Texte intégral
Q - Que peut-ont retenir de votre échange ?
R - L'amitié, c'est ce que l'on peut retenir. Nous avons des rencontres très fréquentes. Le président Sarkozy a invité le président Kabila à se rendre à Paris le plus rapidement possible et le président Kabila a accepté cette invitation. La date n'est pas précisée mais je crois que cette visite aura lieu assez vite.
Le président Kabila s'est réjoui de la reconnaissance diplomatique et de l'échange, à nouveau, d'ambassadeurs entre le Rwanda et la France. Il s'agit là d'une décision qui a été précédée par la décision politique du président Kabila d'entretenir avec son voisin des rapports très productifs et politiquement déterminés.
Nous avons parlé du Sommet de la Francophonie qui aura lieu, vous le savez, ici à Kinshasa en 2012. Il y a d'ailleurs un petit changement, car c'est la Suisse qui va organiser le prochain Sommet et non Madagascar, en raison des difficultés actuelles.
Nous avons parlé des projets d'investissements, de la visite de Mme Idrac avec un nombre important d'investisseurs français, au mois de février. On peut regretter qu'il n'y ait pas assez de détermination des investisseurs français dans votre pays, mais il ne faut pas exagérer, il y a aussi des succès.
Nous avons aussi parlé de l'Est du pays, de la présence de la MONUC, du désir de voir l'aide de la communauté internationale se porter davantage encore sur les populations. Nous avons également parlé de la façon dont la France pourrait participer à cette approche différente de ces populations, avec des projets communs.
Q - Avez-vous parlé des problèmes de la République démocratique du Congo avec la Commission européenne ?
R - Non, pas du tout. Nous avons parlé des positions européennes qui devraient, de mon point de vue, se renforcer pour accompagner le soutien des populations qui sont encore en difficulté dans l'est du pays, dans les Kivus. Nous pourrions peut-être avoir une démarche européenne, une aide européenne. La France porte vraiment très facilement la parole à Bruxelles pour essayer d'avoir une coordination des efforts européens. Voilà de quoi nous avons parlé.
Q - Copenhague a été une déception peut être...
R - Nous avons parlé de cela aussi. Copenhague a peut-être été une déception pour vous mais ce n'est pas vraiment un échec. Pour ma part, je n'ai pas attendu Copenhague pour découvrir que les pays pauvres ne sont pas exactement dans la même situation que les pays riches, et qu'il faut en tenir compte.
On ne pouvait pas s'attendre à un miracle qui, d'un seul coup, aurait permis de trouver un accord global autour d'un texte. Il y a cependant eu beaucoup de choses et, en particulier - cela intéresse depuis longtemps le président Kabila -, des mesures concernant les forêts du Bassin du Congo. Plus on développera la forêt et plus, de façon naturelle, les gaz à effet de serre seront absorbés.
Vous savez qu'il y a eu, à Paris, une réunion des responsables des grands pays situés autour du Bassin du Congo. La perspective d'une nouvelle réunion a été abordée comme d'ailleurs celle d'une rencontre autour des Grand lacs, avec des investisseurs et avec des grands projets dont nous avons parlé avec le président.
Q - Avez-vous parlé du mandat de la MONUC ?
R - Oui, nous en avons parlé, mais c'est au président Kabila de travailler, avec peut-être d'autres pays, à une résolution. Il faut préciser le rôle de la MONUC et le rôle respectif de l'esprit des Nations unies et de la sécurité, par rapport à un développement qui sera proche des populations, au fur et à mesure que les choses s'arrangeront.
Pour ma part, j'ai noté - j'ai un peu l'habitude des missions de paix - qu'entre ma dernière visite à Goma, il y a un an exactement, et la situation qui a été décrite par les gens que nous avons rencontrés à la MONUC - le général Gaye, Alan Doss -, la situation s'améliore. Il faut donc étaler le processus dans le temps et c'est ce que le président s'apprête à faire. Je ne veux pas prendre la parole à sa place, il ne s'agit pas du tout d'un rejet de la MONUC. Au contraire, il faut que l'évolution se fasse ; je suis d'accord avec cette vision.
Q - M. Kabila vous a confirmé qu'il était pour le maintien de la MONUC ?
R - Oui mais, aussi, qu'il souhaitait que soient précisées les missions de la MONUC, amenées à évoluer en fonction de la sécurité. Aujourd'hui, vous pouvez vous rendre librement à Goma alors qu'il y a quelques temps, on ne pouvait pas sortir d'un périmètre d'environ 500 mètres autour de cette ville. La situation a particulièrement changé en un an. Pourquoi ? Du fait des décisions des présidents Kabila et Kagamé. Et si maintenant l'Union européenne, et peut-être la France, peut jouer un rôle plus important que par le passé, ce ne serait pas une mauvaise idée.
Q - Il conteste l'utilité de la MONUC ?
R - Non, il veut que cette utilité au fur et à mesure des mois et des années écoulés - cela fait presque dix ans - soit précisée. C'est exactement ce que je vous dis - mais je ne veux pas interpréter la pensée du président, il faut le lui demander. Il ne faut pas chasser la MONUC. Il veut qu'elle soit modulée en fonction des résultats des élections de 2011 et de l'étendue du territoire. Nous avons, par exemple, parlé du rôle de la MONUC dans la région. Il n'est pas du tout dépité par la présence de la MONUC, il veut qu'elle soit en accord avec les succès obtenus, il veut qu'elle ait une dimension plus économique, plus humaine et pas seulement sécuritaire.
Q - Qu'en pensez-vous ?
R - J'en pense du bien, même si ce n'est pas facile. Les critiques à propos des violations des droits de l'Homme sont faciles. Certes, je partage cette démarche, mais la situation ne peut pas changer du jour au lendemain. C'est une présence nécessitant de nombreuses années de travail. Regardez comment les forces congolaises ont réintégré des éléments très hétérogènes par rapport à elles. Il ne faut pas penser que cela se fasse facilement. C'est un succès ! Ne transformons pas un succès en échec. C'est un succès peut-être mitigé parce qu'il faudrait que cela aille plus vite encore. Mais qui ne veut pas que cela aille plus vite ? Tout le monde veut que cela aille plus vite.
Q - Vous parlez de Human Rights Watch ?
R - Je voudrais bien voir mes amis de Human Rights Watch sur le terrain. Ils ont raison de critiquer et nous d'en tenir compte. Vous savez, il est toujours plus facile de critiquer que de faire, et particulièrement dans ce domaine précis, dans un environnement difficile, dans le cadre d'une mission coûteuse. C'est vrai. Néanmoins, soyons un peu plus modérés dans les critiques.
Q - Quand le président Kabila arrive-t-il à Paris ?
R - Il a parlé de cette année, sans préciser le mois.
Q - Revenons à Copenhague, on connaît le rôle joué par la France, va-t-elle s'arrêter en chemin ?
R - Non, on ne va pas s'arrêter. La France n'est pas toute seule. Il y avait une entente étroite avec le Brésil en matière de changement climatique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il y a eu par ailleurs de nombreux pays africains qui ont manifesté leur soutien à la position française.
Le texte conjoint franco-brésilien a joué un rôle important. Les représentants du G77, composé de personnalités ayant une approche différente, pensaient que la place réservée aux pays en développement devait être plus grande et que le financement devait être plus conséquent. Ce n'est pas un échec. Il s'agit d'un événement qui n'était pas envisageable il y a deux ou trois ans.
Il y avait également des différences fondamentales entre les pays signataires de l'Accord de Kyoto et les autres, entre ceux qui étaient contraints et ceux qui ne l'étaient pas. Il était dès lors difficile d'envisager un traité, d'où ce simple document politique. On est dans le même schéma que la MONUC, facile à dire, difficile à faire !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 janvier 2010
R - L'amitié, c'est ce que l'on peut retenir. Nous avons des rencontres très fréquentes. Le président Sarkozy a invité le président Kabila à se rendre à Paris le plus rapidement possible et le président Kabila a accepté cette invitation. La date n'est pas précisée mais je crois que cette visite aura lieu assez vite.
Le président Kabila s'est réjoui de la reconnaissance diplomatique et de l'échange, à nouveau, d'ambassadeurs entre le Rwanda et la France. Il s'agit là d'une décision qui a été précédée par la décision politique du président Kabila d'entretenir avec son voisin des rapports très productifs et politiquement déterminés.
Nous avons parlé du Sommet de la Francophonie qui aura lieu, vous le savez, ici à Kinshasa en 2012. Il y a d'ailleurs un petit changement, car c'est la Suisse qui va organiser le prochain Sommet et non Madagascar, en raison des difficultés actuelles.
Nous avons parlé des projets d'investissements, de la visite de Mme Idrac avec un nombre important d'investisseurs français, au mois de février. On peut regretter qu'il n'y ait pas assez de détermination des investisseurs français dans votre pays, mais il ne faut pas exagérer, il y a aussi des succès.
Nous avons aussi parlé de l'Est du pays, de la présence de la MONUC, du désir de voir l'aide de la communauté internationale se porter davantage encore sur les populations. Nous avons également parlé de la façon dont la France pourrait participer à cette approche différente de ces populations, avec des projets communs.
Q - Avez-vous parlé des problèmes de la République démocratique du Congo avec la Commission européenne ?
R - Non, pas du tout. Nous avons parlé des positions européennes qui devraient, de mon point de vue, se renforcer pour accompagner le soutien des populations qui sont encore en difficulté dans l'est du pays, dans les Kivus. Nous pourrions peut-être avoir une démarche européenne, une aide européenne. La France porte vraiment très facilement la parole à Bruxelles pour essayer d'avoir une coordination des efforts européens. Voilà de quoi nous avons parlé.
Q - Copenhague a été une déception peut être...
R - Nous avons parlé de cela aussi. Copenhague a peut-être été une déception pour vous mais ce n'est pas vraiment un échec. Pour ma part, je n'ai pas attendu Copenhague pour découvrir que les pays pauvres ne sont pas exactement dans la même situation que les pays riches, et qu'il faut en tenir compte.
On ne pouvait pas s'attendre à un miracle qui, d'un seul coup, aurait permis de trouver un accord global autour d'un texte. Il y a cependant eu beaucoup de choses et, en particulier - cela intéresse depuis longtemps le président Kabila -, des mesures concernant les forêts du Bassin du Congo. Plus on développera la forêt et plus, de façon naturelle, les gaz à effet de serre seront absorbés.
Vous savez qu'il y a eu, à Paris, une réunion des responsables des grands pays situés autour du Bassin du Congo. La perspective d'une nouvelle réunion a été abordée comme d'ailleurs celle d'une rencontre autour des Grand lacs, avec des investisseurs et avec des grands projets dont nous avons parlé avec le président.
Q - Avez-vous parlé du mandat de la MONUC ?
R - Oui, nous en avons parlé, mais c'est au président Kabila de travailler, avec peut-être d'autres pays, à une résolution. Il faut préciser le rôle de la MONUC et le rôle respectif de l'esprit des Nations unies et de la sécurité, par rapport à un développement qui sera proche des populations, au fur et à mesure que les choses s'arrangeront.
Pour ma part, j'ai noté - j'ai un peu l'habitude des missions de paix - qu'entre ma dernière visite à Goma, il y a un an exactement, et la situation qui a été décrite par les gens que nous avons rencontrés à la MONUC - le général Gaye, Alan Doss -, la situation s'améliore. Il faut donc étaler le processus dans le temps et c'est ce que le président s'apprête à faire. Je ne veux pas prendre la parole à sa place, il ne s'agit pas du tout d'un rejet de la MONUC. Au contraire, il faut que l'évolution se fasse ; je suis d'accord avec cette vision.
Q - M. Kabila vous a confirmé qu'il était pour le maintien de la MONUC ?
R - Oui mais, aussi, qu'il souhaitait que soient précisées les missions de la MONUC, amenées à évoluer en fonction de la sécurité. Aujourd'hui, vous pouvez vous rendre librement à Goma alors qu'il y a quelques temps, on ne pouvait pas sortir d'un périmètre d'environ 500 mètres autour de cette ville. La situation a particulièrement changé en un an. Pourquoi ? Du fait des décisions des présidents Kabila et Kagamé. Et si maintenant l'Union européenne, et peut-être la France, peut jouer un rôle plus important que par le passé, ce ne serait pas une mauvaise idée.
Q - Il conteste l'utilité de la MONUC ?
R - Non, il veut que cette utilité au fur et à mesure des mois et des années écoulés - cela fait presque dix ans - soit précisée. C'est exactement ce que je vous dis - mais je ne veux pas interpréter la pensée du président, il faut le lui demander. Il ne faut pas chasser la MONUC. Il veut qu'elle soit modulée en fonction des résultats des élections de 2011 et de l'étendue du territoire. Nous avons, par exemple, parlé du rôle de la MONUC dans la région. Il n'est pas du tout dépité par la présence de la MONUC, il veut qu'elle soit en accord avec les succès obtenus, il veut qu'elle ait une dimension plus économique, plus humaine et pas seulement sécuritaire.
Q - Qu'en pensez-vous ?
R - J'en pense du bien, même si ce n'est pas facile. Les critiques à propos des violations des droits de l'Homme sont faciles. Certes, je partage cette démarche, mais la situation ne peut pas changer du jour au lendemain. C'est une présence nécessitant de nombreuses années de travail. Regardez comment les forces congolaises ont réintégré des éléments très hétérogènes par rapport à elles. Il ne faut pas penser que cela se fasse facilement. C'est un succès ! Ne transformons pas un succès en échec. C'est un succès peut-être mitigé parce qu'il faudrait que cela aille plus vite encore. Mais qui ne veut pas que cela aille plus vite ? Tout le monde veut que cela aille plus vite.
Q - Vous parlez de Human Rights Watch ?
R - Je voudrais bien voir mes amis de Human Rights Watch sur le terrain. Ils ont raison de critiquer et nous d'en tenir compte. Vous savez, il est toujours plus facile de critiquer que de faire, et particulièrement dans ce domaine précis, dans un environnement difficile, dans le cadre d'une mission coûteuse. C'est vrai. Néanmoins, soyons un peu plus modérés dans les critiques.
Q - Quand le président Kabila arrive-t-il à Paris ?
R - Il a parlé de cette année, sans préciser le mois.
Q - Revenons à Copenhague, on connaît le rôle joué par la France, va-t-elle s'arrêter en chemin ?
R - Non, on ne va pas s'arrêter. La France n'est pas toute seule. Il y avait une entente étroite avec le Brésil en matière de changement climatique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il y a eu par ailleurs de nombreux pays africains qui ont manifesté leur soutien à la position française.
Le texte conjoint franco-brésilien a joué un rôle important. Les représentants du G77, composé de personnalités ayant une approche différente, pensaient que la place réservée aux pays en développement devait être plus grande et que le financement devait être plus conséquent. Ce n'est pas un échec. Il s'agit d'un événement qui n'était pas envisageable il y a deux ou trois ans.
Il y avait également des différences fondamentales entre les pays signataires de l'Accord de Kyoto et les autres, entre ceux qui étaient contraints et ceux qui ne l'étaient pas. Il était dès lors difficile d'envisager un traité, d'où ce simple document politique. On est dans le même schéma que la MONUC, facile à dire, difficile à faire !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 janvier 2010