Déclaration de M. Hubert Falco, secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants, sur les efforts en faveur des anciens combattants et sur le devoir de mémoire, à Paris le 12 janvier 2010.

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Circonstance : Voeux au monde combattant, à Paris le 12 janvier 2010

Texte intégral

Madame le Ministre, chère Simone Veil,
Mesdames, Messieurs les Parlementaires,
Messieurs les Officiers généraux,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi une grande joie de vous retrouver en ce début d'année et de vous accueillir, toutes et tous, dans ce lieu chargé de l'histoire de nos Armées et de notre nation.
A vous tous qui représentez le monde combattant, les victimes de guerre et nos grandes fondations de la mémoire, je vous adresse mes voeux de bonne et heureuse année 2010.
Ce sont, tout d'abord, des voeux très personnels de bonheur et de santé, pour chacune et chacun d'entre vous, pour vos familles et l'ensemble de vos proches. Je sais combien votre engagement vous coûte en énergie, en passion, en disponibilité. J'ai pu le mesurer tout au long de l'année qui vient de s'écouler.
Vous sacrifiez beaucoup de votre temps et, souvent, de votre vie de famille pour servir les autres et assumez pleinement les responsabilités qui sont les vôtres : que cette nouvelle année apporte à chacune et à chacun d'entre vous des satisfactions à la hauteur de votre mérite et de votre engagement.
Ce sont aussi des voeux plus collectifs de réussite et de succès pour chacune des associations et des institutions dont vous avez la charge. Chacune et chacun d'entre vous portez des projets, des ambitions, des initiatives. Que 2010 soit l'année de leur concrétisation ! Ce n'est pas un voeu pieu. Nous serons, avec le ministère et l'ensemble de mes collaborateurs, à vos côtés, pour vous y aider. Car nous n'avons qu'une seule ambition : mieux servir le monde combattant, mieux faire vivre et mieux transmettre la mémoire combattante et les valeurs fondamentales de notre République.
En 2009, nous avons, ensemble, conduit des réformes, mené à bien des projets, lancé certaines initiatives.
Ce sont des mesures sociales, des mesures de justice, qui témoignent de la solidarité de la Nation envers ceux qui l'ont servie, cette solidarité avec laquelle le mot « fraternité » prend vraiment tout son sens.
Ce sont également des mesures pour mieux transmettre la mémoire combattante et la mémoire des victimes aux jeunes générations.
Dans le champ du droit à réparation, je citerai en particulier la réforme de l'administration au service du monde combattant, et notamment le transfert progressif, depuis le 1er janvier 2010, des compétences de la direction des statuts, des pensions et de la réinsertion sociale vers l'ONAC et ses services départementaux.
Je rappellerai également la revalorisation de la retraite du combattant, l'augmentation et la sanctuarisation de l'allocation différentielle pour les conjoints survivants, l'augmentation de 50 points de la pension de réversion des veuves des plus grands invalides, ou encore l'élan nouveau donné à l'Institution nationale des Invalides avec l'adoption du projet d'établissement.
Dans le domaine de la Mémoire, dont vous savez combien il m'est cher, je veux retenir l'action nécessaire menée depuis 6 mois en faveur des Harkis et des rapatriés, l'inscription du nom des victimes civiles de la guerre d'Algérie sur le monument national du quai Branly, la levée les uns après les autres des obstacles à la création de la fondation pour la mémoire de la Guerre d'Algérie, et, bien sûr, le début des commémorations du 70e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale...
Nous avons une responsabilité historique. Nous avons à transmettre un héritage, le plus précieux des héritages, à ceux qui viennent après nous. Nous avons à leur dire ce que fut le XXe siècle, eux qui ne l'ont pas connu, eux qui commencent leur vie aujourd'hui dans cette deuxième décennie du troisième millénaire.
Nous avons à leur dire le sacrifice de ceux qui les ont précédés et qui ont payé de leur vie le prix de leur liberté.
Et je voudrais rendre hommage aux anciens combattants, résistants et déportés qui, inlassablement, répondent présents lorsque des écoles, des collèges, des lycées, les appellent pour témoigner. Ce qu'ils font, malgré la fatigue et le poids des années, est admirable. Ils méritent tout notre respect et toute notre gratitude.
Hier, à quelques mètres d'ici, dans l'église Saint-Louis des Invalides, la France pleurait l'un de ses grands serviteurs. J'ai beaucoup d'émotion à évoquer, aujourd'hui, devant vous, la mémoire de Philippe Séguin.
Son père, Robert, s'était engagé, à l'âge de 22 ans, dans le 4e régiment de Tirailleurs algériens et c'est en libérant notre pays qu'il a trouvé la mort en 1944. Et ce jeune père, avant de mourir, griffonne sur un carnet un mot destiné à son fils âgé d'un an à peine : « Adieu, mon fils. Sois un homme loyal, honnête et courageux. »
Et toute sa vie, Philippe Séguin essaya de s'en tenir à cette unique ligne de conduite, quitte à tout sacrifier jusqu'à sa carrière, parce que rien n'importait plus à ses yeux que de cultiver la loyauté, l'honnêteté et le courage.
La mémoire, la mémoire combattante, la mémoire des conflits qui ont meurtri le XXe siècle, on ne la trouve pas dans les livres d'histoire et les objets inanimés. On la trouve, avant tout, dans le coeur des hommes. C'est l'héritage que transmettent les pères à leurs fils. C'est une mémoire humaine, une mémoire vive. C'est une mémoire qui porte, en elle, des valeurs, et nous apprend, mieux que tout, la loyauté, l'honnêteté et le courage.
Transmettre cette mémoire n'est pas une mince affaire. C'est d'une importance capitale pour l'avenir de notre pays, pour notre jeunesse et pour notre nation tout entière.
Le Président de la République, dans ses voeux aux forces armées, l'a redit avec force : il faut travailler ensemble à la modernisation de notre action de transmission de la mémoire et des valeurs, il faut travailler à la pérennité de vos associations et de vos fondations, notamment par la mise en commun des moyens et des idées, dans le respect de l'identité de chacun et de toutes les mémoires.
Tout au long de 2010, nous allons continuer ce que nous avons entrepris. Nous travaillerons pour plus de justice, plus de solidarité, plus de reconnaissance dans le monde combattant. Nous agirons aussi, avec détermination, pour que la mémoire soit mieux partagée et mieux transmise aux jeunes générations.
Parmi les commémorations qui jalonneront jusqu'en 2015 le soixante-dixième anniversaire de la Seconde Guerre mondiale, nous célébrerons tout particulièrement en 2010 l'anniversaire de l'appel du 18 juin. Le Président de la République a parlé vendredi dernier à Vannes, de façon très juste, de « date fondatrice de notre histoire récente ».
Les mots de l'Appel du 18 juin sont des mots forts : les mots de l'espérance et de la volonté, du combat et de la liberté.
Ce sont les mots d'un idéal commun, cet idéal de la République, sans lesquels la nation française n'aurait pas de sens et la France ne serait pas elle-même dans le monde.
Cet anniversaire, nous le construisons ensemble depuis plusieurs mois déjà. Avec la fondation Charles de Gaulle et les autres grandes fondations de mémoire, avec l'Ordre de la Libération, avec les Français Libres, Monsieur le Président, cher Yves Guéna et avec toutes les bonnes volontés.
Je forme le voeu que nous réussissions, à travers l'ensemble des actions de mémoire qui seront engagées pour le 18 juin et autour du 18 juin, à transmettre au grand public, et en particulier aux plus jeunes de nos concitoyens, le sens de l'Appel et l'exigence républicaine de l'engagement total quand l'essentiel est en jeu.
L'essentiel, c'est également un autre anniversaire dont l'importance est tout aussi capitale : il s'agit du 65ème anniversaire de la Libération des camps.
Parce qu'il n'y eut jamais sans doute, dans l'histoire humaine, de crime plus odieux que celui qui fut perpétré à Auschwitz, au nom d'une idéologie qui prônait la supériorité de la race et avilissait l'homme.
Parce que c'est la civilisation qui a péri dans ces camps.
Oui, pour ces raisons, il n'y a pas de devoir de mémoire plus impérieux que celui-là et c'est pourquoi j'ai souhaité conduire, le 27 janvier prochain une importante délégation française associant avant tout des déportés et des jeunes lycéens. J'espère, Madame la Ministre (Simone Veil) que vous pourrez être à mes côtés.
Je ne veux pas achever mon propos sans saluer nos soldats qui servent, sous mandat international, en Afghanistan, au Liban et partout dans le monde.
Ils sont des combattants de la paix, des combattants des droits de l'Homme, des combattants de la dignité humaine. Ils combattent au péril de leur vie, mais ils sont animés par cet idéal de liberté qui est indissociable en France de l'amour de la Patrie.
Ces hommes qui sont loin de chez eux pour défendre les valeurs et les engagements de notre République ont besoin, plus que jamais, de se sentir épaulés, soutenus et, si vous me permettez ce mot, aimés.
Je veux rendre un hommage très respectueux à l'adjudant Mathieu Toinette, tué hier matin à ALASAÏ en Afghanistan et au lieutenant-colonel Fabrice Rouiller, décédé ce matin des suites de ses blessures. Tous deux faisaient partie d'une équipe de liaison et de formation au profit de l'armée nationale afghane. Ils nous rappellent d'emblée en ce début d'année, combien est difficile et nécessaire à la fois, la lutte contre l'obscurantisme qui nourrit le terrorisme. J'ai, avec chacun de vous, une pensée très forte pour la famille des deux soldats. Je leur assure que nous serons toujours à leurs côtés pour les soutenir et aussi pour conserver la mémoire de leur mari, de leur fils, de leur frère.
Je voudrais aussi exprimer ma gratitude aux fédérations et aux associations d'anciens combattants qui témoignent, naturellement et spontanément, de leur solidarité et de leur fraternité avec ces jeunes générations du feu.
Madame le Ministre,
Mesdames, Messieurs,
2009 a été une année exigeante. Une année d'engagements et de travail. Une année où, heureusement, nous avons pu avancer ensemble et apporter des réponses concrètes à des problèmes qui, parfois, se posaient depuis de très nombreuses années.
2010 sera une année active, dynamique, une année de travail, une année de projets, une année d'initiatives et d'actions.
Alors oui, je vous souhaite de l'enthousiasme, de l'énergie, de la volonté, de la solidarité. Parce que nous en aurons besoin, toutes et tous, pour faire de 2010 une belle et heureuse année au service de nos concitoyens, de la République et de la France.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 14 janvier 2010