Texte intégral
Chères Amies, Chers Amis.
Tout d'abord, un Grand Merci à toutes celles et ceux qui sont venus ici, ce soir, en toute amitié, fidélité et générosité, témoigner, par leur présence, leur solidarité avec notre CFTC.
Je remercie évidemment, les dirigeants du comité national qui sont venus fêter l'événement, car c'est aussi leur 90e anniversaire ; de même que c'est l'anniversaire de toutes ces générations de militantes et militants qui ont fondé, inventé, rêvé, incarné et porté la CFTC de 1919, jusqu'à aujourd'hui, et qui nous ont transmis le témoin.
Merci et un grand salut fraternel, à travers le temps et l'histoire, à vous qui êtes parmi nous ce soir, et vous qui n'êtes peut être plus là, mais qui restez à jamais dans notre souvenir commun.
Je remercie également celles et ceux qui ont accepté notre invitation et sont venus souffler avec nous nos 90 bougies. Parmi eux : Le représentant du 1er Ministre, le représentant du ministère du Travail, le représentant de la conférence des évêques de France, les internationaux , les partenaires.
1919-2009 : Que d'évènements, que de combats, que de bons et de mauvais moments, que de petites et de grandes Histoires entre ces deux dates.
D'abord, tout au début, dans le syndicalisme, il n'existait, il y a 90 ans, que deux organisations syndicales ; il y en a cinq principales aujourd'hui. Certains observateurs voient dans cette « profusion » une explication de la faiblesse du syndicalisme français ; nous, à la CFTC, nous aurions plutôt tendance à y voir une force, une richesse et surtout l'attachement des travailleurs au pluralisme syndical.
Forte de ses valeurs, actrice et partenaire exigeante, libre et fière de son indépendance, la CFTC continue à aller de l'avant animée par la volonté de construire avec ses partenaires un avenir commun, juste et profitable à tous.
Et puis, par dessus tout, que d'avancées sociales, depuis 1919, auxquelles la CFTC a contribué !
Dans l'entre-deux-guerres, d'abord, avec la création des conventions collectives, l'instauration en 1930 des assurances sociales - ancêtre de notre sécurité sociale. Durant la seconde guerre mondiale, ensuite, les militants de la CFTC (alors dissoute) ne sont pas restés inactifs : ils ont participé à la Résistance et, par l'intermédiaire de Gaston Tessier, à l'élaboration du programme du Conseil National de la Résistance. Après ce conflit terrible, la CFTC a également, participé à la construction de l'édifice social de la France : création et mise en place du système de protection sociale, du salaire minimum, de l'assurance chômage, de la politique familiale, retraite... et, plus près de nous, enfin, en demeurant force de propositions, dans chaque négociation d'entreprises, de branches ainsi qu'à l'échelon interprofessionnel.
La CFTC a toujours su être de tous les combats sociaux qui ont fait avancer les droits des salariés, quels qu'en soient l'effort à fournir et le prix à payer : c'est notamment la réforme de l'entreprise, la promotion de la participation, encore et toujours la défense de la politique familiale (l'ARS, le congé parental), le conseiller du salarié, la liberté scolaire, l'accompagnement de l'emploi, le contrat de paix social, la formation professionnelle tout au long de la vie... sans oublier notre engagement dès la première heure en faveur de la construction européenne.
En 90 ans, nos valeurs sont restées les mêmes : Solidarité, Liberté, Responsabilité, Justice Sociale, afin de promouvoir la participation démocratique et l'exigence d'un développement juste et durable...
Ce sont des valeurs qui, aujourd'hui, sont désormais largement partagées par tous, parce qu'elles apparaissent comme le fondement essentiel et indispensable à l'avènement d'une société véritablement démocratique...
Mais, par notre exigence de respect de la dignité des personnes, qui nous rappelle à notre devoir de fraternité, en particulier vis à vis des plus fragiles, l'inspiration sociale chrétienne, qui nous anime depuis notre fondation, donne un éclairage particulier et un sens profond à
toutes nos actions. Nous tenons à cette différence, car l'inspiration sociale chrétienne, traduit une vision de la personne et de son développement, et s'inscrit dans des principes d'action : le souci du Bien Commun et la volonté de permettre à chacun de jouer pleinement son rôle dans la société.
Aujourd'hui, nous exprimons ces valeurs, différemment peut-être de nos prédécesseurs, afin de tenir compte des évolutions de notre société pour mieux les transcrire au quotidien, à travers notre action syndicale.
Aujourd'hui, comme hier, nous appelons à rompre avec les systèmes économiques qui asservissent l'homme ; aujourd'hui, comme hier, nous nous battons pour que l'économie soit au service de l'homme et non l'inverse ; aujourd'hui, comme hier, nous mettons tout en oeuvre pour que l'homme soit l'acteur de sa propre vie, notamment à travers le Statut du Travailleur; aujourd'hui, comme hier nous pensons que le lieu privilégié de l'action syndicale est l'entreprise et qu'il n'y a pas d'autre issu que le dialogue social pour promouvoir nos revendications en faveur des salariés, des agents du public, des demandeurs d'emploi et de leur famille, dans le respect de ce fameux bien commun. Chacun de nous, à la place qui est la sienne, a un rôle à jouer pour faire progresser notre société.
Autant de valeurs et de principes qui ne sont pas l'apanage des chrétiens et qui peuvent être très largement et ouvertement partagées par tous nos concitoyens, par tous les hommes de bonne volonté, par toutes celles et ceux qui désirent ne plus subir une société qui les contraints et qui veulent la transformer au quotidien pour plus de Justice, de Liberté et d'Équité.
Aujourd'hui, comme vous le savez tous, nous traversons une crise financière, économique, et surtout sociale, sans précédent. Cette crise ne peut et ne doit laisser personne indifférent. Notre système est très gravement malade.
Il est victime de turbulences nées de l'accélération de la mondialisation ultralibérale, qui trouvent leur origine dans les dérives du système capitaliste affranchi de toutes règles, qui repose et fonctionne sur la spéculation et la finance qui érige en norme la règle de la concurrence et du profit.
C'est le résultat d'un long processus qui a amené nos sociétés à abdiquer, en faveur de l'économie, leur pouvoir de peser sur le monde et son devenir.
Ce ne sont pas les quelques mesures frileuses qui ont été prises qui peuvent malheureusement nous laisser croire que toutes les leçons tirées de la crise ont été retenues. Des voix s'élèvent de plus en plus nombreuses pour évoquer l'impérieuse nécessité de moraliser l'économie, de la réguler, de la gouverner pour un meilleur partage des richesses et pour lui redonner un sens. Ayons aujourd'hui l'audace, le courage et l'imagination de repenser de nouveaux modèles de société, afin de préserver l'avenir de l'Humanité et de notre Planète, les deux étant indissociables !
À notre niveau, La CFTC veut jouer pleinement son rôle, rôle qui reste essentiel pour réduire les inégalités, pour la justice, pour un développement équitable pour tous, au nom de la dignité de chacun.
Nous savons qu'il nous faudra aussi maintenir, conquérir ou reconquérir pied à pied notre place, dans chaque entreprise, d'abord, et dans chaque lieu où se décide l'avenir de ceux que nous représentons.
Ce combat nous allons le mener, jusqu'au bout, jour après jour, au coude à coude, solidaires et confiants, même dans les moments incertains, comme nous avons toujours su le faire durant ces Quatre Vingt Dix années. Avec le concours de toutes celles et ceux qui savent que, dans le Syndicalisme, il faut donner toujours le meilleur de soi-même et que les bons résultats sont à ce prix !
Grâce à notre projet Syndical, à "notre Statut du Travailleur", à notre motion ; grâce à notre nouvelle organisation, à nos nouveaux outils de mobilisation et de communication ; grâce surtout à nos convictions et notre capacité de nous dépasser quand il le faut et quand nous le devons, nous contribuerons à maintenir, une fois encore, la CFTC dans le paysage syndical.
Soyons fiers de notre héritage et gardons le vivant, c'est le plus sûr moyen, aujourd'hui, de remplir notre mission pour demain !
Je vous dis simplement aujourd'hui :
À dans 10 Ans ! Pour nos 100 Ans !
Et surtout, bonne route et bon travail, d'ici là !
Je laisse maintenant, la parole à Philippe qui va nous dire à quelles conditions la CFTC pourra fêter ses cent ans, dans dix ans !
Source http://www.cftc.fr, le 26 novembre 2009