Point de presse de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la situation dans la région des Grands Lacs, en Guinée, au Sahel et en Côte d'Ivoire, à Ouagadougou le 10 janvier 2010.

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Circonstance : Déplacement au Burkina Faso, entretien avec M. Blaise Compaore, Président de la République du Burkina Faso, à Ouagadougou le 10 janvier 2010

Texte intégral

Nous avons eu une longue et amicale entrevue avec le président Compaoré. Nous avons parlé des problèmes de la région, dont nous avions d'ailleurs déjà débattu auparavant avec le ministre des Affaires étrangères.
Au cours de ces visites successives, nous avons considéré un certain nombre de questions sur la situation dans la région des Grands Lacs, notamment pour l'intervention des Nations unies et le rétablissement des relations diplomatiques avec le Rwanda. Ce sont donc mes impressions que j'ai rapportées au président Blaise Compaoré.
Nous avons également parlé de la Guinée en espérant, très précisément, qu'une solution africaine serait trouvée. C'est en effet avec l'Union africaine que nous avons entamé les démarches. La communauté internationale sans l'Union africaine ne serait rien du tout, c'est donc à eux de régler ce problème. Pour le moment, il y a une direction avec un pouvoir intérimaire. Tout cela se fonde sur le premier et le deuxième plan du président Compaoré. Pour ma part, je ne peux rien régler sur la période transitoire, les élections, la façon dont les personnes pourraient se présenter. C'est aux Guinéens et à la communauté africaine de les régler. Quelque chose se passe et qui permet d'espérer : le président Compaoré nous a dit que des consultations seraient organisées au sein de la CEDEAO, la semaine prochaine.
Encore une fois, ce n'est pas l'affaire des anciens pouvoirs coloniaux : la Guinée s'est séparée de la France en 1958. Il n'y a pas de danger de ce point de vue, il n'est pas question que Blaise Compaoré sorte du jeu ; il est le médiateur. Non seulement il reste dans le jeu mais vous avez constaté que la période transitoire se fonde entièrement sur les propositions de M. Compaoré, même s'il y a des points qui ne sont pas très clairs à propos de ceux qui pourraient se présenter ou pas. Le document du médiateur est au centre de ce qui a fait avancer les choses. Il reste bien sûr, heureusement, au milieu du jeu.
Nous avons parlé aussi du Sahel, des difficultés dans toute la bande sahélienne face au terrorisme et les dangers que cela représentait. La France fait ce qu'elle peut avec ses partenaires, avec ses alliés pour que les précautions soient prises. Je souligne devant vous, représentants de la presse, que cela ne m'amuse pas de voir les journalistes, les humanitaires et même les voyageurs prendre des risques. Lorsque par malchance il y a des otages, les Etats doivent fournir de nombreux efforts. Prenez cette alerte avec sérieux.
Le Burkina Faso et la France travaillent ensemble. La France pourrait s'engager. Il y a de grands projets, anciens et plus récents. Ce n'est pas une période facile pour les grands projets, souvent coûteux. Cependant, je pense qu'entre le Burkina Faso et la France, nous nous devons de faire ces démarches, d'avoir cet élan fraternel les uns envers les autres.
S'agissant des célébrations du cinquantenaire des indépendances et de ce qui va se passer lors du défilé du 14 juillet, je voudrais donner mon sentiment personnel. Le 14 juillet n'est pas une fête française, c'est une célébration, une commémoration, mais pas forcément une fête. A cette occasion, j'écouterai les Africains avec beaucoup d'amitié et de complicité. Des propositions ont déjà été faites à la France et je m'en réjouis.
Nous avons également parlé de la situation en Côte d'Ivoire. Nous pensons qu'il y aura un déblocage ! En ce qui concerne les Africains et les élections, il y a des progrès notables. Tous les pays africains se dirigent, avec parfois des hésitations, vers les élections qui, il y a vingt ans, étaient inimaginables. Il y en a quelques-uns qui reculent parce que, dans certains pays, la question des élections n'est pas gagnée d'avance.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 janvier 2010