Texte intégral
Madame la Ministre, Chère Marie-Luce,
Monsieur le Ministre de l'Intérieur et des Collectivités territoriales, Cher Paul-Antoine Bien Aimé,
Madame la Maire de Pétionville, Claire Lydie Parent,
Monsieur le Vice-président de Cités Gouvernements locaux unis, Maire de Montréal, cher Gérald Tremblay,
Monsieur le Président de Cités unies de France, Cher Charles Josselin,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Dans un peu plus d'une semaine, Haïti a rendez-vous avec le monde. Le 31 mars, au siège des Nations unies, la communauté internationale va s'engager aux côtés de votre pays pour une oeuvre immense et difficile de patiente reconstruction.
Toussaint Louverture lors de son arrestation en 1802 s'était exprimé ainsi : "en me renversant on n'a abattu que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses".
Vous êtes, vous élus, ces racines profondes et nombreuses, sans laquelle aucune reconstruction n'est possible.
Vous avez aujourd'hui une chance unique de vous adresser directement à la communauté internationale, de faire entendre votre voix. C'est le sens de cette conférence préparatoire.
La France, en accord avec ses partenaires, en a pris l'initiative. Ce n'est pas un hasard. Nous croyons profondément que la renaissance d'Haïti, sa refondation, passera par un réveil des territoires.
Votre voix devra donc être entendue, le 31 mars. Mais elle devra l'être également bien au-delà, tout au long du processus complexe qui s'ouvre aujourd'hui : dans la définition des politiques, dans leur mise en oeuvre, dans la mobilisation des forces vives du pays.
Car que s'est-il passé au fond le 12 janvier ?
En frappant le coeur du pays, sa capitale, le séisme a également mis à jour la fragilité, la vulnérabilité du pays tout entier. Le nombre effrayant des victimes est à la mesure du poids de la région capitale : près du tiers de la population du pays.
Et cette situation, vous le savez mieux que personne, est la conséquence directe d'un long processus de dégradation de l'environnement, qui a accéléré au fil des décennies la désertification physique et humaine des territoires. Avec deux conséquences majeures : l'hypertrophie de la capitale, une extrême vulnérabilité de cette même capitale aux aléas naturels.
Le 12 janvier, un fait sans précédent s'est également produit en Haïti. Une inversion brutale des mouvements de population. Pour la première fois dans l'histoire de votre pays, du jour au lendemain, Port-au-Prince s'est vidée.
La province a accueilli plus de 600.000 personnes. La carte qui s'est dessinée est inédite : la capitale a perdu près de 900.000 personnes, victimes et déplacées ; le Nord du pays a cru de manière exponentielle, en accueillant 342.000 personnes, tout comme le grand Sud, avec plus de 262.000 personnes venues s'y réfugier.
Pour les élus que vous êtes, c'est bien sûr, une charge, un défi. Comment loger, nourrir, scolariser ? Comment créer des emplois, alors même que ceux-ci faisaient déjà défaut ?
Au-delà de l'urgence, bien d'autres questions, plus complexes encore.
Comment favoriser dans ces mêmes territoires une croissance qui ne détruise pas les ressources du pays ?
Comment tirer parti de cet afflux de populations sans précédent, pour que ces hommes et ces femmes soient un atout et pas seulement une charge ?
Comment relancer l'agriculture, qui emploie encore 60% de la population active du pays, alors même que le pays importe 60% de ses besoins alimentaires ?
Comment poursuivre et intensifier un réseau routier national plus que jamais vital, pour créer un vrai maillage de proximité et de solidarités entre régions, pour exporter les productions locales, attirer les investissements internationaux ?
Comment créer les infrastructures de demain pour bâtir un pays qui tire pleinement parti de ses atouts ?
Comment imaginer pouvoir développer le tourisme avec un seul aéroport international ?
Comment imaginer exporter, approvisionner, sans transport maritime, sans ports régionaux, alors même que le pays possède une façade maritime exceptionnelle ?
Les réponses qui seront apportées à ces questions détermineront en grande partie le succès de cette entreprise de refondation que vous appelez tous de vos voeux.
Or, ces réponses ne peuvent venir uniquement de la capitale. Elles doivent être nourries de vos expériences d'acteurs de terrain. La connaissance fine des défis auxquels sont confrontés chaque jour vos concitoyens, et plus encore, depuis le 12 janvier, doit vous placer au coeur de la réflexion et de l'action.
C'est bien le sens de cette conférence. Elle doit vous offrir une tribune à la hauteur des enjeux.
Ces réponses, vous y avez déjà travaillé. De Port-au-Prince. Ensemble. Afin de livrer un message consensuel, de tous les territoires, et qui traduise fidèlement la vision des élus.
Je sais également, - notre ambassadeur en Haïti me l'a confirmé -, que vous y avez travaillé de manière responsable, sans parti pris, conscients que la décentralisation ne se fait pas contre l'Etat, mais bien avec l'Etat. L'oeuvre de reconstruction ne peut se faire sans vision d'ensemble. L'entassement des politiques sectorielles, jamais reliées entre elles, a déjà dans le passé montré ses limites.
La présence du ministre de l'Intérieur et des collectivités territoriales, à vos côtés, est un signe encourageant. Je voulais également, en votre nom à tous, l'en remercier.
Les pistes d'actions pour l'avenir, que vous allez nous présenter aujourd'hui, couvrent tous les secteurs : la gouvernance, l'aménagement du territoire, le développement urbain, les ressources humaines, les finances locales, et sans doute, pierre angulaire de l'ensemble de l'édifice, le développement économique local.
Je ne doute pas que les bailleurs de fonds auront à coeur d'écouter vos propositions et qu'elles feront bien partie intégrante de la stratégie nationale qui sera adoptée à cette occasion.
Je voudrais conclure mon propos liminaire par un appel également au renforcement, dans les circonstances présentes, à la coopération décentralisée.
Car nous savons tous, ici, l'extraordinaire vitalité de cette coopération, qu'elle vienne du Nord ou du Sud.
Je salue à cet égard la présence parmi nous des maires de grandes villes, comme Mexico, dont les connaissances sismiques accumulées au cours des décennies peuvent être précieuses, ou encore Montréal, véritable capitale des Haïtiens de la diaspora !
Nous avons tous mesuré le formidable engagement des villes, partout dans le monde, qui souhaitent également participer à la reconstruction d'Haïti à partir de ses territoires.
Nous devrons sans doute aussi, et ce peut être un des enjeux de cette rencontre, inventer une organisation des collectivités du monde qui soit à la hauteur des défis à relever.
En France, nous savons pouvoir compter sur le dynamisme de nos villes, de nos départements, des régions de métropole et d'Outre-mer, qui ont joué un rôle-clé dans la première phase d'intervention d'urgence. Je souhaite ici leur rendre un vibrant hommage.
Vous savez également que vous pouvez compter sur le soutien du ministère français des Affaires étrangères.
Je souhaite enfin saluer l'action énergique et enthousiaste de mon ami Christian Dupuy, Maire de Suresnes, ainsi que l'engagement et le soutien toujours bienveillant du président de Cités unies de France, l'ancien ministre Charles Josselin.
Permettez-moi également de saluer l'action de l'Association internationale des maires francophones (AIMF) dont beaucoup d'entre vous êtes membres. Il est essentiel que la Francophonie puisse offrir un cadre de coopération et de solidarité à ses membres.
Tout comme il est essentiel qu'à l'échelle mondiale, nous puissions disposer d'une enceinte représentative où les élus haïtiens puissent trouver toute leur place. Je pense bien sûr à Cités et Gouvernements locaux unis, qui, compte tenu de sa vocation de représentation des collectivités du monde sur la scène internationale, aura un rôle majeur à jouer.
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une riche journée de travail. Soyez audacieux et faites entendre avec force votre voix !
Je vous remercie de votre aimable attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 mars 2010
Monsieur le Ministre de l'Intérieur et des Collectivités territoriales, Cher Paul-Antoine Bien Aimé,
Madame la Maire de Pétionville, Claire Lydie Parent,
Monsieur le Vice-président de Cités Gouvernements locaux unis, Maire de Montréal, cher Gérald Tremblay,
Monsieur le Président de Cités unies de France, Cher Charles Josselin,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Dans un peu plus d'une semaine, Haïti a rendez-vous avec le monde. Le 31 mars, au siège des Nations unies, la communauté internationale va s'engager aux côtés de votre pays pour une oeuvre immense et difficile de patiente reconstruction.
Toussaint Louverture lors de son arrestation en 1802 s'était exprimé ainsi : "en me renversant on n'a abattu que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses".
Vous êtes, vous élus, ces racines profondes et nombreuses, sans laquelle aucune reconstruction n'est possible.
Vous avez aujourd'hui une chance unique de vous adresser directement à la communauté internationale, de faire entendre votre voix. C'est le sens de cette conférence préparatoire.
La France, en accord avec ses partenaires, en a pris l'initiative. Ce n'est pas un hasard. Nous croyons profondément que la renaissance d'Haïti, sa refondation, passera par un réveil des territoires.
Votre voix devra donc être entendue, le 31 mars. Mais elle devra l'être également bien au-delà, tout au long du processus complexe qui s'ouvre aujourd'hui : dans la définition des politiques, dans leur mise en oeuvre, dans la mobilisation des forces vives du pays.
Car que s'est-il passé au fond le 12 janvier ?
En frappant le coeur du pays, sa capitale, le séisme a également mis à jour la fragilité, la vulnérabilité du pays tout entier. Le nombre effrayant des victimes est à la mesure du poids de la région capitale : près du tiers de la population du pays.
Et cette situation, vous le savez mieux que personne, est la conséquence directe d'un long processus de dégradation de l'environnement, qui a accéléré au fil des décennies la désertification physique et humaine des territoires. Avec deux conséquences majeures : l'hypertrophie de la capitale, une extrême vulnérabilité de cette même capitale aux aléas naturels.
Le 12 janvier, un fait sans précédent s'est également produit en Haïti. Une inversion brutale des mouvements de population. Pour la première fois dans l'histoire de votre pays, du jour au lendemain, Port-au-Prince s'est vidée.
La province a accueilli plus de 600.000 personnes. La carte qui s'est dessinée est inédite : la capitale a perdu près de 900.000 personnes, victimes et déplacées ; le Nord du pays a cru de manière exponentielle, en accueillant 342.000 personnes, tout comme le grand Sud, avec plus de 262.000 personnes venues s'y réfugier.
Pour les élus que vous êtes, c'est bien sûr, une charge, un défi. Comment loger, nourrir, scolariser ? Comment créer des emplois, alors même que ceux-ci faisaient déjà défaut ?
Au-delà de l'urgence, bien d'autres questions, plus complexes encore.
Comment favoriser dans ces mêmes territoires une croissance qui ne détruise pas les ressources du pays ?
Comment tirer parti de cet afflux de populations sans précédent, pour que ces hommes et ces femmes soient un atout et pas seulement une charge ?
Comment relancer l'agriculture, qui emploie encore 60% de la population active du pays, alors même que le pays importe 60% de ses besoins alimentaires ?
Comment poursuivre et intensifier un réseau routier national plus que jamais vital, pour créer un vrai maillage de proximité et de solidarités entre régions, pour exporter les productions locales, attirer les investissements internationaux ?
Comment créer les infrastructures de demain pour bâtir un pays qui tire pleinement parti de ses atouts ?
Comment imaginer pouvoir développer le tourisme avec un seul aéroport international ?
Comment imaginer exporter, approvisionner, sans transport maritime, sans ports régionaux, alors même que le pays possède une façade maritime exceptionnelle ?
Les réponses qui seront apportées à ces questions détermineront en grande partie le succès de cette entreprise de refondation que vous appelez tous de vos voeux.
Or, ces réponses ne peuvent venir uniquement de la capitale. Elles doivent être nourries de vos expériences d'acteurs de terrain. La connaissance fine des défis auxquels sont confrontés chaque jour vos concitoyens, et plus encore, depuis le 12 janvier, doit vous placer au coeur de la réflexion et de l'action.
C'est bien le sens de cette conférence. Elle doit vous offrir une tribune à la hauteur des enjeux.
Ces réponses, vous y avez déjà travaillé. De Port-au-Prince. Ensemble. Afin de livrer un message consensuel, de tous les territoires, et qui traduise fidèlement la vision des élus.
Je sais également, - notre ambassadeur en Haïti me l'a confirmé -, que vous y avez travaillé de manière responsable, sans parti pris, conscients que la décentralisation ne se fait pas contre l'Etat, mais bien avec l'Etat. L'oeuvre de reconstruction ne peut se faire sans vision d'ensemble. L'entassement des politiques sectorielles, jamais reliées entre elles, a déjà dans le passé montré ses limites.
La présence du ministre de l'Intérieur et des collectivités territoriales, à vos côtés, est un signe encourageant. Je voulais également, en votre nom à tous, l'en remercier.
Les pistes d'actions pour l'avenir, que vous allez nous présenter aujourd'hui, couvrent tous les secteurs : la gouvernance, l'aménagement du territoire, le développement urbain, les ressources humaines, les finances locales, et sans doute, pierre angulaire de l'ensemble de l'édifice, le développement économique local.
Je ne doute pas que les bailleurs de fonds auront à coeur d'écouter vos propositions et qu'elles feront bien partie intégrante de la stratégie nationale qui sera adoptée à cette occasion.
Je voudrais conclure mon propos liminaire par un appel également au renforcement, dans les circonstances présentes, à la coopération décentralisée.
Car nous savons tous, ici, l'extraordinaire vitalité de cette coopération, qu'elle vienne du Nord ou du Sud.
Je salue à cet égard la présence parmi nous des maires de grandes villes, comme Mexico, dont les connaissances sismiques accumulées au cours des décennies peuvent être précieuses, ou encore Montréal, véritable capitale des Haïtiens de la diaspora !
Nous avons tous mesuré le formidable engagement des villes, partout dans le monde, qui souhaitent également participer à la reconstruction d'Haïti à partir de ses territoires.
Nous devrons sans doute aussi, et ce peut être un des enjeux de cette rencontre, inventer une organisation des collectivités du monde qui soit à la hauteur des défis à relever.
En France, nous savons pouvoir compter sur le dynamisme de nos villes, de nos départements, des régions de métropole et d'Outre-mer, qui ont joué un rôle-clé dans la première phase d'intervention d'urgence. Je souhaite ici leur rendre un vibrant hommage.
Vous savez également que vous pouvez compter sur le soutien du ministère français des Affaires étrangères.
Je souhaite enfin saluer l'action énergique et enthousiaste de mon ami Christian Dupuy, Maire de Suresnes, ainsi que l'engagement et le soutien toujours bienveillant du président de Cités unies de France, l'ancien ministre Charles Josselin.
Permettez-moi également de saluer l'action de l'Association internationale des maires francophones (AIMF) dont beaucoup d'entre vous êtes membres. Il est essentiel que la Francophonie puisse offrir un cadre de coopération et de solidarité à ses membres.
Tout comme il est essentiel qu'à l'échelle mondiale, nous puissions disposer d'une enceinte représentative où les élus haïtiens puissent trouver toute leur place. Je pense bien sûr à Cités et Gouvernements locaux unis, qui, compte tenu de sa vocation de représentation des collectivités du monde sur la scène internationale, aura un rôle majeur à jouer.
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une riche journée de travail. Soyez audacieux et faites entendre avec force votre voix !
Je vous remercie de votre aimable attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 mars 2010