Déclaration de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux sports, sur l'enseignement du sport alpin et de l'alpinisme, Chamonix le 12 février 2010.

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Circonstance : Visite à l'Ecole Nationale de Ski et de l'Alpinisme (ENSA) à Chamonix le 12 février 2010

Texte intégral


Chamonix. La vallée de Chamonix. Ses légendes et les beaux exploits de ceux qui s'affrontent à la montagne. Tout déplacement d'un ministre comporte un certain rituel : l'hommage à ceux qui vous accueillent chaleureusement ; l'évocation d'un lieu chargé histoire ; l'admiration pour la beauté particulière d'un paysage ou pour la vigueur d'une institution.
Et bien, à Chamonix, c'est tout cela à la fois : des montagnes à couper le souffle ; la mémoire des grandes figures héroïques de l'alpinisme et du ski français, les Coutet, Terray, Rébuffat, Lachenal, Lafaille ; la narration dramatique des cordées de FrisonRoche ; le souvenir du renouveau du sport et de ses politiques publiques grâce au Général De Gaulle et à Maurice Herzog qui ont donné vie à ce ministère dont j'exerce aujourd'hui les missions exaltantes ; et cette Ecole qui, de l'Hôtel des Allobroges jusqu'à ce très beau lieu, incarne la magnifique tradition française de la montagne, de ses savoirs et de ses hommes.
Mes premiers mots seront donc pour vous dire l'honneur, mais aussi l'émotion que je ressens à être ici dans ce bel établissement qu'est l'Ecole nationale de ski et d'alpinisme.
Au travers de la présentation de l'établissement que vous dirigez, monsieur le directeur, Cher Monsieur OUDOT, au travers des images furtivement aperçues, des portraits rapidement rappelés, j'ai conscience, de la place particulière de l'ENSA au sein du réseau des établissements du Ministère.
L'histoire de l'Ecole se confond avec la saga des grandes conquêtes alpines et des heures glorieuses du ski français.
Son identité est d'abord indissolublement liée aux territoires qu'elle incarne, au coeur de ce massif du Mont Blanc, au coeur de cette ville de Chamonix.
Ces vallées et ces monts forgent les hommes et les femmes de caractère que sont les montagnards ! Plus que d'autres terres elle a formé son cortège illustre de héros, d'aventuriers des sommets et des grands espaces.
L'identité de l'ENSA est également inséparable de cette extraordinaire transformation, en quelques décennies, des territoires de montagne, dans leurs paysages, dans leur rythme, dans leur organisation, dans leur économie.
Cet « or blanc » a ouvert des perspectives et donné les moyens économiques aux femmes et aux hommes des vallées, de demeurer et de travailler au pays.
Je veux parler de cette autre saga que fut la conquête de « l'or blanc », faisant du massif alpin le plus grand domaine skiable du monde, le premier, ou l'un des tout premiers, pays pour le nombre de stations et de remontées mécaniques.
Enfin, l'identité de l'ENSA s'est forgée grâce à tous ceux, alpinistes, guides de haute-montagne, professeurs, formateurs, personnels techniques et administratifs, qui ont servi cet établissement et formé des milliers d'amateurs, au sens noble du terme d'amoureux de la montagne, des milliers de professionnels qui mettent leur compétence au service de toutes les montagnes du monde.
Permettez, Mesdames et Messieurs les représentants des forces vives des sports de montagne, au ministre chargé des sports, de saluer tout particulièrement l'ensemble des personnels de l'ENSA, et de PREMANON aussi j'y reviendrai - et de leur faire part de toute ma reconnaissance. Une reconnaissance qui n'est pas simplement l'hommage verbal à un dévouement et une expertise mais l'admiration sincère pour l'accomplissement d'une mission conduite avec talent et persévérance.
En m'inclinant devant la plaque du souvenir de toutes celles et ceux, professionnels de l'ENSA, ayant trouvé la mort dans l'exercice de leur métier, de leur passion, j'ai mesuré combien votre lien avec la montagne restait singulier, et probablement un peu mystérieux pour ceux qui n'y vivent pas.
Je souhaiterais m'attarder un instant sur cette économie sportive des territoires de montagne. C'est un mixte singulier, et peut être unique, qui associe sport, économie et territoire.
Les territoires de montagnes présentent une dimension exceptionnelle : les 6 massifs métropolitains occupent 30% du territoire, recouvrant à peu près la moitié des départements français.
Cette diversité est une richesse, notamment dans le champ des pratiques sportives ; avec pour conséquence une grande diversification des formes de l'activité sportive, des terrains d'exercice, des matériels sportifs utilisés, des conditions d'apprentissage et d'encadrement, ou des publics.
Le sport ici a façonné un territoire. Je ne connais pas d'autres exemples d'une telle interaction.
Le sport a, en effet, au cours des 40 dernières années, contribué à transformer significativement et durablement les territoires de montagne. Faut-il le rappeler, le modèle économique des territoires montagnards, et singulièrement alpins, placent la prestation des loisirs sportifs au coeur de l'offre touristique.
Ce modèle s'est inscrit, au début des années 1960, dans une stratégie volontariste de l'Etat, portée par deux ambitions : une politique coordonnée d'aménagement des territoires de montagne (DATAR) et un projet affiché de démocratisation de la pratique sportive, et notamment des sports de neige.
Le rôle d'impulsion, d'orientation et de régulation du ministère en charge des sports a été essentiel pour la structuration de la filière des métiers des sports de montagne.
L'organisation de la branche professionnelle de l'encadrement du ski, ces fameux « moniteurs », a naturellement bénéficié de ce contexte spécifique ; les pouvoirs publics ont largement contribué à en créer les conditions en légiférant ou en intervenant sous le double registre de la sécurité et de la formation.
De là découle à la fois la réglementation des métiers sportifs de montagne et le privilège de certification et de formation dévolu au ministère des sports dans le cadre dérogatoire de « l'environnement spécifique ».
De là découle aussi l'incursion affirmée de l'Etat, dans le champ pédagogique des modes d'apprentissage du ski alpin, puis des sports de montagne, conduisant à conférer à L'Ecole nationale de ski et d'alpinisme (ENSA) une mission « d'élaboration de méthodes d'enseignement en matière de ski et de sport de montagne », précisément inscrite dans les statuts de l'Ecole dès son origine en 1947.
Mesdames et Messieurs, les représentants des forces vives des sports de montagne, vous savez combien le chantier des formations professionnelles aux métiers de l'encadrement des sports de montagne a constitué, et constitue, pour le ministère chargé des sports, une préoccupation permanente.
Le modèle auquel nous sommes arrivés est le fruit d'échanges, de négociations, de confrontations parfois, entre l'administration et les organisations professionnelles. Une belle illustration du dialogue social à la française, lorsque les oppositions de vues sont dépassées par la volonté de construire ensemble, au plus près des besoins des usagers, et dans l'intérêt bien compris des professionnels.
Tout cela ne c'est pas fait en un jour et n'a pas été un long fleuve tranquille, n'est-ce pas Monsieur le Président Chabert !
Aujourd'hui, les formations de moniteurs de ski, de guides, d'accompagnateurs en moyenne montagne sont stabilisées ; les référentiels de formation ont su intégrer les nouvelles exigences attendues du professionnel par une clientèle de plus en plus attentive à la qualité du service rendu.
L'extraordinaire progression des matériels a profondément fait évoluer les modes d'apprentissages et les formes de pratiques et de glisse. De nouvelles cultures sportives sont apparues.
Le marché unique et le principe de libre circulation des travailleurs européens ont constitué, ces dernières années, une contrainte supplémentaire, amenant la France dans des négociations souvent difficiles, voire contentieuses, avec la commission européenne, à défendre son modèle de formation, tout en se conformant aux grands principes du droit communautaire.
Je souhaite que le contentieux, relatif au snowboard, dont la résolution est en bonne voie, sans être, à ce jour, totalement soldée avec la commission européenne, soit le dernier épisode d'une relation un peu tumultueuse entre la France, Bruxelles et ses voisins.
Qu'on m'entende bien : il ne s'agit pas de renoncer à notre modèle, ou plus exactement à ce que j'appellerais plus volontiers « notre marque » de formation.
Mais plutôt d'être assuré de soi et d'être convaincu que notre système de formation est suffisamment ouvert, suffisamment pertinent, suffisamment novateur et dynamique pour ne pas craindre la comparaison avec les autres systèmes de formation, notamment dans le cercle alpin, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie, et pyrénéens, l'Espagne.
Ce n'est pas avoir la foi du charbonnier mais simplement être lucide, sans timidité ni crainte.
Ce sont là les deux challenges que je souhaite conduire avec les organisations professionnelles, toutes les organisations professionnelles.
Parce qu'on ne s'engage pas dans un tel chantier en étant divisés.
Le premier challenge vise à donner plus de transversalité, plus de fluidité à des formations construites sur un principe de verticalité et d'étanchéité.
De nombreux professionnels, et parmi eux, le président des moniteurs de ski, monsieur Gilles Chabert, ont récemment fait connaître leur souhait de favoriser les passerelles entre les formations de moniteurs de ski, de guides, ou d'accompagnateurs en moyenne montagne.
C'est une préoccupation de bons sens mais comme tout ce qui est de bon sens...
Qui peut nier en effet qu'il existe dans ces différents cursus des matières communes : météorologie, connaissance du milieu montagnard, cadres législatifs et réglementaires, connaissance du public, etc.
Ce tronc commun étant acquis dans un des référentiels de formation, est-il bien raisonnable de l'imposer à nouveau à ceux qui souhaiteraient acquérir d'autres compétences ?
Le bon sens donc, le coût des formations, l'évolution aussi du marché du travail conduisent à répondre non et à oeuvrer pour la mise en place rapide de ce portefeuille commun aux formations des sports de montagne.
Le deuxième challenge part d'une évidence, s'appuie sur un constat et propose une ambition. Il s'agit, ni plus, ni moins, de vivre avec son temps et de penser différemment nos rapports, en ces domaines, avec l'Europe.
Je suis en effet convaincue que la meilleure protection aujourd'hui des formations aux métiers sportifs de la montagne, n'est plus d'isoler ces formations du cadre général des formations professionnelles, comme autant de frontières et de parois franco-françaises infranchissables.
Ne serait-il pas temps de considérer que la protection passera demain par la reconnaissance d'un modèle de formation propre aux sports de montagne à l'échelle européenne ?
L'Université à intégré en quelques années les cursus européens LMD, licences Master, doctorats dans l'ensemble des formations universitaires à l'échelle européenne. Qui peut croire, compte-tenu de la culture du défi et de l'endurance propre aux montagnards, que ce serait une mission impossible !
Nous ne partons pas de rien.
Que sont les « euro tests », si ce n'est un tronc commun européen des compétences techniques requises pour telles ou telles entrées en formation ?
Que sont les « sécutests », si ce n'est une vision partagée à l'échelle de toutes les certifications européennes des contraintes minimales communes en matière de sécurité. Le pli de la culture de l'échange est bien pris !
Les réseaux existent, les hommes se connaissent et, probablement, s'estiment.
Enfin, l'évidence, c'est qu'il y a plus de proximité entre un guide autrichien et un guide de Chamonix, qu'entre un moniteur de ski et un enseignant de squash !
L'évidence, c'est que l'Europe de la montagne est une réalité géographique, culturelle, économique, sociale.
La vraie frontière pour préserver vos métiers n'est-elle pas celle d'une Europe dont 45% de la superficie totale est classée en zone montagne, et dont 25% de la population vit dans une zone de montagne ?
L'évidence c'est aussi l'histoire.
Le massif alpin, comme le tourisme balnéaire, est devenu un lieu convoité au cours du XIXe siècle pour la pratique du sport. Comme tant de choses utiles à l'être humain, cela a été inventé par les Anglais : le premier club alpin est crée à Londres en 1858 et d'autres s'organisent en 1862 et 1863 en Autriche, en Suisse et en Italie.
Ces premiers alpinistes explorent les sites, signalent les voies d'accès, créent des refuges et des chalets-hôtels, facilitant ainsi le premier accès sportif à la montagne.
La dimension originelle européenne se retrouve aussi dans le développement des sports d'hiver, car c'est bien avec du matériel venu de Norvège que les essais de ski alpin se réalisent en 1879.
Le premier club concernant les sports d'hiver est fondé en 1896 à Grenoble et le premier concours de ski se déroule en 1908.
Je suis prête à ouvrir avec vous ce chantier, sans présomption nationale, tout simplement forte de nos convictions sur la qualité de notre système de formations et des synergies potentielles avec plusieurs autres modèles européens.
Mesdames et messieurs les représentants des forces vives des sports de montagne, aller de l'avant, innover, intégrer les évolutions plus que les contrarier, c'est peut-être le trait dominant de cette économie sportive de la montagne.
Puissiez-vous conserver encore longtemps cette culture du mouvement et de l'adaptation ! Et rester les premiers de cordée !
Car, c'est une nécessité dans le contexte des mutations structurelles, économiques, environnementales, climatiques qui traversent aujourd'hui les territoires de montagne, qu'il s'agisse des stations d'altitude, des stations de moyenne montagne ou des fonds de vallées.
Ces mutations, l'ENSA les accompagnent.
La création de la nouvelle Ecole nationale des sports de montagne entend d'abord et avant tout répondre à cette exigence d'adaptation.
Je sais que certains d'entre vous, Parlementaires ou organisation professionnelle, ont vu dans un premier projet de réforme une menace, un risque de dilution de la spécificité de la filière sportive de la montagne dans un ensemble plus vaste, et, au bout du compte une perte d'identité.
J'ai entendu ces craintes, de même que les inquiétudes des collectivités et des élus de Franche Comté, soucieux de garantir la spécificité des disciplines nordiques et de moyenne montagne.
En ouvrant, à ma demande, la concertation entre tous les acteurs concernés, mon ministère a créé un cadre statutaire tout à fait novateur pour la nouvelle Ecole nationale des sports de montagne.
Sa création devrait être désormais officialisée, par sa parution au journal officiel de la République française, dans les toutes prochaines semaines.
Ce nouvel établissement vise à réunir l'ensemble des activités dédiées au ski, à l'alpinisme et aux sports de montagne, jusque là exercées par l'Ecole nationale du ski et d'alpinisme (ENSA de Chamonix) et le Centre national du nordique de PREMANON (Jura).
Le décret constitutif de la nouvelle Ecole nationale prévoit notamment :
- la préservation de l'identité de chacun des 2 sites de PREMANON et de CHAMONIX, garantie notamment par la nomination d'un directeur sur chacune des sites et une comptabilité différenciée ;
- le choix d'une gouvernance garantissant une représentation équilibrée des deux régions, Rhône-Alpes et Franche-Comté
- la valorisation des dynamiques territoriales propres aux deux sites au travers de la mise en place d'un conseil d'orientation, à compétence consultative, propre au site de Chamonix et au site de Prémanon.
Les misions précédemment dévolues à l'ENSA de Chamonix et au centre du ski nordique et de moyenne montagne de Prémanon sont maintenues. D'autres sont mieux prises en compte, comme par exemple la coopération internationale ou le suivi médico-sportif.
Enfin, je voudrais vous faire partager un souhait.
Je voudrais que tous ensemble nous relevions un défi majeur, au coeur de l'enjeu de la redynamisation de l'économie touristique des territoires de montagne. Le défi de la démocratisation des sports de montagne et singulièrement des sports de neige.
L'ensemble des organisations professionnelles m'ont adressé un cri d'alarme : l'accessibilité aux sports de neige pour les jeunes et les familles des classes moyennes et populaires aurait connu, ces 20 dernières années un recul certain : qu'il s'agisse du vaste engouement des classes de montagne et des classes de neige, des activités de découvertes durant le temps scolaire ou du tourisme associatif et social des jeunes
A un point tel, m'a-t-on dit, mais n'est-ce pas trop caricatural, qu'un jeune de Chambéry, de Sallanches ou de Grenoble, pourrait faire toute sa scolarité de la maternelle à l'université, sans jamais avoir eu l'occasion de chausser des skis ou de surfer sur une planche de snowboard...
L'exigence de la démocratisation est un défi majeur qui s'impose à nous. Ce ministère, c'est celui du sport populaire ; c'est son honneur et sa tradition ; c'est son identité constitutive ; c'est celle que je veux continuer à porter.
Là encore, nous ne ferons ni l'économie d'une réflexion partagée, ni l'économie d'une mobilisation la plus concertée possible. Cela passe par l'innovation et l'expérimentation.
Nous ne répondons plus aujourd'hui suffisamment à la hauteur de l'ambition d'une démocratisation massive de l'accès des jeunes au ski et aux sports de montagne, telles qu'affichées dès le début de la Ve République.
Avant de venir à CHAMONIX, je me suis arrêtée à FLAINE, pour visiter la rénovation du centre d'accueil de l'UCPA. L'UCPA, à la fois mouvement d'éducation populaire et prestataires de sport, est une véritable institution qui a su prendre toute sa place dans cette politique d'accessibilité des jeunes aux sports de montagne.
L'UCPA a su en permanence s'adapter aux évolutions techniques, aux formes de pratiques, aux attentes des publics. Elle le fait encore aujourd'hui en rénovant, non seulement ses établissements, mais son mode de gestion et sa stratégie patrimoniale.
C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à mon administration, lors de récentes consultations interministérielles, d'apporter tout son soutien aux projets de réforme engagés par le conseil d'administration et la direction générale de l'UCPA, tout en veillant au maintien d'une politique tarifaire qui ne soit pas dissuasive pour les jeunes les plus modestes ou en formation professionnelle. C'est essentiel.
Au niveau national, nous disposons, pour conduire ces concertations sur l'évolution des formations, sur la politique publique du sport, sur l'accessibilité aux pratiques, sur l'intégration des problématiques de développement durable dans le champ des sports de montagne, d'une plateforme d'échanges et de débats , curieusement inutilisée depuis sa création, le Conseil supérieur des sports de montagne.
C'est une forme du génie à la française de créer des outils a priori intelligents et potentiellement performants et de les laisser dans la boîte.
Je prends l'engagement de réunir en session plénière, d'ici la fin de ce semestre, puis chaque année, le Conseil supérieur des sports de montagne, récemment reconduit dans ses missions.
La nouvelle Ecole nationale des sports de montagne en assurera la permanence et le fonctionnement. Des groupes de travail, sur les axes de réflexion que je viens de proposer à votre appréciation, seront créés, mais aussi sur tous les sujets qui vous sembleraient, aux uns et aux autre, justifier d'une telle saisine.
Enfin, Mesdames et Messieurs qui représentez les forces vives des sports de montage, vous ne comprendriez pas que je fasse l'impasse sur le grand évènement du jour, l'ouverture des jeux Olympiques d'hiver de Vancouver, en Colombie britannique.
Et quel meilleur endroit pour célébrer l'Olympisme, ces « olympiades boréales » comme disait Coubertin, que Chamonix qui en a accueilli en 1924 les premières manifestations.
Chamonix, Vancouver et... Annecy je l'espère...en 2018.
J'aurais l'occasion de me rendre à Vancouver dans quelques jours pour soutenir nos sportifs, comme le fera également Roselyne Bachelot.
J'imagine que certains d'entre eux, filles et fils de vos vallées, sont plus chauds à vos coeurs : Guillermo FAYED en vitesse ; François BRAUD et Jonathan FELISAZ, en combiné nordique ; Tony ANGIBOUST, Jan et Richard DUCROZ, Thomas DUFOUR, et Raphael MATHIEU en Curling ; Cédric AMAFROIBROISAT en ski handisport.
Pour eux et pour tous nos représentants à Vancouver, adressons-leur nos encouragements, depuis cet amphithéâtre de l'ENSA, qui est aussi leur maison. Je vous demande de les applaudir !
Excellence sportive et démocratisation des pratiques tels sont bien les deux axes de la politique publique du sport que j'entends conduire, pour les sports de montagne, comme pour l'ensemble des autres pratiques sportives, dans le cadre de la responsabilité que m'a confiée le président de la République.
Cette mobilisation s'inscrit dans la dynamique de la candidature d'« Annecy Haute-Savoie - Mont Blanc 2018 », dont l'ambition est d'être un vrai projet économique et sportif, au service d'un territoire et d'une ambition populaire.
Après les deux dernières éditions des jeux Olympiques d'hivers organisés en France à ALBERVILLE en 1992 et GRENOBLE en 1968, la mobilisation autour de la candidature d'Annecy 2018 doit être l'occasion de fédérer l'ensemble des acteurs de la montagne.
Le projet est ambitieux, à la hauteur de la capacité de notre pays à organiser et gérer de grands évènements sportifs internationaux.
Il est ambitieux sans tomber dans les travers antérieurs du gigantisme, qui parfois ont pu heurter les valeurs olympiques : ainsi, 70% des équipements sportifs et sites de compétition sont déjà homologués pour des épreuves de haut niveau.
En soutenant d'emblée et résolument la candidature « Annecy - Haute-Savoie - Mont Blanc 2018 », le ministère chargé des sports s'inscrit dans l'objectif assigné par le président de la République pour le sport de haut niveau : relever le défi de la compétitivité de la France et valoriser son modèle sportif.
Tels étaient les convictions que je souhaitais venir partager avec vous, pour une politique publique des sports de montagne, ambitieuse et j'espère que vous voudrez bien me l'accorder, réfléchie.
L'économie sportive des territoires de montagne va connaître, n'en doutez pas, des évolutions significatives.
Nous ne sommes pas désarmés, loin de là, pour y faire face, pour peu que nous préférions l'intelligence collective aux égoïsmes individuels ou corporatistes.
Pour peu aussi que nous choisissons le mouvement de préférence à la stabilité, l'initiative de préférence à l'attentisme. Bref ! La prise de pente de préférence à la prise de carre !
En modernisant son réseau d'Ecole nationale ;
En continuant à faire le pari de l'adaptation des formations à une demande sociale et à un contexte économique en pleine évolution, En jouant la carte de la concertation de préférence à l'injonction administrative, En privilégiant l'expérimentation, l'innovation de préférence à la duplication de modèles essoufflés,
En ne se satisfaisant pas d'une préservation des acquis qui ne se voudrait pas dans le même temps conquêtes de nouvelles frontières, pour ne pas dire part de marché...
Tout cela, avec vous, tous ensemble.
Voilà la nouvelle feuille de route de la nouvelle Ecole nationale des sports de montagne.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 15 février 2010