Texte intégral
Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui, dans ce lieu inédit, et de pouvoir vous présenter tous mes voeux de bonheur, de santé et de succès pour chacun d'entre vous et vos proches.
Cette cérémonie de voeux a évidemment quelque chose de particulier pour moi : c'est en effet la première depuis que le Président de la République et le Premier ministre m'ont fait l'honneur de me confier, il y a maintenant sept mois, la responsabilité du Secrétariat d'Etat aux sports.
Sept mois déjà ! J'ai, aujourd'hui comme hier, la même émotion qui me poignait lorsque je suis arrivée au ministère des Sports, avenue de France, une belle matinée de juin et où m'accueillaient Roselyne et Bernard. J'éprouvais alors à la fois ce mélange d'appréhension et d'enthousiasme : je rejoignais ce monde fait de patience et d'exploit, d'humilité et d'effort, de passion et de fraternité, de longue histoire, d'ancienne mémoire et d'actualité ardente. J'allais côtoyer ceux qui m'avaient fait rêver sur les stades, ceux qui m'avaient soulevée d'enthousiasme et travailler avec ceux qui servent, dans ce ministère, avec honneur et opiniâtreté, la grande politique publique du sport en France.
Ma nomination à l'époque avait dû susciter, ici ou là, quelques doutes, quelques interrogations. Une personnalité politique qui ne vient pas du monde du sport. Une femme, qui plus est ! Et venant du Quai d'Orsay ! Les esprits les mieux disposés étaient intrigués. Quant aux moins disposés, je ne suis pas d'humeur à leur faire de la publicité.
Car nous sommes en France. Dans notre pays, semble-t-il, seul un sportif serait capable de concevoir et conduire la politique sportive de la France. Comme si les sportifs avaient vocation à rester entre eux, à l'écart de la société. Comme si le sport devait seulement se réduire au commentaire sportif, et être cantonné à la rubrique sport des journaux. Comme si le sport était un sujet à part, hors sol, isolé de la sphère politique, étanche aux autres enjeux de société, à la question du handicap, de la politique de la ville, de l'aménagement du territoire, de la politique étrangère, du développement durable. Comme si le sport ne résumait pas à soi seul toutes les valeurs et les contradictions d'une société ! Comme si le sport n'était pas la plus grande passion planétaire ! Comme si le sport n'était pas le plus quotidien des enjeux ; comme si le sport avec 16 millions de licenciés, 175.000 associations n'était pas la plus grande communauté de France ! Comme si le sport n'était pas au coeur des enjeux d'éducation ! Comme si le sport ne comptait pas dans le prestige d'un pays comme la France ! Mais cela, les beaux esprits, qui sont souvent des esprits faux, l'ignorent.
Toute mon action consiste justement à prendre en considération tous ces enjeux, et à placer le sport au coeur du débat public. Et sans doute parce que je n'étais pas issue de sa tradition et de ses réseaux, à porter sur ses enjeux une passion plus neuve.
Puisque nous célébrons la nouvelle année, permettez-moi de faire un point sur ce qui a été fait en 2009, et d'aborder ce qui nous mobilisera en 2010.
Première préoccupation évidente en cette année de Jeux olympiques et paralympiques de Vancouver et de Coupe du monde de football en Afrique du sud : le rayonnement du sport français. Et pas simplement parce que nous sommes la France et que l'orgueil et l'histoire nous poussent à nous hisser toujours à une ambition un peu haute. Parce que le sport, dans le monde où nous sommes, de compétition et de rivalités, où le classement des nations est en passe d'être rebattu, est, comme l'économie ou la culture, un des éléments fort du caractère et de l'influence d'une nation dans le monde.
Ce rayonnement, il sera d'abord le fait de nos athlètes qui cette année représenteront la France dans des compétitions internationales. Je leur présente à cet égard tous mes voeux les plus ardents de réussite. Et je serai, nous serons, Roselyne et moi, à leurs côtés.
Ce rayonnement, il passe aussi par l'organisation de grands événements sportifs sur notre territoire.
Dès cette année, nous accueillerons en France les championnats du monde d'escrime et de badminton, mais aussi ceux de trampoline et de pelote basque.
Avec Roselyne Bachelot et le mouvement sportif, et sous l'impulsion du Président de la République, nous défendrons avec la plus grande ardeur et énergie, la candidature de la ville d'Annecy à l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver en 2018, y compris lors de notre séjour prochain à Vancouver.
Nous nous battons aussi pour qu'en mai prochain la France obtienne l'organisation de l'Euro 2016 de football. L'Etat s'est déjà engagé substantiellement avec un fonds de soutien de 150 Meuros pour les stades qui accueilleront la compétition. Nous continuerons à fournir toutes les garanties nécessaires pour crédibiliser la candidature française. Le dossier technique est prêt.
Par ailleurs, la Commission Grandes Salles, que j'ai installée en octobre dernier, avec Daniel Costantini à sa tête, proposera dès le mois prochain des mesures pour favoriser l'émergence en France d'infrastructures susceptibles d'accueillir de grandes compétitions internationales de handball, de basket, de volley mais aussi d'escrime, de judo ou encore de badminton. Je souhaite que ce rapport, et les recommandations qu'il contiendra, soit aussi novateur et prospectif que le fut le rapport Seguin sur les Grands stades. Car il n'y a pas que le football ; le ministère n'est pas le ministère du football, mais le ministère des sports.
Car ces compétitions internationales, nous ne voulons pas seulement les organiser. Nous voulons aussi les gagner ! Je ne puis énoncer ce souhait sans saluer la magnifique constance au plus haut niveau de l'équipe de France de handball, qui nous a procurés tellement de bonheur, et qui dispute en ce moment le championnat d'Europe avec toutes chances de s'illustrer une nouvelle fois.
C'est pourquoi j'ai confié à Raphaël Ibañez une mission sur la compétitivité des sports collectifs français. Le rapport Besson s'était penché sur l'environnement économique des clubs. La mission Ibañez s'intéresse aujourd'hui à leur organisation : quelles conditions de préparation, quelles infrastructures, quelle logistique sont nécessaires au succès des sportifs collectifs français ?
C'est pourquoi aussi j'espère que le projet de loi que j'ai préparé avec le soutien de Roselyne Bachelot-Narquin pourra être examiné au Parlement dans le courant du premier semestre 2010. Les mesures qu'il contient permettront de sécuriser et favoriser l'investissement privé dans les clubs professionnels avec, notamment, l'alignement du régime des sociétés sportives sur le droit commun des sociétés commerciales.
Il contribuera aussi à la réforme du sport de haut niveau avec la création d'un Comité d'orientation stratégique et de l'excellence sportive, la mise en place des « Parcours d'excellence sportive » et le renforcement de la protection sociale des sportifs de haut niveau.
Ces mesures compléteront la réforme de l'INSEP, devenu par un décret du 25 novembre 2009 l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance. Sa réorganisation, appuyée sur une mobilisation des ressources humaines internes et un recrutement externe des meilleurs experts, constitue le nouvel enjeu pour 2010.
Cette quête de l'excellence ne doit pas pour autant nous faire oublier les dérives qui menacent le monde du sport. Que serait le rang de la France, cette ambition de demeurer une grande nation sportive, si ce succès se construisait au prix ou dans l'oubli des valeurs qui le fondent ? Le sport, c'est aussi son exemplarité.
Je pense bien sûr au combat permanent qu'il convient de mener contre le fléau du dopage. Je me suis engagée publiquement à ce que l'AFLD soit assurée de recevoir les moyens budgétaires qui sont nécessaires à sa mission. Et c'est bien ce que je compte faire. Pas de procès d'intention ni de sous-estimation de ma détermination sur cet enjeu vital pour l'avenir de notre sport. Le ministère des sports conduit depuis plus de 10 ans une politique faite de fermeté et d'efficacité. Roselyne BACHELOT et moi-même, sommes déterminées à la poursuivre et à la renforcer.
Si le sport est parfois corrompu par la tricherie, il l'est aussi par les violences qui le défigurent. Cette volonté de préserver l'exemplarité du sport, d'endiguer et de prévenir les comportements haineux, se retrouve également dans de nouvelles initiatives pour lutter contre les violences dans le football.
Dans deux jours, le 28 janvier, se tiendra ainsi le Congrès national des associations de supporters qui réunira à ma demande au Stade de France les groupes de supporters, les instances sportives, les diffuseurs et les pouvoirs publics. L'objectif est de les faire travailler ensemble sur le rôle des supporters dans le monde du football et de trouver des solutions concertées aux problèmes récurrents de violence dans les stades. Avec Brice Hortefeux et le ministère de l'Intérieur, ainsi qu'avec Michèle Alliot-Marie et la Chancellerie, nous voulons construire une politique de long terme pour combattre ce phénomène inacceptable des violences.
J'aime à dire que ce ministère est celui de l'Education populaire. La naissance avec le Front populaire et Léo Lagrange, sa maturation avec Maurice Herzog et Pierre Mazeaud, en font un outil de proximité exceptionnel. C'est pourquoi l'accès de tous au sport doit être son moteur intime. Sans universalité du sport et de ses pratiques, une politique publique du sport manquerait à sa mission principale. Autre chantier donc pour 2010 : offrir à tous et toutes un égal accès à la pratique sportive.
C'est une mission essentielle, qui se matérialise avec l'action du Centre national de développement du sport qui en 2010 aidera, avec son budget de 240 millions d'euros, plus de 40 000 associations sportives et construira ou rénovera plus de 800 équipements sportifs.
Car contrairement à ce que j'entends ici ou là, l'Etat ne se désengage pas du sport - même si quelques-uns en rêvent peut-être dans le secret technocratique des bureaux ou au service de desseins plus dissimulés.
Je prône pour ma part un réengagement de l'Etat. C'est pourquoi je me suis battue dès mon entrée en fonction pour que les ressources du CNDS bénéficient d'une contribution supérieure à ce qui était prévu concernant le prélèvement sur les mises des paris sportifs.
Cet argent, nous l'utilisons en priorité là où les besoins sont les plus grands, et en premier lieu dans les quartiers les plus difficiles, à Clichy-sous-Bois, à Villiers-le-Bel, à Montfermeil, à Firminy, et tant d'autres quartiers trop longtemps délaissés...
Dans les zones rurales aussi. Car il ne doit pas exister de désert sportif dans nos territoires. C'est, pour moi, un impératif. La République doit avoir sa place dans les quartiers, mais aussi dans nos terroirs. Et c'est notamment pourquoi j'ai demandé que dès cette année les critères d'attribution des financements en matière d'équipements sportifs du CNDS prennent davantage en compte les spécificités sociales, économiques et démographiques des territoires ruraux.
La continuité territoriale et des politiques en matière de sport s'applique aussi à l'Outre mer. Le dernier Comité interministériel de l'Outre mer a prévu plusieurs mesures à ce sujet. Ce n'est que justice. La République qui a tellement bénéficié de l'aura de ses athlètes ultra marins doit pouvoir à nouveau construire les conditions pour sa jeunesse d'une nouvelle excellence sportive. J'ai également demandé à Serge LETCHIMY, député-maire de Fort de France, de réfléchir aux difficultés structurelles qui handicapent ces territoires en matière d'équipements et d'accès du plus grand nombre au sport.
En 2010, enfin, il faudra poursuivre l'importante réforme de l'Etat entreprise depuis deux ans dans le cadre de la révision générale des politiques publiques.
Ces transformations - qu'elles concernent la restructuration des réseaux des CREPS et des Ecoles nationales, la rénovation de l'INSEP ou la création de directions régionales et départementales interministérielles - s'inscrivent dans une modernisation indispensable de l'Etat.
Elles exigent de l'ambition et de la méthode.
L'ambition d'abord : il faut un Etat réformé. Je suis pour un Etat d'excellence. C'est la condition d'une politique publique des sports à la mesure de l'ambition de notre pays. Avec un ministère des sports qui a les capacités en hommes et en moyens d'accomplir cette ambition. Un Etat réformé ce n'est pas un Etat démoralisé et asphyxié. Comptez sur moi comme je compte sur vous pour faire gagner l'équipe France dans le domaine du sport.
La méthode ensuite : une réforme réussie est d'abord une réforme bien comprise. Et sur ce point, beaucoup reste encore à faire. Je m'y suis attelé depuis six mois en nouant le dialogue avec les syndicats tous remontés, collectivités locales, les élus locaux et régionaux sur les différents CREPS concernés par la restructuration du réseau des établissements ; en rencontrant systématiquement les agents de l'administration des sports durant chacun de mes déplacements en province.
De l'ambition, une méthode, mais aussi des résultats.
Outre l'aboutissement de la rénovation et de la transformation de I'Insep en grand établissement universitaire (quelle reconnaissance pour le sport, encore inimaginable il y a quelques années !), le citerais la création de l'Institut du Cheval et de l'Equitation : ce nouvel établissement public, dont le décret vient tout juste d'être publié, organise la fusion de l'Ecole nationale d'Equitation et de son fleuron, le Cadre Noir, avec les missions régaliennes des Haras nationaux.
Ce nouvel institut aura son siège à Saumur et confortera les missions de l'Ecole tant en matière de formation que d'excellence sportive, tout en lui permettant d'avoir accès désormais aux installations de qualité sur l'ensemble du territoire. Je souhaite que la Fédération française d'équitation trouve dans ce nouvel établissement un partenaire privilégié qui l'épaule dans son projet d'excellence au service de la politique sportive fédérale.
Le projet de décret de l'Ecole nationale des sports de montagne est désormais abouti. Composé des deux entités que constituent l'Ecole nationale de ski et d'alpinisme à Chamonix et le Centre National de ski nordique et de moyenne montagne à Prémanon, la nouvelle Ecole permettra le renforcement des compétences de l'Etat tant en matière de formation que de sport de haut niveau. Nous avons là l'instrument d'un rayonnement renforcé sur l'ensemble des massifs nationaux et à l'international.
Les concertations engagées sur les évolutions structurelles à apporter aux CREPS de Dinard en Bretagne et de Voiron en Rhône-Alpes sont sur le point d'aboutir. Ce ne sera ni la fermeture, ni le maintien en l'état. J'assisterai, ce vendredi, à Rennes, à la signature du protocole d'accord entre l'Etat et le Conseil régional. Cet accord, tout en préservant les fonctions d'accueil et de formation, permettra dans le cadre d'une nouvelle structure multi-partenariale, de jeter les bases d'une nouvelle stratégie en faveur de l'excellence sportive en Bretagne.
Le protocole sur le devenir du Creps de Voiron peut être considéré également comme abouti. Une nouvelle dynamique, sur la base d'un projet proposé par un collectif des personnels, sera engagée sur le site, associant davantage les collectivités territoriales.
Vous le voyez : avec la RGPP, il n'y a aucune fatalité. Du travail, de l'imagination, de la concentration peuvent permettre un aboutissement très positif.
Je poursuivrai sans relâche mon action en 2010 car c'est bien ce que l'on est en droit d'attendre d'un secrétaire d'Etat responsable d'une administration : qu'il agisse bien sûr, mais aussi qu'il rencontre, écoute, dialogue, explique, réexplique avec l'objectif de comprendre les inquiétudes et les attentes de ses agents et l'espoir de les convaincre du caractère vital de la réforme, tout en y injectant cette humanité, ce respect nécessaires.
Ces différents chantiers et projets auraient déjà bien suffi à occuper mes prochains mois. Mais je crois que nous pouvons aller encore plus loin et dépasser les frontières artificielles dans lesquelles certains beaux esprits ont confiné le sport en France.
L'idée que je me fais du sport est celle d'un sport total, partie prenante de tous les grands mouvements de notre société, s'imposant dans des débats où il n'ose habituellement s'inviter.
Le sport doit vivre avec son temps.
C'est pourquoi j'organiserai en avril 2010 les premières Assises du sport durable. Comment imaginer ou croire que le ministère des sports peut se tenir à l'écart d'un des plus grands défis de notre siècle ? Ces Assises seront l'occasion de traiter de questions fondamentales qui affecteront bientôt directement l'ensemble des 175.000 associations sportives de notre pays comme le renchérissement du prix des énergies fossiles et l'instauration de la taxe carbone. Elles rappelleront aussi que le bien-être, la qualité de vie et l'éducation, valeurs durables par excellence, sont au coeur de la pratique sportive.
C'est pourquoi j'ai lancé le 16 décembre les Etats généraux des sports urbains. Les sports de rue connaissent une forte croissance de leurs activités. Mais celle-ci s'est faite à l'écart du monde sportif traditionnel et sans aucune reconnaissance des pouvoirs publics. Les Etats généraux doivent permettre de trouver des solutions inédites pour reconnaître et soutenir ces sports qui entretiennent un lien privilégié avec les nouvelles cultures urbaines, de parler à une jeunesse qui avec brio et talent, sait utiliser le paysage urbain pour réaliser des performances à la limite du sport et de la culture.
C'est pourquoi je veux également que le sport trouve toute sa place dans le débat en cours sur le Grand Paris. Comment peut-on parler d'un Grand Paris de la recherche, d'un Grand Paris de la culture, et ne pas évoquer le Grand Paris du sport ? Aucune métropole mondiale ne peut se passer aujourd'hui de grands équipements sportifs de prestige ou d'une offre d'activités sportives de qualité pour ses habitants. Cela, Londres, Pékin, Rio ou New York l'ont bien compris. Si Paris veut rivaliser avec elles, c'est donc aussi par le biais du sport qu'elle devra le faire.
Le sport doit également être entendu dans le débat sur les collectivités locales. Le statu quo n'est plus possible, c'est une évidence. Il faut en finir avec l'empilement des structures, l'enchevêtrement des compétences, le labyrinthe des financements croisés, l'intrication des responsabilités. Les équilibres de financement dans le sport sont cependant extraordinairement fragiles, vous le savez mieux que moi. La contribution financière des départements et des régions, qui dépassent le milliard d'euros, est une nécessité vitale pour le sport français.
Je ne conçois pas pour autant le débat actuel comme une menace, mais plutôt comme une opportunité à ne pas manquer. Il représente la chance d'organiser une plus grande cohérence des niveaux d'intervention, une meilleure lisibilité pour le mouvement sportif et, finalement, une meilleure sécurisation des différentes sources de financement pour le sport.
J'ai pris plusieurs initiatives pour que ce débat sur la place du sport puisse être appréhendé dans toutes ses dimensions, au moment où le Sénat a commencé à s'emparer du projet de loi sur la réforme des collectivités et où l'Assemblée nationale le fera prochainement. Nous travaillons main dans la main avec le mouvement sportif et je me félicite des convergences d'approches que nous avons, cher Denis MASSEGLIA, sur cet enjeu majeur, notamment exprimé lors de cette rencontre, que j'ai organisée avec Dominique Perben, le futur rapporteur du texte..
En somme, je veux que 2010 soit l'année d'une nouvelle alliance entre le sport et la société française.
Je crois même que le sport français doit aller encore plus loin et porter une certaine idée de la France dans le monde, porter les valeurs de la société française hors de ses frontières.
Il existe une pratique scandaleuse, qu'on peut appeler la traite des mineurs dans le football, qui touche principalement de jeunes Africains, poussés par des intermédiaires sans scrupules, se retrouvant seuls et abandonnés sur le territoire européen. Je reviens d'Afrique du sud où j'ai pu mesurer sur le terrain la valeur des programmes d'action exemplaires de formation et d'éducation que nous avons contribué à financer, comme « Diambar's » ou « Football for hope ». Contre les marchands de chair et pour lutter contre ce nouvel esclavage, il faut une action publique déterminée en appui d'initiatives de la société civile.
Pour endiguer ce phénomène, j'ai mis en place un fonds sportif pour la protection internationale de l'enfance. Il viendra en appui des initiatives de terrain en faveur de la protection des droits de l'enfant. Pour agir, ce fonds disposera de financements publics à hauteur de 2 millions d'euros annuels, et j'engage en ce moment une campagne de levée de fonds privés afin de réunir au moins 2 millions d'euros supplémentaires.
Ces valeurs, j'irai également les soutenir auprès de la Commission européenne, afin de défendre le fair-play financier et la protection de la formation. La formation est au coeur de nos enjeux en matière de sport. Nous devons inventer les nouveaux dispositifs économiques qui la consacreront. L'adoption du traité de Lisbonne vient de poser les bases institutionnelles de la spécificité du sport. C'est une reconnaissance du travail de la France, et notamment de la présidence française de l'Union européenne, dont les travaux furent précurseurs. Il nous appartient désormais d'aller plus loin ; ce sera l'objectif de mes rencontres, dans les prochains mois, avec mes homologues ministres des Sports de l'Union européenne.
Mon action en faveur du sport français est ambitieuse. Je ne m'en cache pas. Cela n'empêche pas que beaucoup de choses en peu de temps ont été réalisées, au prix d'un effort que mon cabinet, sous la direction de Hugues Moret, a engagé. Qu'il en soit remercié, ainsi que chaque membre du cabinet.
Il serait pourtant facile de se laisser porter par les grands événements sportifs qui rythment l'année, de se contenter de commenter l'actualité sportive...
Mais mon action au secrétariat d'Etat ne vise pas à simplement accompagner des changements subis ou pensés ailleurs. Elle veut au contraire souligner le rôle essentiel de l'Etat dans notre modèle sportif.
J'entends dire que le temps du ministère des sports serait passé, qu'il devrait renoncer de lui-même à son rôle. Eh bien, je suis, vous l'avez compris, aux antipodes de cet état d'esprit.
Et la réorganisation en cours de l'administration des sports ne change rien à cet état de fait.
Je le dis aux représentants de nos services ici présents.
Je le dis aux représentants du mouvement sportif qui s'inquiètent du risque de voir disparaître un interlocuteur bien identifié et surtout pétri de cette culture du partenariat et de l'accompagnement qui est la marque de la culture d'intervention de nos services.
Cette réorganisation est un défi pour nous : elle doit nous conduire à repenser certains de nos modes d'organisation. Repenser, mais non renoncer à être toujours plus efficaces, toujours plus performants, pour remplir cette mission de service public qu'incarne la politique publique du sport.
J'espère pouvoir compter sur votre soutien.
Je vous remercie.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 9 février 2010