Texte intégral
M.-O. Fogiel.- Vous êtes la présidente du MEDEF. Les chiffres du chômage pour le mois d'octobre sont tombés hier soir. Ils ne sont pas bons : hausse de 2 % des inscriptions au chômage, 52.400 demandeurs d'emplois en plus et cela seulement pour la catégorie A. Ce sont des chiffres inquiétants pour vous ?
Oh oui, c'est très angoissant et je peux vous dire pour l'observer tous les jours que les entreprises souffrent comme jamais. On voit quelques secteurs commencer à s'en sortir, mais malheureusement ils sont peu nombreux et la plupart des chefs d'entreprise que je rencontre ne voient pas d'amélioration significative sur leur carnet de commandes.
Mais vous êtes pessimiste pour la suite ?
Nous sommes assez inquiets. Il y a énormément de difficultés. Il y a même une espèce d'effet cumulatif de toutes les difficultés. Bien sûr, il y a quelques signaux encourageants qui pointent à l'horizon, je pense notamment au fait que la Chine a repris. Mais si la Chine est une locomotive, malheureusement, je n'ai pas le sentiment que nous soyons, nous, en ce moment, dans un des wagons de tête du train de la reprise.
Mais est-ce qu'il y a des mesures concrètes que vous demandez aujourd'hui au Gouvernement ?
Il y a beaucoup de choses qui ont été faites, beaucoup à notre initiative. Je voudrais vous rappeler que c'est nous-même MEDEF qui avons dit : il faut mettre en place des dispositifs de chômage partiel, ce qui permet de garder le lien entre l'employeur et le salarié, entre l'entreprise et le salarié. Il faut savoir qu'aujourd'hui il y a plus de 500.000 personnes qui sont dans cette situation de chômage partiel, ce qui permet d'atténuer les difficultés.
Mais s'il y a d'autres choses à faire aujourd'hui ?
Il y a surtout à l'égard du Gouvernement, demander au Gouvernement surtout de ne pas ajouter de nouvelles contraintes aux entreprises, cela c'est la première chose. Et la deuxième chose, il doit y avoir aussi une espèce de solidarité entre entreprises.
Et cela, cela n'existe pas ?
Pas assez. Aujourd'hui, où peut-il y avoir de l'emploi ? Principalement dans les TPE et dans les PME. Il faut donc que les grands donneurs d'ordre, que ce soit les très grandes entreprises ou aussi je pense aux collectivités locales, aux entreprise publics, à l'Etat lui-même quand il passe des commandes, qu'il ait une logique qui ne soit pas celle du gros qui tord le bras du moyen ou du petit.
Les entreprises étaient également dans l'actualité cette semaine, avec X. Darcos, qui veut en fermer certaines, des fermetures administratives, quand elles emploient des travailleurs de façon illégale, des travailleurs non déclarés. Quelle a été votre réaction ? On ne vous a pas encore entendue sur le sujet ?
Je crois que la question ne se pose pas comme cela pour nous entreprises. Il me semble évident dans cette affaire que l'Etat essaye de nous donner un rôle qui n'appartient qu'à lui.
C'est-à-dire ?
Il ne faut pas confondre employés au noir - ce qui est totalement non seulement illégal mais inadmissible - et embaucher quelqu'un qui a des faux papiers.
Des faux papiers, parce que ceux-là cotisent, ils payent leurs impôts...
Exactement. Les personnes dont on est entrain de parler ce ne sont pas des sans-papiers, ce sont des "avec faux papiers".
Il y en a beaucoup dans la restauration et dans le bâtiment.
Je ne sais pas comment vous faites ce calcul. Moi ce que je sais, c'est que les chefs d'entreprise déclarent toute embauche, c'est obligatoire. On déclare à l'URSSAF toute personne qui est embauchée, et de toute façon, cette personne à un numéro de Sécurité sociale.
Je comprends. Donc vous dites que le Gouvernement vous fait porter un chapeau qui n'est pas le vôtre. C'est une façon de se défausser de ses responsabilités ?
Je pense en tout cas que c'est à lui d'assumer la responsabilité de police ou de justice, que tout d'un coup il voudrait effectivement confier à certaines entreprises. Cela rejoint ce que je vous disais préalablement. Attention de ne pas ajouter de nouvelles contraintes. On le voit, les entreprises sont fragiles, les chiffres du chômage en sont vraiment le signe, le symptôme. Je crois que les chefs d'entreprise aujourd'hui attendent de la part de tout le monde en France, du Gouvernement mais de toutes les parties prenantes, un ton d'encouragement et non pas un ton qui soit celui des menaces.
Pour terminer, en quelques mots, L. Parisot : Dubaï en faillite. Les bourses dégringolent. Est-ce que des entreprises françaises sont présentes à Dubaï, est-ce qu'on souffrir de la crise nous aussi ?
Oui, il y a des entreprises françaises qui sont installées là-bas ou qui participent à des projets à Dubaï. C'est une nouvelle parmi toutes celles dont on parle depuis quelques minutes, qui est tout à fait inquiétante également pour l'avenir.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 novembre 2009