Déclaration de M. Jean-Louis Borloo, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, en réponse à une question sur les suites à apporter à la conférence de Copenhague sur le climat, à l'Assemblée nationale le 22 décembre 2009.

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Circonstance : Séance des questions d'actualité à l'Assemblée nationale le 22 décembre 2009

Texte intégral

Monsieur le Député, force est de constater que le Sommet de Copenhague - mais le processus se poursuivra à Bonn, Mexico et Rio - n'a pas été le Grenelle mondial comme il y a eu un Grenelle français de l'Environnement. Nous partageons ce point de vue.
Ce résultat nous permet, du reste, de mesurer l'écart entre un pays comme la France qui, de manière apaisée, consensuelle et dans une union sacrée, s'est fixé des objectifs et des ambitions qu'elle réalise, et les difficultés rencontrées au plan international sur un sujet qui nous touche tous : le climat.
Il ne s'agit pas de rejeter la faute sur l'ONU, mais de constater qu'un processus qui exige l'accord de 192 pays pour avancer - avec des intérêts divergents entre grands pays pétroliers, pays très pauvres, pays industrialisés - n'est pas en mesure de produire un accord.
Vous avez évoqué la diplomatie française.
Dans cette enceinte, il y a plusieurs mois déjà, je vous ai dit que le processus traditionnel de l'ONU, qui exige l'unanimité, ne permettrait pas d'aboutir à un accord, mais qu'il faudrait que la magie opère à Copenhague et que les chefs d'Etat et de gouvernement y soient physiquement présents. Jusqu'ici, ce ne fut jamais le cas. Nous y sommes parvenus grâce au président français.
Si la France ne l'avait pas souhaité, si la France n'avait pas été présente s'il n'y avait pas eu ces longues nuits de négociations, il n'y aurait eu aucun résultat ni sur la forêt, ni concernant les pays pauvres./.
Monsieur le Député, que faire maintenant ? Telle est la vraie question.
Nous avons obtenu un accord de tous les pays émergents, même s'il n'atteint pas le niveau que nous souhaitions. Néanmoins nous voulons aller plus loin : le président de la République souhaite la création d'un groupe "Copenhague plus", réunissant les pays les plus volontaires dans le sillage de la dynamique française, pour continuer à préparer les nouveaux rendez-vous internationaux et mondiaux.
Une initiative diplomatique sera prise fin janvier.
Ensuite, vous le savez, nous avons obtenu les financements massifs que nous proposions pour lutter contre la déforestation, laquelle représente 20 % des émissions de gaz à effet de serre et touche le coeur de notre biodiversité. Dix milliards de dollars par an seront donc versés les trois premières années, et ce jusqu'à atteindre cent milliards de dollars par an.
Dès janvier, je réunirai mes homologues de tous les bassins forestiers du monde afin d'engager le combat contre la déforestation, pour la reforestation et la défense de la biodiversité.
S'y ajoute le programme de lancement des financements innovants - fondés sur les transactions financières ou pétrolières - réclamé depuis trente ans et dont le principe politique a été décidé à Copenhague.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 décembre 2009