Extraits d'un entretien de M. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, dans "France soir" du 19 février 2010, sur l'aide de la France à Haïti après le tremblement de terre.

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Média : France soir

Texte intégral

Q - Revenons sur le voyage du président Sarkozy. Quelles ont été ses réactions lorsqu'il a découvert à vos côtés les conséquences du séisme sur la capitale haïtienne ?
R - Nicolas Sarkozy a pris le pouls de ce pays qui souffre depuis un mois. A la fin de son séjour, mercredi, il a même dit que la situation était pire que ce qu'il avait pu imaginer. Il faut dire que, vue du ciel, cette ville a l'air d'avoir été bombardée. Mais il a aussi senti que le peuple haïtien était resté debout, malgré ce drame, plein de dignité et d'espoir pour l'avenir. J'ai vu Nicolas Sarkozy ému au plus haut point devant les enfants blessés, amputés - victimes innocentes -, à l'hôpital de campagne que la France a installé à Port-au-Prince ou à l'hôpital de Pointe-à-Pitre, où nous avons accueilli les blessés les plus graves.
Q - Il a annoncé au président René Préval l'annulation de la dette d'Haïti envers Paris ainsi qu'une aide financière supplémentaire. Ces dispositions sont-elles à la mesure de vos espérances ?
R - L'annulation de dette de 56 millions d'euros est le plus gros effort bilatéral de la France envers Haïti ces dernières années. C'est un cadeau qui représente deux années d'aide de la France. C'est considérable. Nous espérons ainsi desserrer un peu la contrainte budgétaire qui pèse sur Haïti et permettre aux dirigeants de s'occuper des priorités sociales (santé, éducation, etc.).
Q - Comment cette aide peut-elle désormais se traduire très rapidement à l'heure où la population sinistrée survit dans des conditions précaires et attend avec anxiété la période des pluies et cyclones ?
R - A court terme, la France envoie des abris pour 200.000 personnes et des missions de renfort immédiates (service civique, appui logistique). A moyen terme, nous allons tenter d'assurer la prochaine récolte agricole. Nous enverrons semences et engrais en mars pour aider Haïti à nourrir sa population cette année. Et, à long terme, la France va aider à reconstruire l'hôpital universitaire d'Etat haïtien - un grand symbole national détruit par le séisme.
Q - Nicolas Sarkozy a également évoqué l'envoi de volontaires pour l'aide à la re-scolarisation d'urgence des enfants des camps de réfugiés. A partir de quand - et comment - ce dispositif pourrait être mis en place ?
R - C'est le projet qui me tient le plus à coeur ! Grâce à la plate-forme "France volontaires" que nous venons de créer, nous allons envoyer près de 150 jeunes en Haïti pour aider à la re-scolarisation des enfants et mettre en place un enseignement professionnel dans le bâtiment. Les dix premiers arriveront dès le mois de mars. L'idée est surtout d'assurer un enseignement "hors les murs" et de répondre à la demande croissante en province, auprès des populations déplacées.
Q - A Paris, la grogne monte au sein de certaines associations de parents souhaitant adopter des enfants haïtiens. Les procédures ont-elles été ralenties ? Et, si oui, pourquoi ?
R - L'engagement d'évacuer rapidement les enfants adoptés est sur le point d'être totalement tenu. Depuis le séisme, notre souci est tourné vers l'enfant. Les enfants en voie d'adoption par des familles françaises sont localisés et protégés, leur situation dans les crèches est suivie : ils ne sont pas en danger. Sachez que les vols commerciaux reprennent aujourd'hui (ce vendredi). Sur cette base, les parents adoptants dont la procédure n'avait pas encore abouti au moment du séisme vont pouvoir reprendre leurs visites aux enfants. Nous faciliterons leurs démarches, comme nous l'avons toujours fait.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 février 2010