Texte intégral
Vous avez souhaité m'inviter à la signature du protocole d'accord relatif -je cite et ouvre les guillemets !- « aux modalités de mise en place à compter du 1er septembre 2010, du campus de l'excellence sportive de Bretagne, intégrant les missions dévolues au CREPS de Dinard ».
Comme en matière d'accord internationaux, tout est dit dans le titre !
Même si l'aridité administrative et juridique de l'énoncé du protocole ne reflète pas toute la passion des mois de négociation ! Et tout l'enjeu pour la Bretagne et tous ses élus que consacre sa conclusion.
Quand je suis arrivée au secrétariat d'Etat, j'ai trouvé une impasse et « l'Union sacrée de toute la Bretagne » et de l'ensemble de ses élus face à un projet de fermeture du CREPS de Dinard, dont vous n'acceptiez ni la décision, ni les conséquences.
Cette unanimité, n'est-ce pas Cher René COUANEAU, Cher Monsieur le Député de Saint Malo, transcendait les frontières politiques de la gauche et de la droite !
Quant à vous, Cher Marius Mallet, en votre qualité alors de maire de Dinard, quel attachement, quelle détermination n'avez-vous pas montré pour le maintien du Creps sur le territoire de votre commune !
En politique, comme dans la vie d'ailleurs, il y a deux attitudes face à une difficulté : baisser les bras ou sauter l'obstacle.
Lorsque nous nous sommes rencontrés, Monsieur le président du Conseil régional, le 16 septembre dernier, quelques semaines après ma nomination, les négociations étaient au point mort, engluées dans un esprit d'acrimonie.
Il était urgent de trouver une solution.. Ce que nous avons fait tous ensemble, autour d'une feuille de route simple que je vous proposais : « ni fermeture sèche : ni statu-quo ».
Aujourd'hui, je souhaite souligner la qualité de la concertation qui s'est engagée alors et rendre hommage à tous ceux qui en ont été l'âme.
Vous, Monsieur le préfet, à qui j'avais confié le lourd mandat d'aboutir, en conciliant les contraintes qui s'imposaient au ministère et l'exigence de faire émerger une solution non seulement acceptable pour chacun, mais qui soit réellement tournée vers l'avenir et porteur d'une véritable ambition, pour la Bretagne et pour le sport.
Vous m'accorderez, même si tel n'est pas l'usage d'adresser également mes remerciements très sincères et appuyés à votre Secrétaire générale aux affaires régionales, madame Isabelle Gravière Troadec, au directeur régional de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, monsieur Christian Caradec.
Des mots chaleureux aussi à Monsieur Yves SAMSON, véritable cheville ouvrière du comité de pilotage.
Je ne saurais oublier le directeur du Creps, Gérard Fangeau, dont l'attitude a été, tout au long d'une année 2009 guidée par un grand sens du service public. En tant que directeur d'une équipe d'hommes et de femmes attachés à leur établissement, connaissant probablement très bien ses atouts sans ignorer ses points faibles, il se devait d'être attentif aux inquiétudes des personnels et faire en sorte que les missions continuent à être assurées. Beaucoup d'autres auraient, dans la même situation, larguer les amarres ou baisser la voilure.
En tant que chef d'établissement, haut-fonctionnaire de son ministère, vous vous deviez, cher directeur, d'expliquer la réforme, de participer aux réunions, de répondre probablement à des dizaines d'enquêtes, d'état des lieux, d'argumentaires divers et variés. En énonçant ainsi les choses, chacun perçoit ce qu'a pu être votre solitude, cher monsieur Fangeau.
Je suis sûr que le résultat auquel nous sommes arrivés aujourd'hui vous apparaîtra comme la meilleure des reconnaissances.
Merci à vous et au travers vous à l'ensemble des personnels du CREPS.
Dans toute négociation, il y a bien toujours au moins deux parties, deux approches, deux logiques d'intérêt plus ou moins opposées, voire annoncées comme inconciliables.
La première règle, c'est de respecter le point de vue de l'autre, de comprendre ses contraintes et sa logique.
Votre intervention Monsieur le Président du Conseil régional, a largement contribué à tourner la page du dialogue de sourds et a avancé.
Vous avez compris que la restructuration du réseau des établissements du ministère, leur recentrage sur deux missions principales, l'excellence sportive et la formation dans le secteur de l'environnement spécifique et là où l'offre disponible est insuffisante, était une exigence forte, incontournable, dans le contexte général de la réforme de l'Etat.
De notre côté, nous avons pris acte que la Bretagne, toute la Bretagne, dans toutes ses composantes, collectivités, mouvement sportif, parlementaires, ne pouvait accepter de se retrouver, sous le motif de la fermeture du Creps de Dinard, exclue du réseau national de l'excellence sportive. Et que cela aussi était incontournable. J'allais dire que l'évidence sautait aux yeux ! Mais comme toutes les évidences...cela demande du travail...
Mais la concertation s'est engagée. A Paris et à Renne.
Et de quelle façon ! C'est pas moins d'une dizaine de réunions, du comité de pilotage qui se sont tenues, sous la coprésidence du Conseil régional, assurée par le Vice-président aux sports du conseil régional, monsieur Daniel GILLES, que je souhaite tout particulièrement saluer, et la Secrétaire générale aux affaires régionales, madame Isabelle Gravière -Troadec.
Tous les acteurs essentiels étaient présents autour de la table, quasiment chaque semaine depuis octobre dernier :
- les villes de Dinard, et de Rennes, Rennes Métropole, le Pays de Saint-Malo, le Conseil régional d'Ile et Vilaine, l'Université et les différents services du Conseil régional et de l'Etat.
Sans oublier le mouvement sportif régional, uni derrière le président du comité régional olympique et sportif, dont je salue le président, dont l'action, la vigilance, mais aussi le désir de voir les choses avancer a été déterminant.
Je sais votre attachement, monsieur le président du CROS, à la cause du sport : on ne sert pas, comme vous l'avez fait, durant toute sa carrière comme cadre technique de l'Etat, sans que cela ne laisse quelques traces et principes.
Mon insistance à citer le rôle et l'engagement des uns et des autres, et la liste est plus longue encore, n'est pas une concession à la bienséance. Elle est l'expression de ma reconnaissance pour la qualité du travail accompli et pour la densité et la qualité de votre investissement collectif au sein du COPIL.
Pardonnez-moi ce préambule que certains pourraient trouver un peu long. Mais il n'est pas de projet ni d'ambition qui ne soient d'abord portés par des hommes et par des femmes de conviction. Merci encore à vous tous.
Je voudrais revenir maintenant au contenu du protocole qui va être signé dans un instant par le président du Conseil régional, et, au nom de l'Etat, par le Préfet.
C'EST UN PROTOCOLE RESOLUMENT NOVATEUR
Ce qui se met en place, ici, n'existe nulle part ailleurs.
Disant cela, je ne fais pas référence à la structure juridique, sur laquelle le COPIL a commencé à travailler. Le Gip n'est qu'un outil au service d'une dynamique de projet. C'est un outil pertinent, qui permet d'organiser un partenariat inédit.
Mais la novation est à mes yeux davantage encore dans certains partis-pris.
Je n'en citerai qu'un : la prise en compte de la dimension recherche, domaine dans lequel l'expérience du laboratoire M2S de l'Université Rennes 2, est tout simplement remarquable.
Les applications avec le Campus seront renforcées, ainsi que les synergies au plan national, notamment avec l'Insep, qui comme vous le savez, est devenu, il y a quelques semaines, un Grand Etablissement de type universitaire, au sens du Code de l'éducation.
Je sais le rôle actif qui a été le vôtre, monsieur Paul Delamarche, en votre qualité de responsable de l'UFR, au sein du COPIL. Vos fonctions nationales de responsables de la coordination des UFR STAPS au niveau national laissent augurer des relations constructives entre les universités et le réseau des établissements du ministère des sports.
C'EST ENSUITE UN PROTOCOLE TOURNE VERS L'AVENIR.
Il prend en compte l'existant, et tout particulièrement les missions actuelles du Creps, qui sont inscrites dans la dynamique sportive régionale. Mais, le projet du Campus est bien, pour la Bretagne, de s'engager dans l'élaboration d'une véritable stratégie en faveur de l'excellence sportive.
D'évidence, votre région a des atouts immenses.
Mais l'excellence sportive ne doit plus beaucoup au hasard et à l'expression spontanée d'un talent individuel.
Dans un univers ou la compétition est de plus en plus exacerbée, les parcours de l'excellence sportive offrent moins de prise au hasard. Ils s'organisent, et ils requièrent une mobilisation de moyens, centrés sur un seul objectif : permettre aux jeunes sportifs qui ont fait le choix de s'adonner au sport de haut niveau, de mettre toutes leurs chances de leur côté. Mais pas à n'importe quel prix ! Pas en sacrifiant leurs études et leur formation initiale ou au détriment de leur santé.
C'est cela l'éthique du modèle français, ce double projet sportif et de vie, auquel tiennent tous ceux pour lesquels le sport est d'abord pétri de valeurs.
Le campus de l'excellence sportive de Bretagne sera à la fois l'opérateur privilégié de cette stratégie de l'excellence sportive en Bretagne, mais également en matière de formation, tout en constituant une plateforme de partenariat, de coopération et de mutualisation, dont je ne doute pas qu'elle soit exemplaire.
La démarche est ambitieuse ; c'est une évidence. C'est aussi une démarche concrète, pragmatique. Il s'agit là de la troisième dimension sur laquelle je souhaite mettre l'accent.
Le projet Campus, c'est un projet en action.
Le GIP « Campus de l'excellence sportive de Bretagne » contribuera dans le respect des dispositions du code du sport et des compétences du DRJSCS, à mettre en oeuvre 4 secteurs d'activité : le sport de haut niveau, les formations aux métiers du sport, le développement de la recherche scientifique multidisciplinaire, l'accueil du mouvement sportif et des associations de jeunesse et d'éducation populaire.
Pour l'exercice de ces missions, dès le 1er septembre 2010, le GIP « Campus » prendra en charge le site de Dinard ; mais l'enjeu est bien de concevoir un site multipolaire, recentré dans un premier temps sur le domaine universitaire de RENNES.
D'autres sites ont probablement vocation à terme et au rythme que vous arrêterez collectivement, à s'intégrer ou à nouer des coopérations avec le nouveau campus, véritable « assemblier » de la stratégie de l'excellence sportive en Bretagne.
Le protocole prévoit que l'Etat, au travers notamment de sa nouvelle direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, accompagnera les partenaires régionaux pour conduire cette réflexion.
Je me félicite de constater que la voile et les activités nautiques ont vocation, au travers de l'Ecole nationale de voile et des sports nautiques , à prendre toute sa place dans cette dynamique visant à l'émergence d'une véritable stratégie en faveur de l'excellence sportive en Bretagne.
Tous ici, nous en avons une claire conscience.
Le protocole n'est pas une page qui se ferme sur un paraphe.
C'est un nouveau livre qui s'ouvre, au service du développement du sport en Bretagne et au-delà, un exemple dont je sais déjà qu'il sera suivi avec attention, dans d'autres régions.
Ce projet de campus de l'excellence sportive de Bretagne peut être un exemple à suivre, dans une logique d'expérimentation.
Dans tous les cas, il est, pour toute la Bretagne, avec l'Etat, un beau, un très beau challenge.
Je vous remercie.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 9 février 2010