Texte intégral
Madame le Ministre (Simone VEIL),
Monsieur le Maire (Bertrand DELANOE),
Monsieur le Président (Raphaël ESRAIL)
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Il y a 65 ans, le 27 janvier 1945, l'Armée rouge libérait le camp d'Auschwitz. Je ne crois pas que le mot « libération » ait jamais eu, dans l'histoire humaine, un sens plus fort, un sens plus vrai, un sens plus juste que ce jour-là.
Ce fut, pour les rares survivants de cette immense tuerie, la fin d'une terrible nuit - une nuit où l'humanité avait failli disparaître entièrement.
Après l'horreur qui voua à la mort et à l'anéantissement plus d'un million de femmes, d'hommes et d'enfants, voilà que renaissait, dans ce jour froid de l'hiver, la flamme encore vacillante de l'espoir et de la vie.
Sept mille.
Ils n'étaient que sept mille survivants quand les soldats soviétiques libérèrent le camp.
Beaucoup étaient malades et mourants.
Mais ils étaient sept mille qui seraient désormais, pour l'humanité et pour l'avenir, des témoins.
Quelques-uns de ces survivants sont dans cette salle aujourd'hui. Fidèles. Fidèles à la Mémoire.
Malgré le temps qui passe et qui s'acharne à tout émousser, malgré l'âge qui avance inexorablement, en dépit de la fatigue souvent et de la maladie parfois, ils sont ici. Présents.
Comme ils sont présents, inlassablement, dans toutes les cérémonies du Souvenir, dans les écoles, et partout où leur témoignage est demandé, comme une source irremplaçable d'humanité, parce qu'ils ont subi l'inhumanité absolue.
Alors Ecoutons-les. Ce qu'ils ont à nous dire est plus précieux que tout.
Ecoutons-les, nous qui avons la chance de pouvoir les côtoyer et les entendre.
Ils nous racontent l'enfer, ce déferlement de la haine et de la barbarie sur chaque être.
Ils nous disent les convois, les enfants qu'on arrache des bras de leur mère, les chambres à gaz, les exécutions sommaires, la faim, la maladie, les peines et les souffrances, les marches de la mort.
Ils nous disent aussi la dignité humaine, cette part sacrée qui est en chaque homme et qu'un regard, un sourire, une parole échangée entre deux déportés suffit à éveiller, au plus profond de l'enfer.
Rien n'est plus beau que cette humanité fraternelle qui subsiste envers et contre tout.
Rien n'est plus fragile non plus.
Le nom d'Auschwitz est gravé dans la conscience humaine comme une marque indélébile. IL nous invite à honorer, avec le plus profond respect, la mémoire des victimes. Il nous appelle à construire un monde plus juste et plus fraternel.
En écoutant le témoignage des survivants, nous prenons pleinement conscience d'une chose : le devoir de mémoire n'est pas un devoir envers le passé.
C'est un devoir envers le présent et envers l'avenir. C'est un devoir d'humanité.
Il n'y eu jamais, sans doute, dans l'histoire humaine, de crime plus odieux que celui qui fut perpétré à Auschwitz et dans les camps de la mort. Au nom d'une idéologie qui prônait la supériorité de la race et qui avilissait l'homme, c'est la civilisation qui à péri avec les victimes de la Shoa.
Combien de siècles de travail, d'efforts sur elle-même et de persévérance avait-il fallu à l'humanité pour éloigner d'elle le spectre de la barbarie ? En cinq années tout cela s'est évanoui.
C'est donc, pour chacun d'entre nous, une exigence, une mission sacrée, de rendre leur dignité humaine et leurs traits singuliers à ces enfants, ces femmes, ces hommes qui durent affronter et subir ce qu'aucun homme n'avait auparavant enduré.
Ils étaient juifs, polonais, tsiganes. Ils demandaient à vivre. Ils n'avaient rien fait d'autre que d'être nés. Ils furent condamnés à la déportation et à la mort, sans jugement ni sentence.
Ils étaient prisonniers de guerre, résistants, homosexuels, handicapés. Ils étaient voués à l'anéantissement. Leurs bourreaux avaient voulu les priver de tout : des moyens de leur subsistance, de leur dignité, et de leur nom.
Nous honorons aujourd'hui les victimes. Notre mémoire les accueille indistinctement en elle, au nom de cette fraternité humaine sans laquelle aucun monde n'est vivable.
Nous honorons les victimes. Nous leur rendons hommage. Et nous pleurons ces vies brisées, ces destins arrêtés par une idéologie qui les avait ravalées au rang de sous-hommes.
Honorer les victimes est notre devoir. Mais cela ne suffit pas. Par-delà le temps, elles exigent de nous bien plus encore. Nous avons, jour après jour, à répondre à leur appel et à construire un monde de justice et de paix.
Auschwitz : ce nom terrible nous oblige.
C'est le nom d'une mémoire, désormais gravée dans la conscience humaine comme une marque profonde et inaltérable.
C'est le nom de notre devoir d'homme libre, un devoir qui nous appelle à lutter, de toutes nos forces, contre l'antisémitisme et à combattre les idéologies de la haine.
C'est le nom, enfin, d'une question sans réponse :
pourquoi l'extermination ? Pourquoi les camps de la mort ?
Et tant d'autres « pourquoi » inscrits dans l'âme de chaque rescapé plus profondément encore que le numéro tatoué qui se lit encore sur leur bras.
Pourquoi avoir survécu quand son voisin de paillasse ou sa voisine de Block mourait ? Pourquoi avoir survécu dans un lieu où tout était fait pour qu'il n'y ait nul survivant ?
Ceux qui sont sortis debout des camps de la mort, qu'il s'agisse de celui d'Auschwitz, de Dachau, de Ravensbrück ou de Rawa-Ruska, ont été longtemps torturés par cette interrogation.
La mort, ils ne l'ont pas frôlée ni côtoyé. Non. Comme l'écrit Jorge Semprun, cette mort, ils l'ont « vécue », ils l'ont parcourue de long en large. Ils ne sont pas des rescapés, mais des revenants.
Ce peuple de revenants, have, hagard, décharné, ce peuple vêtu d'uniformes rayés, ce peuple a longtemps fait peur.
Et lui-même a longtemps eu peur d'effrayer le reste de la société par un témoignage qui était si difficile à comprendre.
Cependant, quelques-uns ont commencé à témoigner. Avec un courage devant lequel il faut s'incliner.
Car enfin, comment dire l'indicible ?
Comment faire comprendre la mécanique de l'anéantissement dont parle Primo Levi, avec « cette foule de détails maniaques et symboliques qui visent à prouver que les Juifs, les Tziganes et les Slaves ne sont que bétail, boue ordure » ?
Mais vous, les témoins de la mort, vous avez heureusement perçu que le témoignage primait sur le reste.
Pourquoi une telle barbarie est-elle advenue, dans cette Europe qui avait donné au monde les plus belles oeuvres de l'esprit et élevé au plus haut les valeurs de l'humanisme ?
Primo Lévi a répondu à cette question de la plus saisissante et de la plus terrible façon : « Ici, il n'y a pas de pourquoi ! »
L'Europe croyait au droit, à la justice, à la raison, au progrès. Elle croyait en la poésie, comme elle croyait en l'homme.
La France avait été la patrie des Lumières. Elle envoyait maintenant 70.000 de ses citoyens, dont 10.000 enfants, en déportation.
Dans les camps de la mort, cela ne fut pas seulement des millions et des millions de femmes, d'hommes et d'enfants qui périrent : ce fut l'idée-même de civilisation, l'idée-même d'humanité, qui furent réduites à néant.
Et les survivants, les générations qui suivirent, ont consacré tous leurs efforts à construire un monde plus juste, un monde où la personne humaine serait la valeur suprême.
C'est le sens de l'engagement d'un homme tel qu'Elie Wiesel, inlassable défendeur de la paix et des droits de l'Homme dans le monde.
C'est le sens de l'engagement d'une femme telle que Simone Veil : pour la justice, pour la dignité des femmes et la solidarité, pour la construction enfin de l'unité européenne.
C'est l'engagement de tous les anciens déportés, qui témoignent, vaille que vaille, coûte que coûte, parce qu'ils ressentent, au fond d'eux-mêmes, que c'est là leur devoir et leur obligation.
Témoigner était de votre devoir.
Avec une patience inlassable, vous avez cherché à parler. Vous avez trouvé les mots. Vous avez accompli et accomplissez un travail remarquable auprès des jeunes générations. Je sais par expérience à quel point elles sont attentives à vos propos.
Portés par ce devoir de parole, vous avez même réussi à vous adapter aux modes de communication les plus novateurs. Je veux saluer tout particulièrement le remarquable travail réalisé par l'Union des déportés d'Auschwitz.
Le CD-ROM interactif que vous venez de produire, Monsieur Esrail, est une oeuvre de mémoire remarquable : l'alliance de la parole des témoins et de la technologie numérique permet de parcourir le camp d'Auschwitz au fil de neuf heures de témoignages bouleversants.
Quand vous ne serez plus là, Mesdames, Messieurs les survivants, votre message ne se perdra pas. Nous le reprendrons. Nous le répéterons. Nous le défendrons. Et nos enfants après nous. C'est la mission des grandes Fondations de la Mémoire, c'est aussi celle de l'Etat, c'est celle éminente des enseignants.
Le 27 janvier 1945, l'espoir revenait au coeur de 7 000 survivants. L'espoir d'une vie à nouveau recommencée, malgré l'indicible horreur et le deuil. L'espoir, peut-être, d'un monde meilleur.
Aujourd'hui, soixante-cinq ans ont passé. L'antisémitisme et le racisme existent encore. Ils prennent simplement d'autres formes et d'autres visages. Des idéologies de la haine distillent toujours leur poison dans notre monde. Et décidément, rien jamais ne semble nous prémunir contre la barbarie, sinon un engagement de chaque instant et un travail sans cesse recommencé.
A Auschwitz mercredi prochain, la France sera présente pour réaffirmer son refus de l'oubli et sa fidélité au devoir de mémoire. Je veux remercier tous ceux qui seront présents à mes côtés, personnalités, déportés, parlementaires, enseignants et lycéens.
Pour ma part, j'irai avec ces mots de Primo Lévi :
« N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre coeur. »
source http://www.defense.gouv.fr, le 26 janvier 2010
Monsieur le Maire (Bertrand DELANOE),
Monsieur le Président (Raphaël ESRAIL)
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Il y a 65 ans, le 27 janvier 1945, l'Armée rouge libérait le camp d'Auschwitz. Je ne crois pas que le mot « libération » ait jamais eu, dans l'histoire humaine, un sens plus fort, un sens plus vrai, un sens plus juste que ce jour-là.
Ce fut, pour les rares survivants de cette immense tuerie, la fin d'une terrible nuit - une nuit où l'humanité avait failli disparaître entièrement.
Après l'horreur qui voua à la mort et à l'anéantissement plus d'un million de femmes, d'hommes et d'enfants, voilà que renaissait, dans ce jour froid de l'hiver, la flamme encore vacillante de l'espoir et de la vie.
Sept mille.
Ils n'étaient que sept mille survivants quand les soldats soviétiques libérèrent le camp.
Beaucoup étaient malades et mourants.
Mais ils étaient sept mille qui seraient désormais, pour l'humanité et pour l'avenir, des témoins.
Quelques-uns de ces survivants sont dans cette salle aujourd'hui. Fidèles. Fidèles à la Mémoire.
Malgré le temps qui passe et qui s'acharne à tout émousser, malgré l'âge qui avance inexorablement, en dépit de la fatigue souvent et de la maladie parfois, ils sont ici. Présents.
Comme ils sont présents, inlassablement, dans toutes les cérémonies du Souvenir, dans les écoles, et partout où leur témoignage est demandé, comme une source irremplaçable d'humanité, parce qu'ils ont subi l'inhumanité absolue.
Alors Ecoutons-les. Ce qu'ils ont à nous dire est plus précieux que tout.
Ecoutons-les, nous qui avons la chance de pouvoir les côtoyer et les entendre.
Ils nous racontent l'enfer, ce déferlement de la haine et de la barbarie sur chaque être.
Ils nous disent les convois, les enfants qu'on arrache des bras de leur mère, les chambres à gaz, les exécutions sommaires, la faim, la maladie, les peines et les souffrances, les marches de la mort.
Ils nous disent aussi la dignité humaine, cette part sacrée qui est en chaque homme et qu'un regard, un sourire, une parole échangée entre deux déportés suffit à éveiller, au plus profond de l'enfer.
Rien n'est plus beau que cette humanité fraternelle qui subsiste envers et contre tout.
Rien n'est plus fragile non plus.
Le nom d'Auschwitz est gravé dans la conscience humaine comme une marque indélébile. IL nous invite à honorer, avec le plus profond respect, la mémoire des victimes. Il nous appelle à construire un monde plus juste et plus fraternel.
En écoutant le témoignage des survivants, nous prenons pleinement conscience d'une chose : le devoir de mémoire n'est pas un devoir envers le passé.
C'est un devoir envers le présent et envers l'avenir. C'est un devoir d'humanité.
Il n'y eu jamais, sans doute, dans l'histoire humaine, de crime plus odieux que celui qui fut perpétré à Auschwitz et dans les camps de la mort. Au nom d'une idéologie qui prônait la supériorité de la race et qui avilissait l'homme, c'est la civilisation qui à péri avec les victimes de la Shoa.
Combien de siècles de travail, d'efforts sur elle-même et de persévérance avait-il fallu à l'humanité pour éloigner d'elle le spectre de la barbarie ? En cinq années tout cela s'est évanoui.
C'est donc, pour chacun d'entre nous, une exigence, une mission sacrée, de rendre leur dignité humaine et leurs traits singuliers à ces enfants, ces femmes, ces hommes qui durent affronter et subir ce qu'aucun homme n'avait auparavant enduré.
Ils étaient juifs, polonais, tsiganes. Ils demandaient à vivre. Ils n'avaient rien fait d'autre que d'être nés. Ils furent condamnés à la déportation et à la mort, sans jugement ni sentence.
Ils étaient prisonniers de guerre, résistants, homosexuels, handicapés. Ils étaient voués à l'anéantissement. Leurs bourreaux avaient voulu les priver de tout : des moyens de leur subsistance, de leur dignité, et de leur nom.
Nous honorons aujourd'hui les victimes. Notre mémoire les accueille indistinctement en elle, au nom de cette fraternité humaine sans laquelle aucun monde n'est vivable.
Nous honorons les victimes. Nous leur rendons hommage. Et nous pleurons ces vies brisées, ces destins arrêtés par une idéologie qui les avait ravalées au rang de sous-hommes.
Honorer les victimes est notre devoir. Mais cela ne suffit pas. Par-delà le temps, elles exigent de nous bien plus encore. Nous avons, jour après jour, à répondre à leur appel et à construire un monde de justice et de paix.
Auschwitz : ce nom terrible nous oblige.
C'est le nom d'une mémoire, désormais gravée dans la conscience humaine comme une marque profonde et inaltérable.
C'est le nom de notre devoir d'homme libre, un devoir qui nous appelle à lutter, de toutes nos forces, contre l'antisémitisme et à combattre les idéologies de la haine.
C'est le nom, enfin, d'une question sans réponse :
pourquoi l'extermination ? Pourquoi les camps de la mort ?
Et tant d'autres « pourquoi » inscrits dans l'âme de chaque rescapé plus profondément encore que le numéro tatoué qui se lit encore sur leur bras.
Pourquoi avoir survécu quand son voisin de paillasse ou sa voisine de Block mourait ? Pourquoi avoir survécu dans un lieu où tout était fait pour qu'il n'y ait nul survivant ?
Ceux qui sont sortis debout des camps de la mort, qu'il s'agisse de celui d'Auschwitz, de Dachau, de Ravensbrück ou de Rawa-Ruska, ont été longtemps torturés par cette interrogation.
La mort, ils ne l'ont pas frôlée ni côtoyé. Non. Comme l'écrit Jorge Semprun, cette mort, ils l'ont « vécue », ils l'ont parcourue de long en large. Ils ne sont pas des rescapés, mais des revenants.
Ce peuple de revenants, have, hagard, décharné, ce peuple vêtu d'uniformes rayés, ce peuple a longtemps fait peur.
Et lui-même a longtemps eu peur d'effrayer le reste de la société par un témoignage qui était si difficile à comprendre.
Cependant, quelques-uns ont commencé à témoigner. Avec un courage devant lequel il faut s'incliner.
Car enfin, comment dire l'indicible ?
Comment faire comprendre la mécanique de l'anéantissement dont parle Primo Levi, avec « cette foule de détails maniaques et symboliques qui visent à prouver que les Juifs, les Tziganes et les Slaves ne sont que bétail, boue ordure » ?
Mais vous, les témoins de la mort, vous avez heureusement perçu que le témoignage primait sur le reste.
Pourquoi une telle barbarie est-elle advenue, dans cette Europe qui avait donné au monde les plus belles oeuvres de l'esprit et élevé au plus haut les valeurs de l'humanisme ?
Primo Lévi a répondu à cette question de la plus saisissante et de la plus terrible façon : « Ici, il n'y a pas de pourquoi ! »
L'Europe croyait au droit, à la justice, à la raison, au progrès. Elle croyait en la poésie, comme elle croyait en l'homme.
La France avait été la patrie des Lumières. Elle envoyait maintenant 70.000 de ses citoyens, dont 10.000 enfants, en déportation.
Dans les camps de la mort, cela ne fut pas seulement des millions et des millions de femmes, d'hommes et d'enfants qui périrent : ce fut l'idée-même de civilisation, l'idée-même d'humanité, qui furent réduites à néant.
Et les survivants, les générations qui suivirent, ont consacré tous leurs efforts à construire un monde plus juste, un monde où la personne humaine serait la valeur suprême.
C'est le sens de l'engagement d'un homme tel qu'Elie Wiesel, inlassable défendeur de la paix et des droits de l'Homme dans le monde.
C'est le sens de l'engagement d'une femme telle que Simone Veil : pour la justice, pour la dignité des femmes et la solidarité, pour la construction enfin de l'unité européenne.
C'est l'engagement de tous les anciens déportés, qui témoignent, vaille que vaille, coûte que coûte, parce qu'ils ressentent, au fond d'eux-mêmes, que c'est là leur devoir et leur obligation.
Témoigner était de votre devoir.
Avec une patience inlassable, vous avez cherché à parler. Vous avez trouvé les mots. Vous avez accompli et accomplissez un travail remarquable auprès des jeunes générations. Je sais par expérience à quel point elles sont attentives à vos propos.
Portés par ce devoir de parole, vous avez même réussi à vous adapter aux modes de communication les plus novateurs. Je veux saluer tout particulièrement le remarquable travail réalisé par l'Union des déportés d'Auschwitz.
Le CD-ROM interactif que vous venez de produire, Monsieur Esrail, est une oeuvre de mémoire remarquable : l'alliance de la parole des témoins et de la technologie numérique permet de parcourir le camp d'Auschwitz au fil de neuf heures de témoignages bouleversants.
Quand vous ne serez plus là, Mesdames, Messieurs les survivants, votre message ne se perdra pas. Nous le reprendrons. Nous le répéterons. Nous le défendrons. Et nos enfants après nous. C'est la mission des grandes Fondations de la Mémoire, c'est aussi celle de l'Etat, c'est celle éminente des enseignants.
Le 27 janvier 1945, l'espoir revenait au coeur de 7 000 survivants. L'espoir d'une vie à nouveau recommencée, malgré l'indicible horreur et le deuil. L'espoir, peut-être, d'un monde meilleur.
Aujourd'hui, soixante-cinq ans ont passé. L'antisémitisme et le racisme existent encore. Ils prennent simplement d'autres formes et d'autres visages. Des idéologies de la haine distillent toujours leur poison dans notre monde. Et décidément, rien jamais ne semble nous prémunir contre la barbarie, sinon un engagement de chaque instant et un travail sans cesse recommencé.
A Auschwitz mercredi prochain, la France sera présente pour réaffirmer son refus de l'oubli et sa fidélité au devoir de mémoire. Je veux remercier tous ceux qui seront présents à mes côtés, personnalités, déportés, parlementaires, enseignants et lycéens.
Pour ma part, j'irai avec ces mots de Primo Lévi :
« N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre coeur. »
source http://www.defense.gouv.fr, le 26 janvier 2010