Conférence de presse de M. François Fillon, Premier ministre, sur les relations bilatérales entre la France et la Chine, notamment dans le domaine économique et commercial et sur la mise en oeuvre de l'accord de Copenhague, Pékin le 2é décembre 2009.

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Circonstance : Conférence de presse donnée à l'hôtel Sofitel à Pékin le 22 décembre 2009

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
A l'issue de la visite que je viens d'effectuer à Pékin, je voudrais en tirer rapidement les conclusions devant vous et répondre à quelques-unes de vos questions. Après la rencontre, à Londres, du président Sarkozy et du président Hu Jintao, j'avais une mission, remettre les relations franco-chinoises sur les rails. Je pense que cette mission a été accomplie.
Je suis venu en Chine avec trois objectifs.
D'abord, réaffirmer la force et la vitalité de notre partenariat stratégique. Nous avons fêté cette année le 45ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine. Depuis 1964, la relation franco-chinoise a toujours été pionnière et notre partenariat a toujours été tourné vers l'avenir.
L'avenir immédiat, c'est l'année 2010, ce devrait être une grande année pour les relations franco-chinoises, puisqu'elle verra à la fois la visite du président Nicolas Sarkozy à Shanghai pour l'ouverture de l'Exposition et la visite - qu'il nous a confirmée il y a quelques minutes - du président Hu Jintao à Paris, à l'invitation du président de la République française.
Le deuxième objectif, c'était de faire franchir une nouvelle étape aux relations franco-chinoises dans le domaine des échanges économiques. Au cours de ces deux derniers jours, nous avons beaucoup échangé avec nos interlocuteurs chinois sur les domaines qui font la richesse de notre coopération.
D'abord, la coopération dans le domaine du nucléaire civil qui est très ancienne puisqu'elle a plus de vingt-cinq ans et qui va connaître un nouvel élan, à la fois avec la construction d'un premier EPR à Taishan, mais également avec l'amorce d'une coopération sur l'aval du cycle qui vient confirmer l'engagement très fort de la Chine dans le domaine de la production nucléaire d'énergie. Ensuite, dans le domaine de l'aviation civile, avec la confirmation des contrats qui avaient été passés par Airbus, le démarrage et le fonctionnement de la chaîne d'assemblage de l'A320 en Chine, la motorisation de l'avion chinois C919 avec des moteurs français réalisés par Safran et l'engagement de la Chine dans le programme de l'A350.
Enfin, nous avons évoqué avec nos interlocuteurs la coopération culturelle qui justifiait la présence, dans la délégation qui m'accompagne, parmi les autres membres du gouvernement, de Frédéric Mitterrand ; et le dialogue interparlementaire, qui, lui, explique la présence d'une très grande délégation parlementaire amenée par les deux présidents des groupes d'amitié, monsieur Herbillon pour l'Assemblée nationale et monsieur Besson pour le Sénat.
Je veux me réjouir des différents accords et contrats commerciaux que nous avons signés. J'ai déjà évoqué le paquet nucléaire et l'aéronautique, je veux également mentionner les accords et les contrats liés au développement durable. Action de coopération de l'AFD pour financer les projets chinois dans le domaine du développement durable ou encore l'accord qui a été signé entre la Caisse des Dépôts et Consignations et la Chine pour favoriser le financement des entreprises chinoises qui investissent en France. Ces accords sont très importants, ils représentent plus de 6 milliards d'euros. J'ai entendu ou lu quelques commentaires sur le fait que nous faisons du business, outre le fait que je parle assez mal la langue anglaise, je voudrais simplement dire que le business, c'est simplement une chose, c'est des emplois pour des travailleurs français. Sans emploi pour les travailleurs français, je ne sais pas comment notre pays luttera contre le chômage. L'une des forces de l'Allemagne, c'est sa capacité à exporter. Depuis deux ans et demi, avec le président de la République, nous nous battons jour après jour pour accroître la capacité d'exportation de notre pays, à la fois en améliorant ses performances économiques, ses performances en matière d'innovation, mais aussi en allant nous battre, partout où cela est nécessaire, pour défendre les entreprises françaises. Parce que les contrats des entreprises françaises, ce sont les emplois des ouvriers français.
Enfin, c'est le troisième axe de ma visite, la Chine a toujours été pour la France un partenaire important. Mais le développement spectaculaire qu'elle a connu au cours des trente dernières années l'a fait accéder progressivement à de nouvelles responsabilités. Mes entretiens avec le Président de la République Hu Jintao, avec le Premier ministre Wen Jiabao et avec le président de l'Assemblée nationale populaire m'ont permis d'aborder l'ensemble des grands défis auxquels la communauté internationale est confrontée, dans une atmosphère très constructive. Nous avons, bien entendu, longuement parlé de la crise économique mondiale, la Chine est un des moteurs essentiels de la reprise. Elle peut jouer un rôle très positif, un rôle central, un rôle dans le rééquilibrage de l'économie mondiale. La Chine nous a indiqué qu'elle souhaitait donner plus de place à la consommation intérieure dans son modèle de croissance.
J'ai naturellement exprimé au Premier ministre tout le soutien de la France dans cet objectif. De la même façon, dans le domaine commercial, nous sommes d'accord sur l'idée que nous devons nous efforcer d'améliorer l'équilibre de nos relations commerciales et développer les investissements dans les deux sens. Nous avons d'ailleurs identifié des domaines de partenariats nouveaux, l'agroalimentaire, les technologies de l'information et de la communication, la santé ou d'une manière générale les services.
Avec le Premier ministre, nous avons bien sûr évoqué la question climatique après la Conférence de Copenhague. Nous sommes, nous, les Européens, nous, les Français, déçus que cette conférence n'ait pas permis d'atteindre tous les objectifs que nous nous étions fixés. Mais en même temps, nous sommes satisfaits qu'il y ait un accord. S'il n'y avait pas eu d'accord à Copenhague, cela signifiait que chacun reprenait sa liberté et qu'il n'y avait plus aucun objectif fixé, en particulier pour un grand pays comme la Chine ou comme l'Inde ou pour les Etats-Unis.
Désormais, l'ensemble des signataires du texte de la Conférence de Copenhague se sont engagés sur un objectif qui est un objectif de réduction à deux degrés de l'augmentation de la température moyenne d'ici 2050. Les pays se sont engagés à fournir, d'ici la fin de janvier 2010, concrètement les engagements qui sont les leurs pour arriver à cet objectif.
Nous nous sommes mis d'accord sur des financements très importants, notamment grâce à une vraie ouverture sur les financements innovants pour aider les pays les plus pauvres à accomplir les évolutions nécessaires pour aller dans le sens d'une économie décarbonée. La France continuera à se battre, en particulier pour obtenir la création d'une structure internationale pour piloter l'ensemble des actions en matière de lutte contre les changements climatiques. Copenhague a été une étape, nous ferons en sorte que cette étape soit suivie d'un dialogue fructueux, d'un dialogue constant, en particulier avec la Chine.
Enfin, lors de mon entretien avec le président hu, nous avons longuement échangé sur les questions de la gouvernance mondiale, sur la mise en oeuvre des décisions du Sommet de Pittsburgh, avec déjà à l'esprit la future présidence française du G20 en 2011. J'ai indiqué au président Hu Jintao que nous souhaitions, pendant cette présidence française du G20 en 2011, mettre sur la table la question des parités monétaires.
Nous avons également évoqué notre approche commune des différentes crises qui affectent la paix et la sécurité mondiale. Nous avons constaté une parfaite identité de vue sur (l'objectif) d'amener l'Iran à sortir de sa logique de menace et d'enfermement sur la question nucléaire, comme sur les moyens de ramener la paix, la sécurité et le développement en Afghanistan et d'assister le Pakistan dans sa lutte contre l'extrémisme et pour la stabilité. Enfin, au lendemain de l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, j'ai exposé à mes interlocuteurs chinois notre vision de la relation entre l'Union européenne et la Chine. L'Europe est plus forte, elle est plus efficace, elle est plus visible, elle est plus unie avec ce traité. Je pense que nous avons beaucoup à faire ensemble et la France, je l'ai indiqué à l'ensemble de mes interlocuteurs, est prête à continuer à jouer un rôle moteur pour renforcer la relation entre l'Union européenne et la Chine. Voilà, Mesdames et Messieurs, le bilan de cette visite de quarante-huit heures à Pékin. Je suis maintenant prêt à répondre à quelques-unes de vos questions, peut-être en commençant, si vous le voulez bien, par une question d'un journaliste chinois puisque nous sommes à Pékin.
JOURNALISTE CHINOISE : QUESTION NON TRADUITE
FRANÇOIS FILLON
D'abord, sur la question des malentendus que vous évoquez, il y a eu un communiqué à la suite de la rencontre du Président Sarkozy et du Président Hu Jintao qui a parfaitement résumé les choses. Notre position n'a pas changé depuis cette rencontre et, naturellement, je vous y renvoie. La position de la France est connue, nous ne sommes pas d'ailleurs naturellement d'accord avec tout, sur tous les sujets avec le gouvernement chinois. Simplement, nous respectons les positions qui sont celles du gouvernement chinois, nous demandons au gouvernement chinois de respecter les nôtres et nous allons de l'avant dans une coopération que nous voulons la plus efficace possible.
Parce que nous pensons que c'est à travers la coopération économique, c'est à travers la coopération culturelle que la Chine continuera d'évoluer, de s'ouvrir et de résoudre ses propres contradictions.
Alors, sur l'avion, la vie, c'est la compétition et nous ne redoutons pas la compétition. Nous pensons que nous faisons les meilleurs avions du monde et nous allons continuer à les améliorer. L'A380 est unique, l'A350 sera un avion exceptionnel par ses performances. Nous avons décidé, comme vous le savez, notamment à travers la politique d'investissement d'avenir que le président de la République a annoncée il y a quelques jours, d'engager le travail de recherche sur l'avion du futur et nous nous sommes fixés un objectif qui est deux fois moins de consommation et deux fois moins d'émission de gaz à effet de serre. Voilà, la réponse, elle est là, la réponse, c'est à nous d'être en permanence les meilleurs dans la compétition pour produire les meilleurs avions.
Naturellement, nous coopérerons avec l'industrie aéronautique chinoise dans une compétition qui est une compétition loyale.
BRUNO PHILIP, CORRESPONDANT DU MONDE A PEKIN
Oui, bonjour, Monsieur le Premier ministre. Bruno PHILIP, correspondant du MONDE à Pékin. Il semble qu'il existe des différends assez profonds entre la Chine et la France à propos du réchauffement climatique. A la fin de Copenhague, le président Sarkozy a critiqué la Chine. Votre ministre de l'Ecologie, Chantal JOUANNO, a même regretté ce qu'elle appelle l'« attitude totalement fermée de la Chine » à ce propos. Est-ce que vos interlocuteurs, le président Hu ou le Premier ministre WEN, ont réagi à ces commentaires ? Merci.
FRANÇOIS FILLON
Non, nous avons évoqué cette question très franchement et très tranquillement. Avant la conférence de Copenhague, nous avions des positions que nous avons défendues. La Chine avait des positions qu'elle a défendues.
La conférence de Copenhague s'est achevée sur un accord qui a été signé par l'ensemble des pays qui y participaient. A quoi ça sert de revenir sur le passé ? Est-ce que cela fera avancer les choses ? Ce qui compte maintenant c'est de mettre en oeuvre cet accord. Que la France et la Chine ne soient pas exactement sur la même longueur d'onde quant aux objectifs de Copenhague, chacun le savait.
Nous avons trouvé un compromis, certains trouvent ce compromis insuffisant, l'essentiel c'est qu'il y ait un compromis, qu'il y ait un accord et que ce compromis soit mis en oeuvre, et le plus important c'est qu'il soit mis en oeuvre.
Par ailleurs, j'ai évoqué avec le Premier ministre la possibilité de mettre en oeuvre des coopérations beaucoup plus étroites entre les laboratoires de recherche français, les entreprises françaises et les laboratoires de recherche et les entreprises chinoises pour développer des réponses technologiques au problème du réchauffement climatique. Nous avons qu'une grande partie de la réponse à ce défi est dans la capacité de nos chercheurs et de nos entreprises à mettre en oeuvre des procéd??s qui permettront d'émettre beaucoup moins de gaz à effet de serre. Il y a un point sur lequel la Chine et la France partagent la même position, nous ne sommes pas favorables à la décroissance qui est défendue par certains. Parce que la décroissance est inacceptable pour les peuples et en particulier pour les peuples en développement, parce que la décroissance n'est pas une solution, parce que la décroissance est une utopie. Je pense que sur les bases de l'accord de Copenhague nous allons continuer nos efforts. Je vous ai dit tout à l'heure que pour nous la principale déception finalement c'est de ne pas avoir réussi à obtenir la mise en place d'une organisation internationale spécifiquement chargée des questions environnementales comme il en existe en matière de commerce international, c'est un point sur lequel nous allons poursuivre notre combat avec l'espoir d'aboutir. Enfin, j'ai évoqué la question du financement de l'aide aux pays les plus pauvres pour assurer leur reconversion énergétique, c'est très important que pour la première fois les Etats-Unis en particulier ait accepté le principe des financements innovants.
Qu'est-ce que c'est que les financements innovants ? C'est en réalité d'une façon ou d'une autre une taxe sur les mouvements financiers. Nous savons tous que les engagements qui sont pris par les Etats à la hauteur où ils ont été pris pour venir en aide aux pays les plus pauvres ne sont pas tenables sur les budgets des Etats. Et ça n'est pas le ministre Eric WOERTH, ce n'est pas lui qui dira le contraire. Il fallait donc, et c'était notre combat, que l'on accepte, que l'on fasse accepter à la communauté internationale et en particulier aux plus réticents le principe de ces financements innovants. C'est désormais accepté dans le principe, il reste naturellement encore un long chemin pour les mettre en oeuvre mais je pense que chacun peut voir que l'on progresse et que Copenhague, malgré toutes ces insuffisances, est un accord qui est un accord plus satisfaisant que ne l'était le précédent. Monsieur Arzt (phon.) va poser sa question en français ou en chinois ?
RICHARD ARZT, CORRESPONDANT DU PARISIEN A PEKIN
(Il sourit). Bien sûr. L'histoire du XXe siècle en Chine a gardé le souvenir du président Mao qui régulièrement bouleversait le paysage politique et du Premier ministre Zhou En Lai qui rétablissait de l'ordre et de l'équilibre. Premièrement, qu'est-ce que vous pensez de cette répartition des rôles dans un exécutif et puis deuxièmement est-ce qu'on peut faire un parallèle, c'est-à-dire que les faits et gestes en 2008, quelques faits et gestes en 2008 du président Sarkozy ont provoqué une tempête franco-chinoise, puis vous nous dites que vous êtes là en tant que Premier ministre pour remettre sur les rails la relation ?
FRANÇOIS FILLON
Vous auriez mieux fait de la poser en chinois, Monsieur Arzt, votre question ? (Rires dans la salle) Franchement, si je suis là c'est à la demande du président Sarkozy et après la conversation qu'il a eue avec le président Hu Jintao, parce que ce sont eux qui ont dissipé les malentendus. Et mon rôle avec les membres du gouvernement qui sont ici c'est de concrétiser de nouvelles étapes dans la coopération franco-chinoise et nous les avons concrétisées de façon, je pense, tout à fait concrète et même sur un certain nombre de sujets de façon spectaculaire, les industriels qui sont présents ici le diront. Je pense que les malentendus entre la France et la Chine ont été beaucoup exagérés.
En réalité, les positions de la France n'ont pas varié sur les questions qui ont fait l'objet de ces malentendus. Ce sont des positions qui sont partagées par l'ensemble des pays européens, il y a sans doute eu à un moment ou à un autre une mauvaise compréhension entre nous. Ces malentendus ont été dissipés, nous repartons de l'avant.
Quant à la répartition des rôles entre le président MAO et le Premier ministre ZHOU Enlai, je ne crois pas que l'on puisse, Monsieur ARZT, vous qui êtes un si grand connaisseur de la vie politique française, faire de parallèle avec nos institutions. En fait, vous êtes mieux inspiré quand vous m'indiquez, monsieur ARZT le meilleur restaurant à Paris pour manger des raviolis chinois. Et j'ai raconté cette histoire hier au Premier ministre, ce qui m'a valu, alors que ça n'était pas prévu lors du dîner officiel, de voir arriver des raviolis chinois grâce à monsieur ARZT.
JOURNALISTE CHINOISE : QUESTION NON TRADUITE
FRANÇOIS FILLON
Je ne suis pas tout à fait sûr de comprendre ce que vous voulez dire. A Pittsburgh, nous avons pris des engagements sur la régulation du système financier international, engagements qui d'ailleurs restent à concrétiser pour une grande part. il s'agit de mettre en place des règles plus sévères concernant les produits financiers à risque. Il s'agit de renforcer la coordination entre les régulateurs.
Il s'agit de changer le mode de rémunération des opérateurs de marché et en même temps nous avons souhaité que le Fonds monétaire international soutienne fortement dans cette période de crise les pays les pays les plus vulnérables, les pays les pays les plus pauvres, pour éviter après le risque de faillite des établissements financiers qu'il y ait un risque de faillite des Etats. La France continue à soutenir cette politique, il est essentiel que jusqu'à la sortie de cette crise nous soyons tous très prudents dans les changements de nos politiques économiques et financières.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle en France nous poursuivons notre politique de relance en sifflet mais en nous adaptant à la réalité de la croissance et nous souhaitons que l'ensemble de nos grands partenaires fasse de même. C'est d'ailleurs un sujet sur lequel nous avons débattu avec le Premier ministre chinois, l'effort de relance de la Chine, et, ce que j'évoquais tout à l'heure, notre souci, notre souhait de voir la Chine continuer de soutenir la consommation intérieure étant un élément important de la sortie de cette crise.
JOURNALISTE CHINOISE : QUESTION NON TRADUITE
Bonjour.
FRANÇOIS FILLON
Ecoutez, j'ai été d'abord très heureux de la rencontre de ce matin avec les étudiants de l'université de Behang. Je pense que la coopération qui s'est nouée entre l'Ecole centrale et l'université de Behang est exemplaire. Elle n'était pas facile à imaginer et à mettre en oeuvre parce que le modèle français des grandes écoles est un modèle particulier, qui a été finalement assez peu exporté. Il fallait donc l'adapter au système universitaire chinois. Je crois que ça a été fait en respectant les caractéristiques des deux systèmes, c'est-à-dire en respectant au fond l'excellence du système universitaire chinois et de notre système de grandes écoles. J'ai trouvé que l'accueil des étudiants était chaleureux, j'ai trouvé que leurs questions étaient pertinentes et j'ai pris beaucoup de plaisir à ce débat et je souhaite d'ailleurs que nous multipliions les initiatives de ce genre.
Nous avons décidé hier la création d'un institut pour former des ingénieurs dans le domaine nucléaire à Canton avec plusieurs centres de recherche et plusieurs universités françaises. Nous avons pris l'engagement d'accueillir plus d'étudiants chinois, il y en a à peu près 20.000 aujourd'hui qui sont en cours de séjour en France, nous voulons accroître ces possibilités d'accueil.
Quant à la coopération commerciale entre la France et la Chine, elle doit se dérouler loyalement. Nous avons souvent évoqué cette question avec mes interlocuteurs. Il y a un petit soupçon de protectionnisme qui pèse parfois sur notre pays. J'ai indiqué à plusieurs reprises que c'était tout à fait faux, la France est le troisième pays destinataire des investissements étrangers dans le monde. Pour un pays protectionniste, c'est assez contradictoire.
La France est un pays qui est souvent bien moins fermé que d'autres pays européens qui ont des discours très vigoureux contre le protectionnisme mais qui ne sont pas si ouverts que cela. Simplement, en France, nous avons un souci constant qui est le respect de la propriété intellectuelle. C'est d'ailleurs la France qui a inventé la propriété intellectuelle et nous nous battons pour la faire respecter et c'est parfois un sujet encore de débat avec les autorités chinoises. Voilà, petite une dernière question d'un journaliste français sinon je vais me faire accuser de ne pas leur donner la parole, ce qui...
BENJAMIN SPORTOUCH, JOURNALISTE DE L'AFP
Benjamin SPORTOUCH, de AFP. Vous avez dit ce matin que la France avait une parole libre, est-ce que vous l'avez utilisée aujourd'hui pour défendre le cas de ce dissident dont le procès commence demain. Certains de ses soutiens ont visiblement été intimidés ou ont fait l'objet d'intimidations pour ne pas exprimer leur soutien ? Et est-ce que plus globalement vous avez parlé des droits de l'homme, de ce sujet qui a souvent gâché les relations entre la France et la Chine ?
FRANÇOIS FILLON
Je pense que le gouvernement chinois n'a pas besoin de ma visite pour connaître la position de la France sur les droits de l'homme. Cette position est d'ailleurs très régulièrement exprimée en notre nom par l'Union européenne. Et c'est l'ensemble des gouvernements de l'Union européenne qui contribuent à son élaboration. C'est d'ailleurs dans ce cadre que la présidence de l'union européenne en notre nom a exprimé la semaine dernière sa préoccupation concernant la situation de monsieur LIU Xiaobo. Il a appelé à sa libération, nous sommes naturellement solidaires de la position européenne. Je veux dire sur ce sujet qu'il ne faut pas négliger les progrès qui ont été réalisés depuis des années en Chine grâce notamment à la politique de développement économique qui a été conduite.
Nous accompagnons cette politique, nous l'accompagnons par le dialogue, nous l'accompagnons par la coopération, nous l'accompagnons par une coopération pour le renforcement de l'Etat de droit et dans le cadre de la réforme du système judiciaire nous participons largement à la formation d'avocats, à la formation de magistrats, c'est un engagement de la France, je pense que tout cela est beaucoup plus utile que des déclarations sans lendemain. La Chine est un immense pays qui ne se réformera que par lui-même. J'ai eu l'occasion de le dire ce matin, c'est folie de penser que c'est de l'extérieur que viendront les éléments de changement dans le fonctionnement de la société chinoise. Ces changements viendront de l'intérieur et notre rôle à nous c'est de tout faire pour ouvrir la société chinoise, pour l'accompagner dans son effort de modernisation et de développement. Je pense que c'est l'honneur de la France de le faire et nous continuerons comme nous le faisons d'ailleurs j'ai envie de dire depuis l'ouverture des relations diplomatiques entre la France et la Chine il y a 45 ans.
Merci beaucoup Mesdames et Messieurs.
Source http://www.gouvernement.fr, le 28 décembre 2009