Entretien de M. Hervé Morin, ministre de la défense, dans "Le Monde" du 29 janvier 2010, sur la situation en Afghanistan.

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Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

Q - Approuvez-vous la politique de la main tendue aux Taliban en Afghanistan ?
R - La solution en Afghanistan n'est pas militaire mais politique. Elle passe par cette entreprise de réconciliation nationale qui n'est pas facile à mener. Derrière le vocable de talibans que nous utilisons excessivement, se cachent de nombreuses obédiences très différentes les unes des autres.
Il est donc très difficile de savoir quels sont les bons interlocuteurs. Mais il faut absolument que celles et ceux qui ont envie de rentrer dans un processus de reconstruction politique de l'Afghanistan puissent s'y engager.
Q - Comment rétablir la paix avec un président aussi mal réélu ?
R - Ceux qui sont allés voter sous les roquettes étaient menacés d'avoir le doigt coupé s'ils se rendaient dans l'isoloir. Ils ont fait un sacré acte de courage, de volonté et de foi dans l'avenir de leur pays.
Q - La Conférence sur l'Afghanistan s'ouvre à Londres. Que va décider la France ?
R - Elle a fait un effort considérable depuis 2008 en envoyant plus de mille hommes, alors que d'autres pays comme le Canada ou les Pays-Bas connaissaient davantage de problèmes avec leur opinion publique.
Aujourd'hui, nous ne cessons de dire qu'il faut faire évoluer la stratégie en Afghanistan. Très clairement, pour nous, s'il y a un effort à effectuer, c'est en termes de formation et d'aide à la reconstruction.
Il ne s'agit pas d'envoyer des militaires combattants en plus. Il s'agit d'envoyer des formateurs qui puissent permettre aux institutions afghanes de monter en puissance.
Q - Sommes-nous en guerre en Afghanistan ?
R - Nous menons des opérations de guerre, c'est évident. Mais je ne veux pas que nous puissions dire que nous sommes en guerre. Nous sommes là pour faire en sorte que ce peuple qui vit un calvaire depuis trente ans retrouve les voies de la stabilité, de la sécurité et de la souveraineté.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 février 2010