Texte intégral
Outre toute une série de sujets bilatéraux qui vont du tunnel sous la Manche en passant par la situation économique aux questions internationales (Afghanistan, Iran) et européennes en vue des prochains Conseils, la visite de Chris Bryant coïncide également avec celle que vient d'effectuer Werner Hoyer, notre collègue allemand. Nous avons eu tous les trois une réunion de travail prolongée hier soir. Ce n'était d'ailleurs pas la première du genre car le couple franco-allemand et le Royaume-Uni, ensemble, ont un rôle d'impulsion particulièrement important dans l'Europe des Vingt-sept. Nous avons passé en revue de nombreux dossiers. A l'issue de notre réunion de travail de ce matin et du déjeuner, Chris et moi-même allons participer au colloque organisé par Eric Besson en présence du Premier ministre. C'est donc une journée bien remplie.
Nous avons abordé ce matin toute une série de sujets : les suites de la négociation sur le climat après Copenhague, l'Afghanistan en prévision de la Conférence de Londres du 28 janvier, la situation en Iran. Nous avons également parlé d'autres dossiers importants : l'élargissement de l'Union européenne, la situation dans les Balkans et Chypre qui est une question qui nous intéresse beaucoup tous les deux.
Nous avons abordé les questions institutionnelles européennes avec la mise en oeuvre du Service européen pour l'action extérieure. Nous devons d'ailleurs nous rencontrer prochainement, Werner Hoyer, Chris Bryant, Cathy Ashton, "la ministre des Affaires étrangères" de l'Europe et moi-même. Chris Bryant est chargé d'organiser cette réunion assez rapidement car il y a de nombreux sujets à aborder.
Nous allons également travailler, au niveau de nos services diplomatiques, à la mise sur pied de ce fameux Service diplomatique européen, une grande affaire qui changera beaucoup de choses.
Enfin, nous avons évoqué la situation dans le tunnel sous la Manche, qui n'est pas franchement glorieuse, et nous souhaitons naturellement, après les derniers incidents de la fin du mois de décembre, que la mission d'enquête mise en place par le président de la République et par le gouvernement britannique aboutisse. Nous espérons que ce rapport nous soit donné rapidement car les choses ne peuvent pas continuer ainsi.
J'ajouterai que c'est pour toutes ces raisons que l'Europe a besoin du Royaume-Uni pleinement en son sein. Il est clair que sur les grandes affaires stratégiques, nous, Français, avons besoin mais également l'Europe, d'un Royaume uni qui joue pleinement le jeu de l'Europe.
Q - J'aurais aimé savoir si la Grande-Bretagne est associée à ces projets qui sont en préparation entre l'Allemagne et la France ? Y a-t-il une confirmation concernant le ministère ? Vous aviez dit il y a quelques temps que vous prépariez une intégration plus importante au niveau militaire, j'aurais donc aimé savoir si vous étiez allés un peu plus loin ?
R - Au niveau militaire, il y a des choses qui sont en cours. Je vous donne mon sentiment, je trouve que cela ne va pas assez vite. Je ne cacherais pas que je serais favorable à ce que les choses avancent beaucoup plus vite et les défis sont considérables.
On a réussi en Bosnie. Et puis, en ce moment même, si vous allez dans la Corne de l'Afrique, vous aurez un exemple d'un vrai succès : la seule grande opération de lutte anti-piraterie qui fonctionne bien, est une opération européenne. Il y a des bateaux et des avions européens, sous le commandement d'un Britannique, et cela fonctionne très bien. Comme nous le disions donc pendant les élections européennes : "quand l'Europe veut, elle peut !" C'est également vrai en matière de défense. La défense européenne se prouve dans le mouvement. C'est pour cela qu'il faut parler des Balkans, de l'Afghanistan, faire davantage ensemble.
Q - (à propos des relations franco-allemandes)
R - Werner et moi avons beaucoup travaillé, depuis sa nomination en octobre, à la préparation du conseil des ministres franco-allemand. Ce matin, nous avons mis la dernière main à un document commun que nous allons remettre au président de la République et à la chancelière. C'est à eux de décider quelles idées de ce document ils souhaitent reprendre.
Je peux vous dire que nous avons vraiment travaillé en commun. Cela relève du couple franco-allemand, mais bien des thèmes, naturellement, sont des thèmes sur lesquels nous travaillons également avec nos partenaires britanniques. Il est bien évident, comme le disait Chris, que l'Europe des Vingt-sept a besoin de ce trépied dans beaucoup de domaines. Ce n'est donc pas du tout exclusif.
Ce que je veux dire en matière de relations franco-allemandes, c'est qu'il n'y a pas de droits supplémentaires, il y a juste une obligation supplémentaire. L'Europe communautaire est née de la réconciliation franco-allemande et il y a une très forte conscience de cette responsabilité pour faire avancer la "Maison". Il est bien évident, non seulement qu'il n'y a pas de contradiction, mais qu'il y a un besoin d'Angleterre pour continuer d'avancer. Il n'y a pas de contradiction, vous voyez bien que ce matin, nous avons longuement travaillé avec nos collègues allemands, et que l'on continue avec nos collègues britanniques. On parle exactement des mêmes sujets, absolument en phase.
Q - Avez-vous parlé des difficultés liées au programme de l'avion A400M ? Deuxième question s'agissant de l'élargissement, on sait que la Grande Bretagne et la France n'ont pas toujours les mêmes vues vis-à-vis de la Turquie et des Balkans, ce sujet a-t-il été abordé dans votre conversation à trois ?
R - On a abordé la question de l'A400M. S'agissant de la Turquie, on a fait le point des derniers contacts que nous avons les uns et les autres. On a d'ailleurs aussi beaucoup parlé de Chypre.
Concernant les Balkans, contrairement à ce que vous dites, nous sommes en phase. La position du gouvernement français est de stabiliser les Balkans et la perspective européenne, l'intégration dans l'Europe, dans le respect du cas par cas, est indispensable. Le président de la République le souhaite, nous y travaillons et sur ce point, nous sommes totalement d'accord.
A propos de la Turquie, vous connaissez nos différences, mais les négociations sont là, nous ne les avons pas interrompues.
Quant à l'A400M, c'est une situation complexe. C'est un programme très symbolique de coopération européenne. Il s'agit d'un avion nécessaire pour mener les missions de projection de nos armées dans le cadre d'interventions lointaines. C'est quelque chose qui intéresse fortement notre industrie en Europe, industrie aussi bien britannique, française, allemande, qu'espagnole. Les enjeux sont considérables mais la profondeur des poches du contribuable européen n'est pas infinie. Il y a donc une négociation en cours, j'espère qu'elle aboutira.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 janvier 2010
Nous avons abordé ce matin toute une série de sujets : les suites de la négociation sur le climat après Copenhague, l'Afghanistan en prévision de la Conférence de Londres du 28 janvier, la situation en Iran. Nous avons également parlé d'autres dossiers importants : l'élargissement de l'Union européenne, la situation dans les Balkans et Chypre qui est une question qui nous intéresse beaucoup tous les deux.
Nous avons abordé les questions institutionnelles européennes avec la mise en oeuvre du Service européen pour l'action extérieure. Nous devons d'ailleurs nous rencontrer prochainement, Werner Hoyer, Chris Bryant, Cathy Ashton, "la ministre des Affaires étrangères" de l'Europe et moi-même. Chris Bryant est chargé d'organiser cette réunion assez rapidement car il y a de nombreux sujets à aborder.
Nous allons également travailler, au niveau de nos services diplomatiques, à la mise sur pied de ce fameux Service diplomatique européen, une grande affaire qui changera beaucoup de choses.
Enfin, nous avons évoqué la situation dans le tunnel sous la Manche, qui n'est pas franchement glorieuse, et nous souhaitons naturellement, après les derniers incidents de la fin du mois de décembre, que la mission d'enquête mise en place par le président de la République et par le gouvernement britannique aboutisse. Nous espérons que ce rapport nous soit donné rapidement car les choses ne peuvent pas continuer ainsi.
J'ajouterai que c'est pour toutes ces raisons que l'Europe a besoin du Royaume-Uni pleinement en son sein. Il est clair que sur les grandes affaires stratégiques, nous, Français, avons besoin mais également l'Europe, d'un Royaume uni qui joue pleinement le jeu de l'Europe.
Q - J'aurais aimé savoir si la Grande-Bretagne est associée à ces projets qui sont en préparation entre l'Allemagne et la France ? Y a-t-il une confirmation concernant le ministère ? Vous aviez dit il y a quelques temps que vous prépariez une intégration plus importante au niveau militaire, j'aurais donc aimé savoir si vous étiez allés un peu plus loin ?
R - Au niveau militaire, il y a des choses qui sont en cours. Je vous donne mon sentiment, je trouve que cela ne va pas assez vite. Je ne cacherais pas que je serais favorable à ce que les choses avancent beaucoup plus vite et les défis sont considérables.
On a réussi en Bosnie. Et puis, en ce moment même, si vous allez dans la Corne de l'Afrique, vous aurez un exemple d'un vrai succès : la seule grande opération de lutte anti-piraterie qui fonctionne bien, est une opération européenne. Il y a des bateaux et des avions européens, sous le commandement d'un Britannique, et cela fonctionne très bien. Comme nous le disions donc pendant les élections européennes : "quand l'Europe veut, elle peut !" C'est également vrai en matière de défense. La défense européenne se prouve dans le mouvement. C'est pour cela qu'il faut parler des Balkans, de l'Afghanistan, faire davantage ensemble.
Q - (à propos des relations franco-allemandes)
R - Werner et moi avons beaucoup travaillé, depuis sa nomination en octobre, à la préparation du conseil des ministres franco-allemand. Ce matin, nous avons mis la dernière main à un document commun que nous allons remettre au président de la République et à la chancelière. C'est à eux de décider quelles idées de ce document ils souhaitent reprendre.
Je peux vous dire que nous avons vraiment travaillé en commun. Cela relève du couple franco-allemand, mais bien des thèmes, naturellement, sont des thèmes sur lesquels nous travaillons également avec nos partenaires britanniques. Il est bien évident, comme le disait Chris, que l'Europe des Vingt-sept a besoin de ce trépied dans beaucoup de domaines. Ce n'est donc pas du tout exclusif.
Ce que je veux dire en matière de relations franco-allemandes, c'est qu'il n'y a pas de droits supplémentaires, il y a juste une obligation supplémentaire. L'Europe communautaire est née de la réconciliation franco-allemande et il y a une très forte conscience de cette responsabilité pour faire avancer la "Maison". Il est bien évident, non seulement qu'il n'y a pas de contradiction, mais qu'il y a un besoin d'Angleterre pour continuer d'avancer. Il n'y a pas de contradiction, vous voyez bien que ce matin, nous avons longuement travaillé avec nos collègues allemands, et que l'on continue avec nos collègues britanniques. On parle exactement des mêmes sujets, absolument en phase.
Q - Avez-vous parlé des difficultés liées au programme de l'avion A400M ? Deuxième question s'agissant de l'élargissement, on sait que la Grande Bretagne et la France n'ont pas toujours les mêmes vues vis-à-vis de la Turquie et des Balkans, ce sujet a-t-il été abordé dans votre conversation à trois ?
R - On a abordé la question de l'A400M. S'agissant de la Turquie, on a fait le point des derniers contacts que nous avons les uns et les autres. On a d'ailleurs aussi beaucoup parlé de Chypre.
Concernant les Balkans, contrairement à ce que vous dites, nous sommes en phase. La position du gouvernement français est de stabiliser les Balkans et la perspective européenne, l'intégration dans l'Europe, dans le respect du cas par cas, est indispensable. Le président de la République le souhaite, nous y travaillons et sur ce point, nous sommes totalement d'accord.
A propos de la Turquie, vous connaissez nos différences, mais les négociations sont là, nous ne les avons pas interrompues.
Quant à l'A400M, c'est une situation complexe. C'est un programme très symbolique de coopération européenne. Il s'agit d'un avion nécessaire pour mener les missions de projection de nos armées dans le cadre d'interventions lointaines. C'est quelque chose qui intéresse fortement notre industrie en Europe, industrie aussi bien britannique, française, allemande, qu'espagnole. Les enjeux sont considérables mais la profondeur des poches du contribuable européen n'est pas infinie. Il y a donc une négociation en cours, j'espère qu'elle aboutira.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 janvier 2010