Message de M. Hubert Falco, secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants, en hommage aux victimes du camp d'Auschwitz, à Auschwitz le 27 janvier 2010.

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Circonstance : Déplacement en Pologne, cérémonie du 65e anniversaire de la libération du Camp d'Auschwitz, le 27 janvier 2010

Texte intégral

Le nom d'Auschwitz est gravé dans la conscience humaine comme une marque indélébile. Il nous invite à honorer, avec le plus profond respect, la mémoire des victimes. Il nous appelle à construire un monde plus juste et plus fraternel.
Il n'y eut jamais, sans doute, dans l'histoire humaine, de crime plus odieux que celui qui fut perpétré à Auschwitz. Au nom d'une idéologie qui prônait la supériorité de la race et avilissait l'homme, c'est la civilisation qui a péri ici.
Combien de siècles de travail, d'efforts sur lui-même et de persévérance avait-il fallu à l'humanité pour éloigner d'elle le spectre de la barbarie ? En cinq années seulement, tout cela s'est évanoui dans l'assassinat de plus de 1,3 million de femmes, d'hommes et d'enfants.
Ils ont été internés et tués parce qu'ils étaient juifs, polonais, tsiganes, prisonniers de guerre ou résistants. Ils étaient voués à la mort et à l'anéantissement. Leurs bourreaux avaient voulu les priver de tout : des moyens de leur subsistance, de leur dignité et de même de leur nom.
Aujourd'hui, à Auschwitz, en écoutant les survivants parler et partager avec nous leur inestimable témoignage, nous ressentons une chose : la mémoire est un devoir. Non pas un devoir tourné vers le passé. Mais un devoir d'humanité. C'est une exigence, une mission sacrée de restituer leur dignité humaine et leurs traits singuliers à ces enfants, ces femmes, ces hommes qui affrontèrent ici ce qu'aucun homme n'avait affronté.
Aujourd'hui, à Auschwitz, écoutons la voix des victimes. C'est un cri insoutenable qui monte vers nous. Il nous dit l'horreur. Il nous dit l'enfer. Il nous dit aussi la vérité du monde : la soif de justice, d'égalité, de fraternité qu'éprouve chaque homme. Il nous dit aussi qu'aucune idéologie, aucun régime ne peuvent réduire à néant la part humaine qui est nous. Car c'est notre part sacrée.
Auschwitz : ce nom terrible nous oblige.
Construisons la paix, affermissons la stabilité entre les nations, faisons progresser les droits de l'Homme dans le monde. Soyons les artisans de la démocratie, de la prospérité et du développement. Partout où nous le pouvons, dans les instances internationales comme dans nos programmes scolaires, luttons contre le racisme et l'antisémitisme.
Auschwitz nous oblige, aujourd'hui et pour l'avenir. Car, même s'il n'est précédé d'aucun testament, c'est notre héritage. C'est notre devoir d'homme libre, un devoir humain, un devoir historique. C'est l'hommage le plus digne et le plus vrai que nous puissions rendre à celles et à ceux qui ont disparu ici.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 9 février 2010