Entretien de M. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, à France 2 le 14 janvier 2010, sur le séisme à Haïti.

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Média : France 2

Texte intégral

Q - Vous êtes secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie, vous êtes sur le pont depuis 23 heures hier soir ; vous sortez à l'instant du Conseil des ministres. Quelle est la feuille de route fixée par Nicolas Sarkozy pour les aides françaises ?
R - La feuille de route est claire : aller le plus vite possible, puisque c'est dans les premières heures qu'il faut être présent. Je viens d'avoir il y a quelques instants notre ambassadeur de France sur place. Je crois que le bilan va être encore plus lourd que ce l'on imaginait cette nuit. A l'heure où je m'exprime, le jour se lève en Haïti, c'est maintenant que l'on commence à voir l'ampleur des dégâts. Vous savez que les communications téléphoniques étaient coupées, cette nuit a été particulièrement difficile. Heureusement, l'ambassade de France continue à travailler. Nous envoyons immédiatement les secours dont il a été question. Le président de la République et Bernard Kouchner souhaitent que je me rende sur les lieux le plus rapidement possible.
Q - Vous allez y aller quand ?
R - Je pense partir samedi.
Q - Samedi donc, en Haïti...
R - Pour l'heure, évidemment, c'est le moment des sauveteurs, c'est le moment des secours d'urgence et, dans quelques heures, viendra le moment de la compassion. Vous savez, entre la France et Haïti, c'est une longue tradition de proximité, c'est notre plus grosse coopération, c'est l'un des pays les plus pauvres du monde, c'est aussi la Francophonie, et la communauté haïtienne en France est très nombreuse.
Q - Vous le disiez, vous avez eu l'ambassadeur de France sur place. Il y a 1.400 Français en Haïti. Avez-vous des nouvelles précises sur la communauté française là-bas ?
R - 1.400 Français, 1.200 se trouvent dans la capitale touchée par le tremblement de terre. Pour l'heure, un peu plus de 60 ressortissants sont rassemblés à l'ambassade.
Q - C'est peu.
R - C'est très peu. Il y a eu plusieurs immeubles dans lesquels plusieurs centaines de personnes étaient présentes au moment de tous ces éboulements. On pense d'ores et déjà que dans un des hôtels, il y aurait 200 morts. Nous avons aussi quelques inquiétudes pour des collaborateurs, notamment de notre ministère, de l'Agence française de coopération. Mais beaucoup d'Haïtiens sont concernés, je veux vraiment dire que la France, une fois de plus, va être présente très vite.
Q - Vous êtes en train de nous dire qu'il y aura des victimes françaises ? Il y a aussi, on vient de l'apprendre, des victimes au sein de l'ONU y compris donc le patron de l'ONU sur place.
R - Le siège de l'ONU, la MINUSTAH, est détruit, des bâtiments sont très endommagés, donc des collaborateurs évidemment de différents pays. C'est le Brésil qui pilote pour l'instant cette force multilatérale. Mais nous savons qu'il y a d'ores et déjà plusieurs morts.
La situation est vraiment dramatique. Je rappelle que Haïti a déjà été touché en 2008 par les typhons, les inondations. Je m'y étais rendu à l'époque, et maintenant, c'est un nouveau drame encore plus important.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 janvier 2010