Entretien de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, avec "l'AFP" le 21 janvier 2010, sur la sécurité et l'aide financière de la France à la reconstruction en Haïti.

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Q - La France va-t-elle répondre positivement à l'ONU pour de nouveaux Casques bleus pour Haïti comme elle a répondu financièrement pour l'aide d'urgence ?
R - L'aide française d'urgence s'élève à environ 24 millions d'euros. Après la phase d'urgence, Haïti peut compter sur le soutien de notre pays pour la réhabilitation et la reconstruction.
Nous travaillons en ce moment avec nos partenaires et le haut représentant de l'Union européenne, Mme Catherine Ashton - qui a un rôle particulier à jouer et peut utiliser l'ensemble des outils civils et militaires à sa disposition pour faire des propositions aux Etats membres - pour apporter une réponse coordonnée aux demandes de l'ONU, en particulier en matière de sécurité.
Q - L'afflux de troupes américaines et de nouveaux Casques bleus ne risque-t-il pas de susciter une réaction de rejet des Haïtiens, fiers de leur indépendance, à l'égard de la communauté internationale et notamment des Etats-Unis ?
R - Que dirait-on si les Américains n'étaient pas venus au secours de Haïtiens ? Heureusement qu'ils sont là et nous travaillons étroitement avec eux, aujourd'hui dans la phase d'urgence, et demain lorsqu'il s'agira d'engager la reconstruction durable de ce pays.
Q - Quels axes retenir pour la reconstruction de Port-au-Prince afin d'appliquer les principes adoptés à Copenhague en matière de développement durable et de protection de l'environnement ? Combien va coûter cette reconstruction, selon vous ?
R - La grande conférence internationale des donateurs, dont la préparation débutera à Montréal le 25 janvier, permettra d'agir sur les aspects pratiques de la reconstruction, mais pas seulement.
Il s'agit également de reconstruction politique. Nous nous mobiliserons en particulier pour renforcer les capacités du gouvernement haïtien lui-même. La réflexion et l'action de la France seront coordonnées par une mission interministérielle conduite par M. Pierre Duquesne.
Face à l'urgence, l'aide humanitaire immédiate commence à produire des résultats. Mais il faut sans tarder penser à la reconstruction et offrir une perspective positive à une population haïtienne traumatisée.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2010