Déclaration de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux sports, sur le rôle de l'UCPA dans le développement et la démocratisation du sport en France, Flaine le 12 février 2010.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Visite à l'UCPA de Flaine le 12 février 2010

Texte intégral


Je tiens tout d'abord à remercier l'UCPA et son président, Monsieur Alain SAUVRENEAU, pour leur merveilleux accueil. Vous m'aviez invitée en novembre dernier lors de notre rencontre au secrétariat d'Etat et je suis ravie d'avoir pu y répondre positivement.
Je me rendrai tout à l'heure à Chamonix, à l'Ecole nationale de ski et d'alpinisme, mais il était important pour moi de commencer ma journée en Haute-Savoie par cette visite au centre UCPA de Flaine.
Ce centre rénové est admirable, j'ai pu le constater lors de ma visite des lieux. Je vous en reparlerai d'ailleurs dans un instant. Mais ma présence aujourd'hui est surtout l'occasion pour moi de saluer le rôle joué par l'UCPA dans le développement et la démocratisation du sport en France, et en particulier dans le développement et la démocratisation des sports de montagne.
Les chiffres sont impressionnants et méritent d'être rappelés : 143 sites de pratique, 80 activités sportives, 220 000 personnes accueillies chaque année en vacances, dont 87 000 mineurs.
Depuis 1965, ce sont même au total 9 millions de personnes qui ont pratiqué un sport grâce à l'UCPA.
Ces résultats sont le fruit d'une politique volontariste, présente dès la création de l'UCPA, qui a fait de l'accès du plus grand nombre aux activités sportives de plein air un objectif majeur de votre fédération.
Nous savons en effet bien qu'en matière d'accès au sport, l'égalité des chances n'est en rien naturelle. Les inégalités sociales et culturelles, les discriminations y sont tout aussi présentes que dans d'autres secteurs d'activités.
Il faut dès lors une mobilisation de tous les instants pour aller chercher les populations qui souffrent de ces barrières et restent, plus que d'autres, éloignées de la pratique sportive.
C'est une tâche difficile, une vocation presque. Pourtant l'UCPA n'a jamais hésité à s'y lancer corps et âme.
L'année dernière, ce sont ainsi plus de 90 000 jeunes qui ont bénéficié des actions de solidarité conduites par l'UCPA leur permettant d'avoir accès à des vacances sportives ou à des loisirs sportifs.
C'est cette conception militante et généreuse du sport - un sport ouvert à tous, un sport solidaire, un sport vecteur d'intégration et de lien social - à laquelle je veux rendre hommage aujourd'hui.
Le sport de l'UCPA est aussi un sport éducateur, qui transmet des savoirs et des valeurs essentielles à la vie en société. Je souhaite rappeler cet égard le rôle fondamental que votre fédération joue dans le champ de la formation professionnelle.
Nous l'avons vu avec les jeunes présents aujourd'hui : l'UCPA ne se contente pas de proposer des activités sportives.
Elle a aussi construit au fil des ans une filière de formation par alternance inégalée dans le secteur du sport et de l'animation, avec 1 600 jeunes formés chaque année. Cette filière prend notamment tout son sens dans la montagne avec les formations de ski alpin et d'alpinisme.
Un sport formateur, mais aussi créateur d'emplois puisque 90% des diplômés UCPA trouvent un emploi à l'issue de leur formation.
Autre force de l'UPCA, et certainement pas la moindre : elle a compris que le sport n'est pas un objet figé, mais au contraire un champ d'activités en perpétuel mouvement. Sans cesse, de nouveaux sports apparaissent, des disciplines se croisent, des règles évoluent.
Le monde sportif traditionnel n'accueille pas toujours très bien ces changements. Il y est même parfois hostile. Le ministère des sports lui-même ne brille pas toujours par sa témérité.
C'est le cas dans les sports urbains où pendant longtemps nous avons refusé de reconnaître leur importance alors qu'ils se développaient très rapidement parmi les jeunes. C'est pour cette raison que j'ai lancé en décembre dernier les Etats généraux des sports urbains afin de leur donner la place qu'ils méritent dans le sport français et leur permettre de se développer plus rapidement.
L'UCPA a bien sûr été convié à ces travaux : elle avait, bien avant nous, su reconnaître l'intérêt de ces nouvelles disciplines sportives.
La même question s'est également posée pour les sports de montagne. Pendant longtemps y ont régné les disciplines « classiques », en premier lieu le ski alpin. De nouveaux sports, comme le snowboard, ont souvent été mal accueillis à leurs débuts par les utilisateurs traditionnels de la montagne. Ils ont même été considérés par certains comme des pratiques dangereuses.
Il existait heureusement des acteurs comme l'UCPA qui ont rapidement compris le pouvoir d'attraction de ces nouvelles disciplines sur les jeunes et leur potentiel sportif. Dès 1987, vous avez ainsi lancé des stages de snowboard dans vos centres de montagne.
Je vois d'ailleurs dans cette capacité d'adaptation de l'UCPA une des principales raisons de son succès. Le dynamisme de l'UPCA, qui ne s'est jamais démenti durant les 5 dernières décennies, tient à cette volonté d'être toujours à l'écoute des nouvelles générations et de ne pas craindre de promouvoir de nouvelles expériences sportives - que ce soit le snowboard ou le speed-riding en montagne, le surf sur le littoral ou le skate-board en ville.
Ce rôle de précurseur dans les sports de montagne mérite d'autant plus d'être salué que cette pratique marginale qu'était le snowboard est aujourd'hui une discipline olympique - depuis les jeux de Nagano en 1998 - et a permis à la France de remporter 5 médailles, dont 2 d'or. Elle sera d'ailleurs encore une de nos meilleures chances de médailles à Vancouver avec Pierre VAULTIER en snowboard-cross.
Tous ces éléments contribuent à expliquer la relation de travail originale qui existe entre le ministère des sports et l'UCPA. C'est une relation qui s'est inscrite dans le temps. Mais la force de ce lien, c'est qu'il n'est pas uniquement un héritage du passé. C'est également un partenariat qui s'est renouvelé et étoffé avec les années.
Je sais ainsi que je peux compter sur l'UCPA quand je lance de nouveaux les chantiers en matière de démocratisation du sport, de reconnaissance des sports alternatifs ou encore de développement durable.
Et l'UCPA de son côté ne doit pas douter que l'appui du ministère des sports lui est acquis pour l'accompagner dans ses propres évolutions.
Nous continuerons évidemment à soutenir vos actions en faveur de l'accès au sport des publics défavorisés.
Nous accompagnerons aussi l'UCPA dans sa stratégie de rénovation de son patrimoine immobilier, qui est si importante pour l'accueil de ses activités sportives. J'ai demandé à ce titre à mon administration d'apporter tout le soutien requis aux projets de réforme engagés par le conseil d'administration et la direction générale de l'UCPA.
L'enjeu concerne en premier lieu les centres de montagne. Ma visite à Flaine est dans ce contexte tout sauf un hasard. Sa rénovation, l'année dernière, a été exemplaire avec un investissement de 3,8 millions d'euros de travaux. Le résultat est magnifique et il doit servir de modèle pour les futures rénovations.
Je veux cependant de souligner que je serai attentive à ce que le coût du programme de rénovation n'entraîne pas une augmentation des coûts des séjours, réduisant ainsi l'accès aux pratiques sportives de certains publics. Le maintien d'une politique tarifaire qui ne soit pas dissuasive pour les jeunes les plus modestes doit rester une priorité absolue.
Vous l'avez compris, le ministère des sports compte bien continuer à travailler en étroite concertation avec l'UCPA et à s'impliquer dans sa gouvernance.
La présence du ministère des sports au conseil d'administration de l'UCPA lui permet de jouer un rôle déterminant dans le pilotage de l'UCPA et la définition de ses politiques. Cette participation, si elle peut faire l'objet d'une réflexion, n'est aucunement remise en cause.
Au contraire.
Il existe un lien historique entre le ministère et l'UCPA, un lien de complémentarité entre les politiques publiques du sport et les actions de votre fédération, un lien que nous ne devons pas seulement préserver, mais que nous nous devons aussi de renforcer.
C'est tout le sens de ma venue aujourd'hui au centre de Flaine. Je vous remercie.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 15 février 2010