Déclaration de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux sports, sur l'enseignement du sport et le modèle sportif français, Bourges le 3 décembre 2009.

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Merci de votre accueil très amical et chaleureux.
Votre présence nombreuse témoigne de la place et du rayonnement du CREPS de la région Centre pour l'ensemble des élus et des associations, régionales et nationales.
Cette reconnaissance est d'autant plus remarquable qu'il s'agit d'un établissement jeune, puisqu'il a été créé, il y a tout juste neuf ans.
Je sais que tous ceux qui ont porté ce projet n'ont pas toujours accepté, à la fin de l'année 2008, alors que l'Etat réfléchissait sur le périmètre et les nouvelles missions assignés à ses établissements, la perspective d'une éventuelle fermeture du Creps de la région Centre.
Le CREPS de Bourges est aujourd'hui bien ancre dans notre réseau national d'établissements. Au terme d'une réflexion, qui se poursuit d'ailleurs, sur l'adaptation de notre réseau d'excellence
Le monde bouge ; l'Etat se réforme, pour s'adapter aux nouveaux enjeux de ce siècle. Nous devons avoir cette culture de l'évaluation de l'intervention et des politiques publiques, qui ne nous est pas spontanée.
Faute de s'adapter en permanence, le risque est grand d'être contraint de se réformer dans l'urgence.
C'était un peu ce qui aurait pu advenir de la politique de la France dans le domaine du haut-niveau et de ce qu'il est convenu d'appeler « le modèle sportif français ».
Si la France continue à se tenir en bonne place dans le concert des nations olympiques les plus médaillées, il convient de s'inquiéter d'une lente mais constante érosion. De 1999 à 2008, en quelques Olympiades, notre pays est passé, s'agissant des médailles d'Or, du 5e au 10e rang...
Sans parler de nos déconvenues successives dans nos candidatures à l'organisation sur notre territoire des grands évènements sportifs. J'ai entamé cette réflexion sur l'attractivité de la France ; nous ne restons pas les bras ballants.
La réforme du sport de haut-niveau préparé, au nom du Gouvernement, par mon prédécesseur, Bernard LAPORTE, entendait bien mettre un terme à cette lente et constante érosion.
Prendre en compte la diversité des parcours vers le plus haut niveau et privilégier une vision globale du parcours de l'athlète vers l'excellence sportive, tels sont aujourd'hui les fondements du modèle sportif français.
Cette nouvelle approche de la politique du haut niveau ne pouvait se faire sans une évolution des structures chargées de les mettre en oeuvre.
Nommée Secrétaire d'Etat aux sports, il me revenait de poursuivre la réforme engagée.
Avec le souci permanent d'en expliquer inlassablement le sens , et d'abord à ceux qui sont les premiers concernés par sa mise en oeuvre.
C'est pourquoi je suis ici parmi vous. Certes, un discours seul ne suffit pas : il y a une vraie pédagogie à inventer, une méthode à promouvoir, faites de clarté sur le cap à tenir. C'est ma responsabilité de vous le donner.
Je crois en l'échange et au dialogue. Les meilleures réformes sont celles qui ont été expliquées, concertées, avant d'être appliquées. On ne fait rien d'en haut, dans le secret des bureaux. Il y a un discours de la méthode sociale. Et une pratique exemplaire à mettre en oeuvre.
Le dialogue social que j'ai engagé avec les organisations syndicales représentatives des personnels procède de cette exigence : il serait peu efficace, si au niveau local, dans le service, dans l'établissement, au sein de l'unité de travail, le management au quotidien n'était pas animé de la même volonté de dialogue et d'explication.
Je le dis au chefs d'établissements de notre réseau, comme je l'ai dit, il y a quelques semaines à Paris, aux directeurs régionaux désignés comme préfigurateurs des nouvelles directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale : le dialogue social interne ne se délègue pas : c'est votre responsabilité première de le nourrir, de le faire vivre.
Mesdames et Messieurs, je voudrais souligner maintenant devant vous l'importance des chantiers au sein des établissements du ministère chargé des sports.
Les missions des CREPS sont recentrées autour de 2 objectifs prioritaires :
 l'accueil des sportifs de haut niveau, d'une part.
 l'offre de formations aux diplômes conduisant aux métiers de l'animation et du sport, dans le secteur de l'environnement spécifique et là où l'offre privée, associative ou marchande, est encore insuffisante, d'autre part.
Certes, un tel recentrage requiert probablement des transitions, le passage d'un modèle économique à un autre au sein de nos établissements ne se décrétant pas.
Il revient au directeur des sports, en sa qualité de nouvelle autorité de tutelle du réseau national des établissements, d'être garant de l'application dans la durée de ces nouvelles orientations. Non par dogme, mais parce que ces efforts d'adaptation sont les meilleurs remparts, à l'avenir, pour le développement et de valorisation du réseau. Et de sa pérennisation.
Pour conforter cette réforme, de grands chantiers statutaires concernant les établissements du Ministère chargé des sports sont en cours.
 Le décret transformant l'INSEP, devenu « Institut national du sport, de l'expertise et de la performance », en grand établissement au sens du Code de l'Education, vient d'être publié, sous la signature de M. le Président de la République, au Journal officiel du 27/11/2009.
Cette réforme statutaire accompagne la rénovation complète des installations et des modes de gestion de l'INSEP. Plus de 200 Meuros ont été investis par l'Etat depuis 2006 dans la modernisation du campus du Bois de Vincennes. L'ambition est bien de conforter et d'élargir les missions de l'Institut, pour en faire l'établissement de référence dans le domaine du sport de haut niveau en France. Au titre des nouvelles missions de l'INSEP, je n'en citerais volontairement que deux, car elles sont emblématiques de sa nouvelle dimension d'animation territoriale :
La première concerne l'animation du réseau national du sport de haut niveau : cette animation va désormais s'étendre à l'ensemble des établissements nationaux du ministère, ainsi qu'aux structures regroupées au sein des filières d'accès au sport de haut niveau ;
La seconde traduit le nouveau positionnement de l'INSEP comme tête de réseau de la recherche appliquée au sport et à la performance sportive : cette nouvelle mission amènerai l'Institut à tisser des partenariats universitaires scientifiques et technologiques sur l'ensemble du territoire national, mais aussi dans une perspective de coopération internationale renforcée. Les CREPS, souvent proches de leur environnement universitaire, ont évidemment tout à gagner à ce travail en réseau.
L'INSEP sera la pointe du diamant de l'excellence sportive française.
Mais n'oublions pas nos autres établissements qui se réforment du même pas, avec la même détermination et la même ambition :.
 Ainsi, une nouvelle Ecole nationale des sports de montagne qui regroupera en son sein l'actuelle Ecole nationale de ski et d'alpinisme à Chamonix et le Centre national du ski nordique et de moyenne montagne devrait être créée au tout début de l'année 2010.
 L'Ecole nationale d'équitation et son fleuron, le Cadre noir de Saumur, formera avec les Haras nationaux un nouvel Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE) : les travaux préparatoires à la fusion sont désormais bien avancés et un projet de décret a été rédigé à l'issue des concertations interministérielles.
Placé sous la double tutelle du ministère chargé de l'agriculture et celui chargé des sports, le nouvel institut permettra à l'ENE de rayonner davantage sur l'ensemble du territoire pour sa mission de formation et dans le domaine du haut niveau.
Elle bénéficiera, en effet, en plus de son site de SAUMUR dont je souhaite qu'il devienne le siège du nouvel Institut du Cheval et de l'Equitation, des installations sportives de grande qualité, propriété des Haras nationaux.
De plus, en liaison avec la Fédération française d'équitation, étroitement associée à cette réforme, les cavaliers sportifs de haut-niveau devraient bénéficier d'un accès facilité aux meilleurs chevaux.
 Les CREPS font l'objet également d'une attention particulière.
Le projet de texte statutaire que j'ai demandé au directeur des sports de soumettre à la concertation traite notamment des questions suivantes :
 l'intitulé des établissements ; j'ai souhaité conserver l'appellation CREPS, déclinée comme « centre de ressources, d'expertisé et de performance sportive » ;
- l'énoncé des missions principales des CREPS, conformément aux nouvelles priorités de l'Etat que j'évoquais il y a un instant. en matière de sport de haut niveau et de formation aux métiers du sport et de l'animation ;
- l'organisation interne des établissements, avec la possibilité de disposer de plusieurs directeurs adjoints pour les CREPS les plus importants et les établissements multipistes ;
- la composition du conseil d'administration, aujourd'hui uniquement centrée sur la région et qui doit à l'avenir mieux traduire le caractère national des établissements, notamment avec la présence d'un président de fédération et d'un directeur technique national.
A l'image de l'INSEP, il sera prévu de constituer un conseil de la vie du sportif et du stagiaire, qui peut également siéger en formation disciplinaire. Les CREPS sont aussi et surtout des établissements de formation et, à ce titre, formation sportive et formation citoyenne des jeunes sportifs accueillis dans nos établissements vont de pair.
Il sera également proposé à l'Education nationale de traiter, dans ce texte, la question de la surveillance des mineurs accueillis, en permettant le recrutement d'assistants d'éducation pour exercer dans les CREPS.
Je sais combien les Chefs d'établissements sont inquiets de la situation actuelle, d'une grande insécurité juridique pour eux, et, disons-le, pas toujours très satisfaisante du point de vue de nos valeurs éducatives.
Comme dans le statut actuel, il sera désigné pour chaque CREPS le préfet de région comme commissaire du gouvernement, qui sera assisté dans l'exercice de cette fonction par le DRJSCS.
Le commissaire du gouvernement pourrait par ailleurs se voir déléguer par le ministre une partie de la tutelle sur les délibérations du conseil d'administration.
Permettez-moi de m'arrêter un instant sur cette disposition.
L'une de mesures de la RGPP concernant les établissements portait sur le renforcement de leur tutelle, sous l'égide désormais de la direction des sports. Ce pilotage national ne doit pas pour autant se traduire par un traitement à Paris de tâches, notamment de contrôle, qui pourraient aussi bien, et probablement mieux, être exercées au niveau territorial. Je pense en particulier au contrôle de légalité. Plus largement, l'affirmation du caractère national du réseau des établissements et de leur pilotage ne doit pas conduire à distendre leur lien avec les territoires.
L'autonomie d'un établissement public dans son champ statutaire ne lui confère pas un statut d'indépendance.
Cette autonomie administrative et financière ne le dispense pas des nécessaires coordinations avec les autres acteurs de l'Etat, qui se sont vus confier des responsabilités particulières dans la mise en oeuvre des politiques de formation ou en matière de haut niveau. Il convient notamment de ne pas distraire les établissements des compétences renforcées dévolues aux nouvelles directions régionales de la jeunesse des sports et de la cohésion sociale.
D'abord, pour une raison évidente, qui est aussi une exigence et un gage d'efficacité : la politique publique du sport est une et chacun, au sein des services et des établissements du ministère, y concourent.
Ainsi, appliquée aux CREPS, cette unité d'action que constitue la politique publique du sport, doit nous amener à considérer qu'il n'y a pas, a priori, de contradiction , ni d'opposition à faire entre la préparation de l'élite et la contribution à une mission de cohésion sociale, que ce soit par l'insertion et la formation d'éducateurs, la professionnalisation de ce secteur, la prévention , l'éthique et la santé des sportifs....
Sans attendre le nouveau projet de décret statutaire désormais bien avancé, les chefs d'établissements ont, dès cette année, pu prendre la mesure de cette réforme et de l'esprit qui l'inspire :
- l'année 2009 vient de voir l'organisation, pour la première fois, d'un vrai dialogue de gestion entre chaque établissement et l'administration centrale ;
- de plus, vont être mis en place, à l'issue d'une évaluation partagée, de nouveaux contrats de performance entre le ministère chargé des sports et l'établissement, après consultation obligatoire des conseils d'administrions.
Je vais avoir l'occasion, dans un instant, de signer, avec le directeur du Creps, Jean-Pierre Sylla, le premier « contrat de performance » du CREPS de la région Centre. Ce sera aussi, monsieur le Préfet, Mesdames et messieurs les Elus, le premier contrat de performance jamais signé dans un CREPS.
Je salue le travail accompli par l'équipe de direction du CREPS et l'ensemble des personnels, mais aussi par la Direction des sports qui a su se saisir, dans des délais rapides, je tiens à le souligner, de ses nouvelles attributions.
Avant cela, je voudrais vous dire que tout cela n'aurait pas été possible ici, à Bourges, ici dans ce beau département du Cher, ici en région Centre, sans le partenariat exemplaire noué entre la collectivité régionale, propriétaire des installations. La région Centre, par convention avec l'Etat, met ses infrastructures à disposition du CREPS de la région Centre, établissement public, opérateur de l'Etat.
Ce modèle, qui sur le plan patrimonial rappelle un peu ce qui se fait avec les lycées et les collèges, présente plusieurs avantages évidents :
il permet au Creps de se consacrer sur l'essentiel de sa mission, l'ingénierie, la formation, l'expertise ;
Il favorise le développement de synergies et l'ancrage territorial du CREPS, sans contrarier pour autant son investissement dans ses missions nationales : une preuve, s'il en fallait : la présence ici, depuis 3 jours, de l'ensemble des référents du sport handicap, en provenance de tous les départements et régions de la France métropolitaine et d'Outre-Mer et des correspondants handicaps des fédérations sportives, voire de certaines collectivités.
J'aurais l'occasion en début d'après-midi de m'adresser à ce réseau national « Sport handicap » dont le CREPS de la région Centre assure l'animation, « pour le compte » de l'administration centrale. J'allais dire « par délégation » de l'administration centrale, lapsus probablement révélateur de l'idée que je me fais de la déconcentration, qui doit être renforcée, au sein de ce ministère des Sports, pour lequel j'ambitionne une imagination sans cesse en mouvement, créatrice et expérimentatrice !
La région, dans ce partenariat, n'est pas pour autant ramenée à un simple rôle de propriétaire.
Certes, elle n'interfère en rien sur les missions du CREPS et la responsabilité de son directeur ; en revanche, elle trouve son compte, en termes de complémentarité, de rayonnement au plan national, voire international. Elle valorise des installations d'excellence qu'elle n'aurait probablement pas construites en l'absence d'un CREPS, point d'appui en région de la stratégie d'excellence sportive des fédérations sportives et de leurs directions techniques nationales. C'est vrai pour la gymnastique, le Basket-ball féminin, l'aviron, et demain, le Cyclisme, une fois votre projet de vélodrome, bien avancé, effectivement réalisé.
Chacun le reconnaît et s'en félicite : la présence et l'exercice des missions du CREPS, en tant qu'opérateur national de la politique publique du sport, a des retombées positives évidentes pour le mouvement sportifs régional et la dynamique sportive régionale en région Centre.
On n'est nullement dans l'enchevêtrement des compétences et la dilution des responsabilités.
Au moment où va s'engager une réflexion nationale sur la réforme des collectivités locales, peut-être faudrait-il, mesdames et messieurs les Elus et les Parlementaires que nous fassions valoir l'intérêt et la pertinence de ce modèle ?
Réformer, c'est aussi promouvoir ce qui marche, dès l'instant que tout cela s'inscrit dans la cohérence des orientations générales attendues de la réforme en matière de transparence et de clarification des interventions.
Merci à vous de m'avoir accompagnée dans cette première rencontre avec le CREPS de la Région Centre, Merci à vous Monsieur le Vice -président du Conseil régional pour un partenariat avec l'Etat que vous qualifiez vous-même, dans un récent éditorial de la revue du CREPS, d' « intelligent ». C'est bien volontiers que je reprends à mon compte ce qualificatif !
A nouveau toute ma reconnaissance à l'ensemble des personnels, qui font, au quotidien, de cet établissement, un établissement d'excellence. Je crois qu'il me revient désormais, avec vous, Monsieur le Directeur, Cher Monsieur Sylla, de signer le Contrat de performance 2009 -2012 du CREPS de la Région Centre.
Je vous remercie
Source : http://www.sports.gouv.fr 7 décembre 2009