbole des manifestations populaires autour de l'art, dans ce Grand Palais qui, par ses dimensions mêmes, semble indiquer son ouverture à tous, la Réunion des Musées Nationaux me semble particulièrement bien choisie pour représenter cet idéal que je porte de la « culture pour chacun », c'est-à-dire d'une culture capable d'être accessible à tout un chacun, quels que soient son origine, ses horizons ou son parcours.
Je vous remercie.
Source : http://www.culture.gouv.fr, le 18 décembre 2009